Au Niger, l’économie devrait se redresser grâce aux recettes pétrolières
La note de la Banque mondiale sur la situation économique du Niger anticipe un rebond de la croissance après une année 2023 marquée par une crise politique sans précédent. La reprise de l’économie nigérienne dépendra cependant de la situation sécuritaire et des conditions climatiques, ainsi que de la vigueur de la production de pétrole destinée à l’exportation. Le rapport publié aujourd’hui analyse l’évolution récente de la situation économique et de la pauvreté au Niger et présente des prévisions à trois ans. Dans un chapitre spécial, il se penche sur le coût de l’amélioration de l’accès à un enseignement primaire et secondaire de qualité et formule des recommandations sur l’action à mener dans ce domaine. La crise politique provoquée par le changement anticonstitutionnel de gouvernement du 26 juillet 2023 et les sanctions commerciales et financières de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) qui se sont ensuivies ont considérablement réduit l’activité économique. La croissance du PIB est tombée à 2 % en 2023, alors que les prévisions avant la crise tablaient sur un taux de 6,9 %, puis de 12 % en 2024, à la faveur des exportations de pétrole à grande échelle attendues avec la mise en service de l’oléoduc fin 2023. Les dépenses publiques ont chuté en raison du gel des avoirs, de la perte des financements régionaux et d’une réduction significative des financements extérieurs, estimée à environ 7,5 % du PIB. L’investissement privé a également fortement diminué en 2023 en raison du climat d’incertitude et d’une crise de liquidité dans le secteur bancaire imputable aux sanctions financières. « Malgré les lourdes sanctions imposées par la CEDEAO en 2023, l’économie nigérienne a fait preuve de résilience, en partie grâce à l’intervention proactive des autorités. Ces mesures ont permis au gouvernement de continuer à payer les salaires du secteur public et de gérer la crise énergétique causée par l’interruption des importations d’électricité en provenance du Nigéria. L’économie nigérienne reste toutefois fragile et largement tributaire de l’agriculture pluviale, ce qui la rend vulnérable aux chocs climatiques. Il est essentiel d’investir dans le capital humain, et en particulier dans l’éducation, pour parvenir à une croissance inclusive et durable », souligne Han Fraeters, responsable des opérations de la Banque mondiale pour le Niger. Avec la levée des sanctions le 24 février 2024 et le rétablissement partiel des financements, la croissance pourrait remonter à 5,7 % cette année. Ce rebond serait tiré par les exportations de pétrole, tandis que les secteurs non pétroliers (industries et services), qui ont subi de lourdes pertes en 2023, peinent à se relever. Compte tenu des prévisions de croissance, le taux d’extrême pauvreté devrait diminuer à partir de cette année, pour s’établir à 42,5 % d’ici à la fin de 2026. Cette projection suppose que la production agricole progresse fortement et que la hausse des revenus pétroliers soit efficacement exploitée au profit de la population. « Alors que la production et les exportations de pétrole devraient augmenter les recettes publiques, elles vont également amplifier la volatilité de la croissance. Il s’agit en outre d’une ressource limitée et, en l’absence de la découverte de nouveaux gisements, les réserves pétrolières du Niger devraient commencer à décliner à partir du milieu des années 2030. C’est pourquoi il est crucial de se concentrer sur l’amélioration de la productivité en investissant notamment dans le domaine de l’éducation, souligne Mahama Samir Bandaogo, économiste senior à la Banque mondiale et coauteur du rapport. Ce secteur est aux prises avec de nombreuses difficultés, qui nécessitent des investissements considérables. Il existe cependant plusieurs options pour financer les dépenses supplémentaires nécessaires sans compromettre la viabilité des finances publiques. Ces mesures consistent notamment à améliorer l’efficacité des dépenses dans l’éducation et à renforcer la mobilisation des recettes intérieures (tant pétrolières que non pétrolières), pour disposer d’une marge de manœuvre budgétaire accrue de manière durable. »
L’économie de Djibouti enregistre une croissance solide en 2023, malgré des défis budgétaires persistants
