« Notre engagement est clair : faire comprendre que l’investissement n’est pas réservé à quelques initiés, mais qu’il peut être un véritable levier de transformation individuelle et collective », Joanna YAUCAT, Directrice générale de L’Archer Asset Management

L’Archer est présent sur le marché financier depuis 2020. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos missions et votre business model ? Quels sont vos chiffres clés et indicateurs de performance ?

Joanna YAUCAT : L’Archer est né d’une ambition forte : transformer les dynamiques financières en Afrique centrale en rapprochant les épargnants des opportunités d’investissement, tout en renforçant l’inclusion financière dans la zone CEMAC.

Notre organisation repose sur deux filiales complémentaires. D’un côté, L’Archer Securities, qui intervient sur les marchés financiers en mobilisant des capitaux et en structurant des opérations stratégiques. Depuis sa création, elle a accompagné plus de 35 opérations majeures, levant plus de 2 000 milliards de FCFA. De l’autre, L’Archer Asset Management, lancée en 2022 pour la gestion d’actifs avec un portefeuille initial de deux milliards de FCFA. Notre filiale ambitionne d’atteindre 65 milliards de FCFA sous gestion d’ici 2026. Nous développons des solutions d’investissement adaptées aux réalités locales, permettant à chacun d’anticiper sereinement ses projets de vie, qu’il s’agisse d’une retraite, d’un projet immobilier ou de la transmission d’un patrimoine.

Aujourd’hui, le groupe L’Archer est implanté à Brazzaville, Pointe-Noire et Malabo, avec une équipe en forte croissance de 85 collaborateurs.

Au-delà des chiffres, ce qui nous anime, c’est l’impact de notre action sur le développement économique de la région. L’Archer, ce n’est pas seulement une plateforme d’investissement : c’est un acteur engagé, qui accompagne l’émergence d’une finance plus accessible, plus performante et tournée vers l’avenir de l’Afrique.

Dans le cadre du panel « Transformer l’épargne des consommateurs en investissement productifs via les marchés de capitaux » à l’AFIS à Casablanca, vous avez appelé à un effort de sensibilisation et d’éducation financière. Comment L’Archer s’investit pour le développement de la culture boursière des populations ?

L’Afrique est à un moment charnière de son développement économique. C’est pourquoi il est essentiel de structurer des écosystèmes financiers solides, capables d’inspirer confiance et de transformer les aspirations individuelles en une dynamique collective.

Chez L’Archer, nous croyons en une Afrique qui ne se contente pas d’être un marché de consommation, mais qui devient un acteur de sa propre croissance. Cela passe nécessairement par une meilleure éducation financière. Aujourd’hui, beaucoup de freins à l’investissement sont liés à un manque d’information et à une perception erronée des marchés financiers. Or, nous sommes convaincus que mieux comprendre, c’est mieux investir.

C’est pourquoi nous avons mis en place plusieurs initiatives pour démocratiser l’accès à l’épargne et aux marchés financiers. « Les Rencontres pour Elles » par exemple, visent à accompagner les femmes dans la gestion et la valorisation de leur épargne, afin qu’elles puissent, elles aussi, investir en toute confiance. Nous avons également renforcé notre présence sur les réseaux sociaux et les plateformes digitales pour sensibiliser et expliquer, de manière pédagogique, les solutions d’investissement adaptées à chaque profil. De plus, nous avons mené des actions de sensibilisation dans les universités, afin de toucher un public jeune et de les initier dès le début de leur parcours à la gestion financière et aux opportunités d’investissement.

Notre engagement est clair : faire comprendre que l’investissement n’est pas réservé à quelques initiés, mais qu’il peut être un véritable levier de transformation individuelle et collective. Chaque citoyen doit pouvoir envisager son avenir avec confiance, en faisant fructifier son épargne de manière structurée et sécurisée. C’est en instaurant cette culture de l’investissement que nous contribuerons à bâtir un modèle de croissance pérenne pour l’Afrique.

Quelles sont les particularités de vos solutions d’épargne et à qui s’adressent-elles ?

Chez L’Archer Asset Management, nous avons développé une offre d’épargne diversifiée pour répondre aux besoins spécifiques de chaque investisseur. Notre objectif est de rendre l’investissement accessible à tous et proposer des solutions adaptées aux réalités économiques locales.

Notre Plan Épargne Sérénité (PES) illustre parfaitement cette ambition. Ce produit d’épargne à long terme permet de constituer progressivement un capital en toute sécurité, avec un objectif cible de rendement de 6 % par an. Conçu pour être inclusif, il s’adresse aussi bien aux salariés du secteur formel qu’aux travailleurs du secteur informel, avec des versements accessibles dès 15 000 FCFA.

