Rhode Bath-Scheba Makoumbou : Mon choix de quitter le Congo en 2004 pour la Belgique m’a permis de me lancer dans une carrière internationale

PAGESAFRIK.  Malgré ses nombreuses occupations, et alors que le film « Rhode Makoumbou, une artiste au pays des grandes femmes » (moyen long métrage de 52 minutes du cinéaste belge Christian Van Cutsem) qui lui est consacré sort en novembre prochain, l’immense et talentueuse artiste plasticienne à la renommée internationale a réussi à trouver le temps de répondre aux questions de Pagesafrik.

Pagesafrik. Vous êtes sur la scène artistique internationale depuis près de deux décennies. A votre avis, quel est l’événement qui vous a révélée au monde ?

Rhode Bath-Scheba Makoumbou : J’ai décidé de me lancer dans ma carrière artistique après ma première participation à une exposition collective en 2000 pour la « Journée Internationale de la Femme » au Palais du Parlement à Brazzaville. Ensuite, il y a eu en 2003 le « Centre International des Civilisations Bantu » à Libreville au Gabon et surtout en 2004 une exposition individuelle au Parlement Européen à Bruxelles qui fut un gros succès.

Pagesafrik : Avez-vous toujours rêvé d’être une artiste ou est-ce un choix de carrière qui s’est imposé au fil des années ?

Etant enfant, je fréquentais souvent l’atelier de mon père, le peintre David Makoumbou. A partir d’une toile blanche, j’étais fascinée par les différentes étapes qu’il poursuivait pour créer une œuvre qui m’impressionnait. Il avait assez vite décelé chez moi une certaine facilité à également créer. Mais étant plus âgée, je me destinais plutôt au journalisme. Ce sont les avis positifs du public qui m’ont incité à poursuivre mon travail personnel d’artiste plasticienne dans les années 90. 

Pagesafrik : Vous vous êtes engagée dans l’art à partir de 1989. Après autant d’années, pensez-vous avoir atteint votre objectif professionnel de départ ?

Oui en très grande partie. Mon choix de quitter le Congo en 2004 pour la Belgique m’a permis de me lancer dans une carrière internationale. Avec plus de 240 expositions dans 17 pays différents dans le monde entier, je ne peux vraiment pas me plaindre.

Pour autant, je n’ai pas quitté Brazzaville où je reviens presque chaque année dans mon autre atelier. J’ai toujours besoin d’avoir les multiples influences de mon pays natal pour le représenter dans ma peinture et mes sculptures.

Avoir reçu en 2012, le « Grand Prix des Arts et des Lettres » du pays et en 2013 avoir été élevée au grade d’officier de l’Ordre du Dévouement Congolais par le Président de la République furent pour moi des moments d’une grande reconnaissance.

Pagesafrik : Quel est le moment le plus marquant dans votre carrière ?

Au-delà de mes très nombreuses rencontres positives avec le public, ce sont celles que j’ai eu avec des artistes de différentes disciplines comme par exemples avec les peintres Marcel Gotène, Cheri Samba, Roger Somville; avec les chanteurs Jacques Loubelo, Manu Dibango; avec les écrivains Henri Lopes, Alain Mabanckou, ou Jean Bofane, en oubliant beaucoup d’autres.

C’est au Congo que je retrouve toutes mes sources d’inspiration

Rhode Makoumbou

Pagesafrik : Quel est votre œuvre d’art favorite et pourquoi ?

Le choix est difficile parce que ce sont toutes un peu mes enfants. Mais sans faire de jalousie, ma préférence va vers la sculpture « La femme qui allaite son enfant » parce que c’est un symbole très fort de l’humanité.

Pagesafrik : Quel est aujourd’hui l’endroit, la ville ou le pays qui vous inspire le plus ? Quelle sont vos sources d’inspiration ?

Sans hésité, le Congo parce que c’est là que je retrouve toutes mes sources d’inspiration. Si je devais choisir un deuxième, ce serait la Belgique parce que c’est là qu’a démarré mon ouverture à l’internationale.

Pagesafrik : Quel est le regard de l’artiste-peintre que vous êtes sur l’art au Congo, votre pays d’origine ?

Le pays est très riche en créateurs de toutes disciplines. L’art y est très varié sur le plan esthétique, original et très souvent authentique. Mais malheureusement le pays manque encore trop peu de vitrines pour valoriser tout ce potentiel.

Pagesafrik : Où en êtes-vous aujourd’hui avec « l’Espace-Mak » que vous avez ouvert en août 2021 à Brazzaville.

Pour le moment, l’espace est encore dans sa phase de la promotion du lieu. La galerie où je présente mes œuvres et celles de mon père s’ouvre tous les jours et le bar est de plus en plus connu et fréquenté.

Dans quelques temps, l’espace sera prêt à accueillir des formations artistiques en direction des jeunes passionnés par l’art.

Pagesafrik : Avez-vous d’autres projets auxquels vous tenez ? Où peut-on aujourd’hui découvrir vos œuvres ?

Il y aura quelque chose au niveau musical, mais je garde la surprise pour l’instant.

Mes œuvres sont visibles tant à Brazzaville qu’à Bruxelles où je peux recevoir les visiteurs dans mes ateliers.

Mais voici une bonne nouvelle ; j’ai eu la chance de rencontrer le cinéaste belge Christian Van Cutsem qui vient de réaliser un moyen long métrage sur mon activité artistique et ma vie de famille au Congo et en Belgique. Le film « Rhode Makoumbou, une artiste au pays des grandes femmes » sera présenté en première vision à Bruxelles le 4 novembre prochain. Une projection sera prévue à Brazzaville en 2023.

Propos recueillis par Alain Bouithy

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