En 2023, l’économie de Djibouti a enregistré un rebond remarquable, surpassant les prévisions avec une croissance du PIB estimée à 6,7 %. Ce dynamisme s’explique par la reprise de la demande croissante de l’Éthiopie pour les services portuaires et logistiques de Djibouti, ainsi que par une consommation intérieure soutenue par l’investissement privé et des mesures gouvernementales visant à atténuer les effets de l’inflation liée à l’invasion russe de l’Ukraine. Les perturbations du transport maritime en mer Rouge ont eu un impact mitigé sur l’économie D’après le dernier Rapport de suivi de la situation économique de la Banque mondiale pour Djibouti, intitulé « Renforcer la viabilité et l’équité des finances publiques », l’activité de transbordement au port de Djibouti a enregistré une hausse notable, avec une augmentation de 39 % du volume de conteneurs traités en mars 2024 par rapport à novembre 2023. Cependant, la crise a provqué une hausse considérable des coûts du fret maritime, qui s’est répercutée sur les prix des biens de consommation à Djibouti. En mars 2024, l’inflation a atteint 5 %, son niveau le plus élevé depuis décembre 2022, en raison d’une hausse de 6,1 % des prix des denrées alimentaires et des boissons non alcoolisées, affectant inégalement les différentes régions du pays. Les tensions en mer Rouge ont également entraîné une baisse des recettes douanières, qui ont chuté d’environ 910 millions de francs djiboutiens (0,1 % du PIB) au premier trimestre 2024. Malgré ces défis, les perspectives à moyen terme pour Djibouti restent prudemment optimistes, avec une croissance annuelle du PIB prévue à 5,1 % entre 2024 et 2026. Toutefois, des risques persistent, tels que la détérioration budgétaire, les tensions régionales et les chocs climatiques. Une gestion rigoureuse de la dette et des réformes budgétaires seront cruciales pour assurer la viabilité économique à long terme. Un autre enjeu majeur pour Djibouti est sa dette extérieure, qui continue d’augmenter en raison de l’accumulation de prêts non concessionnels. À la mi-2023, les arriérés avaient atteint 6 % du PIB. Pour garantir la viabilité à long terme, le pays devra régler ces arriérés et restructurer en profondeur son portefeuille de dette extérieure bilatérale, toujours selon le rapport. « Le nouveau plan de développement de Djibouti se concentrera principalement sur l’économie. Il est essentiel de renforcer la durabilité des réformes macroéconomiques et des finances publiques pour assurer une croissance inclusive et une prospérité à long terme pour Djibouti. En optimisant les politiques budgétaires et en mobilisant les ressources intérieures, nous améliorons les services publics et créons des opportunités pour tous les citoyens, en particulier les plus vulnérables », a déclaré Ilyas Moussa Dawaleh, ministre de l’Économie et des Finances de Djibouti en charge de l’Industrie. Le budget de l’État reste soumis à des pressions, notamment en raison des exonérations fiscales qui ont atteint 19 % du PIB en 2022. Les recettes fiscales, qui représentaient 13 % du PIB en 2019, sont tombées à 11,4 %. En 2023, bien que les recettes nominales aient augmenté grâce à la reprise économique, les recettes fiscales n’ont atteint que 11,5 % du PIB, en partie compensées par une baisse des recettes non fiscales. « Le rapport montre qu’une réforme fiscale est nécessaire pour assurer une redistribution plus équitable et accroître les recettes sans aggraver la pauvreté, a souligné Fatou Fall, représentante résidente conjointe de la Banque mondiale à Djibouti. Il sera également crucial de maximiser l’impact des programmes sociaux, tels que le Programme national de solidarité familiale, qui cible directement les populations les plus vulnérables. » Un chapitre spécial du rapport est consacré au secteur routier et aux dépenses publiques, soulignant l’importance cruciale des infrastructures routières pour la connectivité économique de Djibouti, en raison de sa position géographique stratégique et de l’importance de ses ports. La Banque mondiale à Djibouti Le portefeuille de la Banque mondiale à Djibouti comprend 19 projets représentant un montant total de 401,3 millions de dollars. Il porte sur l’éducation, la santé, les filets sociaux, l’énergie, le développement rural et urbain, la modernisation de l’administration publique, le développement numérique, le renforcement de la gouvernance, les infrastructures et le développement du secteur privé, et accorde une attention particulière aux femmes et aux jeunes.
