Les économies en grande dépression et sous perfusion nécessitent un remède de cheval

En cette période cruciale, marquée par une crise économique et sanitaire induite par la pandémie de coronavirus, la relance économique reste un sujet d’actualité pour le Centre marocain de conjoncture (CMC).

Dans sa dernière publication mensuelle « Maroc Conjoncture »(n° 328), le CMC y consacre ainsi un spécial à « La crise sanitaire : Quel plan de relance économique ? » Avec comme principaux axes : « La Rentrée économique au niveau international : coronavirus : vivre avec l’incertitude »; « Fonds stratégique d’investissement : un appui décisif au programme de relance » ; « Classement du Maroc dans le doing business : Maintenir le cap » ; « Sauvegarde du climat des affaires : simplification des procédures et dématérialisation »;« Consolidation du rôle économique de la région : quelle contribution par l’investissement ? » et « Dette et déficit : Le remède ».

Comme l’a relevé d’emblée l’observatoire privé dans le premier axe, la production mondiale s’est effondrée au premier semestre de 2020 avant de se redresser rapidement à la suite de l’assouplissement des mesures de confinement et du redémarrage de l’activité.

L’institution, spécialisée dans l’analyse et le suivi de la conjoncture, la prévision et l’évaluation d’impact a toutefois souligné un léger essoufflement de la reprise mondiale pendant la saison estivale prédisant en outre une diminution du PIB mondial de 4,5% au cours de cette année et un redressement de 5 % en 2021.

Qu’à cela ne tienne, les économistes du Centre ont cependant noté que ces perspectives demeurent entourées d’une incertitude considérable. Par ailleurs, alors que les plans de relance vont être au cœur de la préparation des budgets publics pour 2021, le CMC a estimé que «la poursuite souhaitée d’une politique budgétaire expansionniste ne devrait cependant pas empêcher d’apporter les ajustements nécessaires pour limiter les coûts durables de la crise et favoriser le redéploiement nécessaire des ressources vers les secteurs en expansion ».

Dans le second axe, « Fonds stratégique d’investissement : Un appui décisif au programme de relance », le CMC a rappelé dans un communiqué que le Maroc s’est engagé pour l’après-pandémie à lancer un important programme de relance économique d’une enveloppe financière de 120 milliards de DH.

Ce programme, dont le financement sera en partie assuré par le Fonds stratégique d’investissement créé à l’occasion sous forme d’un compte d’affectation spécial, vise en particulier le soutien au système de production et l’accompagnement des grands projets dans différents secteurs d’activité.

« La particularité de ce fonds réside dans la possibilité de mobiliser des financements auprès des institutionnels et du secteur privé et son succès dépendra de sa capacité à attirer un nombre important d’investisseurs dans les grands projets structurants », a-t-on précisé de même source.

S’agissant du classement du Maroc dans le doing business, s’il salue les efforts réalisés ces dernières années en matière de facilitation des affaires, le CMC fait un constat dans ce spécial : «Les entreprises marocaines continuent de faire face à des obstacles qui les empêchent de se développer à la fois sur le marché domestique et à l’exportation ».

Les économistes du CMC soutiennent que la levée de ces barrières est nécessaire si le Maroc veut se mettre au rang des 50 premières économies du monde et estiment que plus que 3 points le séparent de cet objectif.

Ainsi que l’a relevé le CMC, « ce but peut être atteint si la dynamique actuelle des réformes ne faiblit pas et si, par ailleurs, la levée des contraintes liées aux questions juridiques, celles de l’accès au financement surtout des petites et moyennes entreprises, et à la réduction de l’informalité sont résolues au cours des deux prochaines années ».

A noter que d’autres axes prioritaires font l’objet de réformes, en particulier l’adaptation du code du travail, des centres régionaux d’investissement et la mise en place d’un système d’encouragement des innovations.

Quant à la sauvegarde du climat des affaires, il apparaît que la préoccupation relative à cette problématique, qui a été jusqu’ici focalisée sur les mécanismes permettant d’assurer la confiance des investisseurs, se double désormais (pandémie Covid 19 oblige) d’un tourment additionnel consistant à trouver les moyens de sauver le soldat «entreprise», fortement mutilé par la crise.

Cela dit, tant les incertitudes brouillent toute visibilité des perspectives de relance et de repositionnement des différents pays dans ce challenge, le CMC est persuadé que « l’objectif, établi par le Royaume, d’accéder, en 2021, au Top 50 du classement Doing business peut-être compromis ».

Par ailleurs, « l’aspiration à vouloir assurer une reprise économique vertueuse repose, dans sa légitimité, sur la capitalisation des acquis, s’agissant particulièrement de la simplification et de la dématérialisation des procédures administratives, dans une généralisation des échanges de données informatiques (EDI) et une validation du nouveau calendrier législatif et réglementaire », a soutenu le Centre.

Evoquant le rôle économique de la région, le CMC note que le Maroc ne cesse de multiplier les tentatives de réunir les conditions d’une croissance économique durable, dans laquelle l’investissement serait le principal catalyseur.

Ainsi, il a indiqué que «le rythme des efforts est supposé être cadencé selon deux types d’offres: sectorielle, ayant pour soubassement une diversification du tissu économique; et territoriale, fondée sur l’objectif de soutenir l’émergence de nouveaux pôles économiques régionaux », estimant que ce dernier volet doit bénéficier d’incitations diverses pour favoriser, notamment, l’investissement industriel, par l’aménagement d’au moins une zone en région et la facilitation de l’accès au foncier.

En conclusion, le Centre préconise un remède de cheval pour les économies en grande dépression et sous perfusion « non pas pour atteindre le rétablissement définitif mais juste pour une simple remise sur pieds », a-t-il expliqué.

Alain Bouithy

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