Maroc. La croissance économique devrait s’établir à 2,5% en 2023
Selon les dernières Perspectives économiques mondiales publiées par la Banque mondiale, mardi 6 juin, la croissance économique du Maroc devrait s’établir à 2,5% au terme de l’année 2023 contre 1,1% en 2022. «Au Maroc, la croissance devrait s’accélérer pour atteindre 2,5 % en 2023 contre 1,1% l’année précédente, grâce à la résilience du tourisme et de l’industrie automobile», a en effet indiqué l’institution financière internationale, estimant qu’elle devrait atteindre 3,3% en 2024 voire 3,5% en 2025. La Banque mondiale note, en revanche, que les «conditions météorologiques défavorables retarderont la normalisation de la production agricole après plusieurs années consécutives de sécheresse». Par ailleurs, constate l’organisme, «au Maroc, la sécheresse persistante et l’inflation élevée fragilisent la croissance, le chômage ayant dépassé son pic pandémique en mars 2023». Au niveau de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), la Banque mondiale note que cette partie du monde a entamé l’année 2023 sur une dynamique de croissance solide, mais constate qu’elle «marque le pas». Bien qu’ayant bénéficié d’une croissance élevée pendant dix ans et d’un faible taux de chômage l’année dernière, les pays exportateurs de pétrole ont annoncé des réductions de leur production pétrolière, a indiqué l’institution de Bretton Woods. Poursuivant son analyse, elle note également que les économies importatrices de pétrole sont pour leur part « en butte à plusieurs difficultés, en particulier une inflation élevée et leur croissance s’est nettement ralentie en 2023». La Banque mondiale table ainsi sur un ralentissement de la croissance à 2,2% en 2023, avec des révisions à la baisse par rapport aux projections de janvier, tant pour les pays exportateurs qu’importateurs de pétrole. L’institution estime toutefois que «le niveau de production devrait rebondir en 2024 pour atteindre 3,3%», pourvu que l’inflation et les turbulences mondiales s’atténuent et que la production de pétrole augmente. Avant de rebondir à 3,2% en 2024, «la croissance des pays exportateurs de pétrole devrait ralentir à 2,0% en 2023», a-t-elle aussi indiqué, expliquant que cela traduit une baisse significative par rapport aux prévisions d’il y a seulement six mois. Selon ses explications, les baisses de production pétrolière annoncées en 2023 et qui devraient être progressivement supprimées en 2024 justifient en grande partie cette révision. A noter que la croissance mondiale devrait marquer le pas en 2023, pour tomber à 2,1 %, contre 3,1 % en 2022, selon les projections de l’organisme international. «En excluant la Chine, les économies émergentes et en développement devraient voir leur croissance ralentir à 2,9% cette année, contre 4,1% l’année dernière», a-t-il expliqué précisant que ces anticipations font état d’une révision à la baisse généralisée. Alain Bouithy
L’économie marocaine a nettement marqué le pas en 2022
Comme s’y attendaient bien de prévisionnistes et analystes économiques, l’économie nationale a nettement marqué le pas au terme de l’année 2022, se situant à 1,3% au lieu de 8% l’année précédente. Selon les chiffres de la comptabilité nationale publiés par le Haut-commissariat au plan (HCP), les activités non agricoles ont affiché une augmentation de 3% et celles du secteur agricole une baisse de 12,9%. «Tirée par la demande extérieure, cette croissance a été réalisée dans un contexte d’une hausse d’inflation et d’une aggravation du besoin de financement de l’économie nationale», a expliqué le HCP. Dans le détail, la valeur ajoutée du secteur primaire en volume s’est montrée moins dynamique au titre de l’année 2022, se contractant de 12,7% après avoir enregistré un accroissement de 19% l’année précédente, fait ressortir l’arrêté des comptes nationaux de l’année 2022. Ce recul est attribué à «une baisse de la valeur ajoutée de l’agriculture de 12,9% au lieu d’une hausse de 19,5 % et de celle de la pêche de 9,7% au lieu d’une hausse de 9,9% en 2021», selon les explications du Haut-commissariat. Des chiffres de la comptabilité nationale, il ressort que la valeur ajoutée du secteur secondaire a également connu un ralentissement de son taux d’accroissement. Celle-ci est, en effet, passée de 7,1% l’année précédente à 1,7% en 2022, souligne l’organisme public dans une note d’information. Pour le HCP, ce secteur a souffert de la baisse des valeurs ajoutées de l’industrie d’extraction de 9,4% au lieu d’une hausse de 7,3% ; du bâtiment et travaux publics de 3,6% au lieu d’une hausse de 4,7% ; d’«Electricité, gaz, eau, assainissement et déchets» de 3,2% au lieu d’une hausse de 7,5% ainsi que de la