Interpellé le 19 novembre à Bangui, Hassan Bouba Ali a fait sa première comparution devant les juges d’instruction de la Cour pénale spéciale (CPS) le même jour. L’ancien coordonnateur politique du groupe armé UPC est reproché de crime contre l’humanité et crime de guerre, prétendument commis sur le territoire centrafricain.
Après la première audition en présence de son avocat, les juges de la première chambre d’instruction de la CPS ont décidé de placer Hassan Bouba Ali en détention provisoire, en attendant un débat contradictoire, c’est-à-dire un premier procès prévu ce 26 novembre 2021.
Son arrestation, instruite par la CPS et préparée dans le grand secret, est exécutée à la surprise de tous.
Du ministère de l’élevage à la prison du Camp de Roux
Dans la matinée du 19 novembre, tout allait bien pour le ministre de l’élevage et de la santé animale Hassan Bouba Ali. Aux environs de 10 heures, des gendarmes s’introduisent dans son bureau et lui font savoir qu’il est en état d’arrestation. Interpellé sur le champ, il est conduit à la CPS où il est entendu par les juges d’instruction qui lui ont notifié les charges qui pèsent sur lui et ses droits. Selon plusieurs sources judiciaires, l’homme serait détenu à la prison du Camp de Roux dans la capitale centrafricaine.
« Cette arrestation constitue une avancée majeure de la justice »
Pour Lewis Mudge, directeur Afrique Centrale de Human Right Watch, cette arrestation constitue une avancée majeure dans la mise en œuvre de la justice en République centrafricaine.
« Human Right Watch a beaucoup documenté les crimes de guerre commis par l’UPC en Centrafrique. Donc avoir quelqu’un qui est responsable devant les instances judiciaires, c’est tout à fait une chose très positive. Le forum de Bangui en 2015 avait rejeté toute idée d’amnistie des auteurs des crimes de guerre et crimes contre l’Humanité. Pour nous, c’est une avancée significative dans la lutte contre l’impunité en République centrafricaine », se félicite-t-il.
Les victimes, de leur côté, saluent cette interpellation et appellent à un procès équitable pour la manifestation de la vérité. Plusieurs ONG des droits de l’Homme ont cité directement Hassan Bouba Ali responsable de l’attaque d’un camp de déplacés en novembre 2018 à Alindao dans la préfrecture de la Basse-Kotto. Attaque qui a fait selon de nombreuses estimations plus d’une centaine de morts, à majorité des femmes et des enfants.