Les écarts de rémunération entre hommes et femmes demeurent insupportablement élevés à l’échelle mondiale, avait déploré l’Organisation internationale du travail (OIT) dans son « Rapport sur les salaires 2018/2019 » publié il y a quelques mois.
Dans ce document, qui faisait état de la baisse de la croissance mondiale des salaires à son plus bas niveau depuis 2008, soit bien en-dessous des niveaux prévalant avant la crise financière mondiale, l’agence onusienne relevait que les femmes continuent d’être payées approximativement 20% de moins que les hommes.
Ce qui fera dire à Guy Ryder, directeur général de l’OIT: «L’écart de rémunération entre hommes et femmes représente aujourd’hui l’une des plus grandes manifestations d’injustice sociale et tous les pays devraient essayer de mieux comprendre ce qu’il cache et de progresser plus rapidement vers l’égalité des genres».
En détail, il avait été constaté que dans les pays à haut revenu, « c’est dans la partie haute de l’échelle des salaires que l’écart de rémunération entre hommes et femmes est le plus grand, tandis que dans les pays à bas revenu et à revenu intermédiaire l’écart de rémunération entre les sexes est plus fort parmi les travailleurs les moins bien rémunérés ».
Selon les auteurs dudit rapport, l’analyse des données empiriques avait permis de montrer aussi que les explications traditionnelles, comme les différences de niveau d’éducation entre hommes et femmes qui occupent un emploi salarié, jouent un rôle limité pour expliquer les écarts de rémunération entre hommes et femmes.
A ce propos, Rosalia Vazquez-Alvarez, économétricienne, avait fait remarquer à son tour que «dans de nombreux pays, les femmes sont plus éduquées que les hommes mais touchent des salaires inférieurs, même lorsqu’elles travaillent dans les mêmes catégories professionnelles».
Selon cette spécialiste des salaires à l’OIT et coauteur du rapport, «les salaires des hommes et des femmes tendent aussi à être inférieurs dans les entreprises et les professions où la main-d’œuvre féminine est prédominante ».
Analysant toujours les causes de l’écart de rémunération entre hommes et femmes, l’organisation avait également relevé que les mères perçoivent généralement des salaires inférieurs à ceux des femmes sans enfant à charge. Ce qui, avait-elle tenté d’expliquer, « peut être lié à une multitude de facteurs, dont les interruptions de carrière, les réductions du temps de travail, la moins bonne rémunération des postes permettant de concilier vie professionnelle et vie familiale ou les décisions de promotion stéréotypées à l’échelon de l’entreprise ».
Qu’à cela ne tienne, l’OIT s’était étonnée que « les faits montrent qu’avant même la maternité, les femmes subissent déjà une inégalité de rémunération », soulignant la nécessité de combattre les stéréotypes et la discrimination dès l’entrée sur le marché du travail.
Quoi qu’il en soit, le principe sur l’égalité salariale, « A travail égal, salaire égal », bien connu des employeurs et rarement appliqué, est encore loin d’être appliqué.
Alain Bouithy