hausse de celle des industries manufacturières de 0,3% au lieu d’une hausse de 7,8%. Même tableau du côté de la valeur ajoutée du secteur tertiaire qui a pour sa part enregistré un ralentissement de son taux d’accroissement passant de 5,8% l’année précédente à 5,4% en 2022. Dans sa note d’information, le HCP précise que cette régression est justifiée par le ralentissement des activités de « Recherche et développement et services rendus aux entreprises» à 5,4% au lieu de 9,6%; «Services rendus par l’Administration publique générale et la sécurité sociale», à 4,2% au lieu de 5,1%; «Transports et entreposage» à 3,8% au lieu de 10,5%; «Services immobiliers» à 1,4% au lieu de 2,9% ainsi que celles du «Commerce et réparation véhicules» à 0,4% au lieu de 8,2%. Selon les explications du HCP, la valeur ajoutée de ce secteur a également été marquée par la hausse de celles de l’hébergement et restauration, avec 53,7% au lieu de 15,4%; des services de l’éducation, de la santé et de l’action sociale, avec 5,5% au lieu de 3,6%; des services financiers et assurances, avec 7% au lieu de 4,8% ainsi que de l’information et communication, avec 2,6% au lieu d’une baisse de 1,5%. Au final, les données recueillies par le HCP montrent que «la valeur ajoutée des activités non agricoles a connu une hausse de 3% durant l’année 2022 au lieu de 6,3% une année auparavant», a noté le HCP de même source. Il est à rappeler qu’aux prix courants, le PIB national a connu une hausse de 4,3% en 2022 dégageant une hausse du niveau général des prix de 3,1% au lieu de 2,4% en 2021. Décélération de la demande intérieure L’arrêté des comptes nationaux de l’année 2022 fait ressortir par ailleurs une baisse de la demande intérieure de 1,5% au lieu d’une hausse de 8,9% en 2021. « Ce recul a ainsi contribué, négativement à la croissance économique nationale de 1,7 point au lieu d’une contribution positive de 9,5 points une année auparavant », a fait savoir le Haut-commissariat dans sa note. «C’est ainsi que les dépenses de consommation finale des ménages ont connu une baisse de 0,7% au lieu d’une augmentation de 6,9%, avec une contribution négative à la croissance de 0,4 point au lieu d’une contribution positive de 4 points », a-t-il constaté de même source. En ce qui concerne l’investissement brut (formation brute de capital fixe ; variation des stocks et acquisition nette d’objets de valeurs), les données suggèrent qu’il a accusé un recul de son taux d’accroissement. En effet, avec une contribution négative à la croissance de 2 points au lieu d’une contribution positive de 4 points, il a enregistré une baisse de 6,5% en 2022 contre une hausse de 13,8% en 2021. Dans sa note d’information, le HCP fait état du ralentissement du taux d’accroissement de la consommation finale des administrations publiques, qui est passé « de 7,2% l’année passée à 3,3% avec une contribution positive à la croissance de 0,6 point au lieu de 1,4 point l’année précédente». Alain Bouithy
Le FMI annonce ses prévisions pour le Maroc
ECONOMIE. Avec l’arrivée du printemps, s’amorce une nouvelle valse des prévisions économiques servies par les institutions nationales et internationales. Mardi 11, le Fonds monétaire international (FMI) a ouvert le bal en annonçant ses pronostics pour le Maroc. Dans sa dernière édition des «Perspectives de l’économie mondiale», publiées à l’occasion des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale qui se tiennent jusqu’au 16 avril à Washington, le Fonds a ainsi prévu que l’économie marocaine devrait afficher un taux de croissance de 3% au titre de l’année 2023. Toujours selon les prévisions de l’institution de Bretton Woods, le taux de croissance de l’économie marocaine devrait légèrement s’améliorer au cours de l’année 2024 pour s’établir à 3,1%. L’inflation attendue à 4,6% cette année Dans ses prévisions, il est également prévu que le chômage recule cette année à 11% au lieu de 12,9% enregistrés l’année écoulée. Ce taux devrait se situer à 10,5% l’année suivante, d’après les pronostics de l’institution. A noter que l’inflation devrait s’élever à 4,6% cette année avant de retomber à 2,8% en 2024 ; tandis que le solde du compte courant du Maroc devrait passer de -4,3% en 2022 à -3,7% en 2023 puis à -3,5% en 2024, comme le rapporte la MAP. A propos de l’inflation, le Haut-commissariat au plan (HCP) a indiqué récemment que les pressions inflationnistes se seraient accentuées au premier trimestre 2023, avec une hausse des prix à la consommation de 9,4%, au lieu de +8,3% au trimestre précédent et +4% un an plus tôt. Dans sa note de conjoncture du premier trimestre 2023, l’organisme public a précisé que «c’est au niveau des prix de la composante alimentaire où