La RDC : une maison divisée !

TRIBUNE. La situation à Goma est critique, affirment plusieurs sources étrangères. Quand on parle à certains militaires déployés au front, on a le cœur serré. Ce qui frappe, c’est le dilemme auquel ces femmes et ces hommes en uniforme sont confrontés. La plupart d’entre eux disent se battre pour défendre la patrie et non le régime de Kinshasa, jugé responsable de ce qui arrive aujourd’hui. Il y a quelques jours, un haut gradé me lançait ceci : « Qu’il (F. Tshisekedi) demande à ses frères (de tribu) de venir combattre ici… » Le rejet de Félix Tshisekedi dans le Kivu est total, explique-t-on. Dans ce contexte, on ne comprend pas pourquoi l’UDPS, le parti au pouvoir, tient tant au changement de la Constitution, alors qu’une partie du Congo est occupée par le Rwanda !? Pourquoi vouloir à tout prix embarquer dans une entreprise rejetée par la majorité des Congolais et qui risque de précipiter la balkanisation du pays ? Les Congolais sont confrontés à un drôle de dilemme aujourd’hui, alors que la ville de Goma est assiégée par les nazis du M23 et leur parrain rwandais. Déterminés à soutenir et à accompagner leurs forces armées (FARDC) déployées au front, ils ne savent plus comment se positionner vis-à-vis du régime de Kinshasa, qui semble avoir d’autres priorités et qui instrumentalise cette guerre pour s’attirer les sympathies de l’opinion nationale. Aux yeux de nombreux Congolais, le régime de Félix Tshisekedi constitue une menace au même titre que les nazis du M23 et le Rwanda de Paul Kagame. La RDC est une maison très divisée contre elle-même, et pour beaucoup, Félix en est le principal responsable. L’infiltration de l’armée par le Rwanda n’explique pas tout. La tribalisation à outrance des institutions civiles et militaires, le népotisme, l’insouciance qui caractérise le pouvoir et les acteurs politiques, sont autant de maux qui divisent et facilitent le travail de l’ennemi au pays de Lumumba… Patrick Mbeko
Cessez-le-feu dans le Kivu : volonté américaine, hypocrisie rwandaise et naïveté congolaise

LIBRES PROPOS. Il y a deux jours, les États-Unis ont annoncé avoir facilité un cessez-le-feu de 72 heures impliquant la RDC et le Rwanda. Cessez-le-feu qui a été confirmé par les Forces armées congolaises (FARDC) hier. Ça fait des mois que Washington appelle à la désescalade entre les deux pays. Une position d’autant plus surprenante qu’à Gaza, où l’armée israélienne tue les femmes et les enfants palestiniens comme des lapins, les mêmes Américains se montrent particulièrement opposés à tout cessez-le-feu entre le Hamas et Tsahal. Comment comprendre leur posture vis-à-vis de la RD Congo, où le Rwanda et ses supplétifs du M23 propagent la mort et la désolation ? Et que dire des autorités congolaises qui acquiescent aux demandes de la Maison-Blanche alors que les États-Unis portent une lourde responsabilité dans la situation de chaos qui perdure dans la partie orientale de la RD Congo depuis deux décennies maintenant ? Comment peuvent-elles faire confiance à un pays qui a prouvé plus d’une fois que la destruction des vies au Congo (comme à Gaza d’ailleurs) était le cadet de ses soucis ? En lisant le communiqué d’Adrienne Watson, la porte-parole du Conseil de sécurité national de la Maison-Blanche, les Congolais les plus avisés ont toutes les raisons du monde d’être inquiets. En effet, on peut lire dans le communiqué que « les États-Unis sont par ailleurs favorables à la reprise des processus de Nairobi et de Luanda visant à s’attaquer aux facteurs actuels et historiques qui perpétuent cette crise de longue date. » Pour un esprit non averti, il n’y a rien d’inquiétant dans ces quelques mots. Mais seulement voilà : non seulement les processus de Luanda et de Nairobi font le jeu du Rwanda et de ses supplétifs présents en RDC, mais Washington