Congo. Adieu Maman Elise Thérèse Gamassa

Terre des Légendes et des Lumières

Une vie avec ses joies et ses peines

Adieu Maman Elise Thérèse Gamassa

La Nation congolaise a une belle pensée pour Toi.

Toi qu’elle n’oubliera pas.

Les Congolais de l’intérieur du pays et des diaspora ont appris, avec consternation et affliction, le décès de Mme Elise Thérèse Gamassa, le 23 septembre 2023, en France.

Au moment où vont se dérouler, en plusieurs séquences, les obsèques de l’illustre disparue, à partir du 30 septembre 2023, en région parisienne, jusqu’au 7 octobre 2023, au Congo, jour de l’inhumation au cimetière familial de Mbaya, dans le District de Mayoko, Département du Niari, en passant par l’hommage officiel de la Nation, à Brazzaville, mes lignes qui suivent viennent en complément aux nombreux témoignages écrits et oraux déjà rendus à la mémoire de celle qui fut la Femme battante Elise Thérèse Gamassa.

Une Femme battante qui, toute sa vie, aura placé de côté ses émotions pour être performante dans ses activités et parvenir à réaliser ses projets. Travailleuse acharnée, repoussant, la plupart du temps, ses limites physiques. Un état d’esprit acquis avec l’expérience et détermination pour réussir.

De famille modeste, Me Elise Thérèse Gamassa vient au monde un 3 février 1942 à Sibiti, dans la région de la Lékoumou. Elle obtient, de son union avec M. Pascal Gamassa, six enfants auxquels elle a fourni la meilleure éducation possible et transmis les valeurs de la vie en société. La famille constituant pour elle le lieu des apprentissages les plus intenses et les plus révélateurs de l’existence humaine.

Enseignante de carrière, Me Elise Thérèse Gamassa a été formée à ce métier noble, accaparant et exigeant à la mythique Ecole Normale des Institutrices de Mouyondzi, dans la région de la Bouenza. Un établissement fondé sur des installations érigées, aux années 1941-42, en pleine Seconde Guerre Mondiale, comme prison, pour accueillir les partisans du Maréchal Pétain qui s’étaient alliés aux nazis. A la fin des hostilités, la structure a été reconvertie en Ecole Normale de l’Afrique Equatoriale Française, pour, par la suite, se muer en Ecole Normale des Jeunes Filles de Mouyondzi. Une école qui, très tôt, a forgé en Me Elise Thérèse Gamassa des attitudes positives et constructives. C’est le cas de l’autodiscipline, un bel outil qui l’aidait à avancer vers ses objectifs. Egalement le sens du devoir, la responsabilité, des comportements faisant preuve d’adaptabilité et valorisant le travail pour obtenir de bons résultats.

 »La vie, c’est comme la bicyclette. Il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre,  » aimait me répéter Me Elise Thérèse Gamassa, au cours de nos nombreux échanges, à trois. M.Pascal Gamassa, Elle et moi. Rentrés de France, dans les années 2002-2003, après les violences de 1997 à Brazzaville, ma famille et moi étions les voisins du couple Gamassa, au Quartier Batignoles, dans les environs de l’aéroport international de Maya Maya Maya.

Femme politique, Me Elise Thérèse Gamassa, l’était, par ailleurs. Alors, de manière éclatante et avec courage, sans jamais trahir ses convictions. Elle était prête pour le sacrifice des préférences, mais pas celui de ses convictions. Très jeune, elle s’engage dans l’Union Générale des Etudiants du Congo(UGEC). Au lendemain de la Révolution Congolaise des 13-14-15 août 1963, sous le Président Alphonse Massamba Débat, elle préside l’Union des Femmes Panafricaines(UFPA), une première organisation féminine qui venait de se créer. En raison des divergences entre les femmes congolaises et celles d’origines étrangères qui y siégeaient, l’UFPA, sans réelle envergure, et sans impact sur les femmes, n’a pas mis long feu. Elle a invariablement échoué et a disparu.

Militante pure et dure au service des causes féminines et à la faveur du Mouvement du 5 Février 1979, Me Elise Thérèse Gamassa devient Présidente de l’Union Révolutionnaire des Femmes du Congo(URFC). Un poste où elle dirige, de main de maître, l’Union, pendant 12 ans. Toujours, avec le même élan et la même logique fondamentale d’une Femme politique dans sa vérité, sa lucidité, son humilité, son engagement, son ouverture en faveur d’une communauté nationale féminine au nom de l’intérêt commun supérieur.

La création de l’UPADS fait de Me Elise Thérèse Gamassa Membre du Conseil National de ce Parti dont son époux est Président du Comité d’Honneur. Les fois où elle prenait part aux travaux du Conseil National, elle avait la réputation d’une personnalité politique avertie, marquée par la prudence, le sentiment juste des choses, le discernement, une volonté de rassemblement autour de l’UPADS et des idéaux de Pascal Lissouba. Sa voix portait. C’était la voix d’une Femme exceptionnelle, un Sage. Ainsi désignée pour sa maîtrise des questions politiques, sa réputation d’objectivité et sa pondération . Elle faisait preuve de sûreté dans ses jugements et sa conduite.

