Les mesures restrictives prennent de l’ ampleur au niveau du commerce mondial

L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a indiqué récemment que les restrictions commerciales appliquées par ses membres sont restées à des niveaux historiquement élevés.

Entre mi-octobre 2018 et mi-octobre 2019, le montant des échanges visés par les mesures restrictives à l’importation appliquées par ces derniers était estimé à 747 milliards de dollars, a relevé l’organisation dans un nouveau rapport.

Ce montant est le plus élevé enregistré depuis octobre 2012 etreprésente une augmentation de 27% par rapport à celui enregistré dansle rapport annuel précédent (588 milliards de dollars), a constaté le directeur général de l’OMC, Roberto Azevêdo, lors d’une réunion de l’Organe d’examen des politiques commerciales tenue récemment.

« Les conclusions du rapport devraient être très préoccupantes pour lesmembres de l’OMCet la communauté internationale dans son ensemble », a déclaré Roberto Azevêdo. D’autant plus que, comme le relève le rapport, de nouvelles restrictions commerciales et les tensions commerciales croissantess’ajoutent à l’incertitude concernant le commerce international et l’économiemondiale.

Selon l’organisation, 102 nouvelles mesures restrictives pour le commerce ont été mises en place par les membres au cours de la période considérée, notamment des augmentations tarifaires, des restrictions quantitatives, des procédures douanières plus strictes et l’imposition de taxes à l’importation et de droits d’exportation.

Dans un communiqué rendu public jeudi 12 dernier, l’OMC indique que les principaux secteurs visés par les nouvelles restrictions à l’importation étaient les minéraux et les mazouts (17,7%), les machines et appareils mécaniques (13%), les machines électriques et leurs parties (11,7%) et les métaux précieux (6%). La forte augmentation des niveaux des mesures restrictives commerciales « nuisent à la croissance, à la création d’emplois et au pouvoir d’achat dans le monde », a prévenu Roberto Azevêdo.

Soulignons que ces mesures commerciales s’accumulent avec le temps. Ce qui n’a rien de réjouissant d’autant plus que, selon les estimations du Secrétariat de l’OMC, « le stock accumulé de restrictions à l’importation introduites depuis 2009, et toujours en vigueur, affecte actuellement 7,5% des importations mondiales ». L’évolution de l’environnement commercial a de quoi vraiment inquiéter.

L’OMC en veut pour preuve qu’à la fin de 2018, 1.500 milliards de dollars sur un total de 19.500 milliards de dollars d’importations mondiales étaient affectés par les restrictions à l’importation mises en place par les membres de l’OMC au cours de la dernière décennie.

Précisons que le stock de restrictions à l’importation a continué de croître puisque cette couverture commerciale était estimée à 1,7 billion USD à la mi-octobre 2019.

Pour Roberto Azevêdo, seul« un leadership collectif solide de la part des membres apporterait une contribution importante à accroître la certitude, à encourager l’investissement et à soutenir le commerce et la croissance économique », a-t-ilsoutenu affirmant que « les tendances défavorables pourraient empirer » la situation.

Soulignons toutefois qu’au cours de la même période d’examen, les membres de l’OMC sont tout de même parvenus à mettre en œuvre 120 nouvelles mesures visant à faciliter le commerce, notamment la réduction ou l’élimination des tarifs, des droits d’exportation et des taxes à l’importation.

L’organisation s’en presse d’ailleurs de relayer la bonne nouvelle en rappelant que « la couverture commerciale des mesures de facilitation des importations mises en œuvre au cours de la période considérée a été estimée à 545 milliards de dollars, le deuxième chiffre le plus élevé pour ce type demesures depuis octobre 2012 ».

L’autre bonne nouvelle relevée dans son communiqué, c’est que « la libéralisation associée à l’élargissement en 2015 de l’Accord sur les technologies de l’information (ATI) de l’OMC continue de jouer un rôle important dans la facilitation des échanges ».

Selon les estimations préliminaires de l’organisation, la couverture commerciale des mesures de facilitation desimportationsmises enœuvre au cours de la période de réexamen associée à l’ATI s’élevait à 705 milliards de dollars, souligne la même source ajoutant que lamoyennemensuelle des ouvertures demesures correctives commerciales par les membres de l’OMCest dansl’ensemble restée stable parrapport à l’année précédente.

A noter que le rapport fournit également des preuves de l’augmentation continue des problèmes commerciaux et des préoccupations exprimées dans un pluslarge éventail d’organes de l’OMC au cours de la période considérée.

Ainsi, il apparaît qu’environ 230 problèmes commerciaux ont été soulevés lors de 28 réunions formelles d’organes de l’OMC autres que le Comité des mesures sanitaires et phytosanitaires et le Comité des obstacles techniques au commerce, ce qui représente une augmentation de 8% par réunion par rapport au précédent aperçu annuel. Autant dire que la situation demeure finalement préoccupante à bien des niveaux.

Alain Bouithy

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