semble reprendre ici les éléments de langage du Rwanda, qui inscrit l’instabilité au Kivu dans l’histoire tourmentée de cette région. Autrement dit, si le Rwanda attaque et déstabilise continuellement le Kivu, c’est parce que les Congolais hébergent de soi-disant « génocidaires » hutus rwandais sur leur territoire. D’où l’utilisation de la formule : « s’attaquer aux facteurs actuels et historiques qui perpétuent cette crise de longue date. » Or la crise actuelle dans le Kivu n’a rien à voir avec tout cela, mais bien avec les velléités hégémoniques du régime Paul Kagame. En clair, les diplomates américains restent persuadés que le retour à la paix et à la stabilité dans l’Est du Congo passe aussi par le Rwanda. Alors que ce pays est à l’origine même des problèmes que connaît cette partie de la RD Congo. C’est un véritable piège à con dans lequel le régime de Kigali enferme le Congo pour justifier les agressions répétées et l’occupation d’une partie du Kivu. Les dirigeants congolais, qui semblent ne rien comprendre, doivent impérativement rejeter les éléments de langage du Rwanda répétés à l’envi par les États-Unis. Tant que le rapport de force sur le terrain militaire ne sera pas inversé, le Rwanda continuera à déstabiliser le Congo… tout en comptant sur l’hypocrisie légendaire des États-Unis, mais aussi de l’Union européenne. Par Patrick Mbeko
RDC. Les révélations de Charles Onana sur Azarias Ruberwa 𝐞𝐭 Laurent Nkundabatware confirmées par Jean-Pierre Bemba

LIVRES. On croyait tout savoir sur les différents conflits armés auxquels la RD Congo est confrontée depuis 1996. L’incroyable enquête de Charles Onana sur l’Holocauste congolais et l’omerta de la communauté internationale qui le caractérise vous fera déchanter. Le livre-choc du politologue et journaliste d’investigation franco-camerounais tombe à pic, pour ne pas dire à point nommé, alors que la RDC est confrontée à une énième agression militaire pilotée par le Rwanda via ses supplétifs du M23 (Mouvement du 23 mars). Explosif, il fourmille de révélations et d’anecdotes sur certains acteurs impliqués dans le drame qui frappe la partie orientale du Congo, le Kivu. C’est notamment le cas de deux personnages bien connus dans la région des Grands Lacs ainsi que dans les chancelleries occidentales : Azarias Ruberwa Manywa et Laurent Nkunda Mihigo. Le premier a été vice-président dans le gouvernement de transition « 1+4 » et plusieurs fois ministre, et le second a été officier supérieur avec grade de général dans les Forces armées congolaises (FARDC). Mais qui est Laurent Nkunda ? L’état-major de la MONUC (actuelle MONUSCO) a rédigé un rapport spécial (special report) d’une dizaine de pages sur ce chef milicien et criminel de guerre. Ainsi, dans ce rapport de la MONUC du 19 janvier 2006 révélé par Charles Onana, Laurent Nkunda Mihigo est présenté comme « un Munyamulenge du Rwanda » qui a étudié dans une école d’infirmiers à Bukavu. Ayant échoué à ses examens et n’ayant jamais achevé sa formation d’infirmier, il n’a pu obtenir de diplôme pour exercer ce métier. Toujours selon le rapport de la MONUC, « il est ensuite retourné CHEZ LUI AU RWANDA où il a rejoint l’armée » de Paul Kagame et est devenu sergent. « C’est en 1996, lors de la première rébellion des Banyamulenge qu’il rejoint l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila. À cette époque, Nkunda devient capitaine avant de se retrouver peu après à Kisangani comme commandant de brigade au sein du RCD-Goma », lit-on dans le même rapport. La MONUC reconnaît aussi que « durant sa période de commandement, Laurent Nkunda s’est rendu coupable de nombreuses violations de droits humains, notamment des crimes de masse à Kisangani » et qu’il a reçu, à de nombreuses reprises, l’aide militaire du Rwanda. Bien que nommé au sein des FARDC, il refusera d’aller à Kinshasa de peur d’être arrêté pour les atrocités qu’il avait commises, précise le rapport onusien. Contrairement donc à tout ce qui a été écrit et avancé dans les médias sur les attaches de Laurent Nkunda et son histoire familiale en RDC, la MONUC semble dire sans hésitation que son pays c’est le Rwanda. Ces conclusions de la Mission des Nations unies au Congo correspondent exactement à ce que disait le vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, chef de guerre lui aussi, au sous-secrétaire d’État américain chargé des Affaires africaines, Donald Yamamoto, le 22 juin 2004, à Kinshasa. S’appuyant sur un document confidentiel, Charles Onana montre en effet que Bemba avait, à cette occasion, lourdement insisté auprès du représentant américain en affirmant que Laurent Nkunda n’est pas Congolais mais Rwandais et qu’il avait connu ce dernier lorsqu’il était officier de renseignement de Paul Kagame à Kisangani. Les révélations et anecdotes de ce genre, le livre en fourmille. Le cas d’Azarias Ruberwa est tout aussi emblématique que celui de Laurent Nkunda. On apprend ainsi que celui-ci serait né dans trois endroits différents ! Dans son livre, Ruberwa affirme en effet qu’il est né à Minembwe, au Sud-Kivu. Il ne serait donc pas Tutsi rwandais mais Tutsi rwandophone du Congo ou Banyamulenge. Seulement voilà: lorsqu’il obtient, le 31 octobre 1984, son diplôme d’État au Zaïre (l’équivalent du baccalauréat sous le régime du président Mobutu), il est clairement mentionné dans son diplôme qu’il est né à Rugezi, une localité située au nord du Rwanda, proche de la frontière avec l’Ouganda. Juste avant l’obtention de son diplôme d’État, Ruberwa Manywa a reçu son « certificat d’aptitude physique » le 11 octobre 1984, lequel mentionne qu’il est né à Itombwe, dans la province du Sud-Kivu. Et Charles Onana de s’interroger : « Alors, Monsieur Ruberwa est-il né au Rwanda ou en RDC ? Est-il né le 20 août 1964 à Rugezi, à Itombwe ou à Minembwe, soit le même jour à trois endroits différents ? » Le politologue et journaliste d’investigation franco-camerounais de souligner : « Cette situation résume à elle seule toute la confusion et les ambiguïtés qui règnent autour de la question des Tutsi rwandophones et leur appartenance tantôt au Rwanda tantôt au Congo-Zaïre. Les guerres qu’ils alimentent à l’est de la RDC donnent plus que jamais l’impression qu’ils travaillent davantage pour le Rwanda que pour la RDC. L’exemple de Laurent Nkunda, aujourd’hui réfugié au Rwanda, est emblématique. Cet individu, recherché comme criminel de guerre et criminel contre l’humanité, a longtemps péroré sur son statut de Tutsi Rwandophone et de défenseur inconditionnel des Banyamulenge. En découvrant dans le rapport spécial de la MONUC de janvier 2006 qu’il était plutôt Rwandais, nous avons été surpris. Comment cet homme a-t-il réussi à devenir général des FARDC sous le matricule 614655k, à la suite du décret N°019/2003 du 19 août 2003 signé par Joseph Kabila ? » Comme susmentionné, le livre de Charles Onana tombe à point nommé au regard de l’actualité. En tant que Congolais, on est concerné par le sujet et choqué par ce que révèle l’auteur. C’est aussi un appel à l’éveil patriotique parce que l’Holocauste qui y est décrit ne peut ni ne doit plus perdurer. À la classe politique et à ce qui reste de l’élite congolaise, c’est une invitation à une prise de conscience collective face au danger qui guette la RDC et sa population. Les quelques révélations présentées ici seront-elles prises en compte par les dirigeants congolais dans leur appréciation de la crise que connaît aujourd’hui la RD Congo ? Félix Tshisekedi et sa présidence continueront-ils à faire perdurer le statu quo ? Le gouvernement congolais finira-t-il par rompre avec la stratégie de l’autruche ? Le tout nouveau ministre
RDC : Où va notre pays???

OPINION. Selon de nombreux témoignages des habitants sur place, notre armée a été attaquée simultanément sur trois fronts : au poste frontalier Kitagoma par l’UPDF ougandais et par le M23/RDF rwandais sur le front Bunagana-Rutshuru tout comme sur le front Kalengera-Kako-Rumangabo. Après la prise de Rutsuru, Kiwanja et l’abandon du camp militaire de Rumangabo par les FARDC, l’ennemi semble mettre le cap sur la ville stratégique de Goma pour forcer le gouvernement congolais d’aller en position de faiblesse à la table de négociation et à accorder encore et encore des concessions nuisibles aux intérêts vitaux du grand Zaïre. Si nous tenons encore à ne pas tomber dans ce piège ennemi, il faut qu’on sache que la trop tardive mesure de l’expulsion du tout-puissant ambassadeur rwandais Vincent Karega s’avère largement INEFFICACE. Ce monsieur a beau être expulsé de Kinshasa mais rien ne changera sur le théâtre des opérations militaires aussi longtemps que : – la présidence de la République ne réussira pas à DISSOUDRE le cabinet parallèle formé des collaborateurs ( rwandais et congolais) connus de tous et qui rendent quotidiennement rapport à leur chef de Kigali – La présidence congolaise ne réussira pas à nettoyer la chaîne de commandement militaire de FARDC massivement infiltrée par des officiers rwandais de haut rang qui transmettent des informations top secret à l’ennemi – la présidence congolaise ne prendra pas le courage d’ANNULER le protocole d’accord de coopération pour l’exploitation de l’or produit par Sakima, signé en juin 2021 avec Kigali et également de l’exploitation des ressources minières, gazières et du coltan – la présidence ne se contentera plus de SUSPENDRE mais plutôt d’ANNULER ipso facto tous les Accords militaires permettant à l’Ouganda et au Rwanda d’opérer librement sur le territoire congolais et ainsi d’équiper ces rebelles là mêmes qui mettent le pays à feu et à sang – les dirigeants congolais n’arrêteront point leur naïveté insupportable d’accorder un moindre crédit aux pays membres de l’EAC qui visiblement interviennent plus en pyromanes qu’en pompiers dans le projet sous-régional d’éradiquer des groupes rebelles à l’Est congolais. Tant que ces cinq conditions draconiennes énumérées ci-haut ne seront pas prises en compte, il faut considérer l’expulsion de l’ambassadeur rwandais comme de la simple poudre jetée aux yeux des congolais, comme un simple sparadrap bandé sur la plaie béante et gangrenée de l’insécurité en RDC ou encore comme cette sempiternelle astuce destinée à couvrir l’ennemi qui reste pourtant bien installé dans la maison Congo avec la complicité de ses propres dirigeants. Par Germain Nzinga
Avancée du M23 en RD Congo : les combats mettent de nouveau les civils en danger

Le week-end dernier, les rebelles du M23 ont étendu leur zone de contrôle dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo. Des dizaines de milliers de personnes ont fui pour se mettre en sécurité, aggravant une situation humanitaire déjà catastrophique dans l’est du pays. Le groupe armé, qui bénéficie d’un soutien direct du Rwanda, a lancé une offensive le 20 octobre et s’est emparé d’une grande partie du territoire de Rutshuru, prenant notamment les cités de Rutshuru Centre et Kiwanja. Ces deux localités rurales abritaient une grande partie des 186 000 personnes déplacées qui avaient déjà fui la reprise des combats entre le M23 et les forces congolaises au cours des derniers mois. Bon nombre de ces personnes sont à nouveau en fuite. Human Rights Watch a documenté des exactions généralisées commises en 2012 par les combattants du M23 contre des civils, notamment de nombreux meurtres et viols. Le fait que les autorités congolaises et rwandaises n’aient toujours pas tenu ce groupe armé responsable de ses crimes passés renforce les inquiétudes quant à la sécurité des civils désormais sous son contrôle. Le M23 a été formé en 2012 par des déserteurs de l’armée congolaise, eux-mêmes anciens rebelles d’un groupe armé appelé le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), également soutenu