RD Congo. L’Etat de droit ne devrait pas être qu’un vain slogan !

Lettre ouverte à monsieur le président de la République Démocratique du Congo, Chef de l’Etat ;

Monsieur le président de la République,

Par la présente lettre, nous vous saisissons au sujet de la campagne de répression et de forte persécution judiciaire que subissent notre mouvement et certains de nos militants à Beni. En effet, depuis le, 19 Décembre 2020, huit de nos camarades qui prenaient part à une manifestation pacifique appelant au démantèlement de la MONUSCO qui a fait preuve d’inefficacité dans sa mission de protection des civils, ont été torturés puis arrêtés par la police. Ils sont dès lors détenus à la prison centrale de Beni et comparaissent en procédure de flagrance devant le tribunal militaire de Beni alors qu’ils sont tous des civils et n’avaient aucun effet militaire sur eux lors de leur arrestation arbitraire. Par ailleurs, deux autres militants de notre mouvement ont été arrêtés le 07 Janvier 2021 pour avoir pris part à des manifestations pacifiques appelant à la suspension du recouvrement forcé d’une nouvelle taxe de 25$ instauré par le gouvernement provincial à l’égard de tout conducteur de moto. Ils sont également détenus au cachot du parquet de grande instance.

Monsieur le président de la République,

Les actions citoyennes qui ont conduit à l’arrestation de nos camarades étaient pacifiques et légales et répondaient au manque criant de sécurité dans la région de Beni. Vous avez fait du rétablissement de la paix et la sécurité une des priorités de l’action de votre gouvernance. Vous avez même ordonné le lancement des opérations militaires le 30 octobre 2019 à Beni pour protéger les civils et neutraliser les groupes armés qui nous insécurisent. Ces opérations peinent à sécuriser. Depuis leur lancement il y a eu plus de 1200 morts et des assaillants encore plus aguerris qu’ils ne l’étaient avant. Dans ces conditions, il est tout à fait normal que des citoyens s’en plaignent publiquement, qu’ils manifestent pour exiger des actions fortes censées endiguer les violences. Cela ne fait pas d’eux des criminels à tabasser et à persécuter jusqu’à les poursuivre devant des juridictions militaires qui auraient dû plutôt juger ceux qui tuent la population.

Monsieur le président de la République,

Vous n’avez jamais cessé de promettre aux Congolais le droit et la liberté de manifestation, une des symboliques de l’Etat de droit. L’image des jeunes arrêtés, détenus de manière prolongée et poursuivis devant une juridiction militaire pour avoir seulement demandé à vivre à paix ternit largement votre engagement de promouvoir un véritable Etat de droit. Nous ne doutons pas de votre souci et capacité d’engager notre pays sur la voie de l’Etat de droit. Mais nous ne pouvons pas dire autant de ceux qui vous représentent sur toute l’étendue du territoire national. Ces jeunes militants subissent cette persécution parce que des autorités locales, en commençant par le maire de la ville de Beni, veulent en découdre avec ces jeunes qui refusent de se taire face aux abus et dérives qu’ils constatent. Si vous tenez à ce qu’on retienne de vous l’image d’un dirigeant qui a véritablement œuvrer à l’instauration d’un Etat de droit dans son pays, vous ne devez pas surveiller que vos actes mais aussi ceux des milliers de vos collaborateurs et représentants qui nécessairement ne partagent pas votre vision et n’ont pas à cœur de vous voir réussir. Tant que des Congolais continueront à être arrêté pour avoir manifesté, nous ne parlerons jamais d’Etat de Droit.

Monsieur le Président de la République,

La population de Beni fait partie du peuple de la République Démocratique du Congo dont leur protection et leur épanouissement est votre première mission de Chef de l’Etat. Etre massacré dans la région de BENI est devenu, depuis plus de six ans, une décision de seuls présumés ADF et leurs complices congolais. Ils se choisissent l’endroit, le jour et l’heure pour égorger les enfants du Congo comme si ces derniers étaient dépourvus des parents pour les protéger. Ce sont eux les méchants, pas nous qui en pâtissons et nous battons pour inviter les services publics à faire effectivement leur travail. Vous pouvez réparer cette grave injustice en vous impliquant personnellement en vue d’empêcher la forte campagne de persécution qui s’abat sur notre mouvement à Beni. C’est sera œuvre de bonne justice, d’humanité et de responsabilité.

Fait à Beni, le 10 Janvier 2020

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *