Maroc/Britcham: Agro-industrie et dérèglement climatique: Impacts et défis
Le changement climatique constitue aujourd’hui un défi majeur auquel est confrontée l’humanité. Le Maroc, à l’instar de nombreux pays en développement, est fortement atteint par ce phénomène et recense d’ores et déjà maints effets au niveau national. Dans ce sens, la Chambre de commerce britannique pour le Maroc (Britcham) a co-organisé le 28 mars 2024 un webinaire avec le Department for Business and Trade sous le thème « Agro-industrie et dérèglement climatique : Impacts et défis ». Mme. Hajar Chmanti, Responsable du Service Donation au sein de l’ADA rappelle les missions de cette institution qui œuvre en collaboration avec le Ministère de l’agriculture pour lutter contre les conséquences du changement climatique dans le secteur de l’agriculture. En effet, plusieurs programmes ont été mis en place, notamment le projet PACCZO, dans la région de Draa-Tafilalet, dont l’objectif global est d’améliorer la capacité d’adaptation des populations des zones oasiennes face aux impacts du changement climatique. Le deuxième projet se concentre sur le développement et la promotion d’un nouveau système agricole «Arganiculture» qui contribuera aussi bien à l’augmentation de la productivité d’argan mais aussi à l’amélioration des moyens de subsistance des personnes, des communautés et des zones les plus vulnérables. Ce projet apporte également une considérable contribution à la séquestration des gaz à effet de serre, à hauteur de 600 000 t de CO2 à l’horizon 2030. L’ADA met en place plusieurs pratiques afin d’accompagner les agriculteurs à récolter le meilleur profit de leurs cultures et à contribuer à la sauvegarde des ressources naturelles dans le cadre d’une vision durable et respectueuse de l’environnement, comme par exemple la conservation de l’eau, la diversification des cultures ou encore la technique de conservation des sols. De son côté, Mme. Laila DZIRI, Directrice en charge de l’innovation, de la recherche et développement au sein de Cosumar rappelle l’engagement du groupe dans la smart agriculture. Une panoplie de solutions technologiques ont été mises en place afin de développer des solutions durables et compétitives, notamment les initiatives en matière de digitalisation et d’utilisation de drones pour améliorer la relation avec les agriculteurs partenaires et optimiser les processus de production ainsi que les projets de collaboration pour développer des solutions innovantes capables d’assurer une meilleure compétitivité pour la filière. Parmi ces solutions, l’initiative Attaissir qui permet de digitaliser la chaîne de valeur de l’activité agricole et fournit un encadrement technique et agronomique à plus de 42000 agriculteurs partenaires. Ce système offre un suivi en temps réel de la production, ce qui améliore l’efficacité et la qualité de la culture de la betterave à sucre. De plus, l’industriel a introduit l’utilisation de drones équipés de caméras permettant une détection précoce des mauvaises herbes, des maladies, des insectes et des ravageurs ainsi qu’une identification précise des espèces nuisibles. Dans la continuité des efforts mis en place pour faire face aux impacts du changement climatique, le Groupe Crédit Agricole du Maroc avec l’Agence Française de Développement a mis en place le programme ISTIDAMA, une initiative qui vise à encourager les opérateurs agricoles et agro-industriels à optimiser leur mode de production et de consommation en investissant dans des solutions d’efficacité énergétique, d’énergies renouvelables et d’efficacité des ressources. Mme. Soukaina SAHI, Responsable du financement du PP vert et du TPME au Crédit Agricole du Maroc met le point sur l’ambition du groupe qui, au-delà de la durée du Programme, puisse être maintenue et pérennisée, afin de permettre de générer davantage de projets durables pour accompagner l’agriculture marocaine dans sa transition vers des modes de production à la fois résilients, sobres en carbone et rentables. Pour finir, Mme. Maria Ismaili, Conseiller en Commerce et chef de file pour l’Agriculture au sein du Department for Business and Trade rappelle à son tour la complémentarité des économies des deux royaumes. En effet, le Maroc et le Royaume Uni sont résolus à donner un « coup de boost » à leur coopération dans le secteur agricole à travers des collaborations entre les entreprises marocaines et britanniques. Des perspectives intéressantes dans le domaine de l’Agritech et des techniques d’irrigation, permettant ainsi aux agriculteurs de minimiser les pertes et de réduire la consommation d’eau. Rappelons que le Maroc est le premier partenaire commercial du Royaume-Uni dans le Maghreb et près de 10% des exportations marocaines à destination de la Grande Bretagne sont des produits alimentaires. Les échanges entre les deux pays devraient donc continuer à se développer, bénéficiant ainsi à l’économie et aux agriculteurs des deux côtés de la Manche.