par le Rwanda. Après la prise de Kiwanja par le CNDP en 2008, ses forces ont exécuté sommairement des dizaines de civils en deux jours. « On n’a pas oublié le massacre de 2008 », a récemment déclaré un habitant de Kiwanja âgé de 44 ans. « Et en 2012, ils m’ont mis au cachot et pourtant je n’avais rien fait. Vont-ils cibler encore les gens ? » S’exprimant lors d’un briefing des Nations Unies la semaine dernière, l’ambassadeur des États-Unis à l’ONU, Robert Wood, a appelé « les acteurs étatiques à cesser de soutenir [l]es groupes [armés], notamment l’aide apportée par la Force de défense rwandaise au M23 ». Les responsables rwandais ont nié avoir soutenu des forces rebelles en RD Congo en 2008 et 2012, et ont démenti soutenir le M23 cette année. Au contraire, le gouvernement rwandais a dénoncé la violence et les discours de haine contre les personnes perçues comme tutsi ou rwandaises en RD Congo, qu’il impute à la « collusion entre les forces armées congolaises et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) », un groupe armé rwandais majoritairement hutu dont certains dirigeants sont liés au génocide de 1994 au Rwanda. La connivence cette année entre les FDLR et l’armée congolaise, que Human Rights Watch a documentée, ne justifie toutefois pas que le Rwanda soutienne le M23, responsable d’abus. L’Union africaine appelle au dialogue. Tout accord régional devra tenir compte de la protection et des préoccupations humanitaires des civils concernés. Il est essentiel de veiller à ce que les responsables des atrocités passées, qu’elles aient été commises par le M23, d’autres groupes armés ou les forces armées gouvernementales, soient traduits en justice. Sans cela, il est difficile d’entrevoir une amélioration du sort des populations de l’est de la RD Congo. Thomas Fessy Chercheur principal pour la RD Congo Retrouvez cet article sur HRW
RDC/Rwanda. L’expulsion de Vincent Karega ou la manifestation de l’impuissance de Félix Tshisekedi face à Paul Kagame

OPINION. La République démocratique du Congo (RDC) est agressée par l’État-voyou du Rwanda via les mercenaires du M23. On compte des morts et des blessés dans la population civile congolaise. Des dizaines, voire des centaines de milliers de Kivutiens sont obligés de quitter leurs terres à la recherche d’un havre de paix et de sécurité. À Kinshasa, on fait semblant de vociférer contre le Rwanda, sans plus. Face à la gravité à la situation consécutive à la poussée du M23, le tout premier président nommé de l’histoire de l’humanité, Félix Tshisekedi, décide de présider un Conseil supérieur de la défense. Alors que la population s’attend à des décisions d’une grande portée compte tenu de la gravité de la situation, le Conseil de défense accouche d’une décision à la mesure de l’impuissance qui caractérise le pouvoir fantoche de Kinshasa : on se contente d’annoncer l’expulsion de l’ambassadeur du Rwanda à Kinshasa, Vincent Karega, sans plus. Je vois déjà certains Tshilombistes dire : « N’est-ce pas ce que vous demandiez Patrick ? ». Oui, mais l’expulsion de l’ambassadeur rwandais n’a jamais été la priorité des priorités, mais plutôt la dernière mesure des mesures « punitives » à prendre contre le Rwanda. Voilà pourquoi j’ai toujours prôné avant tout la RUPTURE DES RELATIONS (diplomatiques, commerciales, etc.) avec le Rwanda. Une fois la RUPTURE TOTALE des relations actée, l’expulsion du diplomate, qui reste une mesure avant tout symbolique, ira de soi. En gros, la décision d’expulser Vincent Karega est un non-événement. Félix Tshisekedi, qui n’a jamais été élu par les Congolais et qui est arrivé aux affaires grâce à Joseph Kabila et Paul Kagame, connaît les limites de son pouvoir. Il suffit d’analyser ses faits et gestes dans le dossier du Rwanda pour s’en apercevoir. Tenez. Lorsque Paul Kagame a déclaré à la face du monde, à la grande stupéfaction des journalistes de RFI et France 24 qui l’interviewaient, qu’il n’y a jamais eu de crimes en RDC, Tshilombo s’est contenté de dire qu’il allait en discuter avec son « frère » Kagame. Lorsque le Rwanda a