La Banque mondiale accroit l’accès à la connectivité haut débit au Tchad
La Banque mondiale a approuvé un don de l’Association Internationale de Développement (IDA) d’un montant de 92.2 millions dollars, pour étendre l’accès à une connectivité haut débit abordable et résiliente au climat dans des zones ciblées et faciliter la fourniture de certains services publics numériques. Le Projet de Transformation Numérique du Tchad renforcera les cadres institutionnels, stratégiques, juridiques, réglementaires et politiques pour l’accès des populations tchadiennes aux services internet haut-débit, mettra en œuvre un écosystème numérique fiable, et développera des stratégies de numérisation du secteur public. Il étendra la connectivité haut débit dans les zones rurales, périurbaines et urbaines et renforcera les compétences numériques de la population, en particulier des femmes et des jeunes. Il améliorera aussi les services techniques de l’administration en développant les fondements des services et systèmes gouvernementaux numériques et en renforçant les capacités numériques des acteurs du secteur public ; et il fournira un appui à la coordination institutionnelle et au transfert de connaissances. « Ce projet permettra au Tchad de réaliser un saut technologique significatif. En tant que pays enclavé, le Tchad accuse un retard important en matière de taux de pénétration et d’accès à internet » a déclaré Rasit Pertev, représentant résident de la Banque mondiale au Tchad. « L’économie du pays bénéficiera non seulement d’une mobilisation accrue des investissements privés dans le secteur numérique, mais aussi de programmes de formation aux compétences numériques qui faciliteront l’utilisation productive de l’internet et renforceront l’employabilité des jeunes ». D’une durée de cinq ans, le Projet de Transformation Numérique du Tchad offrira à plus de 4,5 millions de personnes dans les zones rurales, un accès au haut débit, et permettra à plus de 2 millions de personnes d’utiliser activement les plateformes publiques numériques soutenues par le projet. Environ 40 000 bénéficiaires recevront directement des formations numériques, dont au moins 25 000 femmes et jeunes filles ainsi que 2 000 personnes handicapées.
Congo-économie : La Banque mondiale se montre confiante quant à l’évolution de la croissance du pays à la fin de l’année 2024
L’économie congolaise se redresse progressivement, avec une croissance qui devrait atteindre 3,5% en 2024, contrairement à l’année précédente où le pays avait un Produit Intérieur Brut (PIB) estimé à 1,9%. La Banque mondiale l’affirme dans un nouveau rapport publié le 13 Août dernier. Selon l’institution de Breton Woods la croissance de l’économie congolaise est soutenue par les activités pétrolières et non pétrolières qui devraient croître respectivement de 4.2 % et 3.5%. Cette reprise économique demeure fragile, selon la Banque mondiale qui précise que cette fragilité est due à l’instabilité de la production pétrolière sur le marché mondial. Malgré le contexte économique et social difficiles qui n’épargne aucun pays, le 11ème rapport de la Banque mondiale sur la situation économique du Congo souligne que l’inflation s’est accélérée en 2023 atteignant 4,3% en moyenne. Par ailleurs, la Banque mondiale juge important que la République du Congo conçoive des instruments fiscaux efficaces pour une croissance économique durable, au regard des 2/3 du territoire national occupé par les forêts. L’institution financière mondiale a reconnu les efforts fournis par le Congo sur le maintien du taux de déforestation faible et stable. En effet, au cours de la dernière décennie, le Congo a entrepris d’importantes réformes dans sa politique forestière pour renforcer la durabilité avec, notamment, un nouveau code forestier promulgué en 2020. Dans cette perspective, le pays s’est aussi engagé à réduire ses émissions de CO2 de 32 % d’ici 2030, nécessitant, pour cela, un soutien financier extérieur d’environ 7,1 milliards de dollars. Cette enveloppe pourra contribuer à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique. Malgré le rôle crucial que joue la forêt congolaise, ainsi que les forêts du bassin du Congo en général, les financements internationaux restent encore insuffisants, souligne la Banque mondiale. Wilfrid Lawilla D.
