515 cas de violations des droits de l’homme ont été repertoriés en juillet 2018 en République démocratique du Congo, soit une hausse par rapport aux 458 violations documentées en juin 2018, selon le dernier rapport mensuel du Bureau conjoint des Nations-Unies aux droits de l’homme (BCNUDH).
Dans le même temps, le nombre de violations commises par les agents de l’Etat est en légère baisse, mais qu’ils demeurent néanmoins responsables de la moitié des violations documentées, note le BCNUDH dont la mission consiste à assurer un suivi étroit de la situation des droits de l’homme et à procéder à des analyses des tendances relatives à cette situation en RDC.
« La hausse significative du nombre de cas d’atteintes attribuables aux groupes armés est notamment due par un activisme croissant de trois groupes armés : les Forces de résistance patriotique de l’Ituri (FRPI), le Nduma Defence of Congo (NDC) –Rénové, surtout dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu), et diverses factions des Raïa Mutomboki au Sud-Kivu », a indiqué le BCNUDH.
Dans un communiqué, il précise que sur l’ensemble du territoire, les agents de l’Etat sont responsables de près de la moitié de ces violations, dont l’exécution extrajudiciaire d’au moins 19 personnes, dont quatre femmes, tandis que les combattants des groupes armés qui ont commis l’autre moitié de ces atteintes, sont notamment responsables des exécutions sommaires d’au moins 64 personnes, dont 13 femmes.
Le BCNUDH note également que « près de 84% des violations et atteintes aux droits de l’homme ont été commises dans les provinces affectées par le conflit (431 violations) ». Ce qui aurait entraîné la mort d’au moins 79 civils, dont 16 femmes.
Il estime toutefois qu’à l’inverse du mois de juin 2018, les groupes armés sont les principaux responsables des violations commises dans ces provinces (60%). « La grande majorité de ces violations continue d’être enregistrée dans la province du Nord-Kivu (189 violations, soit près de 44% des violations commises dans ces provinces), suivie par l’Ituri et le Sud-Kivu (72 violations chacune) », souligne-t-il.
A en croire le BCNUDH, seules 84 violations des droits de l’homme ont été documentées dans les provinces non affectées par le conflit, ce qui traduit une baisse par rapport au mois de juin (94 violations), précisant que toutes ces violations sont imputables à des agents de l’Etat, dont plus de 64 % à des agents de la PNC (54 violations).
A noter que la majorité des violations commises dans ces provinces ont été enregistrées au Kongo Central (30 violations), suivi des provinces de l’Equateur (12 violations) et du Haut-Katanga (11 violations).
S’agissant de violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales liées à des restrictions de l’espace démocratique sur l’ensemble du territoire, le BCNUDH dit en avoir a documenté 53 au cours du mois de juillet.
« Ce nombre, en légère baisse par rapport au mois précédent (59 violations), ne contredit néanmoins pas une persistance des restrictions de l’espace démocratique depuis plus de trois ans », affirme-t-il soulignant que le nombre total de ces violations documentées depuis le début de l’année 2018 s’élève à 552 violations, en augmentation de 12 % par rapport aux sept premiers mois de l’année 2017.
Selon le BCNUDH, les agents de la PNC et les autorités politico-administratives demeurent les principaux auteurs présumés de ces violations, avec respectivement 21 et 10 violations chacun.
Dans son rapport, le BCNUDH signale également la hausse des violations des droits de l’homme et libertés fondamentales liées à l’espace démocratique commises par des groupes armés (neuf atteintes), notant qu’il s’agit principalement d’attaques et d’intimidations contre des radios communautaires sur les ondes desquelles leurs exactions ont été dénoncées.
« Concernant ces violations des droits et libertés fondamentales liées à des restrictions de l’espace démocratique, elles été principalement commises dans la province du Nord-Kivu (19 violations), suivie des provinces du Kongo Central (six violations), du Sud-Kivu (cinq violations) et de la Tshopo (cinq violations) », précise-il. Et d’ajouter que les violations les plus rapportées sont les atteintes au droit à la liberté et la sécurité de la personne (15 violations), suivi par les violations à la liberté de réunion pacifique (13 violations).
A noter qu’au cours de ce même mois, les violations ont particulièrement visé les défenseurs des droits de l’homme et les membres de mouvements citoyens (30 victimes), les membres et sympathisants de partis politiques (12 victimes), ainsi que neuf journalistes.
Le BCNUDH assure qu’il a continué d’appuyer les juridictions militaires et civiles dans le cadre de la lutte contre l’impunité, citant à titre indicatif qu’au moins 11 militaires des FARDC et quatre agents de la PNC ont été condamnés pour des violations des droits de l’homme sur l’ensemble du territoire de la RDC.
Adrien Thyg