Le Kivu, au coeur des tensions dans la région des Grands Lacs

Goma (RD Congo), 5 oct 2018 (AFP) – La région du Kivu, en République démocratique du Congo, où le gynécologue Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix 2018, lutte contre les violences sexuelles employées comme « armes de guerre », est le théâtre depuis des années de sanglants conflits.

Les civils en sont les principales victimes: prises d’otages, meurtres, pillages et incendies de villages.

Parmi eux, les femmes et les enfants subissent viols et mutilations, soignés par Denis Mukwege, surnommé « l’homme qui répare les femmes », dans sa clinique de Bukavu-Panzi (Sud-Kivu).

Vendredi, les jurés du Nobel ont ainsi récompensé une des voix les plus sévères contre le régime du président congolais Joseph Kabila, à deux mois et demi de l’élection présidentielle.

Le conflit et l’action de Denis Mukwege ont inspiré une bande dessinée intitulée « Kivu », du scénariste Jean Van Hamme et du dessinateur Christophe Simon parue en septembre.

Frontalier du Rwanda, du Burundi, de l’Ouganda et de la Tanzanie, le Kivu, situé dans l’Est de la République du Congo, s’est trouvé au coeur des tragédies de la région des Grands Lacs.

La RDC a été ravagée par deux guerres régionales (1996-1997 et 1998-2003), entamées dans le Kivu par des rébellions qui se sont élargies, allant jusqu’à impliquer sept pays africains sur le sol congolais, dont le Rwanda.

Kigali, dominé par la minorité tutsi, a justifié ses opérations dans l’est de la RDC par des impératifs de sécurité, alors que plus d’un million de Rwandais hutu s’y étaient réfugiés en 1994 après le génocide et la contre-offensive victorieuse de la rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR) venue d’Ouganda.

Nouvel homme fort du Rwanda, le Tutsi Paul Kagame a soutenu la rébellion congolaise de Laurent-Désiré Kabila pour renverser le maréchal Mobutu en mai 1997.

Pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003), nombre de groupes d’autodéfense congolais – les rebelles « Maï Maï » – ont été armés par le pouvoir pour combattre les envahisseurs ougandais ou rwandais. Certains n’ont jamais désarmé.

Les deux guerres du Congo ont fait des millions de morts.

Le Kivu, composé des provinces du Nord et du Sud, est riche en ressources naturelles, principalement minières comme l’or ou le coltan. Ce minerai indispensable pour les téléphones portables alimente depuis 25 ans les trafics des milices dans la région, au point que de nombreux rapports l’ont qualifié de « minerai de sang ».

Le Kivu connaît des violences quasi-quotidiennes. Le Groupe d’études sur le Congo de l’université de New York a recensé 134 groupes armés actifs dans le Nord et le Sud Kivu, au nez et à la barbe des forces régulières et des Casques bleus de la Monusco, mission de l’ONU présente depuis 1999.

AFP

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