Anne-Lucie Lefebvre nommée Chef des Opérations de la Banque mondiale en Haïti
NOMINATION. Anne-Lucie Lefebvre a été nommée Chef des opérations de la Banque mondiale en Haïti, basée à Port-au-Prince. Dans son nouveau rôle, Anne-Lucie est chargée de diriger le dialogue entre la Banque mondiale et le gouvernement Haïtien, en travaillant étroitement avec les principaux partenaires de développement et les parties prenantes. Le portefeuille de la Banque mondiale en Haïti comprend 18 projets actifs représentant un investissement approximatif de 1,3 milliard de dollars américains, financé notamment par l’Association Internationale de Développement et complété par 112 millions de dollars américains de fonds fiduciaires. Les principaux secteurs incluent le transport, l’agriculture, l’urbanisme, la santé, l’éducation, la protection sociale, l’eau, l’énergie et le développement numérique. « Haïti traverse une période de crise profonde, je suis honorée d’apporter mon appui aux priorités identifiées par le gouvernement, notamment dans la préservation de certains acquis dans des domaines essentiels. La Banque mondiale continuera de supporter la création d’emplois, le renforcement des capacités institutionnelles essentielles et des systèmes de prestation de services, ainsi que le renforcement de la résilience sociale et des moyens de subsistance », a déclaré Anne-Lucie Lefebvre. Malgré le contexte volatile, la Banque mondiale a continué d’opérer efficacement en adoptant une forte concentration régionale en dehors de Port-au-Prince. Plus de 80 % des programmes de la Banque mondiale sont mis en œuvre en dehors de la capitale du pays, dans des communautés où la situation sécuritaire est plus stable, ciblant les besoins des populations pauvres. Entre temps, la Banque mondiale est en consultation avec le nouveau gouvernement en vue de finaliser l’élaboration de son nouveau cadre de partenariat avec Haiti. En tant que Chef des opérations de la Banque mondiale en Haiti, Anne-Lucie coordonnera également l’évaluation rapide de l’impact de la crise actuelle, sous le leadership du gouvernement haïtien et en étroite collaboration avec la coopération tripartite constituée de l’UE, l’ONU et de la BID. Cette évaluation est alignée sur les priorités essentielles du gouvernement et vise à fournir une analyse complète de l’impact de la crise, en particulier dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Anne-Lucie Lefebvre, de nationalité Canadienne, assume ce poste après avoir occupé récemment la fonction de Représentante Résidente pour la Guinée-Bissau. Elle a rejoint la Banque mondiale en 2009 en tant que Spécialiste principale du secteur public à l’Unité du Vice-président pour l’Afrique basée à Washington. Sa nomination en tant que Chef des opérations de la Banque mondiale en Haïti est entrée en vigueur le 1er juillet 2024.
Le « piège du revenu intermédiaire » freine les progrès dans 108 pays en développement
Une nouvelle étude propose un modèle stratégique pour assurer une croissance de qualité au 21e siècle Selon une nouvelle étude de la Banque mondiale, plus d’une centaine de pays, dont la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud, se heurtent à de sérieux obstacles qui risquent de les empêcher de devenir des économies à revenu élevé au cours des prochaines décennies. Le rapport propose pour la première fois une feuille de route détaillée afin de permettre aux pays en développement d’échapper au « piège du revenu intermédiaire ». En se fondant sur les enseignements des 50 dernières années, le Rapport sur le développement dans le monde 2024 constate qu’à mesure que les pays s’enrichissent, ils tombent généralement dans un « piège » lorsque leur revenu atteint environ 10 % du PIB annuel des États-Unis par habitant, soit l’équivalent de 8 000 dollars aujourd’hui. Ce montant se situe au milieu de la fourchette des pays que la Banque mondiale classe dans la catégorie des « pays à revenu intermédiaire ». Depuis 1990, seuls 34 d’entre eux ont réussi à se hisser au niveau des économies à revenu élevé, et plus d’un tiers ont bénéficié soit de leur intégration dans l’Union européenne, soit de l’exploitation de nouveaux gisements de pétrole. À la fin de l’année 2023, 108 pays figuraient dans la catégorie des économies à revenu intermédiaire, avec chacun un PIB annuel par habitant compris entre 1 136 et 13 845 dollars. Ces pays abritent six milliards de personnes, soit 75 % de la population mondiale, ainsi que deux tiers des personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté. Ils génèrent plus de 40 % du PIB mondial et sont responsables de plus de 60 % des émissions de carbone. Mais ils sont en butte