
TRIBUNE. lors que les relations entre l’Hexagone et le Congo suscitent davantage de questions au regard du report de voyage de M. Sassou en France, les dignitaires de Brazzaville papillonnent entre divers pays en attendant le boom pétrolier. Un peu partout, il y a de l’électricité dans l’air. ( lecture 5 min ).
À la croisée des chemins, notamment avec l’élection présidentielle de 2026 en vue, le Congo est étranglé par sa mauvaise gouvernance financière et économique. L’obtention d’un prêt restructurant en eurobonds de 477,79 millions d’euros (3 134 milliards de FCFA) le 07 décembre 2007 dans le cadre de l’IPPTE du FMI a été totalement dilapidé. Ce prêt au taux de 6% et à maturité prévue pour le 30 juin 2029 met une pression énorme, chaque semestre, pour le règlement à un pays qui n’a jamais su gérer ses finances publiques. D’ailleurs, en octobre 2024, l’agence de notation S&P Global Ratings a abaissé les notations de crédit souverain en monnaie locale de la République du Congo à ‘CC/C’, reflétant des inquiétudes concernant la capacité du pays à honorer ses obligations financières. Le tout dernier Swap de dettes entre Glencore et Trafigura via la SNPC (300 milliards de FCFA) renforce notre analyse sur la fuite en avant.
L’actuelle dégradation accélérée de 2024 à 2025 des finances publiques en raison de la multiplication d’un endettement à très court terme (trésorerie via OTA/BTA) oblige le ministre Christian Yoka, à relancer la piste d’un nouveau prêt structurant proche du taux concessionnel d’environ 500 millions d’euros (3 275 milliards de FCFA) parce que les Oligarques rechignent à remettre dans les tuyaux une grosse partie d’argent qu’ils ont pillé. On sait que la période des élections est dispendieuse en argent frais et cash… Ceci remet en jeu les intermédiaires habituels que sont Dominique Strauss-Khan, Mathieu Pigasse, la banque Rothschild et Cie pour obtenir ce prêt restructurant, indispensable pour la survie du pouvoir.
Les rapatriements des fonds via la BSCA Bank (qui garantit l’opacité vis-à-vis des Américains et Européens) deviennent difficiles avec les Chinois qui sont mal rémunérés de leurs cash bank offert généreusement depuis 15 ans. Aucun investissement chinois ne s’avère rentable au Congo in fine et géo-stratégiquement. C’est une catastrophe pour la Chine qui n’aura pas pu se constituer un « foothold » solide à Brazzaville. L’ajout de la crise de la RDC redistribue totalement les cartes et ces derniers réévaluent très sérieusement leurs engagements auprès d’un pouvoir sans parole. Toujours à la recherche d’argent, Émile Ouosso a été envoyé au front par Anatole Collinet Makosso (ACM) qui a piloté́ le dossier de l’affermage conformément au code de l’électricité de 2003. ACM avait fait croire à son mentor que cette réforme devrait améliorer les recettes. Ainsi, Émile Ouosso s’est lancé à bride abattue, pour finir de s’électrocuter. La question est de savoir pourquoi Émile Ouosso n’a pas procédé d’abord par un audit complet de la mariée E2C ? Pourquoi veut-il protéger les voleurs comme Adou Danga ?
Entre Boom et coups de force
L’affaire E2C vient de révéler les conflits de succession et ce qui ressemble à l’essoufflement du système. La preuve, Jean Claude Ibovi a martelé dans l’hémicycle, qu’il y aurait des agendas cachés. D’aucuns pensent que l’avenir du Congo passera par un affrontement ouvert entre tenants de l’ancienne France (SDEC-ELF) et ceux de la nouvelle France (DGSE-Rothschild), arbitré par le retour tonitruant des USA de Donald Trump qui réclame une hégémonie sur l’ancien pré-carré français en décrépitude selon eux. D’ailleurs la guerre civile de 1997 à Brazzaville, à bien des égards, a été le fruit d’une rivalité intra-française entre Lionel Jospin et Jacques Chirac en pleine cohabitation. Les initiés savent que depuis 1993, ce sont les réseaux SDEC-ELF portés par Jacques Chirac qui ont précipité la chute du Pr Lissouba en raison de ses amitiés jugées à l’époque dangereuses pour la survie du pré-carré français. En ce sens, les prémisses de la première guerre civile de 1992-1993 ont vu s’opposer François Mitterrand à Edouard Balladur, en cohabitation encore une fois.
Selon nos informations, M. Sassou entend prendre appui sur le renouveau pétrolier annoncé, car TOTALENERGIES, PERENCO et TRIDENT ENERGY vont informer d’une production officielle de 500.000 barils/jours d’ici fin juin 2025. La réalité est que le Congo s’approchera de près d’1 millions de barils/jour mais entièrement dilapidés dans la SNPC et le « Contenu Local » qui représente 25% de la part de production globale du Congo distribuée gratuitement à des voleurs patentés et connus à travers leurs société écrans. Le rapport ITIE 2021 permet d’estimer à 2 milliards de dollars qui sont ainsi vaporisés chaque année dans les paradis fiscaux, sans servir réellement à la conservation du pouvoir dont le réel enjeu est le social en perdition (Eau, Électricité, Éducation, Transport, Logement et Santé). Les fissures nées de la mauvaise gouvernance s’élargissent et l’édifice s’effondre sous nos yeux. Comment faire alors pour M. Sassou mis devant une alternative stratégique de base ? Va-t-il choisir la pérennité ou la mort ?
À notre avis, l’unique solution passe par le fait d’arrêter brutalement tout le fameux « Contenu local ». Les sociétés Africa Oil & Gas corporation (AOGC) de Denis Ngokana ; Kontinent Congo et Petro Congo (Denis Christel Sassou Nguesso et Yaya Moussa) ; Hemla E&P (Julienne Sassou Nguesso et Gilbert Ondongo) ; New Age ( Ya Bruno ) ; Orion Oil (Lucien Ebata) ; Wing Wah (Jean Jacques Bouya) ; Soco EPC (Raoul Ominga), etc. deviennent des contributeurs nets à la fin du régime Sassou. Les statuts de Pelfaco (Nigéria) et Kosmos Energy (Dallas USA), sont pour l’instant invisibles à nos yeux. Pour l’instant seulement.
Ce matin, une partie de Brazzaville est en black-out alors que M. Sassou a exigé à ACM de sursoir à son affaire d’E2C pour éviter des émeutes prévisibles et évidentes. Cependant, l’interpellation des suspects reste en gestation.
Ghys Fortuné BEMBA DOMBE