ces pressions se seraient le plus manifestées, avec une hausse historique de +18,2%, tandis que les prix des produits non-alimentaires auraient augmenté de 3,5%». De la même source, on a appris en outre que «l’inflation sous-jacente aurait poursuivi avec vigueur son trend haussier, pour s’établir à +8,4% au premier trimestre 2023, après +7,6% au trimestre précédent et +3,5% au cours de la même période de 2022, tirée principalement par l’augmentation continue des prix de sa composante alimentaire responsable de 70% de la hausse ». De son côté, Bank Al-Maghrib a annoncé récemment que l’inflation devrait rester à des niveaux élevés à moyen terme et qu’après avoir atteint 6,6% en 2022, son plus haut depuis 1992, elle ressortirait en 2023 à 5,5% en moyenne. Par ailleurs, « sa composante sous-jacente se situerait à 6,2%, soit une révision à la hausse de 2 points de pourcentage par rapport à la prévision de décembre dernier et ce, en raison essentiellement de la flambée des prix de certains produits alimentaires qui y sont inclus », avait indiqué la Banque centrale à l’issue de la première session de l’année 2023 de son Conseil. A l’échelle mondiale, «nous prévoyons que la croissance mondiale touchera son niveau le plus bas à 2,8% cette année, avant de se redresser légèrement à 3%, soit 0,1 point de pourcentage de moins par rapport à nos projections de janvier », a indiqué l’économiste français Pierre-Olivier Gourinchas. D’après lui, « l’inflation mondiale va diminuer, mais plus lentement qu’attendu initialement, passant de 8,7% en 2022 à 7% cette année, puis à 4,9% en 2024». S’il est avéré que c’est dans les pays avancés que le ralentissement économique est le plus marqué, l’économiste français souligne dans son blog que l’inflation recul plus lentement que prévu. Pierre-Olivier Gourinchas note en outre que « le ralentissement se concentre au sein des pays avancés, en particulier la zone euro et le Royaume-Uni, où l’activité économique devrait respectivement se contracter à 0,8% et –0,3% cette année, avant de se redresser à 1,4% et 1% ». Il constate, en revanche, qu’en dépit d’une révision à la baisse de 0,5 point de pourcentage, « la croissance économique de nombreux pays émergents et pays en développement s’accélère, passant de 2,8% en 2022 à 4,5% en 2023 ». Revenons au Maroc pour rappeler que le BMCE Capital Global Research (BKGR) a récemment revu à la baisse le taux de croissance de l’économie nationale le situant à 2,7% pour 2023, au lieu de 2,9% comme il l’avait prévu un mois auparavant. Dans son récent « Strategy-Mars 2023 », BKGR a toutefois pris le soin de préciser que l’éventuel impact de la pluviométrie de fin de saison, cruciale pour obtenir le niveau normatif de production céréalière, n’est pas encore intégré dans la simulation pour le scénario central, selon la MAP. Alain Bouithy
Maroc. Moins de croissance et plus d’inflation
La croissance de l’économie nationale a nettement ralenti au quatrième trimestre 2022, affectée par le ralentissement des activités non agricoles et la baisse des activités agricoles. Tel est le message qui ressort de l’arrêté des comptes nationaux du quatrième trimestre 2022 du Haut-commissariat au plan (HCP). Selon les données publiées récemment par l’organisme public dirigé par Ahmed Lahlimi Alami, la croissance se situant à 0,5% au lieu de 7,6% durant le dernier trimestre de l’année précédente. Tirée par la demande extérieure, elle « a été réalisée dans un contexte d’une forte inflation et d’une amélioration du besoin de financement de l’économie nationale », souligne le Haut-commissariat dans sa note d’information relative aux comptes nationaux du quatrième trimestre de l’année 2022. Le PIB en volume s’est accru de 0,5% au lieu d’une hausse de 7,6% durant le quatrième trimestre de l’année précédente A noter qu’après avoir enregistré un accroissement de 19,1% le même trimestre de l’année précédente, les données recueillies montrent que la valeur ajoutée du secteur primaire en volume, corrigée des variations saisonnières, s’est contractée de 15% au quatrième trimestre 2022. D’après les explications du Haut-commissariat, cette baisse est attribuée au fort repli observé au niveau des valeurs ajoutées de l’agriculture de 15,1% au lieu d’une hausse de 17,8% et de la pêche de 12,3% au lieu d’une hausse de 53,4%. Les nouvelles n’étaient pas aussi très bonnes du côté de la valeur ajoutée du secteur secondaire qui, « en volume, a connu un recul de 2,4% au quatrième trimestre 2022 au lieu d’une hausse de 5,4% le même trimestre de l’année précédente », a indiqué le HCP. Le même document précise que cette baisse s’explique par la baisse des valeurs ajoutées de l’industrie d’extraction de 16% au lieu