Pourquoi le marocain est impulsif et coléreux ?

TRIBUNE. J’observe le marocain depuis des dizaines d’années dans toutes les situations possibles. Dans les cafés, les souks, les mariages, les moyens de transports, les épiceries, la conduite, les réunions familiales, les administrations, les plages et  je le trouve très impulsif, très conflictuel, coléreux, rentrant  rapidement  dans les disputes et les querelles le conduisant souvent au poste de police.

J’observe et j’analyse ce comportement purement  défensif et réactionnel déficitaire de la patience et la maturité à bien traiter les sentiments perçus avant de réagir, d’où son impulsivité. Evidemment, il ne s’agit pas d’un défaut de traitement de sa perception ni d’une mauvaise interprétation.

Il s’agit malheureusement d’un frayage neuronal ou d’un circuitage neuronal insécure formé durant son enfance.

Habituellement, pour un cerveau normalement structuré, toute information perçue de l’extérieur passe par plusieurs étapes de traitement neuronal pour être traduite et perçue à sa juste valeur réelle et reconnue comme une émotion sécure ou insécure. Par la suite, elle provoque une réaction chimique de joie, de tristesse ou de défense.

Dans le cas du cerveau marocain, le frayage neuronal s’installe dans son enfance à cause de l’absence de la niche sensorielle sécure. De ce fait,  toute information émotionnelle venant de l’extérieur n’est pas traitée normalement et prend immédiatement le circuit de frayage neuronal et est perçue donc comme une émotion insécure et un danger, d’où le passage immédiat à la réaction défensive.

Quels sont donc les facteurs responsables de la formation de la  niche sensorielle  et de frayage neuronal insécures ?

  1. 1-Pendant la grossesse

Une grossesse qui évolue dans une ambiance de stress, de disputes, de violences morales et/ou physiques engendre un grand stress chez la mère. Le bébé embryonnaire perçoit ces émotions insécures et un circuitage ou frayage neuronal commence à se former dans son cerveau. Dans cette situation, nous avons trouvé dans le liquide amniotique les hormones de stress absorbées donc par le bébé.

Nous savons que dans la société marocaine, les querelles et disputes conjugales et entre belles familles sont indispensables.

Il est évident que l’enfant marocain est maltraité de manière intentionnelle. Il subit des coups, il est méprisé, frustré, victime d’insultes de tout genre de la part de ses propres parents, jamais encouragé, n’a pas de mot à dire, constamment menacé et culpabilisé. Toute cette maltraitance est considérée dans notre culture comme nécessaire pour l’éducation de l’enfant. Seulement cette stratégie éducative détruit totalement la niche sensorielle sécure de l’enfant et empêche une structuration saine de son cerveau. Cette insécurité affective forme donc un frayage neuronal insécure. Ceci explique pourquoi les enfants marocains pleurent et hurlent de toutes leurs forces de manière continue et sans aucune raison raisonnable. Tout ce qui vient de l’extérieur emprunte le circuit neuronal insécure et induit des émotions de terreur et de danger.

Malheureusement le système scolaire marocain se base sur la compétitivité et rivalité et ne reconnait pas du tout l’intérêt de la niche sensorielle affective sécure. L’école n’est qu’une annexe du comportement violent familial sous d’autres formes bien masquées. Ainsi, elle renforce le frayage neuronal insécure de l’enfant, au lieu d’être une niche sensorielle sécure  et participe au remodelage de son frayage neuronal insécure.

L’éducation religieuse, à son tour aussi,  terrorise l’enfant par la culpabilité, la menace du châtiment divin et la description de toutes les souffrances en enfer. La religion encourage les parents à obliger les enfants à faire la prière, voir même les frapper pour qu’ils accomplissent cet acte qui devrait plutôt être fait avec amour.

L’éducation religieuse non plus ne crée aucune niche sensorielle affective sécure et participe à l’absence d’une structuration saine du cerveau de l’enfant.

Ainsi, n’importe quel message reçu d’autrui emprunte immédiatement le circuit neuronal émotionnel insécure, et tout est traduit comme un danger et une menace, d’où son impulsivité et ses réactions coléreuses disproportionnées et immédiates.

Comme il est de mon habitude, je vous laisse libre de conclure ce qui vous semble important pour vous.

Docteur Jaouad MABROUKI

Psychiatre, Chercheur, Expert en psychanalyse de la société marocaine et arabe

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