décidé d’agresser la RDC via le M23, il s’est gardé de nommer ce pays. Il a fallu attendre un rapport de l’ONU documentant le rôle du Rwanda pour que l’homme sorte de sa léthargie pour crier sur le toit de la communauté internationale ce que tout le monde savait déjà. Face à la dernière poussée du M23 épaulé par le même Rwanda, Félix annonce l’expulsion de l’ambassadeur Vincent Karega du Congo. Entre-temps, l’ambassadeur (en fait le chargé d’affaires) de la RDC au Rwanda n’est pas rappelé; les relations diplomatiques et commerciales avec Kigali semblent être au beau fixe; les minerais de la RDC continuent de sortir par le Rwanda pour le plus grand bonheur de ce pays, etc. De qui le fils d’Étienne Tshisekedi se moque-t-il ? À la lumière de tout ceci, on comprend pourquoi Kigali réagit aux décisions de Kinshasa par des haussements d’épaules. En effet, face aux gesticulations de Félix Tshisekedi, Paul Kagame réagit comme s’il était face à un enfant grognon. On l’a vu lors de la dernière Assemblée générale des Nations unies, et on le voit encore aujourd’hui suite à l’annonce de l’expulsion de Vincent Karega. « Il est regrettable que le gouvernement de RDC continue de faire porter au Rwanda la responsabilité de ses propres échecs de gouvernance et de sécurité », ont affirmé les autorités rwandaises. Signe que le Rwanda se moque de la décision prise à Kinshasa. Une décision qui témoigne de l’impuissance de l’impuissant Félix Tshisekedi face à Paul Kagame. Par Patrick Mbeko
Le Kivu et le prix de la compromission au sommet de la RDCongo

OPINION. L’offensive du M23 soutenu par le Rwanda semble prendre de l’ampleur. Aux dernières nouvelles, les terroristes de ce mouvement se sont emparés des communes rurales de Kiwanja et Rutshuru. Que n’avons pas dit à propos du Rwanda et de son président Paul Kagame ? Aujourd’hui, les populations congolaises du Kivu payent le prix de l’irresponsabilité de la classe politique; elles payent le prix de la compromission et de la haute trahison au sommet de l’État. Et pourtant, nous n’avons cessé de mettre en garde le régime de Félix Tshisekedi contre tout rapprochement avec le Rwanda de Paul Kagame. Nous l’avons fait publiquement, mais aussi en privé. Certains responsables des services de sécurité et de l’armée savent de quoi je parle ici. On nous reproche souvent d’être très critiques à l’égard du régime, mais peu de gens savent ce que nous avons tenté de faire pour aider ces gens, au nom de l’intérêt supérieur de la patrie. Dès le mois de mai 2019, j’ai transmis, via des intermédiaires à la présidence et à l’ANR, des messages sensibles au régime sur les réelles intentions du Rwanda en RDC; j’ai expliqué à mes interlocuteurs comment Paul Kagame comptait se servir de Félix Tshisekedi dans sa stratégie sous-régionale. Les informations que je leur ai transmises provenaient de sources de première main. Je vous épargne les détails. Et vous savez quoi ? On m’a fait comprendre que ce n’était pas important. Si nous avons été écoutés par certains, d’autres, notamment les « djikains » proches de Félix Tshisekedi, n’ont pas voulu entendre raison. Inutilement arrogants, ils étaient persuadés de maîtriser la situation. Chaque fois qu’on abordait la question du Rwanda, quelqu’un te sortait : « Le chef maîtrise la situation… » et patati patata. Quelqu’un de très important m’a même dit : « Penses-tu mieux comprendre ce qui se passe au Kivu que le président ? » Au Canada et dans les autres pays des 5eyes, les experts occupent une place importante dans le dispositif du système de renseignement. Jusqu’à présent, je peux affirmer sans prétention que toutes mes analyses sur les rapports entre la RDC de Tshilombo et le Rwanda de Kagame se sont confirmées. Bref. Comment un « président » peut-il avoir le contrôle d’une situation dont il ne maîtrise les tenants et les aboutissants ? Comment peut-il s’assurer de comprendre les enjeux en présence quand il a autour de lui des personnes, qui comprennent à peine dans quel merdier se trouve le Congo ? Comment peut-il manoeuvrer de manière réfléchie et