à de bien plus grandes difficultés que leurs prédécesseurs pour échapper au piège du revenu intermédiaire, en particulier le vieillissement rapide de leurs populations, la montée du protectionnisme dans les économies à revenu élevé et la nécessité d’accélérer la transition énergétique. « La bataille pour la prospérité économique mondiale sera en grande partie gagnée ou perdue dans les pays à revenu intermédiaire, affirme Indermit Gill, économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale et premier vice-président chargé de l’économie du développement. Pourtant, un trop grand nombre de ces pays s’appuient sur des stratégies dépassées pour devenir des économies avancées. Ils dépendent uniquement de l’investissement pendant trop longtemps ou optent prématurément pour l’innovation. Une nouvelle approche est indispensable : il faut d’abord mettre l’accent sur l’investissement, ensuite privilégier l’injection de nouvelles technologies venues de l’étranger et, enfin, adopter une stratégie à trois volets qui équilibre investissement, infusion et innovation. Face aux pressions démographiques, écologiques et géopolitiques croissantes, nous n’avons pas le droit à l’erreur. » Le rapport propose la « stratégie des 3i » pour permettre aux pays de se hisser au statut d’économie à revenu élevé. En fonction de leur stade de développement, tous doivent adopter un ensemble de politiques séquencées et progressivement plus sophistiquées. Les pays à faible revenu peuvent se concentrer uniquement sur des politiques visant à accroître l’investissement, c’est la phase 1i. Puis, une fois atteint le statut d’économie à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, ils doivent monter d’un cran et passer à la phase 2i, qui combine politiques d’investissement et d’« infusion », ce processus consistant à adopter des technologies provenant de l’étranger et à les diffuser dans l’ensemble de l’économie. Arrivés au niveau de revenu intermédiaire supérieur, les pays doivent à nouveau changer de vitesse et passer à la phase finale des 3i : investissement, infusion et innovation. Dans la phase d’innovation, les pays ne se contentent plus d’emprunter des idées à la pointe mondiale de la technologie, ils en repoussent les limites. « Le chemin à parcourir sera escarpé, mais les pays peuvent progresser, même dans les conditions difficiles d’aujourd’hui, déclare Somik V. Lall, directeur du Rapport sur le développement dans le monde 2024. Le succès dépendra de la manière dont les sociétés équilibreront les forces de création, de préservation et de destruction. Ceux qui tentent d’épargner à leurs citoyens les épreuves inhérentes aux réformes et à l’ouverture passeront à côté des bénéfices qui découlent d’une croissance soutenue. » Le rapport souligne que la Corée du Sud est un modèle à suivre pour les trois phases de la stratégie 3i. En 1960, son revenu par habitant n’était que de 1 200 dollars. Fin 2023, ce chiffre s’élevait à 33 000 dollars. La Corée du Sud a commencé par appliquer un ensemble de mesures simples visant à augmenter les investissements publics et à encourager les investissements privés. Dans les années 1970, cette méthode s’est transformée en politique industrielle qui encourageait les entreprises nationales à adopter des technologies étrangères et des méthodes de production plus sophistiquées. Les entreprises coréennes ont répondu présent. Samsung, jadis fabricant de nouilles, a commencé à produire des téléviseurs pour les marchés nationaux et régionaux après avoir acquis des licences technologiques auprès d’entreprises japonaises (Sanyo et NEC). Le succès de Samsung a dopé la demande d’ingénieurs, de gestionnaires et d’autres professionnels qualifiés. À ce stade, le gouvernement sud-coréen a à son tour répondu présent. Le ministère de l’Éducation a fixé des objectifs et augmenté les budgets des universités publiques afin qu’elles contribuent au développement des nouvelles compétences demandées par les entreprises nationales. Aujourd’hui, Samsung est un innovateur mondial de premier plan, l’un des deux plus grands fabricants de smartphones au monde. D’autres pays ont suivi des chemins comparables, notamment la Pologne et le Chili. La Pologne a privilégié l’augmentation de la productivité grâce à l’injection de technologies en provenance d’Europe occidentale. Pour sa part, le Chili a encouragé le transfert de technologies de l’étranger et l’a utilisé pour stimuler l’innovation nationale. L’une de ses plus grandes réussites a été l’adaptation des technologies norvégiennes d’élevage du saumon aux conditions locales, ce qui a permis au Chili de devenir l’un des tout premiers exportateurs de saumon au monde.
