Un rapport interne daté du 9 septembre du Fonds des Nations Unies pour la population, l’agence de l’ONU chargée de l’amélioration de la santé reproductive et maternelle, a révélé que, plus tôt dans le mois, 268 des 348 femmes détenues dans la prison de Makala en République démocratique du Congo – soit près de 80 pour cent d’entre elles – ont été victimes de viols et d’autres violences sexuelles lors d’une tentative d’évasion qui s’est avérée mortelle. Le rapport, consulté par Human Rights Watch et couvert pour la première fois par Reuters, indique que 17 des survivantes de ces violences sexuelles avaient moins de 19 ans.
Suite aux violences du 2 septembre dans la prison, le ministre congolais de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a annoncé le même jour que 129 prisonniers étaient morts et 59 ont été blessés. Il a également déclaré qu’il y avait eu « quelques femmes violées ». Le 4 septembre, une détenue a affirmé à Human Rights Watch qu’elle avait vu des femmes en train d’être violées et qu’aucune d’entre elles n’avait reçu des soins appropriés.
Le rapport souligne que bien que nombre de survivantes aient reçu, dans les 72 heures suivant les attaques, les soins de prise en charge couramment fournis après un viol, telles qu’une contraception d’urgence et la prophylaxie post-exposition au VIH, elles n’avaient reçu de soutien psychologique adéquat qu’à partir du 11 septembre.
La violence sexuelle est un problème chronique dans les prisons de la RD Congo. En septembre 2020, une émeute à la prison centrale de Kasapa à Lubumbashi a provoqué un incendie dans la section des femmes, forçant les prisonnières à rester dans la cour principale de la prison pendant trois jours, et ce sans aucune protection de l’administration pénitentiaire. Durant ces trois jours, des hommes détenus avaient à maintes reprises violé des dizaines de prisonnières, dont une adolescente. Un procès tenu 16 mois plus tard fut une occasion ratée d’enquêter sérieusement sur ce qui s’était passé et de tenir pour responsables les auteurs des viols, ainsi que les fonctionnaires de l’État qui n’ont pas empêché les abus.
Ceci vient s’ajouter à la surpopulation et aux mauvaises conditions de vie et d’hygiène prévalant à Makala et dans plusieurs autres prisons congolaises.
Le 2 septembre, Jacquemain Shabani a annoncé la mise en place d’une commission mixte pour établir les faits autour de l’incident à la prison de Makala. Bien que cette commission doive faire face à plusieurs défis, elle devrait accorder une attention particulière à cette question cruciale : que doit faire le gouvernement pour lutter contre la violence sexuelle dans les prisons congolaises et garantir la dignité et la sécurité des femmes et des filles détenues ?