est aussi responsable de l’Union des arts et cultures africains (UACA), une organisation qui s’est fixé comme objectif principal de promouvoir l’art et la culture africains ainsi que toute activité pouvant être rattachée à la culture. Découverte de ce jeune artiste promoteur.
Rhioh Wenangolo: Je ne fais pas partie de ceux qui ont commencé à chanter dès 5-6 ans. En ce qui me concerne, ma vocation est née bien plus tard, plus précisément à l’âge de 16 ans. Elle s’est révélée après avoir vécu trois guerres civiles et ethniques qui ont ravagé mon pays, le Congo. Cette situation m’a tellement révolté qu’il me fallait trouver un canal pour exprimer mon amertume. C’est ainsi qu’en août 1999, j’ai choisi de faire de la musique.Pagesafrik.info: Vous avez fait vos débuts en musique dans le rap. Pourquoi avoir changé de style ?
Rhioh Wenangolo: Ce changement de style est intervenu après que j’ai abandonné mes études, suite à quoi mes parents ont décidé de ne plus subvenir à mes besoins. J’ai donc passé des moments très difficiles et j’ai dû me battre tous les jours pour pouvoir survivre.
Dans ces moments difficiles, le reggae a été un fidèle compagnon et un consolateur.
Dans ce sens, je me sentais « plus fort » chaque fois que j’écoutais cette musique qui m’aidait à surmonter les dures épreuves que je vivais. Il m’est même arrivé un jour de pleurer dans ma chambre après avoir écouté le défunt chanteur sud-africain Lucke Dube. C’est ce jour-là que j’ai opté pour le reggae, moi qui écrivais déjà des textes engagés et voulais dénoncer les injustices de ce monde, éduquer et consoler les cœurs en détresse.
Pagesafrik.info: Justement, vos parents n’ont pas apprécié que vous privilégiez la musique au détriment de vos études. Avez-vous finalement réussi à les convaincre ?
Rhioh Wenangolo: Tout parent souhaite voir son enfant étudier et réussir. Par contre, tout enfant n’est pas appelé à réussir dans les études. Je viens d’une famille qui considère la musique comme un métier de voyou, synonyme de marijuana et des dreadlocks. Du coup, me voir chanter et de surcroît du reggae n’était pas acceptable pour mes parents.
A leurs yeux, j’avais complètement perdu la raison alors qu’ils souhaitaient que je devienne un grand cadre, l’intellectuel qui ferait leur fierté. C’est dire, quelle a été leur déception en apprenant mon choix.
Ceci dit, je peux dire que je suis aujourd’hui parvenu à les convaincre au point qu’ils sont devenus mes premiers fans d’autant plus que je transmets à travers mes morceaux tout ce qu’ils m’ont appris. C’est-à-dire, les valeurs humaines qu’ils croyaient avoir disparu en moi. C’est pour moi un motif d’encouragement.
Pagesafrik.info: Vous venez du Congo Brazzaville où ce genre de musique est très peu présent. Pensez-vous vraiment avoir fait le bon choix ?
Je suis persuadé d’avoir fait un excellent choix. Et quand bien même il ne serait pas facile de conquérir un public qui a été bercé depuis des décennies par la rumba congolaise, cela n’est pas non plus impossible. Car, les artistes se distinguent avant tout par leur talent.
Par ailleurs, il faut se rappeler qu’auparavant personne n’avait imaginé que le public congolais allait un jour s’intéresser à des styles étrangers à sa culture et bien loin de la rumba.
Je crois que tout dépend de la passion, du sérieux et de l’implication de l’artiste dans son travail. Le public congolais est aimable et très exigeant, mais reste à la portée de celui qui saura satisfaire ses attentes. Quoi qu’il en soit, l’un de mes objectifs est de me faire une place de choix dans l’histoire de la musique congolaise, être le premier reggaeman à réussir ce pari.
Pagesafrik.info: Vous évoluez actuellement au Maroc. Quel commentaire vous suggère la scène culturelle marocaine? L’environnement vous permet-il de progresser?
Rhioh Wenangolo: Le Maroc est un pays culturellement avancé qui peut se prévaloir d’avoir plus d’une dizaine de festivals de musique dignes de ce nom. Ce qui est intéressant pour les artistes qui souhaitent faire découvrir leurs œuvres au grand public.
Ces manifestations contribuent à la diversité culturelle et constituent un cadre idéal pour promouvoir les échanges culturels et les rencontres entre artistes marocains et leurs homologues étrangers. J’apprécie aussi le zèle des organisations culturelles qui ne ménagent aucun effort pour soutenir les artistes.
En revanche, je constate qu’il n’y a pas assez de managers et de producteurs. A mon avis, c’est un des problèmes majeurs qui freinent l’évolution des artistes au Maroc. La scène marocaine regorge de talents, mais personne ne prend la peine de s’y intéresser.
Pagesafrik.info: Votre dernier mot ?
Rhioh Wenangolo: Je tiens à remercier de tout cœur SM le Roi Mohammed VI pour sa compassion et sa générosité à l’égard des migrants subsahariens et le peuple marocain pour sa tolérance vis-à-vis de cette communauté. Même si tout n’est pas facile, je souhaite que tout aille pour le mieux. J’espère aussi un jour jouer dans l’une des grandes scènes marocaines et collaborer avec de grands artistes marocains.