Il se fait remarquer tant dans les rues de la ville d’Owando que dans celles de la ville de Brazzaville. Commando, de son vrai nom, Guy Claude Itoua, se promène avec son instrument de musique traditionnelle, suffisamment encombrant, qu’il appelle «Okolobongo». Pagesarik l’a rencontré.
Pagesafrik : Comment appelez-vous cet instrument que vous chérissez tant comme un bébé ?
Guy Claude Itoua : Mon instrument de musique s’appelle «Okolobongo». Il est composé d’une calebasse en temps normal, différente de celle qui est là en ce moment parce que celle-ci est moderne ; de quelques fils comme une guitare, de lianes, de palmes tirées de palmiers dattiers. Comme je vous l’ai dit, on a remplacé la calebasse traditionnelle par un composant moderne. La manche est également moderne. Toutefois, je ne peux pas vous parler avec exactitude du nouvel instrument que tiens actuellement. Je puis simplement dire que j’ai un «Okolobongo» moderne. J’y trouve tout ce qu’on trouve dans le «Okolobongo» traditionnel.
Pagesafrik : Est-ce que c’est une production personnelle ou une commande spéciale ?
Guy Claude Itoua : J’en profite pour remercier un aîné Melfan Kamba, qui m’a fait le plaisir de me l’offrir. Il l’a fait faire par M. Abia, un homme qui fabrique les guitares et qui est récemment au pays. Je ne sais pas comment il a fait pour fabriquer un instrument «Okolobongo» moderne. Je suis simplement satisfait de ce qu’il a fait.
Pagesafrik : Comment expliquez-vous le fait que vous produisiez de la musique traditionnelle avec un instrument de musique aussi moderne ?
Guy Claude Itoua : Oui, en effet, mais l’instrument moderne ne remplace que le «Okolobongo» traditionnel. La musique traditionnelle est la même. Je me retrouve dans cet «Okolobongo» moderne. Ça ne dérange pas ma musique. Je produis les mêmes sons, la même musique.
Pagesafrik : Sans vouloir vous vexer, de quelle partie du Congo vient le «Okolobongo»?
Guy Claude Itoua : Le «Okolobongo» vient du département de la Cuvette, précisément d’Owando.
Pagesafrik : Peut-on avoir une idée de votre répertoire ?
Guy Claude Itoua : Oui, j’ai beaucoup de chansons. Je chante la paix, le retour à la terre, l’unité nationale. Je chante aussi la société traditionnelle.
Pagesafrik : Comment expliquez-vous que vous soyez seul avec votre instrument alors que des jeunes aimeraient apprendre à le manipuler ?
Guy Claude Itoua : Je demande toujours aux jeunes de venir apprendre. Cette musique que je produis avec cet instrument est pour moi comme un don. Avec mon «Okolobongo», je joue le rôle de quatre personnes. Je chante, je danse, je joue à «Okolobongo» et je fais l’animation. C’est trop me demander. Je souhaite de tout cœur que ces jeunes viennent à l’école d’Okolobongo. Je les y attends. Après mon passage à l’IFC, plusieurs jeunes sudistes sont venus vers moi pour vouloir apprendre à le jouer. C’est difficile parce que je vis à Owando.
Pagesafrik : Voulez-vous dire que vous n’assurez pas la postérité, ne serait-ce qu’à Owando ?
Guy Claude Itoua : Lorsque je joue mon instrument, beaucoup de jeunes m’apprécient mais ne semblent pas se précipiter pour venir apprendre. Je préviens simplement que ce n’est pas facile d’apprendre à jouer «Okolobongo». Il faut aimer ce qu’on fait.
Propos recueillis par Florent Sogni Zaou