d’une baisse de 1,5%; du bâtiment et travaux publics (-4,6% au lieu de +6,8%); de l’«Electricité, gaz, eau, assainissement et déchets » (-4,5% au lieu de +7%) ainsi que de la hausse de la valeur ajoutée des « industries manufacturières » (+0,4% au lieu de +5,1%). La situation n’était également guère meilleure s’agissant de la valeur ajoutée du secteur tertiaire qui « a enregistré un ralentissement de son taux d’accroissement passant de 6,9% le même trimestre de l’année précédente à 4,9% », toujours selon le HCP. Comme le souligne le Haut-commissariat dans sa note d’information, elle a été marquée par le ralentissement des activités de « Transports et entreposage » (-7,1% au lieu de 16,1%); « Services financiers et assurances » (-5,5% au lieu de 5,9%); « Services de l’éducation, de la santé et de l’action sociale » (-3,1% au lieu de 3,5%); « Services rendus par l’Administration publique générale et la sécurité sociale » (-3% au lieu de 3,7%); « Recherche et développement et services rendus aux entreprises » (-2% au lieu de 8,5%); « Services immobiliers » (-1,6% au lieu de 3,1%) ainsi que par celles de « Commerce et réparation de véhicules » (-1,1% au lieu de 7,3%). Il est à noter que la valeur ajoutée du secteur tertiaire a également été marquée par la hausse des activités de l’« Hébergement et restauration » (+55,4% au lieu de 52,5%) et « Autres services » (+2,4% au lieu de 1,8%). Il ressort ainsi que « la valeur ajoutée des activités non agricoles a connu un net ralentissement à 2,3% durant le quatrième trimestre 2022 au lieu de 6,6% le même trimestre de l’année précédente », a conclu le HCP. Par ailleurs, et tenant compte de la hausse de 2,9% des impôts sur les produits nets des subventions, le Haut-commissariat note que « le Produit Intérieur Brut (PIB) en volume s’est accru de 0,5% durant le quatrième trimestre 2022 au lieu d’une hausse de 7,6% l’année précédente ». Précisons qu’« aux prix courants, le PIB a connu une hausse de 5,8% dégageant ainsi une augmentation du niveau général des prix de 5,3% au quatrième trimestre 2022 au lieu de 4,9% au même trimestre de l’année 2021 », comme le fait savoir le HCP. Au niveau de la demande intérieure, il ressort des chiffres de l’organisme public qu’elle s’est contractée de 1,7% au lieu d’une hausse de 11,6% la même période de l’année précédente, contribuant négativement à la croissance économique de 1,9 point, au lieu d’une contribution positive de 12,4 points. S’agissant des échanges extérieurs de biens et services en volume, aussi bien les exportations que les importations, ils ont affiché de fortes hausses durant le dernier trimestre de l’année écoulée. Les chiffres suggèrent qu’ils ont dégagé une contribution positive à la croissance, se situant à 2,4 points au lieu d’une contribution négative de 4,8 points durant le quatrième trimestre 2021. Quant au besoin de financement de l’économie nationale, il s’est allégé en glissement annuel, passant de 3,9% du PIB à 2,1%. Alain Bouithy
Maroc. Bank Al-Maghrib relève de nouveau son taux directeur pour le porter à 2,5%
Le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé de relever le taux directeur, à l’issue de sa quatrième et dernière réunion trimestrielle de l’année 2022 tenue mardi 20 décembre à Rabat. La Banque centrale a en effet choisi de relever le taux directeur de 50 points de base pour le porter à 2,50%, au regard des évolutions récentes de la conjoncture économique. Cette décision, qui prend effet à partir de ce jeudi 22, vise à «prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et favoriser le retour de l’inflation à des taux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix», a expliqué l’institution publique. Le relèvement du taux directeur était quasiment attendu par de nombreux économistes et experts. Plusieurs investisseurs financiers s’y attendaient également. En effet, comme l’avait relevé Attijari Global Research, dans son récent « Report research strategy », bon nombre d’entre eux prévoyaient une hausse du taux directeur de BAM de 50 points de base (pbs). Rappelons également qu’à l’issue d’une mission de consultation du Fonds monétaire international (FMI) au titre de l’article IV avec le Maroc, conduite du 24 octobre au 4 novembre par Roberto Cardarelli, ce dernier avait clairement estimé : « Assurer un retour de l’inflation à près de 2% d’ici 2024 pourrait nécessiter de nouvelles hausses des taux directeurs, afin d’ancrer davantage les anticipations d’inflation ». Qu’à cela ne tienne, lors de cette réunion, Bank Al-Maghrib a analysé l’évolution récente de la conjoncture économique internationale, constatant qu’elle reste marquée par l’enlisement du conflit en Ukraine, la fragmentation géopolitique