Au-delà de cette solution, notre activité s’articule autour de trois grands domaines d’expertise. La gestion collective par OPCVM permet aux investisseurs d’accéder à des fonds performants, tels qu’ACM Performance, un fonds obligataire affichant plus de 20 % de rendement depuis son lancement, ou le FCP ACM KIMIA, conçu pour des placements liquides à court terme, avec un rendement avoisinant les 10 %. La gestion sous mandat offre un accompagnement personnalisé grâce à un gérant privé dédié, qui ajuste les investissements en fonction du profil de risque et des objectifs financiers de chaque client.

Cette approche structurée nous permet de proposer des solutions simples, performantes et sécurisées, adaptées aux attentes de chaque investisseur. En démocratisant l’accès à l’investissement et en apportant de la transparence à nos produits, nous contribuons à renforcer la confiance des épargnants et à transformer l’épargne en un véritable levier de développement économique pour la région.

Quelle lecture faites-vous du marché de la CEMAC ? Y a-t-il des contraintes et des défis à relever ?

Le marché financier de la CEMAC est porteur d’un potentiel immense, mais il doit encore surmonter plusieurs défis pour atteindre sa pleine maturité. D’un côté, la région bénéficie d’une population jeune et dynamique, d’un réservoir d’épargne en expansion et de besoins croissants en financement pour des projets structurants. Ces éléments constituent une base solide pour accélérer le développement des marchés financiers et stimuler l’investissement.

Cependant, des contraintes persistent et freinent cette dynamique. La liquidité et la profondeur du marché reste limitée, ce qui décourage certains investisseurs et ralentit la fluidité des transactions. La culture financière est encore en construction, avec une forte prévalence de l’épargne informelle qui empêche une mobilisation efficace des capitaux. De plus, les infrastructures financières doivent être consolidées pour garantir une meilleure accessibilité et une intégration plus fluide des différents acteurs économiques.

Chez L’Archer, nous sommes convaincus que ces défis peuvent être relevés grâce à des initiatives adaptées et une modernisation progressive du marché. C’est pour cela que nous développons des produits en phase avec les réalités locales et nous investissons dans des solutions innovantes pour bâtir un écosystème financier plus inclusif et efficace. La transformation du marché ne pourra toutefois se faire qu’avec une mobilisation collective. En collaborant avec les acteurs privés, les régulateurs et les grandes institutions, la CEMAC peut devenir un véritable moteur de croissance pour l’Afrique centrale et un modèle en matière de développement des marchés financiers.

Dans le cadre de l’extension et de la mise à l’échelle de vos activités, quels sont les projets et chantiers à court et moyen terme de L’Archer ?

Nous avons deux grandes priorités pour les années à venir. La première est de lancer de nouveaux produits d’épargne répondant à des besoins spécifiques et concrets. C’est dans cette logique que nous introduirons prochainement le Plan Épargne Éducation (PEE), un produit conçu pour aider les familles et les étudiants à anticiper les coûts liés à l’éducation. Avec un objectif cible de rendement attractif de 5 % et des versements accessibles dès 10 000 FCFA, le PEE permettra de planifier les frais de scolarité, d’université ou encore les dépenses connexes comme les livres et fournitures. Notre ambition est de faire de l’éducation une priorité accessible à tous.

Notre seconde priorité est l’expansion régionale. Nous souhaitons proposer ces solutions d’épargne dans toute la zone CEMAC, en nous appuyant sur des infrastructures solides et des outils digitaux. Cela permettra de toucher une population plus large, y compris dans des zones parfois éloignées des services financiers traditionnels. Avec le développement de ces offres et notre ambition régionale, nous voulons accompagner les ménages dans leurs projets essentiels, tout en renforçant la culture de l’épargne à long terme dans la région.

Le groupe L’Archer travaille-t-il avec les SGI de la zone UEMOA ? Si oui, comment et dans quels domaines ?

L’UEMOA représente une zone d’intérêt stratégique pour le développement futur du groupe L’Archer et s’inscrit pleinement dans notre plan d’expansion. Pour l’instant, notre priorité reste le marché de la CEMAC, où nous consolidons notre position en tant qu’acteur financier de référence. Nous avons l’ambition de structurer un écosystème solide et performant dans notre région avant d’élargir nos horizons.

Cela dit, notre vision est résolument panafricaine. D’ici deux ans, nous prévoyons d’intensifier notre présence en UEMOA en nouant des partenariats stratégiques avec des acteurs majeurs de la zone. Ce développement se fera dans une logique de complémentarité et de création de valeur, en mettant à profit notre expertise en gestion d’actifs et en ingénierie financière pour accompagner la dynamique d’investissement et de mobilisation de capitaux dans l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.

PAGESAFRIQUE.COM

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *