Burundi : La danse du président…

INSOLITE. En visite au sanctuaire de Gishora à Kitega plus précisément au sanctuaire de « l’Ingoma », tambour sacré du Burundi inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité, le président Evariste Ndayishimiye a émerveillé la toile en exécutant la danse sacrée du Chef. Danse qui dans les traditions africaines se veut riche de significations.

En pleine opération de marketing de l’image de son pays pour promouvoir le tourisme, le Président burundais vêtu de l « Umugwebero » (la tenue des tambourinaires burundais) a donné lui-même le ton en battant le tam tam royal et en exécutant si harmonieusement les pas de danse majestueuse. Et ce, dans l’optique de valoriser la culture burundaise auprès de l’opinion internationale et de promouvoir l’industrie touristique du pays capable de devenir source importante de d’entrée de devises étrangères.

Notons tout de même que le même sanctuaire burundais de Gishora, qui abrite les tambours Ruciteme et Murimirwa vieux de 119 ans, a servi de Palais royal et lieu de refuge pour le Roi Mwezi Gisabo lorsque s’organisait la résistance à l’invasion allemande.

C’est là que s’est organisée l’académie militaire des intore. Soit dit en passant, l’intore est ce danseur-guerrier, principalement du Rwanda et du Burundi, qui avant l’ère coloniale, faisait partie d’une corporation des jeunes combattants d’élite éduqués à la cour du mwami ou auprès de chefs, pour qui les danses guerrières faisaient partie de sa formation militaire. Malgré l’évolution du contexte, l’Intore reste un symbole puissant, convoqué par les stratégies commerciales, touristiques mais surtout idéologiques.

La danse du président burundais était donc plus qu’une simple distraction culturelle. Elle peut signifier un peu plus… Les grands sauts en l’air qu’il a exécutés démontrent, si besoin il y a, la force surabondante qui se dégage de la personne du Chef et l’assurance que cela renvoie au peuple dont il assure la sécurité des personnes et des biens.

Pour ceux qui en savent un peu plus de l’histoire et de la culture de la contrée, les Intore une fois casernés recevaient une formation intensive et très complète telle l’art militaire, la danse guerrière, l’autodéfense, la maîtrise de soi, la lutte, le lancement de javelot, la course à pied et encore le « gusimbuka »qui se veut une forme de saut en hauteur très spectaculaire comme l’a si bien démontré le président durant la cérémonie traditionnelle.

Au regard de l’actualité de ce qui se passe dans la ville d’Uvira où est signalée l’infiltration de nombreux militaires burundais, il importe de déchiffrer derrière cette danse « présidentielle » fort médiatisée, un signal fort contre les ennemis du Burundi ou contre les victimes potentielles sur qui il veut projeter sa prétendue puissance.

Par Germain Nzinga

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