L’ambassadeur du Congo à Cuba, Son excellence Pascal Onguemby, a déclaré récemment à la rédaction de Starducongo que l’étudiant Loïc Junior Niombo porté disparu à la Havane à Cuba que cet enfant s’était auto séquestré pour des raisons connues de lui-même. Cet étudiant a été retrouvé, selon un communiqué de presse en provenance de l’ambassade du Congo. Voici le texte intégral de l’interview que M. Pascal Onguemby a accordée à Pagesafrik/Starducongo.
Pascal Onguemby : Comme vous le savez, le gouvernement a envoyé, il ya deux ou trois ans, des étudiants ici à Cuba et la formation se déroule bien. Les deux vagues ont été respectivement de 500 et de 707 étudiants dont un est rentré au pays pour des raisons de santé. Je puis affirmer que la formation se déroule bien.
Quel est votre version des faits en ce qui concerne l’agitation constatée dans le milieu estudiantin congolais, principalement la disparition de l’étudiant Niombo pour laquelle vous êtes directement accusé ?
Pascal Onguemby : Camarade journaliste, vous me voyez, moi, devenir un séquestreur des étudiants ? A Cuba, il n’y a pas de séquestration. On n’y a jamais séquestré quelqu’un. Cela n’existe pas à Cuba. J’ose dire que l’étudiant Loïc Junior Niombo s’est auto séquestré. C’est lui-même qui en sait les raisons de cet acte. Je rappelle que quand ils sont venus casser l’ambassade dans la nuit du 29 octobre 2014, sous le prétexte qu’ils y étaient attendus par l’ambassadeur et la délégation, comme si nous travaillons jusqu’à 19 heures. Ce qui est déjà faux. Leur premier acte a consisté à plonger l’ambassade dans l’obscurité en procédant à la rupture de fourniture du courant électrique.
Ces enfants étaient au nombre de 76 mais lorsque nous avons demandé la liste, les cubains nous ont envoyé une liste de 53 et nous nous sommes posés la question de savoir où étaient passés les autres 23 étudiants. La sécurité d’Etat et les agents du ministère des affaires étrangères étaient venus ici à l’ambassade. Je n’étais pas là, j’avais des obligations diplomatiques. Après cet événement, les enfants ont été embarqués dans des autobus pour être conduits vers le lycée Salvador Allendé avant d’être ramenés dans leurs écoles après les avoir nourris.
Les autorités cubaines ont conclu que les actes posés par les enfants congolais violaient la loi de leur pays. La sécurité d’Etat cubaine a donc ouvert une enquête après le séjour du Président du 1er au 4 décembre 2014. Un matin, j’apprends que six étudiants venaient d’être interpellés, pas dans la rue mais dans leurs écoles. Les agents de la sécurité sont allés les chercher dans leurs écoles devant les responsables de ces écoles. Ils ont été conduits au centre d’instruction pénale. Je précise que nous ne savions pas ce qui se passait. C’est par la rumeur que nous l’avons appris.
Après quatre jours, ils ont été placés dans la prison des étrangers. C’est par l’étudiant Bongo dont le père est député, l’honorable Bernard Bongo, qui m’a téléphoné pour me supplier d’aller les tirer de cette mauvaise passe. Il m’a proposé de négocier avec les cubains pour leur libération. J’ai mené ma négociation en refusant de remettre aux cubains les passeports qu’ils avaient demandés.
Je n’ai pas remis les passeports. Si je l’avais fait, ces enfants seraient partis de la prison pour le Congo. Après leur libération, ils sont venus me voir le 30 octobre 2015 à l’ambassade pour présenter leurs excuses en présence du conseiller et de la particulière. Ils ont souhaité ne plus continuer à étudier à Cuba. Ils voulaient des billets pour rentrer au pays. Je leur ai dit que leur présence à Cuba entre dans le programme Le Chemin d’Avenir et qu’il était hors de question de rentrer au pays. Je leur ai conseillé de rester à Cuba pour étudier et leur ai toutefois dit d’aller réfléchir. Je leur ai également dit que s’ils voulaient rentrer, qu’il leur fallait au préalable écrire au ministère de la santé pour expliquer les raisons pour lesquelles ils voulaient rentrer.
Ils sont revenus après quatre jours et Loïc qui est le plus jeune du groupe était là. Il a vingt ans et semble être le plus intelligent. Ils m’ont dit qu’ils me parlaient en tant que père, pas en tant qu’ambassadeur et m’ont annoncé leur décision de ne plus rentrer au Congo. Je leur ai même donné de l’argent pour se nourrir. Je leur ai promis de regarder la question avec le pays pour une éventuelle assistance particulière. Cette proposition a été rejetée par le pays. Il m’a été dit qu’on ne peut aider des casseurs de l’ambassade.
Ils sont revenus m’informer qu’ils étaient désormais interdits des lieux publics mais je leur ai dit de venir à la fête et que j’allais en parler avec les cubains. Après le séjour du Président de la république a été suivie par celui du ministre à la président chargé de la défense nationale, le général Charles Richard Mondjo.
A quel moment avez-vous appris la disparition de l’étudiant Loïc Junior Niombo dans ce cas ?
Pascal Onguemby : C’est le jour dé départ du ministre. Je venais de l’aéroport et c’est à 3 heures du matin que je reçois un appel de l’attaché de défense, le colonel Emile Amédée Malonga, m’informant que Loïc est porté disparu. Je précise que la disparition datait du 19 janvier et je ne suis informé que le 22 janvier 2015. Le colonel lui-même été informé par l’étudiant Olasse qui lui aussi avait eu l’information de l’étudiant Bongo.
Cette connexion ne me parait pas saine. J’ai à mon tour informé le conseiller. Le 23 octobre, J’ai envoyé une délégation s’enquérir de la situation mais il ne leur pas été dit grand-chose parce que l’étudiant était sorti sans laisser de traces. Je signale que pour sortir du campus, il faut indiquer son identité, l’heure et la destination. Loïc ne l’avait pas fait. J’ai ensuite informé le colonel en charge de la sécurité des diplomates. J’ai ensuite reçu la visite des étudiants Bongo et Zékélé qui sont venus me dire exactement ce qui s’était réellement passé.
C’est plus tard que j’ai appris que Loïc avait été braqué par trois cubains. Le colonel leur a demandé de conseiller à leur ami de sortir de sa cachette et de venir faire un portait robot de ces cubains. Nous avons commencé à apprendre que Loïc était vu en certains endroits de La Havane, jusqu’à Santiago. D’autres étudiants ont joint des agents de l’ambassade pour leur donner les mêmes informations.
J’ai moi-même téléphoné au père de Loïc pour tenter de le rassurer que ce genre de chose n’existe pas à Cuba qui est un pays de paix et de sécurité. Ce pays ne connait pas ce genre d’événement. Ce sont les jeunes congolais qui les inaugurent. C’est pour cela que je dis que Loïc s’est auto séquestré. J’avoue que cette situation est compliquée.
Lorsque j’ai appris que Loïc est réapparu, j’ai envoyé le conseiller l’entendre mais dès que l’étudiant a commencé à parler, la directrice de l’ELAM où étudie Loïc a demandé qu’on arrête parce que ce qu’il racontait était totalement différent de ce qu’il avait déclaré sur procès verbal à la police. Je suis surpris de me retrouver au centre de cette affaire. La mère de l’enfant m’a appelé et m’a parlé méchamment. Je ne sais pas qui lui qui a communiqué mon numéro de téléphone. Dans ce cas de figure, je pense qu’on s’adresse au ministère des affaires étrangères ou au ministère de la santé et des la population. Je suis sûr que c’est de Cuba qu’elle a eu mon numéro de téléphone.
Je suis surpris que des gens appellent le père de l’enfant pour lui dire que l’enfant est mort. Je me demande pour quelles raisons je peux me permettre de mettre des étudiants en prison. Un jour, pendant que je discutais avec un dirigeant cubain, c’est Bongo qui m’appelle pour me demander des nouvelles de Loïc. Je lui ai répondu qu’il jouait avec le feu. Je l’ai traité d’hypocrite parce que j’étais maintenant convaincu qu’il savait où était leur ami. Je souligne que nous avons diffusé un appel.
Je lui ai dit que la vérité allait les rattraper. Je lui ai demandé de faire sortir leur ami. Et voila Loïc qui sort sain et sauf, sans blessure et sans égratignure. Il est parti seul et il est revenu seul. J’ai envoyé le conseiller l’entendre mais quand il a commencé à parler, la directrice de l’ELAM s’est énervée et a demandé d’arrêter parce qu’elle a considéré que Loïc disait des mensonges. Tout était contraire à ce qu’il avait déclaré à la police sur procès-verbal.
Confirmez-vous, excellence, qu’il s’agit, parmi les problèmes, celui lié à l’irrégularité de la bourse ?
Pascal Onguemby : Je le confirme. Quand nous sommes arrivés, nous avons constaté que les étudiants recevaient la bourse six mois après, voire même un an. J’ai ensuite réussi à faire décaisser 40 millions FCFA pour payer la bourse. Avec cette somme, j’avais payé la bourse d’une année et donner un trimestre de bourse aux étudiants qui avaient terminé et qui ne recevaient plus rien. A la vue de la liste des étudiants, j’étais surpris de constater que des étudiants déjà partis de Cuba avaient encore leurs noms sur les listes des bourses.
Avec le ministre Henri Ossébi à cette époque ministre de l’enseignement supérieur, lors d’une visite à Cuba, je lui ai proposé de payer trimestriellement cette bourse au lieu de l’attendre longtemps semestriellement et ça fait moins d’argent à mobiliser. C’est depuis cette période qu’on est au trimestre. Je remercie en passant le ministre Ange Habena qui a pensé à l’augmentation de la bourse des étudiants à Cuba.
Aujourd’hui la bourse de la catégorie E est de 90 000 FCFA, la catégorie F s’élève à 95 000 FCFA et celle de la catégorie G, c’est-à-dire celle de ceux qui en dernière année et en doctorat.
Quel est à ce jour l’état des relations entre la Congo et Cuba ?
Pascal Onguemby : Les relations entre le Congo et Cuba sont très bonnes et la visite du Président de la république en est une illustration. Les cubains sont très contents de la présence des étudiants congolais dans leur pays. Je vous informe qu’il y a en ce moment plus de 1200 enfants congolais autofinancés à Cuba, c’est la preuve de l’excellence des relations entre les deux pays.
Nous qui sommes ici veillons sur ces relations comme sur un œuf. Ces relations sont porteuses de bons résultats.
Je profite de cette opportunité pour inviter les parents à ne pas hésiter d’envoyer leurs enfants à Cuba. Ce qui se passe ne relève que de la manipulation et de la calomnie.
Propos recueillis par Florent Sogni Zaou