TRIBUNE. Il y a quelques jours, la majorité des analystes sur les conflits africains ont célébré, derrière la décision du président Macron de retirer son ambassadeur et son contingent militaire, la grande victoire du gouvernement Tiani.
De fait, dans ce bras de fer qui oppose Niamey à Paris, l’on peut y voir une victoire diplomatique de Niamey mais je suis convaincu que c’est une toute petite victoire diplomatique de courte durée et non un triomphe militaire sur le long-terme, car ne vous y trompez guère, c’est cette question militaire qui conditionne soit les rapports de force politiques entre les deux pays et le positionnement en force de la France pour exploiter les richesses du Niger.
En considérant l’importance des intérêts économiques français au Niger, l’honneur blessé de l’ancienne puissance coloniale venue en sauveur dans ce pays mais également la volonté politique de l’Hexagone à maintenir coûte que coûte ses intérêts géostratégiques dans le Sahel à cause de la posture que ce rôle lui confère sur la scène internationale, je peux vous prédire que la France ne quittera pas sitôt et définitivement le Niger. Prononcées juste pour baisser la tension diplomatique, les dernières déclarations de Macron sont une simple poudre jetée aux yeux de l’opinion mondiale. Elles s’inscrivent plutôt dans une démarche politique et militaire consistant à changer le mode opératoire sur le théâtre des opérations militaires.
Et c’est Vincent CROUZET, un Expert de Renseignements français bien introduit dans le dossier, qui attire notre attention, avec ces graves déclarations: “Maintenant que notre ambassadeur et notre contingent militaire ne sont plus otage au Niger, nous serons plus à même de monter des opérations de déstabilisation cette fois-ci plus clandestines ».
Déjà on n’a peut-être guère perçu à temps l’orientation politique de la rhétorique d’Emmanuel Macron qualifiant l’agir politique des putschistes de division « ethnique » du peuple nigérien et visant par là à vouloir couper le peuple nigérien d’avec les populations touaregs du Nord qui pourront alors être instrumentalisées à la cause française.
Au-delà des opérations des forces spéciales françaises auxquelles monsieur Crouzet fait allusion pour la déstabilisation du Niger, il faut redouter que les français n’agissent pas seul mais dans un possible DEAL avec les groupes terroristes qui ont une bonne connaissance du terrain. Il faut également redouter que la prolongation unilatérale du contingent français jusqu’en décembre prochain ne soit en réalité q’une stratégie consistant à jouer avec l’horloge, espérant entretemps une opportunité de créer l’espace d’un coup d’état ou d’un autre événement inattendu pouvant affaiblir ou faire tomber le régime militaire au pouvoir.
Pour tout dire et, toute proportion gardée, le pire aussi bien au Niger que dans d’autres pays du Sahel risque de se produire avant ou dans les prochains mois qui suivront le retrait officiel du contingent français. Plaise au ciel que les Services d’intelligence du Sahel montent le niveau maximal d’alerte en ce laps de temps pour que les prochains événements viennent contredire mes propos et que le Niger tout comme ses alliés Mali et Burkina Faso, finissent au bout du compte par planter contre vents et marées, un décor solide de leur auto-détermination politique et sécuritaire !
Par Germain Nzinga