Les prévisions prometteuses du CMC 2019, un bon cru pour l’économie marocaine
Les perspectives de croissance pour 2019 devraient s’inscrire dans le prolongement des tendances particulièrement favorables de 2017 et 2018, a affirmé le Centre marocain de conjoncture (CMC) soulignant que le Maroc profiterait d’un environnement international propice.
Après la nette performance réalisée l’année dernière de 4% et les projections présageant une consolidation de la croissance pour cette année à 3,3%, «l’économie marocaine afficherait en 2019 un taux de croissance du Produit intérieur brut avoisinant les 3,8% et verrait tous ses indicateurs et agrégats arpenter une trajectoire ascendante», a indiqué le CMC.
Selon les projections de cet observatoire privé et indépendant de l’économie marocaine, l’année 2019 serait un bon cru pour l’économie marocaine, grâce au comportement des tendances passées des principales variables marocaoéconomiques.
« Avec la reprise généralisée de l’économie mondiale entamée au milieu de l’année 2016 et l’orientation ascendante qu’a connue l’économie marocaine durant les deux exercices successifs, les conditions propices sont réunies pour voir l’activité économique démarrer et arpenter un nouveau sentier de croissance plus vigoureux en 2019 », a soutenu le CMC lors d’une rencontre tenue mercredi 18 juillet à Casablanca, à l’occasion de la publication de son rapport annuel intitulé «Consolidation et fragilités» (N°48).
Rencontre au cours de laquelle Ahmed Laaboudi, M’Hammed Tahraoui et Tarik El Malki, respectivement directeur général et consultants du CMC, ont présenté le bilan économique et social relatif à l’année 2017 et fait état des prévisions et cadrage des années 2018 et 2019.
A travers ce rapport, le CMC entend « apporter sa contribution au débat national au sujet de la problématique de la croissance qui suscite beaucoup de questions», a indiqué Ahmed Laaboudi.
En ce qui concerne les prévisions de l’année 2019, à noter que le scénario prospectif de l’économie nationale pour l’année prochaine se base, entre autres, sur les indices prémonitoires qui se dégagent des anticipations des opérateurs économiques et qui prennent en considération les politiques économiques et les stratégies à terme engagées par les décideurs aussi bien publics que privés.
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, M’Hammed Tahraoui a d’emblée décrit un environnement économique mondial favorable au Maroc marqué par la consolidation de la reprise économique. Avec un PIB mondial passé de 3,7% en 2017 à 3,9% en 2018, une hausse attendue du volume des échanges mondiaux de marchandises à 4,4% et des IDE qui devraient redémarrer cette même année.
Cet environnement intéressant à bien des égards se répercutera positivement sur l’économie marocaine, a-t-il assuré, reconnaissant toutefois craindre la hausse des cours des produits de base et notamment ceux du pétrole qui pourraient constituer une menace pour l’économie nationale.
A propos de l’environnement national, soulignons que le rapport du CMC a relevé plusieurs signaux positifs laissant présager de bonnes perspectives pour 2019 : les crispations des marchés se dissipent peu à peu et la confiance des opérateurs économiques renaît et s’installe…
«Les signes perçus aujourd’hui par les grandes entreprises et les programmes relativement osés des pouvoirs publics invitent à l’optimisme et augurent d’un redressement significatif de la croissance pour l’année prochaine avec un taux avoisinant les 3,8%», ont souligné les intervenants.
Ainsi, selon le CMC, la demande aussi bien intérieure qu’extérieure devrait présenter un profil plus porteur l’année prochaine et permettrait aux entreprises, avec une marge de profitabilité sensiblement confortable, de s’investir et de s’engager pour produire plus et créer davantage d’emplois.
En ce qui concerne les prévisions de l’année prochaine, notons que celles-ci laissent apparaître que les échanges commerciaux du Maroc avec le reste du monde seraient boostés par une croissance plus dynamique des économies des principaux partenaires. «Les exportations progresseraient à un rythme plus accéléré et permettraient une réduction du déficit commercial», a-t-on précisé dans le document.