Les années où elle a siégé aux éminentes fonctions politiques, Me Elise Thérèse Gamassa, n’a jamais légué au second plan son amour pour sa famille, particulièrement son conjoint, M. Pascal Gamassa. Femme aimante, de tout temps, elle est restée attachée à son mari, à ses enfants et aux parents. Tant qu’elle le pouvait, sans cesse, au service des autres, elle était comparée à Mère Dorcas, tout en étant discrète et réservée dans certaines circonstances comme celles où, aux cotés de son mari, elle se distinguait comme l’épouse de l’Ambassadeur Extraodinaire et Plénipotentiaire de la République du Congo au Gabon.

Toutes ces charges politiques qu’a occupées Me Elise Thérèse Gamassa, mises bout à bout, elle figure au compte de ces Grandes Dames qui ont participé ou concourent activement à l’émancipation des Femmes du Congo, de 1965 à nos jours. Avec elle, chacune selon ses aptitudes, son esprit et son rayon d’action, entre autres, Mmes Celine Yandza Eckomband, Josephine Bouanga, Josephine Mountou Bayonne, Scholastique Dianzinga, Emilienne Raoul, Claudine Munari, Agathe Mabiala Nkouka, Marie Thérèse Avéméka, Emilie Makosso, Sophie Moukouyou Kimbouala, Mambou Aimé Gnali, Flore Emilie Faignond, Marie Léontine Tsibinda, Christianie Colombe, Annick Mongo, Marie Léa Boukoulou, Ida Ngampolo.

Femme de lettres, Me Elise Thérèse Gamassa a contribué aux côtés de Mmes Scholastique Dianzinga et Jeanne Dambendzet à la publication d’un bel ouvrage .  » La place et le rôle des femmes dans la société congolaise, 1960-2010 ». Une oeuvre qui dresse le bilan du parcours des Congolaises, les cinquante dernières années d’indépendance nationale et établit un diagnostic sur les maux qui freinent leur émancipation. Me Elise Thérèse Gamassa, de son propre chef, dans une tribune, en appelle à mettre à la disposition des femmes congolaises tous les outils nécessaires pour éduquer des générations, affronter le quotidien, se battre pour leurs droits fondamentaux, pas toujours respectés.

Par sa culture, Me Elise Thérèse Gamassa se passionnait pour les choses simples, des petits plaisirs de la vie comme cuisiner des plats de son terroir dans le but de rendre heureux à table M. Pascal Gamassa. A tout cela s’ajoutait le goût de la lecture que Me Elise Thérèse Gamassa a transmis à ses enfants, la soif insatiable de savoir, la connaissance de la marche du monde avec ce qu’elle implique de progrès et de conflits pour les libertés, la démocratie et la justice sociale. Quant à la musique, surtout la rumba, pour ses paroles moralisatrices, Me Elise Thérèse Gamassa l’écoutait à certaines heures. Elle lui procurait des bienfaits sur l’humeur et la santé après des journées chargées. M. Pascal Gamassa a fini par la suivre sur cette tendance musicale.

Me Elise Thérèse Gamassa nous quittant, je découvre avec bonheur que les cérémonies funèbres terminales se dérouleront à Mbaya, son village natal. Mbaya, dans une zone forestière du sud Congo, porte ainsi le même nom que le siège du Royaume de Mbaya, en terre Gangoulou des Pays de Gamboma. Un Royaume dont l’influence s’étend sur les deux rives de la rivière Nkéni jusqu’à la Léfini.

Peut être qu’à l’occasion des obsèques de Me Elise Thérèse Gamassa, pour le symbole et la cohésion nationale, il pourrait être épinglé trois nécessités. Inviter aux cérémonies d’inhumation de Me Elise Thérèse Gamassa à Mbaya le Roi de Mbaya. Quitte à ce que le Roi scelle l’amitié avec le Chef de village de Mbaya et consacrer le jumelage des deux localités à l’appellation identique et à la même culture Téké.

Ceci dit, que les Familles de M. et Me Gamassa, les parents des autres lignées, amis et connaissances des deux parties trouvent ici l’expression de mes condoléances les plus attristées. Me solidarisant avec eux dans la dure épreuve qu’ils traversent avec la disparition de Me Elise Thérèse Gamassa.

A M. Pascal Gamassa, Président du Comité d’Honneur de l’UPADS, je lui renouvelle les assurances de ma considération et lui traduis ma compassion en ces heures douloureuses pour lui.

Puisse Maman Elise Thérèse Gamassa reposer en paix.

Sa vie s’est arrêtée. Son absence laisse un vide immense.

Mais ses souvenirs restent présents en nous.

Invisible à nos yeux, elle vit dans nos coeurs.

Ses souvenirs immuables.

Yii obôo Nguou Elise Thérèse Gamassa,

Va en paix, Mère Elise Thérèse Gamassa. Traduit en français. Tel que nous le disons, en langue Gangoulou, sur les Terres de Gamboma, donc au village Royal de Mbaya, dès lors que le cercueil est descendu dans la fosse.

A la Nation Congolaise, comme il est de coutume, d’honorer la mémoire de sa Citoyenne Elise Thérèse Gamassa qui aura, sa vie durant, défendu les valeurs de la République et briller par l’exemple. D’abord, en qualité d’enseignante. Ensuite, comme Femme Politique, en deux étapes, aux options différentes. La première, sur les colonnes du Parti Congolais du Travail. La seconde, dans les rangs de l’UPADS.

Yii ôboo Nguou.

Paris le 29 septembre 2023

Ouabari Mariotti

Membre de l’UPADS.

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