RD Congo. KABILA : Toute comparaison n’est pas raison…

TRIBUNE. “En 1960, un président élu grâce à une majorité, une majorité qui n’était pas la sienne, et il décide que, le plus grand ennemi, c’était cette même majorité (..), et le reste c’est l’histoire, l’histoire qui risque de se répéter », a martelé Joseph Kabila devant sa base, mettant ainsi sur la place publique la confidence qu’il avait faite il y a deux ans à Felix Tshisekedi le jour de signature de leur deal.

Tout de même , à l’analyser de plus près, cette déclaration contient deux falsifications historiques.

La première, c’est l’existence de la prétendue majorité qui existerait aujourd’hui comme du temps de l’élection de 1960 où le parti de Patrice Lumumba remporta la majorité des sièges au parlement. Ici l’on sait que les députés de PPRD n’ont jamais été élus par le peuple mais nommés frauduleusement par Kabila. Car comment comprendre que le peuple congolais qui dans sa majorité a vomi Kabila et le kabilisme puisse voter massivement pour ses représentants? C’est une contradiction interne insurmontable!

La deuxième falsification historique se cache dans cette phrase apparemment innocente “ le président élu grâce à une majorité qui n’était pas la sienne “. Le scenario politique du 18 janvier 2019 n’a rien de comparable avec les arrangements entre Kasa Vubu et Lumumba. Ce dernier, pour la paix sociale au Congo, accorda au premier qui venait après lui dans le nombre des voix, l’opportunité de devenir président de République pendant que lui dirigerait le gouvernement.

Dans le tableau du pouvoir actuel, la prétendue majorité actuelle n’est pas sortie des urnes et toute nomination qui sortirait d’elle, fût-elle celle d’un président, perd ipso facto toute légitimité et toute légalité.

L’histoire est têtue. Le faux ne peut engendrer le vrai mais plutôt la violence pour pouvoir se masquer. Les consultations qui se profilent à l’horizon n’auront que beaucoup du mal à améliorer la donne en RDC tant qu’elles peuvent déchaîner des réactions incontrôlables de la part de l’allié trahi. Il revient au peuple congolais de couper la poire en deux en renvoyant dos à dos ces deux acteurs politiques afin de laver l’opprobre de ces deux falsifications historiques et récupérer sa souveraineté volée en 2019…

Par Germain Nzinga (Chercheur indépendant)

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