LITTERATURE. Alima Madina partage sur La voix d’une femme qui espère à l’IFC de Brazzaville

Alima Madina, une des plumes féminines du Congo Brazzaville s’est trouvée, le 12 novembre 2015 à Brazzaville, en face d’un public venu très nombreux dans le hall de l’Institut français du Congo (IFC), partager avec elle de son recueil de nouvelles intitulé «La voix d’une femme qui espère», paru aux éditions L’Harmattan en 2014 à Paris en France.

Ce recueil de nouvelles qui repose sur 80 pages, comporte cinq nouvelles qui mettent au grand jour des situations où la femme joue un rôle hautement prépondérant. Elle est le protagoniste par excellence de toutes les scènes où l’homme est relégué au second plan comme pour lui faire payer son comportement toujours jugé négatif à l’égard de la femme.
Quatre membres du Forum des Gens de Lettres (FGL) ont accompagné l’écrivaine dans cet exercice de présentation du fruit de ses entrailles intellectuelles. Ernest Bompoma Ikiélé a été le modérateur qui, au cours de la cérémonie, a distribué la parole et lu quelques extraits des différents textes pour inciter les lecteurs à acquérir l’œuvre.

La parole a ensuite été libérée pour Jessy Loemba qui a eu la lourde et exaltante tâche de présenter les cinq nouvelles et d’en extirper la substance avant de la céder à la critique littéraire du jour, Ninelle Balenda. Dans ces textes, les femmes subissent le complexe de supériorité de l’homme.

Dans ce recueil de cinq nouvelles dont la préface porte la signature du professeur Omer Massoumou, Alima Madina renvoie le lecteur, à travers trois de ses nouvelles, aux relations que la religion musulmane, à laquelle appartient l’auteure, entretient avec la condition exécrable de la femme dans la société.
Le livre d’Alima Madina est une œuvre qui met le doigt sur la sensibilité féminine. Elle y dénonce les tristesses et les espérances de la femme avec les violences subies par la fille ou la jeune femme qui doit faire face aux exigences tant traditionnelles que de la modernes ; entre l’amour imposé ou le mariage forcé et la haine ou encore les recommandations religieuses.

L’écrivaine raconte douloureusement l’histoire de l’accouchement de Lili qui donne naissance à un albinos et qui vit le rejet de la société et de la famille. Cette mise à jour qui produit un effet de panique auprès de la sage-femme principale qui demande au médecin de venir voir l’enfant albinos. Et quand la jeune femme qui vient de donner le jour veut savoir ce qui se passe, la réponse est évasive.

Les paroles du médecin sont heureusement rassurantes mais le mal est déjà fait par la sage-femme qui dramatise un fait pourtant banal. « J’ai cru que cette femme a fait un monstre, cet enfant est bien portant, est-ce sa couleur qui t’effraie ? Certainement cette jeune femme est l’épouse d’un bon Blanc.»

Alima Madina estime qu’il n’est pas normal que la femme paie pour toutes les fautes de la terre. «Un enfant monstre qui nait dans un ménage, l’homme disparait et c’est l’affaire de la femme, une grossesse non reconnue, c’est la femme qui fait les frais ; mais la femme ne tue jamais les fruits de ses entrailles, elle lui entoure de tous les soins et le fait grandir», a-t-elle confié.
«Les pleurs du harem », est l’une des nouvelles dans laquelle une jeune fille sunnite nommée Sadiya, préfère se suicider plutôt que d’accepter de faire la volonté de ses parents qui lui imposent un homme qu’elle n’aime pas. Dans «Les bas-fonds de Mbounda», une jeune femme quitte les siens pour suivre celui qu’elle considère comme l’élu de son cœur mais se retrouve perdue à l’éclatement des hostilités socio-militaires. Elle ne retrouve son époux que sous des tonnes de terre et une croix indiquant le lieu où ses restes sont déposés.
Dans «La pygmée heureuse», l’auteure Alima Madina retrace l’histoire d’une jeune femme dont la condition s’améliore pendant que, dans «Pardonne-moi, mon enfant», elle conduit le lecteur dans les labyrinthes de la vie de cette jeune femme abandonnée avec son enfant par son compagnon dix-huit ans plus-tôt et qui n’a pas réussi à oublier. Elle protège son fils contre la présence à ses côtés de ce père lâche en quête d’un repentir.
Dans ce recueil de nouvelles, l’auteure promène le lecteur dans des thèmes portant sur l’amour, la haine, le mariage forcé, la polygamie, la vie religieuse, le manque de respect pour l’être humain en général et pour la femme en particulier. La condition de la femme y est fortement évoquée.

Alima Madina est professeur de philosophie à l’Ecole militaire préparatoire Général Leclerc. Elle est entrée dans le monde de la littérature par un recueil de poèmes, «Splendeur cachée». Elle a reçu en novembre 2013 un prix d’honneur de la francophonie et affirme que sa foi religieuse et la philosophie qu’elle enseigne cohabite sereinement en elle.

 

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