stratégique quand ses collaborateurs et lui ont une connaissance lacunaire de l’histoire politique, géopolitique et géoéconomique de la région des Grands Lacs ? De deux choses l’une : soit Félix Tshisekedi est conscient de ce qui se passe et préfère jouer le jeu de Paul Kagame pour des raisons qui lui sont propres; soit il est conscient de la situation, mais a peur de bouger en raison des accords qu’il a tissés avec son homologue et «frère» rwandais. Dans tous les cas, c’est la RDC qui perd. Depuis l’arrivée de Tshilombo au pouvoir, nombreux sont les compatriotes au sein des services, soucieux de la situation sécuritaire dans le Kivu, qui se méfient du régime : « Tozo comprendre mutu oyo te (allusion à Félix Tshisekedi) » affirmait, début 2020, un responsable de l’ANR. Une autre source, cette fois rwandaise, de me poser la question : « Qu’est-ce que Kagame a contre votre président pour qu’il se comporte de la sorte ? » Nous sommes arrivés à un point où certains services de renseignement étrangers préfèrent passer par des canaux peu commodes pour transmettre certaines informations sensibles, parce que disent-ils, leurs homologues congolais ne sont pas du tout professionnels. Depuis la mise à l’écart de François Beya, c’est le bordel au sein du Conseil national de sécurité. En vérité, la RDC n’est pas dirigée. Paul Kagame et ses hommes le savent, les « Kagame Boyz » infiltrés dans les institutions congolaises le savent également. Pour tout dire, le Congo et sa population sont en train de payer le prix de l’incompétence au sommet de l’État. Félix Tshisekedi et sa bande sont la preuve qu’on ne peut pas gérer un pays avec des « coopérants » et des jouisseurs… Par Patrick Mbeko
RD Congo. Jean-Pierre Bemba ne mérite pas la confiance des Congolais

OPINION. Jean-Pierre Bemba s’est-il déjà un jour soucié du bien-être de la RD Congo et de son peuple ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que le président du MLC et collègue d’Augustin Kabuya ne semble pas être préoccupé par la situation sécuritaire dans le Kivu. En effet, depuis la prise de Bunagana par le M23, Bemba est aux abonnés absents. À la différence de Félix Tshisekedi, qui fait semblant de hausser le ton contre le Rwanda, le « commerçant de Gemena » préfère se murer dans un silence assourdissant. À voir comment Jean-Pierre Bemba se comporte depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, il y a des raisons de penser que ce monsieur n’a jamais eu à cœur les intérêts de la République à démocratiser du Congo. Tout ce qui importe à ses yeux, ce sont ses intérêts personnels. Intolérant et cupide, il est prêt à toutes les compromissions pourvu que ceux-ci soient préservés. Ce faisant, qu’est-ce qu’il en a foutre de la misère que connaissent nos compatriotes de Bunagana et ses environs ? À ces compatriotes de l’Équateur qui le soutiennent les yeux fermés, j’ai une question : qu’a-t-il déjà fait de bon pour votre province, qui s’apparente à une ville moyenâgeuse ? Bref. Jean-Pierre Bemba ne mérite pas la confiance des Congolais. À l’instar du dénommé Moïse Katumbi, qui n’a jamais, lui aussi, critiqué les actions déstabilisatrices du Rwanda en RDC. Et dire que des millions de Congolais ont cru en lui ! Et dire que j’y ai cru aussi. Non, Jean-Pierre Bemba ne mérite pas la confiance des Congolais. Avec de telles personnalités politiques, pourquoi Paul Kagame se garderait-il de déstabiliser le pays de Lumumba ? C’est au moment de l’adversité qu’on sait reconnaître ses vrais amis, les vrais leaders et ceux sur qui on peut compter. La RD Congo saigne et sa classe politique hyper corrompue est silencieuse. Deux hommes ont cependant refusé le silence de la compromission : Martin Fayulu et le docteur Denis Mukwege. La République et le peuple congolais s’en souviendront. Quant à Jean-Pierre Bemba, on peut le jeter dans les poubelles de l’histoire sanglante de la région des Grands Lacs africains. La souffrance de la population congolaise n’autorise plus les faux-fuyants et la complaisance envers les « inutiles de la République »… Par Patrick Mbeko