Se basant sur l’hypothèse d’une récolte céréalière moyenne et d’un comportement vigoureux des autres branches d’activité, le CMC prévoit une évolution de la valeur ajoutée du secteur primaire de 3,3% en volume.
Tirant profit de la relance de la demande extérieure que représenterait l’exercice 2019, les industries manufacturières devraient capitaliser sur l’amélioration du climat des affaires induite par la mise en application des réformes et stratégies programmées depuis une décennie et enregistrer une croissance de 3,5%, ont souligné les intervenants.
Selon les scénarios prévisionnels formulés par le CMC, les industries extractives poursuivraient leurs performances pour atteindre 7% en 2019, tandis que les BTP devraient retrouver une croissance meilleure de l’ordre de 6%.
En ce qui concerne le secteur tertiaire, les prévisions de l’Observatoire font état d’une contribution d’environ 3,6% à la croissance de l’économie nationale.
Tandis que la politique monétaire continuerait sur la voie de la rigueur, le CMC prévoit que le marché de l’emploi connaîtrait une légère détente consécutive aux trois années successives de croissance soutenue avec un taux de chômage qui reculerait de presque 1,5 point.
Analysant la situation économique en 2018, M’Hammed Tahraoui a indiqué que le CMC tablait sur des perspectives de croissance empruntes d’optimisme, notant que les prévisions retenues s’inscrivent dans le cadre d’un « scénario moyen et largement équilibré » et augurent d’un raffermissement substantiel de la croissance. Et ce grâce au remarquable niveau de la campagne agricole enregistrée au cours de l’exercice antérieur et qui a été exceptionnelle.
Selon les projections de l’organisme privé, la production céréalière devrait atteindre 98,2 millions de quintaux contre 96 millions enregistrés en 2017, notant sur la foi de ces statistiques que la valeur ajoutée de l’activité agricole devrait réaliser une croissance de 3%. Alors que celle du secteur des industries manufacturières devrait atteindre 2,8% au terme de l’année en cours.
Impulsées par une demande extérieure bien orientée, les industries de textile devraient enregistrer, pour leur part, une « croissance encourageante », tandis que la VA de la sidérurgie ne devrait progresser que légèrement.
Au cours de cette rencontre, les intervenants ont aussi relevé la poursuite en 2018 de la tendance expansionniste des industries extractives, suite à « la stratégie offensive de la branche phosphatière ».
Quant à la consommation des ménages, ils ont estimé qu’elle devrait évoluer en valeurs nominales de 5,2% et façonner, « avec l’effort d’investissement, le profil de croissance de l’exercice 2018 ». Alors que la consommation finale des administrations publiques devrait connaître une évolution plus soutenue chiffrée en valeurs courantes à environ 3,8% et que l’évolution de l’indice des prix à la consommation atteindrait les 2,2%.
Cette année toujours, le CMC prévoit que le marché du travail réagirait aux performances de croissance et que le taux de chômage, tout en marquant une décrue relative, se situerait autour de 9%.
Comme cela a été souligné dans le rapport, «la formation brute de capital fixe jouerait le rôle de ressort pour la croissance avec un taux d’évolution en valeurs nominales de 4,7%» alors que «les échanges commerciaux du Maroc avec le reste du monde verraient leur contribution à la croissance décliner quelque peu en comparaison avec l’année écoulée».
Signalons, en ce qui concerne le bilan économique et social de l’année 2017, que la situation des comptes extérieurs au terme de l’exercice dernier s’est inscrite sous le signe du redressement.
Selon le rapport, «le différentiel de près de trois points en pourcentage de la hausse des exportations comparativement à celle des importations a induit une amélioration du taux de couverture de près d’un point et demi», résultant d’une large part des fortes performances des phosphates et des produits dérivés.
Renforcée par une progression assez soutenue des flux financiers liés aux activités de tourisme et des transferts des MRE, cette évolution serait aussi due à celle du chiffre d’affaires à l’export des secteurs de l’automobile, de l’aéronautique et de l’électronique, ont expliqué les intervenants.