Financement de la Santé au Maroc : entre progrès et Défis
La Chambre de commerce britannique pour le Maroc (BritCham) a organisé, jeudi 8 juin, une conférence hybride sous le thème « Financement de la Sante au Maroc : entre progrès et défis». Cette rencontre a connu la participation d’intervenants de premier plan à l’instar de M. Abdelouahab Belmadani, Directeur de la Planification et des ressources financières au sein du Ministère de la Santé et de Protection Sociale, Dr. Ilham Mouhlal, Directrice des Affaires médicales au sein de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS), M. Said Addi, Chef de la Division des Secteurs Sociaux a la Direction du Budget au sein du Ministère Délégué du Budget, et Mme Myriem Tamimy, Présidente de l’Association des Entreprises de Médicaments au Maroc (LEMM) et Directeur Général de GSK Maroc et Tunisie. Dans son intervention, M. Abdelouahab Belmadani a commencé par présenter le contexte général de la santé au Maroc, en soulignant les avancées significatives réalisées ces dernières années, notamment en matière de couverture médicale, de réduction des prix des médicaments, d’amélioration de l’offre de soins et de l’augmentation du budget de l’Etat consacré à la santé soit plus de 90% en 5 ans. Ainsi pour renforcer l’efficacité et l’efficience dans l’utilisation des ressources en santé publique, plusieurs mesures sont proposées. Il s’agit notamment d’adapter le financement en fonction des priorités de santé, de réviser la gouvernance des hôpitaux publics en instaurant des Groupements de Santé Territoriaux pour plus d’autonomie et d’autofinancement, ainsi que d’utiliser l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) comme levier pour améliorer le financement du système de santé. Ces mesures visent à optimiser les ressources et à améliorer les résultats de santé de la population de manière équitable et accessible à tous. « Nos priorités sont de mettre en œuvre la nouvelle refonte du système de santé. Aujourd’hui nous sommes dans une phase de transition nous sommes entrain de muter vers un système de la généralisation de la couverture médicale », explique le responsable. Pour sa part, M. Said Addi, a présenté en détails le financement du système de santé au Maroc, en se concentrant sur les défis actuels, les opportunités de réforme et les perspectives pour l’avenir. Selon lui, la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) de manièreprogressive sur 5 ans permettra d’atteindre la couverture sanitaire universelle, avec des retombées positives sur les plans social et économique, notamment une réduction des dépenses de santé supportées par les ménages. Pour garantir la viabilité financière du régime AMO, des financements innovants sont proposés, tels que des taxes sur le tabac, l’alcool, le transport aérien et le temps de communication téléphonique. Il est également recommandé d’encourager le secteur privé à investir dans lesrégions où l’offre de soins est insuffisante, en mettant en place une nouvelle Charte de l’Investissement. D’autre part, afin d’améliorer l’efficience dans l’utilisation des ressources, plusieurs mesures sont proposées. Il s’agit de mieux dépenser les ressources disponibles en optimisant les moyens et en développant des ressources propres. Cela comprend l’élimination des dépensesinutiles liées aux médicaments, l’amélioration de la gestion de la chaîne d’approvisionnement, le contrôle de la qualité des médicaments, l’optimisation du système de gestion des stocks, ainsi que la promotion des médicaments génériques. De son côté, Dr. Ilham Mouhlal, a présente les objectifs de la loi n° 09-21 relative à la protection sociale qui vise à généraliser la couverture médicale de base CNSS pour tous les citoyens marocains, à améliorer la qualité des soins de santé et à renforcer la solidarité nationale.Ensuite, le document décrit les mesures prises par la CNSS pour étendre la couverture médicale aux travailleurs non salariés, notamment la mise en place d’une nouvelle organisation, l’extension du réseau CNSS ainsi qu’une large sensibilisation au niveau national. Par ailleurs, Dr. Mouhlal a abordé les avantages de la dématérialisation des procédures de remboursement des soins de santé pour les patients et les professionnels de santé, notamment la réduction des délais de remboursement, la