Une inflation élevée impacterait les économies en développement

Une hausse de l’inflation mondiale pourrait peser sur les économies en développement et émergentes, a prévenu la Banque mondiale dans une étude inédite consacrée à l’inflation dans les économies émergentes et en développement et dont les principales conclusions ont été rendues publiques récemment.

Selon cette étude, qui inclut également un ensemble de données mondiales sur l’inflation qui couvre plus de 175 pays sur la période 1970-2017, les efforts déployés par les économies émergentes et en développement pour conserver le faible niveau d’inflation de ces dernières décennies pourraient être compromis si l’inflation mondiale continue de remonter.

La Banque mondiale affirme que «les conséquences délétères d’une inflation élevée risquent de peser lourdement sur les pauvres, qui conservent l’essentiel de leurs actifs en numéraire et qui dépendent principalement des revenus salariaux, des prestations sociales et des pensions».

Comme l’explique l’institution financière internationale, «un taux d’inflation élevé étant généralement associé à un ralentissement de la croissance économique, il est donc vital de maintenir l’inflation à un niveau modéré et stable si l’on veut lutter contre la pauvreté et les inégalités».

Intitulée «Inflation in Emerging and Developing Economies: Evolution, Drivers, and Policies», cette étude s’intéresse à l’évolution de l’inflation et aux facteurs mondiaux et nationaux qui l’alimentent, à l’influence que les anticipations d’inflation exercent sur la stabilité des prix et à sa sensibilité aux fluctuations du taux de change.

Comme le souligne l’institution de Bretton Woods dans un communiqué, l’étude analyse en particulier l’incidence de la politique monétaire et des variations des prix des produits alimentaires sur l’inflation dans les pays à faible revenu.

De même source, la BM ajoute qu’elle témoigne aussi de la confluence de facteurs structurels et politiques qui ont conduit au faible niveau de l’inflation mondiale sur les cinq dernières décennies, et en particulier à une intégration sans précédent du commerce international et des marchés financiers.

La Banque mondiale rappelle, en outre, que « l’adoption de politiques monétaires, de change et budgétaires plus résilientes a permis à certaines économies émergentes et en développement de mieux maîtriser l’inflation », mais elle craint que les facteurs extérieurs, qui ont contenu l’inflation ces dernières décennies, puissent s’affaiblir ou de disparaître.

Selon Shanta Devarajan, économiste en chef et directeur principal de la Banque mondiale pour l’économie du développement (par intérim), «cette nouvelle étude servira à concevoir des politiques qui protègeront les personnes et les économies les plus vulnérables des effets régressifs d’une forte inflation».

Si l’inflation a reculé de façon spectaculaire dans de nombreuses économies émergentes et en développement pendant près de cinq décennies, Ayhan Kose, directeur du Groupe d’étude des perspectives de développement de la Banque mondiale, et corédacteur du rapport, estime que «dans une économie mondiale fortement intégrée, il peut s’avérer aussi difficile de maintenir l’inflation à un niveau faible que de parvenir à ce niveau d’inflation».

Pour lui, tout porte à croire que «ces pays doivent se préparer à affronter des variations soudaines de l’inflation mondiale en renforçant leurs politiques monétaires, budgétaires et financières».

Alain Bouithy

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