L’œuvre de l’artiste-peintre Zornitsa Schönfeld (Zoe). Un discours pictural allégorique et poétique

LES ARTS. L’artiste-peintre bulgare Zornitsa Schönfeld alias Zoe a une réelle affection pour son environnement et a choisi de réaliser une peinture qui résonne dans l’âme des amateurs d’art. Courageuse, tenace et amoureuse de sa peinture, cette restauratrice d’icônes et de fresques d’églises de formation, qui vit et travaille à Hambourg, traite principalement de sujets sociaux, philosophiques, artistiques, spirituels, poétiques et autres. Le tout avec une effervescence de sensations renouvelées et charmantes.

Comme nombre d’expressionnistes abstraits, dans les œuvres de Zoe, la forme cède le pas au contenu, celui de sa conscience ou celui de son inconscient.  L’espace du tableau  devient alors un tremblement, un souvenir, un détail, un tourbillon chromatique, une vérité mystérieuse, une fissure spirituelle… Il s’agit ici d’une peinture universelle, une touche ample, aux accents symphoniques, qui célèbre les grandes forces originelles, suggérées par des matières irisées, diaprées, aériennes. 

Ses œuvres abstraites impressionnistes, expressionnistes ou lyriques sont constituées en très grande majorité de toiles recouvertes de fragments. Le temps intérieur ou l’émotion créatrice et le temps extérieur ou la matérialisation de cette émotion dans son œuvre sont rendus simultanés par sa matière fluide, légère et transparente. Une prouesse qu’elle accomplit avec une aisance, une maestria et une grande liberté.

Et si la diversité est le propre de la nature humaine, Zoe jongle avec les différentes techniques mises à sa disposition : papier, acrylique sur toile, peinture à l’huile, collages… elle se consacre corps et âme à ses recherches jalonnées de voyages, d’ateliers, d’efforts pour se procurer toute la documentation utile pour ce faire … Car Zoe considère la peinture comme un refuge, pour y préserver la fraîcheur de l’âme, sublimer le quotidien. Une peinture qui n’exclut pas la solitude profonde de l’être, comme si elle était assise sur un banc ou sous un arbre, souvent dans un coin du tableau. Ou alors plongée en pleine méditation, au cœur même de la toile.

Quel recueillement, quel silence contemplatif dans les œuvres de Zoe! Ses nouvelles toiles nous prouvent ce cheminement intérieur. À présent, l’artiste semble avoir pris de l’altitude avec ses chants aux sonorités hautement spirituelles. C’est aussi l’une des composantes de son univers. Le regard vacille sans cesse, émerveillé entre ses toiles où chacune, d’une seconde à l’autre, suscite une vision nouvelle. Ainsi se révèle-t-elle multiple, polymorphe, créatrice d’un univers pictural unique, comme toutes les grandes œuvres qui, qu’elles soient dramatiques, symphoniques, poétiques ou littéraires, sont si riches que l’on peut soi-même les déchiffrer et les interpréter de façons diverses. Ici, les silhouettes, présentées parmi les grandes toiles carrées, ne sont pas divertissements d’esthète, mais focalisation, symbole du regard de l’artiste elle-même et de l’émotion qu’elle éprouve.

Le chromatisme vif et contrasté de ses peintures ne dépend que des rapports des tons entre eux, selon les surfaces qu’ils animent, de manière totalement subjective. Couleurs neutres, telluriques, subtiles ou éclatantes, peu importe, le but ultime de notre plasticienne est de créer des espaces harmonieux et dynamiques où il y a toujours un silence qui parle et un espoir qui fleurit.

Sur le plan thématique,  Zoe fait appel à l’imagination, son précieux outil, lui accordant le premier rôle et l’autorisant à se déployer  en toute liberté et fantaisie. Elle fait également confiance à ce riche substrat de matières variées qui couvent en elle dans le tréfonds de sa psyché. Ici, qui dit abstraction ne signifie pas forcément dénuée de sens puisque notre artiste retranscrit ses sentiments sur la nature, l’univers, l’environnement, la vie, sa terre natale, la Bulgarie, ainsi que ses rêves poétiques, entre autres thématiques philosophiques traitées avec une légèreté bon enfant.

Au final, force est de constater que l’abstraction de Zoé s’exprime principalement par une composition qui génère du sens sans se référer directement au concret tout d’abord. Ensuite, par une idéalisation des formes et des caractéristiques qui permettent la représentation de tel ou tel sujet. Par là, le sujet n’est plus un simple prétexte visuel, dont la silhouette, mais une allégorie, un discours pictural implicite.

Ayoub Akil

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