simplification des procédures administratives et la réduction des coûts. « La CNSS a lancé un projet de dématérialisation des procédures de remboursement des soins de santé en 2018, qui a permis de réduire les délais de remboursement de 30 jours à 10 jours en moyenne », précise, la Directrice des AffairesMédicales au sein de la CNSS. La Présidente de l’Association des Entreprises de Médicaments au Maroc (LEMM), Mme Myriem Tamimy a expliqué dans sa présentation l’importance de l’innovation dans le secteur de la sante et plus spécialement celui des médicaments. En effet, un meilleur accès aux médicaments innovants permet de réaliser d’importantes économies et de réduire les dépenses de santé et cela en diminuant le nombre d’hospitalisations et d’autres couts directs. « Si nous nous intéressons au patient en tant qu’acteur économique, une personne atteinte d’un cancer par exemple a 4 fois plus de chance de se retrouver au chômage qu’une personne en bonne santé. Aujourd’hui, grâce aux thérapies innovantes, 4 sur 5 personnes et qui ont étéguéris arrivent à reprendre le travail et donc une réinsertion économique et sociale », a commenté Mme Tamimy.
Maroc/Conjoncture économique : des fondamentaux et des attentes pour faire face à la crise et l’inflation
Avec une croissance économique attendue à 3,5% en 2023, le Maroc devrait faire mieux que la croissance mondiale estimée à 1,7% par la Banque mondiale. Cela n’empêche, les défis restent encore nombreux pour accroître l’investissement privé, même si les initiatives se multiplient. C’est ce qui a été abordé ce jeudi 19 janvier lors du webinaire de la Britcham intitulé « Entre crise et inflation : à quoi s’attendre en 2023 ? ». Un Fonds Mohammed VI pour l’investissement mis en place, un nation branding revigoré après le parcours des Lions de l’Atlas au Mondial, une charte de l’investissement en phase de finalisation ; l’année 2023 commence par un lot de bonnes nouvelles et par des chiffres tout aussi réconfortants en matière d’export. « L’ensemble des secteurs industriels ont affiché des hausses à l’export en 2022 », a souligné d’entrée M. Amine Belhaj Soulami, chef du cabinet du ministre de l’industrie et du commerce. L’automobile a notamment connu une augmentation de 35% de ses exportations. Autre bon point : des résultats encourageants pour la Banque de projets de substitution. En parallèle, le ministère de l’industrie souligne que 360 projets industriels ont été signés par son département en 2022. « C’est près d’un projet par jour » rappelle M. Amine Belhaj Soulami. « Au total, ces projets représentent 40 milliards de dirhams d’investissements et 300.000 emplois ». De son côté, M. Hakim Marrakchi, président de la Commission fiscalité à la CGEM et vice-président de l’Association Marocaine des Exportateurs (ASMEX) a salué l’ensemble des dispositifs et mesures prises ces derniers mois. Alors que le Maroc a connu une inflation de 6,5% l’an dernier, les industriels ont été relativement épargnés. Les prix de l’électricité ont notamment été maintenus et les prix du gaz commencent à revenir à leurs niveaux d’avant crise. Délais de paiement et investissement, des chantiers en cours La nouvelle loi sur les délais de paiement est aussi un motif de satisfaction au moment où les derniers chiffres sur les défaillances d’entreprises tombent (+17% en 2022). En cours d’adoption, elle va permettre de mieux « protéger les TPE et PME » selon M. Amine Belhaj Soulami, chef du cabinet du ministre de l’industrie et du commerce. Pour M. Hakim Marrakchi, cette loi va dans le bon sens mais « n’empêche pas d’imaginer de nouveaux mécanismes pour améliorer les délais de paiement » alors que la crédit interentreprise dépasse le seuil des 400 milliards de dirhams. Le vice-président de l’ASMEX et président de la Commission fiscalité de la CGEM rappelle que « les entreprises vont avoir besoin de fonds de roulement en 2023 » et qu’une action pour permettre la baisse des taux d’intérêts serait bénéfique. Enfin, le récent projet de décret consacrant la préférence nationale pour les PME-TPE a été également salué par les deux intervenants. Pour M. Hakim Marrakchi, un autre défi est désormais de taille. « Il faut davantage soutenir l’acte d’investir des entreprises marocaines (…) et passer du made with au made in Morocco ».