et économique et les séquelles de la pandémie. « Malgré des signes de son atténuation dans certains pays, l’inflation demeure globalement très élevée, ce qui amène les banques centrales à poursuivre le resserrement, largement synchronisé, de leurs politiques monétaires », a relevé BAM notant en conséquence la poursuite de la détérioration des perspectives de l’économie mondiale annonçant ainsi une forte décélération de la croissance attendue en 2023. Cet environnement pèse tout naturellement sur l’activité économique nationale et sur l’évolution de l’inflation, a reconnu la Banque centrale estimant qu’à cette allure « cette dernière va devoir continuer à enregistrer des taux élevés pour une période bien plus longue que prévu en septembre, impactée notamment par les pressions externes qui se diffusent aux biens et services non échangeables et par la mise en œuvre de la réforme du système de compensation à partir de 2024 ». L’inflation attendue à 6,6% cette année Se basant sur les données les plus récentes, l’institution estime que « l’inflation devrait ressortir à 6,6% en 2022, après 1,4% en 2021, tirée essentiellement par l’accélération de la hausse des prix des produits alimentaires et des carburants et lubrifiants ». En 2023, elle se situerait à 3,9% en moyenne avant d’enregistrer un nouveau rebond en 2024 à 4,2%, en lien avec la décompensation programmée des prix des produits subventionnés, a-t-il prédit. La croissance marquerait un net recul à 1,1% en 2022 Selon les projections actualisées de Bank Al-Maghrib, la croissance économique marquerait un net ralentissement cette année à 1,1%, après le rebond de 7,9% enregistré en 2021.Pour BAM, le ralentissement attendu de l’économie en 2022 serait le résultat d’un recul de 15% de la valeur ajoutée agricole et d’une décélération à 3,4% du rythme des activités non agricoles. La Banque soutient qu’elle s’accélérerait à 3% au cours de l’année prochaine, portée par la hausse de 7% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne, alors que la croissance des activités non agricoles décélèrerait à 2,4%, pâtissant en particulier de la détérioration de l’environnement externe. Après analyse des données, il ressort qu’« en 2024, la croissance se situerait à 3,2%, recouvrant des accroissements de 1,8% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’une production agricole moyenne, et de 3,5% de celle des activités non agricoles », a-t-elle souligné. Sur le plan des comptes extérieurs, Bank Al-Maghrib note que l’année 2022 est marquée par une forte dynamique des échanges et une augmentation notable des recettes voyages et des transferts des MRE. Ainsi, et selon les projections de l’organisme public, « les exportations ressortiraient en amélioration de 32,3%, tirées essentiellement par les ventes du phosphate et dérivés, à la faveur de la hausse des cours, et de celles du secteur de l’automobile ». Il s’attend en revanche à une décélération de leur progression à 2,7% en 2023, avec des baisses pour le phosphate et dérivés et les produits agricoles et agro-alimentaires, avant une quasi-stagnation en 2024. « En parallèle, les importations augmenteraient de 38,4% en 2022, recouvrant essentiellement un alourdissement de 102,1% de la facture énergétique à 153,2 milliards de dirhams, un accroissement des achats des demi-produits et un rebond de 89,9% à 27,2 milliards de dirhams des approvisionnements en blé », a poursuivi BAM soutenant qu’elles devraient se replier de 3% en 2023, avec notamment des diminutions de 13% de la facture énergétique et de 41,2% des approvisionnements en blé, puis progresser de 1,1% en 2024. S’agissant des recettes voyages, elles termineraient l’année avec un bond record à 88,8 milliards de dirhams et connaîtraient une quasi-stagnation en 2023 puis une amélioration de 5,5% à 94,1 milliards en 2024. Tandis que les transferts des MRE ressortiraient en hausse de 12,9% à 105,8 milliards de dirhams en 2022, reculeraient de 4% à 101,5 milliards en 2023, puis s’inscriraient en hausse atteignant près de 104 milliards de dirhams en 2024. Alain Bouithy
Maroc. Le FMI table sur une croissance de l’économie nationale de 3% en 2023
