TRIBUNE. La sortie de l’opus d’Elisabeth Tshiala Muana intitulé « Ingratitude » et le tollé suscité sur la toile sont tout sauf un hasard. Ils s’inscrivent dans l’ordre d’une guerre psychologique féroce que le camp kabiliste a décidé de livrer à son allié de Cach depuis la semaine dernière. Les congolais ont tort d’ignorer que cette chanson fait partie d’une vaste propagande “noire” de dénigrement qui émane d’une autre source que celle déclarée.
Et le fait d’avoir choisi de larguer cette chanson en cette semaine en cours n’est pas non plus aléatoire. Les bonzes du FCC savent que cette semaine clôture les consultations avant que le Chef de l’Etat en tire les conséquences qui s’imposent dans une allocution tant attendue dans quelques jours. Ils sont conscients que leur allié a récolté quelques petits succès dans sa démarche politique de consulter toutes les couches populaires. Pendant qu’il était en train de prendre le dessus sur son adversaire, le FCC lui a décoché une flèche empoisonnée d’injures blessantes aux fins d’égratigner à son amour-propre de chef et de le pousser à la provocation et à l’erreur.
Cette réaction de pluie d’injures les plus infâmes telles que tshidingidingi( idiote), matrice matalala (stérile), pindiewu etc. se soldant dans l’arrestation de l’artiste pro- PPRD dans les geôles de l’ANR, les mêmes où a failli finir un autre artiste, la Karmapa il y a un mois après son clip sur Mama Yemo, c’est exactement ce qu’attendait l’adversaire qui a poussé l’autre camp à l’erreur et au désaveu de plus en plus diffus auprès du peuple qui constate avec étonnement le retour en force des méthodes trop brutales propres au mobutisme et au kabilisme longtemps décriées par ceux-là mêmes qui sont au pouvoir aujourd’hui. Ils les ont piégés et poussés à montrer à la face du peuple que les cachots de l’ ANR ne sont jamais fermés comme annoncé auparavant mais qu’au contraire ils continuent à enfermer les congolais accusés injustement d’avoir usé de leur droit à la liberté d’expression.
Cette semaine qui devrait être cruciale pour Félix Tshisekedi dans la préparation des esprits et des cœurs des congolais à adhérer à son nouveau plan politique (s’il faut le croire sur parole) devrait être gérée sans faute et avec beaucoup de tact de la part du camp présidentiel en voie de négocier en douceur un nouveau contrat social avec le peuple.
Ce traitement trop musclé contre Tshiala Muana qui prétend user de son droit citoyen à dire sa part de vérité pour des consultations auxquelles elle n’a pas été conviée dessert énormément Fatshi. Au demeurant, il constitue même une erreur tactique très grave dans son mode opératoire. Et s’il se confirme, un de ces quatre matins, la rumeur de plus en plus insistante de son déplacement programmé à Kigali avant son adresse du vendredi 20 novembre prochain, alors le consultant aura accumulé assez de bourdes pour s’aliéner une grande partie de l’opinion congolaise avant le jour J.
À mon humble avis, je crois comprendre que le FCC évolue de la guerre froide à une guerre totale mais il a choisi de procéder méthodiquement. Il met en œuvre, d’une manière coordonnée, des moyens tels que cette similitude à peine voilée à la fin de Lumumba dans son conflit avec KasaVubu dans son mot à sa base à Kingataki; cette lettre de Kabila aux présidents africains assortie des menaces de mettre le pays à feu et à sang si son allié ne revient pas à l’accord primordial, la récente marche de la jeunesse de FCC pour défendre la constitution et le tout couronné de la sortie de cet opuscule musical largement médiatisé.
Tous ces signaux visant à diaboliser l’adversaire ( Kabila est chanté comme ce petit dieu bienfaiteur à côté de l’incarnation du mal congolais assimilé à l’ingrat Fatshi ) servent à orienter les sentiments, la perception et les comportements des congolais en vue de contrecarrer l’influence adverse et de se ménager la sympathie agissante de l’opinion. Et ce, avec l’objectif final de paralyser son projet de l’union sacrée et de se trouver une opportunité en or pour faire accepter son éventuel coup fatal qu’il prépare depuis un moment.
À bon entendeur, salut!
Par Germain Nzinga (Chercheur indépendant)