Maroc. Inclusion économique et financière : une accélération des projets en cours
Près de trois ans après le début de la pandémie, l’inclusion économique et financière est devenue un outil de politique publique indispensable. Face à la hausse du chômage et des inégalités, la formation, l’entrepreneuriat et l’insertion sociale et financière sont des leviers essentiels à une croissance durable. C’est le constat partagé, jeudi 15 septembre, lors d’un webinaire organisé par la Britcham. « Le programme Awrach a créé 60.000 emplois ». C’est par cette annonce que M. Younès Sekkouri, ministre de l’inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, a débuté son intervention au début de webinaire. Créé il y a 8 mois, le programme Awrach destiné aux personnes ayant perdu leurs emplois durant la crise Covid est en bon chemin. Il vise la création de 250.000 emplois d’ici 2 ans. Mais l’inclusion économiqueest un sujet « complexe » qui touche « à la formation, l’entreprenariat, le social », a rappelé M. Younes Sekkouri. 70 mesures en cours pour l’inclusion économique Au total, 70 mesures sont en cours de déploiement ou d’études. Parmi elles : un Small Business For Jobs destiné aux TPME, une révision du statut d’auto-entrepreneur ou encore une refonte de l’apprentissage. « Nous voulons créer une véritable école de la deuxième chance », a déclaré le ministre de tutelle. De son côté, M. Noureddine Benkalil, secrétaire général du ministère de l’inclusion économique a rappelé l’objectif du Nouveau modèle de développement : doubler le PIB par habitant d’ici 2025. « Cela se fera par plus d’insertion et donc davantage d’inclusion économique et financière ». Parmi les outils en cours de déploiement : un système de gouvernance régionale et locale de l’inclusion économique ou encore la charte de l’investissement. Cette dernière va notamment jouer un rôle dans la réduction des disparités territoriales. « Des primes à l’investissement seront accordées pour ceux qui investissent dans certains types de territoires », a affirmé M. Noureddine Benkhalil. La banque doit devenir data driver pour faciliter l’inclusion Du côté de l’inclusion financière, Mme Asmae Hajjami, directeur général de Société Générale Maroc, a rappelé le rôle fondateur de la stratégie nationale d’inclusion financière. Lancée en 2016, elle vise la réduction des disparités en termes d’accès et utilisation des services financiers. Parmi les leviers d’action : le digital. « La banque de demain sera résolument tournée vers le mobile pour devenir une banque data driver », a-t-elle déclaré. Enfin, M. Youssef Guerraoui Filali, président du Centre marocain de la gouvernance et du management a appelé à revoir le statut des TPE et faciliter davantage l’obtention de crédits pour des porteurs de projets.
E-santé: Une réalité qui s’impose face à la crise ?
