Libération des prisonniers politiques :  Le C.A.C.I prend acte mais exige le départ de M. Alassane Dramane Ouattara

TRIBUNE. Nous publions ci-dessous, la position et l’analyse du Comité d’actions pour la Côte d’Ivoire aux Etats-Unis (CACI-USA) concernant les récents événements en Côte d’Ivoire.

  1. Le contexte

Le 6 août 2018, la veille de la célébration de « l’indépendance » de la Côte d’Ivoire, M. Alassane Ouattara a annoncé des décisions dont les plus importantes sont une ordonnance portant « amnistie » pour 800 personnes que son régime illégitime accuse d’avoir commis des exactions durant la crise de 2010-2011 et la réforme de la Commission Electorale Indépendante (C.E.I). Au nombre des personnes « amnistiées » figurent Mme. Simone Ehivet-Gbagbo, MM. Lida Kouassi Moise, Assoa Adou, et bien d’autres.

L’annonce de cette décision et la libération effective des personnes concernées ont donné lieu à des célébrations dans les familles biologiques et politiques.

Sans s’opposer à cette liesse, le Comité d’Actions pour la Côte d’Ivoire (C.A.C.I.) s’interroge sur le sens et les fondements de cette « amnistie » inattendue. Pourquoi maintenant ? Cette « amnistie » pourra-t-elle favoriser la réconciliation en Côte d’Ivoire ? Avons-nous des raisons suffisantes de célébrer cette « amnistie » ?

  1. Les observations du C.A.C.I

Le C.A.CI fait les observations suivantes.

  1. Il y a une simultanéité intéressante entre le récent rapport de l’Union Européenne qui accuse M. Alassane Ouattara de « refuser tout dialogue » et l’annonce de cette « amnistie ». C’est d’autant plus intéressant que pendant sept ans, M. Alassane Ouattara a rejeté tous les appels à libérer les prisonniers et engager un vrai dialogue avec les partis politiques parce que les rapports de l’Union Européenne et la France lui étaient favorables. Aujourd’hui, il est juste de dire que M. Alassane Ouattara a la pression de cette Union Européenne qui, en réalité, à travers la France, est responsable de l’instabilité politique en Côte d’Ivoire.
  2. Sur le plan national, « l’amnistie » intervient au moment où l’alliance entre le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Rassemblement des Républicains (RDR) s’effrite. Non seulement le PDCI n’a pas participé à la création du parti unifié, mais aussi, il a annoncé son retrait des activités du RHDP. Ce retrait établit un nouveau rapport de force et confine le RDR dans sa vraie position de parti minoritaire.
  3. Comme le PDCI, le Rassemblement pour la Côte d’Ivoire (RACI) s’est éloigné du RDR en promouvant la candidature de M. Soro Guillaume aux élections de 2020. La rupture idéologique du RACI accentue aussi l’isolement du RDR.
  4. Aujourd’hui, des acteurs politiques souhaitent une alliance entre le PDCI, le Front Populaire Ivoirien (F.P.I.) et Ensemble pour la Démocratie (E.D.S). Si elle voyait le jour, cette alliance consacrerait la descente rapide du RDR à l’enfer politique.
  5. En sept ans de pouvoir inconstitutionnellement acquis en 2011, M. Alassane Ouattara a œuvré plus à détruire le tissu sociologique ivoirien à tel point que la libération et/ou l’arrêt des poursuites contre ces 800 personnes et la réforme de la CEI ne suffisent pas pour déclencher un vrai dialogue national.
  6. Sur le plan juridique, « l’amnistie » semble dire que les procédures judiciaires engagées par M. Alassane Ouattara contre les 800 personnes étaient transparentes et équitables. Pourtant, c’est loin d’être le cas. Nous avons plutôt assisté à des procédures extra-judiciaires qui continuent de causer la violation des droits des personnes et la mort de plusieurs autres.
  7. L’ordonnance de M. Alassane Ouattara exclut « une soixantaine » de personnes, « militaires et/ou membres de bandes armées que son régime accuse d’avoir commis des crimes de sang. » Cette exclusion est contraire à l’objectif de la réconciliation puisque les vrais auteurs des crimes de sang et crimes économiques en Côte d’Ivoire sont les rebelles des « Forces Nouvelles » avec qui il partage son pouvoir. Donc, ne pas libérer les militaires qui ont loyalement et vaillamment défendu la République, relève plutôt du chantage auquel le régime de M. Alassane Ouattara a habitué les Ivoiriens et Ivoiriennes.
  8. Les réactions de joie que nous observons depuis l’annonce de cette « amnistie » sont normales. Cependant, elles doivent être mesurées pour ne pas conduire l’opposition à relâcher la pression. La sortie de prison des 800 personnes doit être appréciée comme un moment important dans la remobilisation des forces pour mettre fin à l’imposture de M. Alassane Ouattara et de son régime.

A la suite de l’analyse qui précède,

Le C.A.C.I, qui milite pour l’unité nationale, la démocratie, et la souveraineté en Côte d’Ivoire réaffirme que la libération de TOUS LES prisonniers politiques y compris le Président Laurent Gbagbo et le Camarade Blé Goudé est une étape nécessaire à la réconciliation nationale.

Le C.A.C.I prend acte de la libération des 800 personnes, réaffirme sa solidarité à ces personnes et à leurs familles et salue la mémoire de celles qui sont décédées en prison ou en exil.

Le C.A.C.I. invite les Ivoiriens et Ivoiriennes, les partis politiques, les organisations de la société civile, les patriotes, les souverainistes, et tous ceux et toutes celles qui sont fidèles aux intérêts supérieurs de la Côte d’Ivoire à demeurer intransigeants face à M. Alassane Ouattara dont le régime perfide et violent nous a habitués à des pirouettes.

Le C.A.C.I. refuse de saluer « l’amnistie » de M. Alassane Ouattara parce qu’elle reflète sa dictature. En effet, cette amnistie confirme l’idée que M. Alassane Ouattara s’est investi du pouvoir de faire et défaire la condition des citoyens de la Côte d’Ivoire. Il aurait plutôt fallu à M. Alassane Ouattara de profiter de son discours pour présenter ses excuses à ceux/celles et aux familles à qui il a injustement privé de leurs droits et libertés durant toutes ces années. Comme on le dit chez nous, « on ne remercie pas un voleur qui ramène l’objet volé à son propriétaire. »

Le C.A.C.I. réaffirme avec force que la sortie de crise, la réconciliation, et la paix en Côte d’Ivoire passent incontestablement par le départ de M. Alassane Ouattara du pouvoir et la mise sur pied d’une transition politique. Des aspects de la structuration, durée, et mission de cette transition politique ont fait l’objet du Colloque International du CACI tenu les 30 et 31 mars 2018 aux États-Unis.

Le C.A.C.I. exhorte les acteurs politiques ivoiriens et les forces de l’opposition, notamment E.D.S, à embrasser dès à présent et sans ambiguïté la solution d’une transition politique en Côte d’Ivoire.

Le C.A.C.I exhorte les jeunes de tous les partis politiques et la société civile à conjuguer leurs efforts pour poursuivre les manifestations publiques, pacifiques, et démocratiques dans toutes les contrées de la Côte d’Ivoire pour mettre fin au régime de M. Alassane Ouattara.

Fait aux États-Unis, le 11 août 2018.

Pour le C.A.C.I

Le Camarade Eric Edi,
Secrétariat Exécutif

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