Maroc: Textile et tourisme, parents pauvres du marché halal

Quel potentiel le marché des produits halal représente-t-il (réellement) pour le Maroc ? C’est à cette question et d’autres relatives à ce marché que les participants ont tenté de répondre lors d’une conférence-débat tenue récemment à Casablanca.

Organisée à l’initiative de la Chambre de commerce britannique au Maroc «Britcham», sur le thème «Le marché des produits halal : quel potentiel pour le Maroc?», cette rencontre a permis de dresser l’état des lieux du marché halal marocain et d’apprécier à sa juste valeur son potentiel dans un marché international en plein essor.

Comme l’a rappelé, d’emblée, le représentant et chef de la division Agrobusiness au ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime du Maroc, Abdellatif Abbadi, le potentiel du marché halal mondial est estimé à plus de 2000 milliards de dollars.

C’est dire qu’il y en a suffisamment pour que le Maroc en tire également profit, d’autant plus que les conditions propices à l’éclosion d’entreprises désireuses d’opérer dans ce marché ont été améliorées.
Ainsi comme le souligne la MAP, le Royaume a pris plusieurs mesures visant à diversifier l’offre marocaine et améliorer la qualité des produits halal, procédant notamment à la mise en place d’un contrat-programme pour accompagner les entreprises exportatrices et de normes de la certification halal.

En dépit de ces améliorations, il est à souligner que l’exportation de produits halal ne s’effectue pour l’instant qu’à une petite échelle. En effet, pour l’heure, seules 120 entreprises nationales dont la plupart exportent des produits agroalimentaires et cosmétiques notamment en Asie et en Europe ont été labellisées halal par l’Institut marocain de normalisation (Imanor).

Ce chiffre pourrait évidemment passer à 200 voire 300 entreprises exportatrices à condition d’intensifier la sensibilisation notamment auprès des TPE, a estimé le directeur de cette institution spécialisée, Abderrahim Taïbi. Ce qui serait plutôt une bonne chose dans la mesure où, a-t-il affirmé, les produits halal made in morocco connaissent un véritable succès dans les pays musulmans et ceux où vit une forte communauté musulmane.

L’une des solutions préconisées par les autorités et les acteurs du halal pour élever la cadence consisterait en la création d’une filière du halal, ont soutenu les participants à cette conférence-débat.

C’est en tout cas ce qu’a soutenu mordicus le président du Club Halal Export de l’ASMEX (Association marocaine des exportateurs), Adnane El Gueddari, qui a jugé nécessaire que les acteurs étatiques et bancaires ainsi que les entreprises privées mettent en commun leurs expertises afin de dénicher de nouvelles opportunités.

L’intervention de ce dernier a aussi permis de se rendre compte que le textile et le tourisme, deux secteurs importants au Maroc, demeurent les parents pauvres du marché halal au Maroc.

L’idée de créer une filière du halal n’a pas laissé indifférent le Groupe Crédit Agricole du Maroc notamment son directeur du domaine vert, El Mostafa Chehhar, qui a assuré l’assistance de la disponibilité de l’établissement bancaire à étudier cette question.

Soulignons qu’au cours de son exposé, il a aussi attiré l’attention des participants sur le support actif que la banque propose à ses clients à travers son Club Agro Maroc Trade (CAM TRADE).

A noter que lors de cette rencontre, les participants ont également pu s’enquérir du modèle britannique du marché halal dont le Maroc pourrait bien s’inspirer à bien des égards. Et pour cause, comme l’a souligné le directeur général de la Halal Food Authority (Royaume-Uni), Mohammed Saqib, la Grande-Bretagne figure parmi les leaders mondiaux de ce marché.

C’est dire aussi l’importance pour les entreprises marocaines de décrocher un certificat halal britannique, considéré comme un gage d’« assurance de reconnaissance à l’échelle internationale ».

Alain Bouithy

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