C’est un constat chaque jour renouvelé, l’e-santé a fait des pas de géant au Maroc et dans le monde à la faveur de la crise pandémique. Cette nouvelle donne n’est pas uniquement liée au contexte actuel, c’est aussi et surtout la résultante de progrès techniques révolutionnant, bon an mal an, la discipline médicale elle-même. Le jeudi 23 septembre, lors d’un webinaire de la BritCham intitulé « e-sante?: une réalité qui s’impose face à la crise », des experts, médecins, médecins- chercheurs de premier plan ont partagé leurs visions sur le futur de ce secteur médical et leurs analyses sur les transformations technologiques qui le bouleversent. L’e-santé est promise à un bel avenir, le potentiel d’expansion à l’échelle mondiale de ce secteur à l’horizon 2050 avoisine les 240 milliards de dollars selon plusieurs études consacrées à l’évaluation chiffrée des perspectives économique de ce que d’aucuns aiment à qualifier de médecine du futur. Dans ce contexte, le Maroc a anticipé les bouleversements en cours en matière d’e-santé en ayant adapté depuis 2018 son cadre légal selon le Pr. Hassan Ghazal qui participait au webinaire de la Britcham. Pour illustrer les changements en cours, la télé cardiologie a fait des progrès considérables à bas bruit dans le traitement de certaines des maladies chroniques du cœur « il est heureux de pouvoir, enfin, en rendre compte aujourd’hui s’est enthousiasmé Pr. Charafeddine Ait Zaouiat professeur chercheur en e-santé. Selon lui, la technique nous permet, plus que jamais, grâce à des relais médicaux- infirmier, professionnels de santé- de pouvoir réduire les inégalités face au soin. La téléconsultation et la télésurveillance sont déjà des outils expérimentés dans le parcours de soin dans certaines zones rurales du Maroc. De son côté, le professeur Jaafar Heikel, médecin épidémiologiste spécialisé dans les maladies infectieuses a également souligné le caractère impératif et indispensable d’avoir un « dossier médical partagé » entre l’ensemble des acteurs du système de santé, public et privé. Sous réserve de respecter les données privées des patients. L’adoption d’un tel système permettrait au Maroc de faciliter le parcours de soin en faisant en sorte qu’il soit moins erratique qu’il n’est actuellement. Enfin, le webinaire s’est clôturé sur le témoignage de M. Noureddine Afouaiz, directeur général de Glaxosmithkline, opérateur international du secteur pharmaceutique qui prends la mesure – en interne- des bouleversements techniques impactant le secteur médical en anticipant la révolution en cours dans le parcours de soin, d’un bout à l’autre, de la chaine médicale.
BritCham met le point sur l’impact de la pandémie sur le transport et logistique au Maroc
Epreuve inédite et extrêmement difficile, le confinement a impacté le secteur du transport et de la logistique au Maroc. Entre 50 et 70% des transports étaient à l’arrêt. Un véritable choc qui a conduit les acteurs du secteur à tirer de premières leçons pour envisager un avenir plus serein. Des premières pistes ont été évoquées lors de ce webinaire de la Chambre de Commerce Britannique pour le Maroc, intitulé “Transport & logistique : Impact de la pandémie”. Organisé ce jeudi 8 octobre. Plusieurs acteurs publics et privée de premier plan ont livré leurs visions et témoignages. Alors que le secteur du transport pèse 6% du PIB et contribue pour 15% aux recettes fiscales de l’Etat, M. Noureddine DIB, Directeur des Transports Terrestres et de la Logistique au Ministère de l’équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau a tenu à rappeler le défi de la formalisation du secteur. Un défi essentiel “pour avancer”. “Cette crise nous a permis de mieux saisir l’importance de l’informel”, a déclaré le responsable ministériel. Il a aussi noté que les entreprises du secteur sont fragiles même avant la pandémie, puisqu’il s’agit des microentreprises dont 86% réalisent un chiffre d’affaires inférieur à 3 millions de dirhams (MDH) par an avec une part importante de l’informel. Au vu de la non-conformité de plusieurs employeurs à la règlementation sociale, il y a beaucoup d’employés non déclarés à la CNSS, qui ont été incapables de bénéficier des mesures de soutien instaurées par le gouvernement en faveur des secteurs touchés, a-t-il déploré. Aujourd’hui, un nouveau contrat-programme du secteur est en cours. “Il faut que tous les représentants du secteur se mettent autour de la table”. Rappelant que ce contrat programme sera notamment axé sur la gouvernance du secteur, Noureddine DIB a insisté sur la nécessité de se doter d’un Observatoire qui permettra d’affiner les actions publiques à entreprendre pour le secteur. De son côté, M. Hicham MELLAKH, Président de la Commission de la Compétitivité Logistique et Énergétique de la CGEM a dressé les pistes qui pourraient permettre, selon le patronat, de sortir “plus fort” de cette crise. Parmi elles : une réforme de la TIC (Taxe Intérieur de Consommation) pour “soulager les trésoreries des entreprises marocaines”. L’idée d’un tarif dégressif aux péages autoroutiers pour les acteurs dits “formalisés” a aussi été évoquée. “Cela pourrait inciter les transporteurs de l’informel à nous rejoindre”. Aussi, le digital et la formation aux multi-transports doivent être érigés en priorités dans les prochaines années. Deux axes de développement auxquels a souscrit M. Mohamed IFRAH, Directeur Général de DHL MAROC. Acteur privé de référence mondiale dans le transport et la logistique, DHL a “aidé des entreprises marocaines à se digitaliser durant cette crise”, a fait savoir son représentant marocain. Si au Royaume, l’entreprise a pu bénéficier d’une expertise internationale en amont avec des premières expériences de gestion de cette pandémie en Chine ou en Europe, cette crise a montré la nécessité d’”innover” et “regarder de près les nouvelles technologies comme la robotique et l’IA”. Enfin, M. Aissam ECH-CHABBI, Directeur de la Stratégie, des Etudes et de l’Information à l’Agence marocaine de développement de la logistique, a rappelé que certaines bases de la stratégie nationale de la logistique restent à consolider. “La logistique est vue aujourd’hui comme un secteur de soutien à l’économie nationale alors qu’elle peut être un vecteur de développement”. Innovation, formation et investissements doivent rythmer les années post-crise. Preuve en est : le e-commerce qui a connu une croissance exponentielle durant cette crise. “Son développement va nécessiter de nouvelles capacités de stockages multimodales”. Malgré des pertes d’emplois et fermetures d’entreprises, la crise Covid 19 a mis en lumière les faiblesses du secteur du transport et de la logistique. La loi de finances 2021 et le plan de relance peuvent constituer un point d’appui important à un nouveau départ. La signature d’un nouveau programme et l’ouverture aux nouveaux défis sont un prérequis indispensable à l’émergence d’une nouvelle ère du transport et la logistique au Maroc.
La réalisation des grands projets d’infrastructures nécessite près de 600 milliards de DH (Maroc)
«Les infrastructures de base ont largement contribué à l’essor du Maroc au cours de ces 20 dernières années. Aujourd’hui encore, de nouveaux chantiers s’ouvrent et promettent de nouvelles perspectives de croissance», a déclaré le président directeur général de la Chambre de commerce britannique pour le Maroc (Britcham), Mohammed Raihani. Pilier indispensable du développement économique du Royaume, «le développement des infrastructures demeure un axe stratégique pour le Maroc», a-t-il souligné lors de la traditionnelle grande Conférence-débat de la Britcham tenue récemment à Casablanca. Placée sous le thème « Le développement des infrastructures pour une meilleure économie », la rencontre a été l’occasion de braquer les projecteurs sur les mesures prises pour le développement des infrastructures au Maroc et les perspectives à venir de ce secteur. Au cours de leurs échanges, les panélistes ont également passé en revue les grands projets d’infrastructures, à l’instar des ports de Dakhla Atlantique et de Kénitra Atlantique, de l’extension de la ligne à grande vitesse Marrakech-Agadir, du développement du ferroviaire et des nouvelles autoroutes. Premier panéliste à livrer son analyse du bilan et des projections des différents chantiers lancés ou en cours de réalisation, Adil Bahi, directeur de la stratégie, des programmes et de la coordination des transports au ministère de l’Equipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau, s’est d’abord focalisé sur l’organisation qui a permis de réaliser les projets mis en œuvre. Flash-back. « Le Maroc d’aujourd’hui n’est pas celui d’il y a 20 ans où nous ne comptions que 400 km d’autoroutes reliant les capitales administrative et économique du pays, 32.049 km de routes revêtues, une population rurale très peu desservie, un secteur de transport routier en souffrance, l’absence d’ouverture portuaire d’envergure sur la Méditerranée». Pour mieux apprécier les avancées du Royaume en matière d’infrastructures, Adil Bahi a décrit le Maroc de jadis en ces termes : «Monopole d’exploitation portuaire de l’Etat (ODEP), un secteur aéroportuaire mal organisé, une destination Maroc monopolisée par la RAM, un service de transport ferroviaire de mauvaise qualité, une faible compétitivité logistique, une absence de stratégie, aucune plateforme dans le secteur de la logistique et un faible niveau d’aménagement du territoire». Le déficit en termes d’infrastructures était tel que la priorité d’alors imposait de le combler afin de rattraper le retard. Ainsi, grâce à la vision à long terme de S.M le Roi Mohammed VI, le pays a été placé sur la voie de la mise à niveau dans tous les domaines, y compris celui des infrastructures. Et ce, à travers la politique de grands chantiers qui donnera un nouvel élan à l’ensemble des secteurs de l’économie nationale avec des projets de grande envergure et des programmes de développement humain et social ambitieux. Une vision qui se déclinera en stratégies sectorielles ambitieuses avec des objectifs clairs dans les secteurs de l’équipement, du transport, de la logistique et de l’eau (plan Routes 2030, plan Rail 2040, Stratégie portuaire 2035, Stratégie logistique et Plan national de l’eau). Dans la limite des ressources disponibles, l’Etat a ainsi mis en œuvre des mécanismes définissant des contrats et réalisé un certain nombre de projets dans le cadre des contrats-programmes Etat-ADM qui ont permis d’amener le linéaire autoroutier de 400km en 1999 à 1.800 km aujourd’hui; des contrats-programmes Etat-ONCF avec la réalisation du TVG, le doublement de lignes jusqu’à Oujda et Marrakech (2.295 km dont 1.473 km électrifiées); des contrats-programme Etat-RAM qui accompagneront la libéralisation du transport aérien ainsi que des contrats-programmes Etat-FNBTP qui assureront la mise à niveau du secteur BTP et l’amélioration de la compétitivité du secteur du transport routier de marchandises. «Aujourd’hui, nous sommes à 80% du taux de désenclavement des populations rurales. Il y a 20 ans, nous n’étions qu’à 40%. 97% de la population rurale ont accès à l’eau et 100% des zones rurales sont raccordées à l’électricité», a souligné Adil Bahi estimant que le bilan est plus qu’honorable. De plus, il a signalé, entre autres projets, le complexe Tanger Med, Nador West Med actuellement en construction, etc. Pour atteindre ces objectifs, il a fallu que le Maroc engage des réformes institutionnelles et réglementaires importantes comme celles du secteur portuaire et du transport routier. En plus de la libération des services du transport maritime de fret et de la refonte du Code de la route; la signature des accords internationaux importants (Open Sky, GATT, SGPC, etc.) et son adhésion aux principaux organismes mondiaux liés au commerce, a poursuivi le responsable ministériel. Il s’en est suivi la création de nouveaux organes qui permettront la mise en œuvre et l’atteinte des objectifs tracés, à savoir : Marsa Maroc, NWM, l’Agence marocaine de développement, l’Agence nationale des équipements publics et l’Agence nationale de la sécurité routière. «Les financements propres de l’Etat n’étant pas suffisants, il a fallu recourir à d’autres modes de financement innovants dont l’Aide publique au développement (APD) obtenue sous forme d’emprunts concessionnels, le recours au marché financier domestique par des émissions obligataires à long terme, les prêts bancaires garantis ou non par l’Etat, les partenariats Etat-collectivités locales et le partenariat public-privé», a-t-il relevé. «Aujourd’hui, le Maroc compte un patrimoine important de 1800 km d’autoroutes, 1.124 km de voies express, 54.000 km de routes dont 44.215 km revêtus, des complexes portuaires Tanger Med, port de Casa et Safi», a-t-il cité. Malgré ces avancées et les réalisations qui ont suivi, le modèle actuel approche de son épuisement. Il a atteint ses limites à cause de la question du financement. « Le ratio de l‘endettement public atteint 65% du PIB, la marge de manœuvre budgétaire reste réduite, la garantie fournie aux EEP atteint un niveau important et la convergence entre politiques publiques commence à planter», a-t-il expliqué relevant une priorité au développement des infrastructures au détriment des opérations de préservation du patrimoine national en infrastructures. Pour l’avenir, il a appelé à accroître l’efficacité de la gestion des projets d’infrastructures, à optimiser les nouveaux investissements, à sauvegarder les infrastructures existantes, à améliorer la qualité de service, à assurer plus de sécurité dans les transports, à améliorer les recettes dédiées au secteur et à assurer une gestion rationnelle du territoire
