La gestion des droits d’auteur au Congo, pendant la période coloniale

Si Léopoldville, alors capitale du Congo-Belge, a été la première ville en Afrique centrale à créer la première industrie musicale, cependant toute la période allant de 1947 à 1953, la protection des droits d’auteur étaient inexistants, voire méconnus. Aussi les éditeurs grecs ne voulaient pas en entendre parler. Mais pour combien de temps ?

SABAM ( Société belge des auteurs, compositeurs et éditeurs)

La forte présence des producteurs musicaux nationaux et étrangers à Léopoldville (Kinshasa) au cours des années 50, lesquels ont contribué efficacement au rayonnement de la musique congolaise au de-là des frontières du Congo, ne pouvaient plus rester indifférents de la SABAM, qui il faut le reconnaître a pris beaucoup du temps pour s’y installer.

1953 – La SABAM s’installe à Léopoldville (Kinshasa)

Au cours de l’année 1953, la SABAM s’installe à Kinshasa. Elle a juridiction sur le Congo, Le Rwanda et Urundi. Son bureau est composé de :

– Directeur d’Agence : Jean Courtin

– Secrétaire sténodactylo : Joseph Kabaselle

– Des collaborateurs

La mission du Bureau consiste à la perception (auprès des consommateurs et producteurs de musique pour l’utilisation publique), la répartition, l’administration et la gestion de tous les droits d’auteur de ses membres au Congo et au Rwanda Urundi, particulièrement les compositeurs et éditeurs affiliés.

Outre les fonctions administratives, il est confié à Joseph Kabaselle la mission de sensibiliser les musiciens congolais pour les persuader à adhérer à la SABAM. Il va associer Augustin Moniania « Roitelet » pour l’épauler au bon fonctionnement de cette lourde tâche.

Toutefois, les éditeurs grecs ne veulent pas jouer le jeu, ils incitent les musiciens à ne pas adhérer à la Société de droits d’auteur. A l’exception de l’éditeur belge Bill Alexandre qui autorise à ses sociétaires aux éditions CEFA : Roger Izeidi, Armando Antoine Brazzos, Vicky Longomba, Augustin Moniania « Roitelet », Paul Kossi « Bemi » et bien d’autres qui sont à considérer comme étant parmi les précurseurs à se motiver pour affilier à la SABAM et à déclarer l’ensemble de leurs œuvres.

Augustin Moniania « Roitelet » à la tête du mouvement d’adhésion à la SABAM.

Augustin Moniania « Roitelet », collaborateur de Joseph Kabaselle, prend le travail d’adhésion à bras le corps. Il incite les musiciens congolais à adhérer massivement. Antoine Moundanda est parmi les premiers à répondre à l’appel. Il ouvre ainsi les vannes pour plusieurs musiciens des éditions Ngoma. A la fin de la première campagne de perception de droits d’auteur auprès des utilisateurs de la musique au Congo, (bars, restaurants, cinémas, hôtels, radio, éditeurs, etc…) la répartition des sommes perçues par les adhérents de la SABAM se passe de commentaires pour l’importance des sommes perçues, et bien supérieures aux rémunérations forfaitaires perçues habituellement au titre de royalties auprès de leurs éditeurs. Ils sont comblés, au point de manifester ouvertement leur joie dans les principales avenues de Kinshasa au bord d’une caravane des taxis et des bus loués pour la circonstance.

La grogneIl fallait s’y attendre – est montée d’un cran chez les musiciens a qui l’adhésion à la SABAM a été déconseillée par leurs éditeurs. Ceux-là mêmes qui de leur côté sont surpris de voir leurs sociétaires accumulés autant d’argent (royalties et droits d’auteur). La présence de la SABAM à Kinshasa est devenue un véritable motif d’inquiétude pour les éditeurs qui ont fini par se soumettre au processus de protection par la loi sur le droit d’auteur.

En 1955, la SABAM comptait déjà des centaines de musiciens compositeurs, mais aussi tous les éditeurs grecs et belges (Opika, Ngoma, Loningisa, CEFA , etc…)

Clément Ossinondé

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