Le chercheur en esthétique et critique d’art marocain Abdallah Cheikh vient de remporter le prix Sharjah de la recherche critique en arts plastiques pour son ouvrage intitulé «Les termes techniques de la critique artistique arabe: une approche médiatrice de certains modèles marocains contemporains».
Les organisateurs ont annoncé cette nouvelle à travers le magazine émirati «Al-Rafid». Ce prestigieux prix est le seul et le premier dans le monde arabe qui accorde une attention particulière à la recherche critique en arts plastiques.
Le Prix Sharjah de cette édition, le critique d’art et chercheur Abdallah Cheikh considère que cette consécration se prononce comme une motivation considérablement importante pour la recherche et les études universitaires qui tentaient de formuler un discours parallèle aux expériences créatives les plus marquantes dans leurs divers emplacements géographiques, affiliations culturelles et aventures visuelles riches et variées », explique-t-il.
Ce natif d’Essaouira a consacré sa vie depuis plusieurs décennies à l’écriture critique et à l’enseignement supérieur de différentes disciplines allant de l’histoire de l’art à celle des civilisations en passant par l’analyse d’images, bandes documentaires, théories et histoire du «design»…
Dans son ouvrage couronné « les termes techniques de la critique plastique arabe», Abdallah Cheikh aborde le sujet avec précision et minutie à partir de quelques modèles représentatifs de la critique d’art d’usage au Maroc en raison du chevauchement de leurs références cognitives et esthétiques avec leur terminologie empruntée à plusieurs disciplines scientifiques réparties entre histoire de l’art, critique d’art et esthétique, et leur rapport avec l’émergence de nouveaux concepts tels que le «postmodernisme», «contre l’art» et «la fin de l’art».
L’auteur s’est également interrogé, à travers son livre, sur certaines des expériences de la critique plastique au Maroc, avec un focus sur les expériences des critiques d’art Ibrahim El Houcine et Benyounes Amirouche. Il a en outre tenté d’approcher le projet de lecture du défunt chercheur et penseur Abdelkébir Khatibi, notamment à travers ses livres «Le nom arabe blessé» et «L’Art arabe contemporain ».
Ici, Abdallah Cheikh tente d’entamer une interprétation contemporaine qui propose plusieurs disciplines dans lesquelles se croisent critique sociologique, recherche sémiologique, critique littéraire et anthropologie. « L’étude du terme critique dans la créativité plastique arabe est le principal point d’entrée pour lire ses expériences et les mécanismes de son fonctionnement qui sont représentés par une lecture scientifique contemporaine. Les données théoriques et procédurales ne peuvent être profondément comprises que si l’appareil terminologique que porte la créativité visuelle exceptionnelle est comprise dans ses aspects indicatifs et suggestifs », indique-t-il.
Pour lui, il n’est pas étonnant que la relation entre le terme critique formateur et le terme faisant référence à d’autres sciences et arts soit ambiguë, car elle résulte de « la culture encyclopédique qui caractérise le critique contemporain qui est imprégné de multiples domaines de connaissance et ouvert à ses approches et théories complexes », pousuit-il.
Abdallah Cheikh a également passé en revue des aspects de l’expérience critique du chercheur esthétique Boujemaa Achefri. Ce dernier qui, dans son expérience, privilégie la fonction symbolique des formes, en s’appuyant sur une perspective de lecture particulière à travers ses livres «L’art entre le mot et la forme» et « L’oeil et l’oubli ».
Il est à noter que le chercheur Abdallah Cheikh compte à son actif de nombreux ouvrages notamment «Boujmâa Lakhdar et la magie du signe», «Les voix du Silence», «Chaïbia Talal … une légende vivante», et «La communication et la publicité à l’ère de l’image», en plus de ses innombrables contributions à des livres collectifs et des traductions, ainsi que la coordination de plusieurs autres ouvrages dans divers domaines artistiques.