Bien qu’elle ait été ralentie par les chocs mondiaux et la sécheresse, la croissance de l’économie marocaine devrait reprendre en 2023, a annoncé le Fonds monétaire international (FMI) soulignant toutefois un environnement international très incertain. « L’économie marocaine a connu une confluence de chocs négatifs en 2022 qui ont freiné le rebond rapide après la pandémie. La sécheresse a négativement affecté la production agricole, tandis que les chocs des termes de l’échange liés à l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont davantage alimenté l’inflation et réduit le pouvoir d’achat », a constaté Roberto Cardarelli au terme d’une mission de consultation avec le Maroc qu’il a dirigée du 24 octobre au 4 novembre. « La reprise du secteur du tourisme, la résilience des envois de fonds des migrants et des exportations ont partiellement compensé ces chocs négatifs », a-t-il toutefois noté relevant que la croissance du PIB devrait s’établir à environ 1,25% en 2022 et le déficit du compte courant devrait se creuser pour atteindre environ 4,25% du PIB. Ainsi, « dans l’hypothèse d’une amélioration progressive des conditions extérieures et d’une saison agricole moyenne, la croissance devrait s’accélérer pour atteindre environ 3% l’année prochaine et le déficit du compte courant devrait se réduire à environ 3,5% du PIB, mais de fortes incertitudes planent sur ces perspectives », a indiqué Roberto Cardarelli. Compte tenu de la forte incertitude et du resserrement des politiques macroéconomiques, l’organisation internationale estime qu’« il est essentiel d’accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles, notamment celles visant à étendre la protection sociale à tous les Marocains, à stimuler l’investissement du secteur privé et à relever les défis posés par le changement climatique ». Pour Roberto Cardarelli, «le renforcement de la résilience de l’économie marocaine, dans un contexte de marges de manœuvre budgétaire et monétaire limitées et d’incertitude exceptionnelle appelle à l’accélération de la mise en œuvre des réformes structurelles ». Bien qu’une grande partie des travailleurs indépendants n’aient pas encore rejoint le nouveau système contributif de soins de santé et de retraite, il constate cependant que « des progrès significatifs ont été réalisés dans l’extension de la protection sociale » tout en soutenant que des réformes profondes des systèmes de santé et d’éducation devraient améliorer l’accès, l’efficacité et la qualité des services. Pour lui, il ne fait aucun doute que « les récentes mesures de réforme des entreprises publiques, ainsi que l’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI et la mise en œuvre de la nouvelle Charte de l’investissement devraient contribuer à stimuler l’investissement privé ». Par ailleurs, « les progrès réalisés dans la libéralisation du marché de l’électricité devraient accélérer la transition vers les énergies renouvelables, tandis que beaucoup reste à faire pour remédier à la raréfaction des ressources en eau », a-t-il affirmé. Précisons qu’à l’issue de cette mission de consultation 2022, l’équipe des services du FMI a en outre estimé que la poursuite des politiques macroéconomiques prudentes « restera essentielle pour la résilience de l’économie marocaine ». Selon l’institution internationale, « le budget 2023 a veillé à concilier entre la reconstitution de marges de manœuvre budgétaires, l’atténuation de l’impact social et économique des chocs récents et le financement des réformes structurelles ». Reste maintenant à contenir les pressions inflationnistes, ce qui pourrait nécessiter la poursuite de la normalisation des conditions de politique monétaire, a-t-elle soutenu. Bien qu’occasionnées par des chocs mondiaux sur l’offre et les prix des matières premières, le FMI constate que les pressions inflationnistes se sont généralisées au cours de cette année. Ce qui a amené Bank Al-Maghrib à procéder de manière appropriée à un resserrement monétaire en septembre dernier. Mais alors que l’organisation internationale s’attend à ce que l’inflation commence à baisser l’année prochaine, sous l’effet de la baisse prévue des prix mondiaux des matières premières, « assurer un retour de l’inflation à près de 2% d’ici 2024 pourrait nécessiter de nouvelles hausses des taux directeurs, afin d’ancrer davantage les anticipations d’inflation », a estimé Roberto Cardarelli. Alain Bouithy
Maroc. Repli des activités agricoles et hors agriculture au troisième trimestre
Au troisième trimestre 2022, l’économie nationale aurait été marquée par un léger ralentissement des activités hors agriculture et la poursuite du repli de l’activité agricole, selon le Haut-commissariat au plan (HCP). «Les activités hors agriculture se seraient accrues de 3,7% au troisième trimestre 2022, au lieu de +4,2% un trimestre auparavant», a, en effet,indiqué l’organisme public dans sa note de conjoncture du troisième trimestre et perspectives pour le quatrième trimestre 2022. Selon le Haut-commissariat, le secteur tertiaire aurait continué de soutenir l’activité économique, en contribuant pour près de +2,8 points à la croissance globale du PIB, grâce notamment à la bonne orientation du tourisme, du transport et des services non