Poursuivant leurs analyses au sujet de la politique économique, ils ont souligné que la mise en place progressive au cours des dernières années d’une série de mesures, visant la consolidation des comptes de l’Etat, a fortement contribué à infléchir le processus de dégradation de la situation des comptes de l’Etat.
Cependant, au Centre on estime que «ces résultats n’ont pas permis à la politique budgétaire de jouer pleinement son rôle dans la relance de l’activité. Les évaluations effectuées à ce sujet montrent que l’effet multiplicateur de la programmation budgétaire pour l’exercice en cours demeure insignifiant eu égard aux besoins de relance de l’activité et au déficit d’emploi».
Concernant le marché du travail, le rapport a rappelé l’adoption en avril dernier, lors de la réunion du comité interministériel de l’emploi, du programme exécutif du Plan national de promotion de l’emploi tout en soulignant que les procédures actuelles devraient être enrichies par une contribution collégiale de l’ensemble des opérateurs économiques.
Notons que l’objectif fixé est de créer 1,2 million d’emplois à l’horizon 2021, d’améliorer l’employabilité de 1,1 million de chercheurs d’emploi, de créer plus de 20.000 petites unités économiques et de maintenir le taux d’activité à plus de 46%.
Pour mieux apprécier l’ampleur du défi, le CMC a également rappelé que la situation du marché du travail, telle qu’établie par le Haut-commissariat au plan (HCP), ne fait état que de 86.000 postes d’emploi entre 2016 et 2017.
Abordant la question de l’entrepreneuriat au Maroc, les intervenants ont noté qu’en dépit des efforts fournis ces dernières années pour l’encourager et améliorer le climat des affaires, «l’entreprise marocaine rencontre plusieurs contraintes qui affectent sa compétitivité et freinent son développement et sa pérennité».
Selon eux, cette situation serait due notamment à la persistance des difficultés d’accès au financement, à l’insuffisance de la capacité d’innovation et de financement de la recherche et à l’accroissement important des délais de paiement sur les marchés publics.
Ce n’est pas tout. La concurrence de l’informel, le coût des facteurs de production et notamment la main-d’œuvre, le foncier, la pression fiscale, la bureaucratie et la corruption constitueraient tout autant des freins au développement de l’entrepreneuriat au niveau national.
S’agissant du secteur productif, ils ont souligné une conjoncture favorable notant que ses activités connaissent des évolutions respectives positives «mais différenciées dans leurs rythmes de croissance selon les filières».
A ce propos, l’analyse du CMC fait apparaître que «certains secteurs ont progressé à une cadence rapide. C’est le cas notamment de l’agriculture qui a tiré avantage des bonnes conditions climatiques qui ont prévalu au cours de cette année et du secteur touristique qui a sensiblement accéléré son rythme de croissance».S’agissant du secteur financier, l’année 2017 aurait été marquée par une forte décélération à 3%, contre 4,2% un an auparavant, résultant du recul des financements profitant aux entreprises.
S’il est avéré que Maroc continue de déployer des efforts en vue d’améliorer l’environnement des affaires, force est de constater que «la recherche d’ouverture sur l’économie du marché n’est pas exempte de contraintes liées à la nécessité de maintenir les équilibres macroéconomiques et d’honorer les engagements des accords conclus avec une multitude de partenaires», ont déploré les intervenants.
Ces derniers estiment qu’il faut envisager une modernisation continue des instruments économiques dans une interpellation à la concertation de l’ensemble des acteurs.
Enfin, en vue de mieux apprécier l’économie marocaine et certaines de ses composantes, et d’aider les décideurs à avoir une meilleure lecture de son évolution pour une meilleure prise de décision, le CMC propose une échelle décroissante à 3 valeurs (A, B et C) reposant principalement sur les données du tableau de bord qu’il publie régulièrement.
Alain Bouithy

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