Maroc: Textile et tourisme, parents pauvres du marché halal
Quel potentiel le marché des produits halal représente-t-il (réellement) pour le Maroc ? C’est à cette question et d’autres relatives à ce marché que les participants ont tenté de répondre lors d’une conférence-débat tenue récemment à Casablanca. Organisée à l’initiative de la Chambre de commerce britannique au Maroc «Britcham», sur le thème «Le marché des produits halal : quel potentiel pour le Maroc?», cette rencontre a permis de dresser l’état des lieux du marché halal marocain et d’apprécier à sa juste valeur son potentiel dans un marché international en plein essor. Comme l’a rappelé, d’emblée, le représentant et chef de la division Agrobusiness au ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime du Maroc, Abdellatif Abbadi, le potentiel du marché halal mondial est estimé à plus de 2000 milliards de dollars. C’est dire qu’il y en a suffisamment pour que le Maroc en tire également profit, d’autant plus que les conditions propices à l’éclosion d’entreprises désireuses d’opérer dans ce marché ont été améliorées. Ainsi comme le souligne la MAP, le Royaume a pris plusieurs mesures visant à diversifier l’offre marocaine et améliorer la qualité des produits halal, procédant notamment à la mise en place d’un contrat-programme pour accompagner les entreprises exportatrices et de normes de la certification halal. En dépit de ces améliorations, il est à souligner que l’exportation de produits halal ne s’effectue pour l’instant qu’à une petite échelle. En effet, pour l’heure, seules 120 entreprises nationales dont la plupart exportent des produits agroalimentaires et cosmétiques notamment en Asie et en Europe ont été labellisées halal par l’Institut marocain de normalisation (Imanor). Ce chiffre pourrait évidemment passer à 200 voire 300 entreprises exportatrices à condition d’intensifier la sensibilisation notamment auprès des TPE, a estimé le directeur de cette institution spécialisée, Abderrahim Taïbi. Ce qui serait plutôt une bonne chose dans la mesure où, a-t-il affirmé, les produits halal made in morocco connaissent un véritable succès dans les pays musulmans et ceux où vit une forte communauté musulmane. L’une des solutions préconisées par les autorités et les acteurs du halal pour élever la cadence consisterait en la création d’une filière du halal, ont soutenu les participants à cette conférence-débat. C’est en tout cas ce qu’a soutenu mordicus le président du Club Halal Export de l’ASMEX (Association marocaine des exportateurs), Adnane El Gueddari, qui a jugé nécessaire que les acteurs étatiques et bancaires ainsi que les entreprises privées mettent en commun leurs expertises afin de dénicher de nouvelles opportunités. L’intervention de ce dernier a aussi permis de se rendre compte que le textile et le tourisme, deux secteurs importants au Maroc, demeurent les parents pauvres du marché halal au Maroc. L’idée de créer une filière du halal n’a pas laissé indifférent le Groupe Crédit Agricole du Maroc notamment son directeur du domaine vert, El Mostafa Chehhar, qui a assuré l’assistance de la disponibilité de l’établissement bancaire à étudier cette question. Soulignons qu’au cours de son exposé, il a aussi attiré l’attention des participants sur le support actif que la banque propose à ses clients à travers son Club Agro Maroc Trade (CAM TRADE). A noter que lors de cette rencontre, les participants ont également pu s’enquérir du modèle britannique du marché halal dont le Maroc pourrait bien s’inspirer à bien des égards. Et pour cause, comme l’a souligné le directeur général de la Halal Food Authority (Royaume-Uni), Mohammed Saqib, la Grande-Bretagne figure parmi les leaders mondiaux de ce marché. C’est dire aussi l’importance pour les entreprises marocaines de décrocher un certificat halal britannique, considéré comme un gage d’« assurance de reconnaissance à l’échelle internationale ». Alain Bouithy