La Banque mondiale nomme un nouveau directeur pays pour le Maghreb et Malte
La Banque mondiale annonce la nomination de M. Ahmadou Moustapha Ndiaye au poste de directeur pays pour le Maghreb et Malte. Il succède à M. Jesko Hentschel, qui occupait ce poste depuis cinq ans. M. Ndiaye dirigera les engagements de la Banque mondiale avec les gouvernements algérien, libyen, maltais, marocain et tunisien, ainsi qu’avec les partenaires de développement et d’autres parties prenantes, sur des initiatives alignées avec les priorités de ces pays et la vision de la Banque mondiale visant à éradiquer la pauvreté tout en assurant une planète vivable. Basé à Rabat, M. Ndiaye dirigera les partenariats stratégiques de la Banque mondiale au Maghreb et à Malte, et supervisera un portefeuille de financements de 11,5 milliards de dollars, ainsi que la diffusion d’importantes connaissances innovantes, la formulation de recommandations sur les politiques publiques et la fourniture de services de conseil. Il coordonnera les efforts déployés par la Banque mondiale pour aider les différents pays à atteindre leurs priorités respectives en matière de développement, notamment la croissance inclusive, la création d’emplois dans le secteur privé, la résilience climatique, l’accès aux infrastructures essentielles et le développement du capital humain, en particulier pour les femmes et les jeunes. M. Ndiaye apporte à ses nouvelles fonctions plus de 25 ans d’expérience dans le domaine du développement, ayant occupé une série de postes opérationnels et de direction au niveau mondial et national, notamment en Afrique, en Amérique latine, en Europe de l’Est et en Asie centrale. Il s’est forgé une solide expérience dans l’obtention de résultats adaptés à des contextes nationaux uniques. Avant d’occuper son poste actuel, il était directeur de la stratégie et des opérations de la Banque mondiale pour la finance équitable et la croissance inclusive. De nationalité sénégalaise, M. Ndiaye est titulaire d’un master de l’ESCP Business School en France, et parle couramment l’anglais et le français, ainsi que sa langue maternelle, le wolof.
Accélérer l’Accès à une Électricité Propre et Fiable au Burundi
Un nouveau projet financé par la Banque mondiale appuiera l’augmentation de l’accès à l’électricité au Burundi et contribuera à améliorer la performance du secteur énergétique du pays. Le projet devrait bénéficier à environ 2,4 millions de personnes, 1 200 institutions publiques et 6 000 petites et moyennes entreprises et industries grâce à un accès nouveau ou amélioré à l’électricité. Il fait partie de l’initiative régionale ASCENT (Accélérer la Transformation de l’Accès à une Énergie Propre et Durable) de la Banque mondiale, qui appuie l’accès à l’électricité pour 100 millions de personnes en Afrique de l’Est et australe d’ici 2030. La mauvaise qualité des services d’électricité compromet les opportunités de croissance économique au Burundi et le manque d’investissements a compromis les efforts d’expansion de l’accès à l’électricité. Le projet ASCENT du Burundi appuiera le Programme d’Accès Universel du Gouvernement du Burundi, lancé en 2023, et renforcera le réseau moyenne tension à travers le pays tout en réhabilitant, en modernisant et en étendant le réseau de distribution de Bujumbura. Afin d’accélérer les efforts visant à étendre l’accès à l’électricité, le Gouvernement du Burundi travaillera en partenariat avec le secteur privé pour appuyer l’électrification par le réseau des zones périurbaines et rurales. Le projet appuiera un projet pilote de distribution mené par Weza Power, une entreprise privée nouvellement créée qui a signé un Accord de Partenariat Public Intérimaire avec le Gouvernement. Le projet améliorera également la fiabilité et la qualité du réseau et renforcera l’infrastructure de base pour déployer les prochaines phases du programme d’accès, et appuiera également la viabilité du secteur de l’électricité par le biais d’une assistance technique à certaines entités gouvernementales. « Ce projet appuiera des réformes clés grâce à des conditions basées sur la performance concernant la structure tarifaire, la politique de raccordement électrique et les normes du réseau afin d’éliminer les obstacles à l’électrification et d’assurer la viabilité à long terme des investissements. A travers ce projet la Banque mondiale, la Société Financière Internationale (SFI) et l’Agence Multilatérale de Garantie des Investissements (MIGA) travailleront comme un seul groupe de la Banque mondiale et fourniront un ensemble de solutions qui faciliteront la mobilisation d’importants capitaux privés pour soutenir une approche innovante visant à améliorer les conditions de vie de millions de personnes au Burundi », a déclaré Hawa Wagué, Représentante Résidente de la Banque mondiale au Burundi. Avec un financement de 190 millions de dollars (100 millions de dollars de don de l’IDA et 90 millions de dollars provenant d’autres donateurs , y compris la Banque Européenne d’Investissement, l’Union Européenne, et l’Agence Française de Développement), le projet ciblera les ménages dirigés par des femmes ainsi que les micro-, petites et moyennes entreprises (MPME), les aidant à bénéficier d’un accès à une électricité fiable et abordable, offrant des opportunités d’augmenter la productivité et de créer des emplois. Le projet complétera le Projet national d’énergie solaire dans les communautés locales (« SOLEIL-Nyakiriza ») en cours, qui vise à développer des solutions solaires décentralisées.