marchands. Dans sa note de conjoncture, rendue publique récemment, le HCP a, en revanche, indiqué que «la contribution du secteur secondaire à la croissance économique globale aurait reflué à +0,1 point, au lieu de +0,4 point un trimestre auparavant». Après analyse des données, il ressort que les industries extractives auraient poursuivi leur repli au troisième trimestre 2022, au rythme de -9,9%, en variation annuelle, au lieu de -7,8% un trimestre plus tôt, a souligné le HCP dans sa note de conjoncture. Selon l’analyse faite par le HCP, « l’affaiblissement des quantités exportées des fertilisants aurait entraîné un ralentissement progressif de la production des industries chimiques, dont ont surtout pâti les activités d’extraction des minerais non métalliques». Qu’à cela ne tienne, le Haut-commissariat a estimé que le climat général des affaires serait resté bien orienté, grâce à la forte augmentation des prix de vente à l’export des minerais bruts et transformés. Du côté des industries manufacturières, le HCP annonce qu’elles auraient légèrement décéléré au troisième trimestre 2022, marquant un accroissement de 1,2%, au lieu de +2,3% un trimestre auparavant. Soulignons que «cette évolution aurait été attribuable au ralentissement des industries alimentaires dans le sillage de la baisse de l’offre agricole», a expliqué l’organisme relevant que l’évolution des industries chimiques serait, également, restée atone, en raison d’une forte progression des coûts de production et du repli de la demande étrangère. D’après les données recueillies par le HCP, « celles de la métallurgie, de la fabrication du matériel électrique et de celui du transport auraient conservé leurs dynamiques amorcées au trimestre précédent, affichant des hausses respectives de 6,4%, 7,9% et 9,2%, en variations annuelles, au cours de la même période », a-t-il fait savoir. La valeur ajoutée de la construction s’est également inscrite dans la même trajectoire de ralentissement, a noté le Haut-commissariat, indiquant qu’elle aurait augmenté de 0,8% au troisième trimestre 2022, en variation annuelle, au lieu de +14,2% à la même période de l’année précédente. Dans le détail, la branche aurait continué de pâtir de la faible dynamique des activités immobilières et du renchérissement des matériaux de construction; tandis que les prix du béton, de l’acier, du verre et du ciment se seraient inscrits en hausse. Comme l’attestent les appréciations des chefs d’entreprise de la construction, exprimées dans le cadre de la dernière enquête de conjoncture du HCP, les difficultés d’approvisionnement pour les industries annexes se seraient renforcées au cours de la même période. Les carnets de commandes des opérateurs du secteur seraient restés peu garnis et les anticipations de l’évolution de l’activité dans le bâtiment et le génie civil se seraient abaissées. S’agissant de l’évolution de l’activité agricole au titre du même trimestre, les données montrent qu’elle aurait continué de régresser affichant une baisse de 15,2%, en variation annuelle, au lieu d’une hausse de 16,6% au cours de la même période de l’année passée. Après observation, il ressort que «cette contre-performance, attribuable à une diminution de 18% des productions végétales, se serait accompagnée par une hausse quasi-générale des prix des cultures». En conséquence, les prix des céréales auraient progressé de 35%, en variation annuelle, dans le sillage du reflux de 67% de leur production par rapport à la campagne agricole précédente, a estimé le HCP dans sa note de conjoncture soulignant que ceux des fruits et des légumes frais auraient affiché des hausses de 17%, dues, en partie, à l’accroissement des prix des carburants. Après deux années de replis successifs, les filières animales seraient de leur côté restées également orientées à la baisse, suite particulièrement aux effets de la sécheresse et à l’augmentation du coût d’alimentation du bétail. Dans un contexte de diminution de 26,7% des quantités de viande traitées au niveau des abattoirs, le constat est que les prix de la viande se seraient accrus de 5% tandis que ceux de la volaille auraient poursuivi leur hausse. Pour rappel et comme nous l’avions indiqué dans un précédent article, la croissance économique nationale se serait établie à +1,8% au troisième trimestre 2022, au lieu de +2% le trimestre précédent. Alain Bouithy
Maroc. La décélération de l’économie nationale se poursuit au deuxième trimestre
