LIVRES. De la France au Congo et du Congo à la France, tel est le trajet que vont effectuer Charles et Lise. Et c’est dans leur rencontre sentimental au pays que le destin de chacun d’eux va être troublé par les péripéties de l’amour.
La jeune Lise qui a passé une partie de son enfance en France, rencontre au pays Le Parisien Charles venu en vacance dans son pays. Elle ne peut imaginer le tournant qui va prendre son destin qu’elle croyait merveilleux quand elle se rendrait en France pour une deuxième fois, séjour consécutif l’éclosion de son nouvel amour Charles. Lise s’est séparée malgré elle de son premier amour d’enfance Leeroy pour des raisons sociales et sociétales.
Lise dans l’antre d’une nouvelle vie en France
La rencontre inopinée de Lise avec Charles va changer le cours du destin de la jeune femme qui est encore sous le poids d’une mélancolie d’amour créée par la perte de son enfant ainsi que de sa douloureuse séparation avec son amour Leeroy. À Brazzaville comme à Pointe Noire, les deux amoureux fortifient leurs sentiments et la joie de vivre que la jeune femme retrouve dans son cœur quand Charles semble prendre les choses au sérieux. Et Lise de nous le faire comprendre : « Il faut préciser que Charles me présente [à ses amis Parisiens venus en vacances] comme étant sa fiancée » (p.24). Ses parents étant d’accord pour qu’elle puisse recommencer sa vie sentimentale avec le Parisien Charles, Lise semble retrouver le chemin du bonheur, surtout quand le visa pour la France se concrétise. Et c’est un voisin de bon cœur qui a dénoué la situation après l’échec de l’intervention de Charles : « Figure-toi que le voisin chez qui nous nous parlons, s’est proposé de m’aider, est parti à l’ambassade et est revenu avec le visa juste comme ça » (p.36). L’obtention du visa et son amour pour Charles facilitent, sans ambages, le voyage de Lise, surtout que le jeune Parisien s’est montré correct et a gagné la confiance des parents, leur fille devrait profiter de son séjour en France pour poursuivre ses études universitaires.
Et les lumières de France d’éclairer le destin de Lise aux côtés de Charles
Arrivée en France, Lise découvre un autre Charles différent du beau et gentil jeune homme qui l’avait séduite et charmée au pays. Celui-ci lui avait promis une inscription dans une université pour la poursuite de ses études. Commence alors la souffrance psychologique de Lise quand celle-ci se voit visitée par deux jeunes filles au domicile de Charles. Et ce dernier de se dévoiler sans pudeur : « Les filles que tu viens de voir sont les petites sœurs de ma femme » (p.49). Mais comme le mensonge n’a pas duré, la pauvre Lise se voit encore désabusée par son homme ; aussi décide-t-elle de retourner au pays, surtout que la femme de ce dernier l’a agressée. Aussi, réalise-t-elle que Charles l’avait mentie pour préserver leur amour: « Je suis venu en vacances (…). Je n’avais pas prévu de tomber amoureux, aussi je ne t’ai pas dit la vérité car je ne voulais pas te perdre » (p.50). Et la décision de rentrer au pays se concrétise quand son visa d’étudiant expire et qu’elle est visitée par la gendarmerie. Mais le destin de Lise se voit poursuivi par celui de Charles qui, de son côté, organise un voyage pour le pays après son divorce, comme il l’avait promis à Lise. Aussi, malgré quelques réserves de son père, les mariages coutumier et civil de deux tourtereaux se concrétisent ; Lise rejoindra son mari avec un visa normal. Va alors commencer une nouvelle étape de la vie du couple.
Charles, un mari don Juan insatiable
Dans le domaine de la vie sentimentale, on peut dire, sans ambages, que Charles est un « homme des actions concrètes » dans la conquête des femmes. En dehors de sa première épouse dont il avait caché l’existence, c’est une multitude de maîtresses qui va se révéler dans la vie du couple. Charles, un homme qui vit dans et par le mensonge et qui n’hésite pas de menacer sa femme quand il est à bout d’arguments dans leurs discussions. Même après les deux maternités de Lise, Charles reste égal à lui-même dans son mauvais comportement ; ce qui va provoquer le voyage pour le Congo de sa femme quand celle-ci attend son troisième enfant. Cette situation fera que sa mère séjourne en France pendant un certain moment. Malgré la vie mondaine que continue à mener Charles, Lise va devenir mère de trois enfants, peut-être pour effacer l’image on ne peut plus regrettable de son premier amour Leeroy avec lequel elle n’avait pas pu avoir un enfant en vie. Mais, au carrefour d’une vie de couple en dents de scie, Lise, après moult désagréables péripéties, finit par décider de quitter Charles après onze ans de vie commune. Comme on le remarque souvent, le service social, protecteur de la femme martyrisée par l’homme dans le foyer, encourage Lise d’aller jusqu’au de sa décision : « Il faut avouer que(…) le service social m’oblige à aller jusqu’au bout de ma démarche » (p.122). Et c’est quand Charles se retrouve devant l’administration socio-juridique et que leur non réconciliation lui tombe dessus, il comprend son sort. Il a perdu celle qu’il venait de doter et marier au pays il y a quelques années. Aussi, lui est-il demandé de quitter le domicile qu’il partage avec Lise : « (…) Madame a été plus que patient de vous garder plus de 6 mois alors qu’elle n’en avait pas le droit, on va vous demander de quitter les lieux gentiment » (p.127).
Le spectre de l’amour, un beau texte qui aurait gagné un plus dans le style
Se remarquent dans ce texte quelques maladresses de style que devait redresser le comité de lecture des éditions Maïa pour leur notoriété. Mais malgré ces quelques coquilles scripturales, cet attrayant roman ne gène pas le lecteur d’être émerveillé par le film d’amour dont Lise et Charles sont les deux protagonistes. Ce roman se caractérise par un récit plein de rebondissements qui prouvent que l’auteure serait plus qu’une romancière. Et l’entrée d’Emma Diamonéka dans le cénacle des écrivains et écrivaines de son pays serait prometteuse si le style pouvait être amélioré pour nous livrer d’autres récits attrayants, alertes et incisifs comme nous l’avons remarqué dans ce premier roman.
Emma Diamonéka, un nom que l’on doit maintenant suivre avec attention car étant sur les traces de ses aînées telles Marie Léontine Tsibinda, Liss Kihindou, Gislaine Sathoud, Lina Mouissou. Et le prochain texte de l’auteure serait attendu avec attention pour voir si du côté du style il y a eu amélioration.
Noël Kodia-Ramata
(1) Emma Diamoneka, Le spectre de l’amour, éd. Maïa, Paris, 2023