La couverture mondiale des retraites a progressé mais les prestations restent modestes, a indiqué un nouveau rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT).
« Des progrès significatifs ont été réalisés en matière d’extension de la couverture des régimes de retraite dans les pays en développement », a relevé l’agence onusienne soulignant que la plupart de ces pays parviennent à une couverture universelle grâce à une combinaison d’assurance sociale (offrant des prestations plus élevées) et d’aide sociale de base.
Mais à en croire ce rapport, intitulé « La protection sociale pour les personnes âgées: principales tendances politiques et statistiques 2017-2019 », si 68% des personnes âgées dans le monde touchent une pension de vieillesse, le niveau des prestations demeure insuffisant.
L’organisation en déduit que le droit à la protection sociale des personnes âgées n’est pas encore une réalité pour la plupart des habitants des pays à bas revenu. D’autant plus que moins de 20% des personnes âgées ayant atteint l’âge légal de départ à la retraite touchent une pension dans la plupart des pays.
« Dans ces pays, une proportion importante des personnes âgées dépend en grande partie de l’entraide familiale », a souligné l’OIT qui considère que seuls quelques pays en développement sont parvenus à une couverture universelle.
Il s’agit de l’Afrique du Sud, de l’Argentine, du Bélarus, de la Bolivie, du Botswana, du Cap-Vert, de la Chine, de la Géorgie, du Kirghizistan, du Lesotho, des Maldives, de l’île Maurice, de la Moldovie, de la Namibie, des Seychelles, du Swaziland, du Timor Oriental, de Trinité-et-Tobago, de l’Ukraine, de l’Ouzbékistan et de la Tanzanie.
Dans un communiqué rendu public récemment, l’OIT a indiqué également que d’autres pays en développement seraient proches d’atteindre l’objectif de la couverture universelle. C’est le cas de l’Azerbaïdjan, de l’Arménie, du Brésil, du Chili, du Kazakhstan, de la Thaïlande et de l’Uruguay.
Fustigeant des réformes des retraites inadaptées dans les pays à revenu élevé, la directrice du département de la protection sociale de l’OIT, Isabel Ortiz, a relevé que les récentes politiques d’austérité ou d’assainissement budgétaire ont affecté l’adéquation des pensions de retraite.
« Dans plusieurs pays, ces réformes ont été engagées dans une optique budgétaire, sans prêter suffisamment attention à leur impact social négatif, mettant en péril le respect des normes minimales de sécurité sociale et érodant le contrat social », a-t-elle déploré notant ainsi l’augmentation de la pauvreté des personnes âgées dans plusieurs pays de l’OCDE.
Pour sa part, Fabio Duran-Valverde, responsable de l’unité de finance publique, actuariat et statistiques de l’OIT, a estimé que «les pays qui introduisent des réformes de leur système de retraite doivent trouver un équilibre optimal entre les objectifs de durabilité et les prestations de retraite. L’objectif étant de parvenir à accomplir la mission des systèmes de retraite».
Tout en exhortant les pays à concevoir des réformes équilibrées de la sécurité sociale, le rapport appelle également à revenir sur la privatisation des retraites. Et pour cause : les politiques de privatisation des retraites entreprises dans une trentaine de pays par le passé n’ont pas réalisé les résultats escomptés. L’OIT en veut pour preuve que « la couverture et les prestations n’ont pas augmenté, les inégalités entre hommes et femmes se sont aggravées, tandis que les risques systémiques étaient transférés aux individus et que les situations budgétaires se détérioraient ».
Alain Bouithy