Mauvaise posture. Selon les récentes données publiées par le Haut-commissariat au plan (HCP), la décélération de l’économie nationale s’est poursuivie au deuxième trimestre 2022. «L’arrêté des comptes nationaux du deuxième trimestre 2022 fait ressortir un net ralentissement de la croissance de l’économie nationale se situant à 2% au lieu de 14,2% durant le même trimestre de l’année précédente », a annoncé le Haut-commissariat qui tient compte de la hausse de 5,3% des impôts sur les produits nets des subventions. Dans une note d’information relative aux comptes nationaux du deuxième trimestre de l’année 2022, l’organisme public fait état de ce que les activités non agricoles ont affiché une augmentation de 4,2% durant le deuxième trimestre 2022 au lieu de 13,3% le même trimestre de l’année précédente. Les activités du secteur agricole ont pour leur part accusé une baisse de 15,5% au lieu d’une hausse de 17,5%, a ajouté le Haut-commissariat de même source.Cette croissance, tirée par la demande intérieure, «a été réalisée dans un contexte d’une forte inflation et d’une aggravation du besoin de financement de l’économie nationale», a expliqué l’institution . Dans le détail, il ressort des nouvelles analyses que la valeur ajoutée du secteur primaire en volume corrigée des variations saisonnières, s’est contractée de 16% au deuxième trimestre 2022, après avoir enregistré une hausse de 18,3% le même trimestre de l’année précédente. Le Haut-commissariat attribue ce recul à « la baisse de la valeur ajoutée de l’agriculture de 15,5% au lieu d’une hausse de 17,5% et de celle de la pêche de 23,4% au lieu d’une hausse de 36,9%».La situation s’est aussi dégradée au niveau du secteur secondaire où la valeur ajoutée, en volume, a connu un net ralentissement de son taux d’accroissement passant de 17,3% durant le même trimestre de l’année précédente à 1,5%. Cette baisse considérable résulte du ralentissement du rythme d’accroissement des valeurs ajoutées des industries manufacturières à 2,3% au lieu de 20,2%, de «Electricité, gaz, eau, assainissement et déchets» (2% au lieu de 14,6%), du bâtiment et travaux publics (1,7% au lieu d’une hausse de 16,9%) et de la baisse de celle de l’industrie d’extraction (7,8% au lieu de 0,6%). Egalement touchée par ces baisses, «la valeur ajoutée du secteur tertiaire a enregistré un ralentissement de son taux d’accroissement passant de 11,2% le même trimestre de l’année précédente à 6,1%», a relevé le HCP dans sa note d’information.Selon ses explications, ce ralentissement a été le résultat de la hausse des valeurs ajoutées des services rendus par l’Administration publique générale et la sécurité sociale de 5,6% au lieu de 4,3%, services de l’éducation, de la santé et de l’action sociale (4,3% au lieu de 2,8%) et de l’information et communication (1,3% au lieu d’une baisse de 0,5). Après analyse, il ressort que ce repli s’explique également par le ralentissement des valeurs ajoutées de l’hébergement et restauration à 50,3% au lieu de 86,4%, des transports et entreposage (10,8% au lieu de 42,6%), du commerce et réparation véhicules (4% au lieu de 17,6%), de la recherche et développement et services rendus aux entreprises (3,2% au lieu de 24,5%) ainsi que des services immobiliers à 1,5% au lieu de 3%. Il est à noter qu’aux prix courants, le PIB a connu un net ralentissement à 6,9% au lieu de 16,5% une année auparavant, dégageant ainsi une augmentation du niveau général des prix de 4,9% au lieu de 2,3%. Des analyses du HCP, il ressort en outre que « la demande intérieure a affiché un net ralentissement passant de 10% durant le même trimestre de l’année précédente à 2%, contribuant ainsi pour 2,2 points à la croissance économique nationale au lieu de 11,3 points ». En conséquence, les dépenses de consommation finale des ménages ont connu un net ralentissement de leur taux d’accroissement qui est passé de 13,6% au deuxième trimestre 2021 à 3,2% avec une contribution à la croissance de 1,7 points au lieu de 7,4 points.Dans a note d’information, le HCP nous apprend aussi que la consommation finale des administrations publiques a affiché une hausse de 6,7% au lieu de 5,5%, alors que l’investissement brut a en revanche connu une baisse de 2,4% au lieu d’une hausse de 7,3% une année auparavant. Quant aux échanges extérieurs de biens et services en volume, les exportations comme les importations ont enregistré de fortes hausses durant le deuxième trimestre 2022. En effet, il ressort des données recueillies que les exportations de biens et services ont bondi de 36,4% au lieu de 22,4% à la même période de l’année écoulée, tandis que les importations ont affiché une hausse de 28,7% au lieu de 8,3%. C’est ainsi que « les échanges extérieurs de biens et services ont dégagé une contribution négative à la croissance, se situant à 0,2 point au lieu d’une contribution positive de 2,9 points durant le deuxième trimestre 2021 », en a déduit le HCP dans sa note. Alain Bouithy