En RDC, les consultations sonnent souvent le glas du régime…

La petite histoire de la politique congolaise est riche en leçons.

TRIBUNE. En janvier 1990, le maréchal Mobutu avait initié des consultations populaires qui durèrent quatre mois et qui aboutirent à son discours du 24 avril 1990 ayant signé la fin du MPR Parti-Etat et ouvert la voie au multipartisme politique qui va précipiter l’effondrement de son régime.

En juin 2015, Joseph Kabila lança la même initiative pour pouvoir négocier des voies et moyens de se représenter pour un troisième mandat non constitutionnel et il déclencha par là un front commun interne et externe virulent contre ses ambitions politiques jusqu’au point de lâcher prise. Il va ainsi reculer pour mieux sauter en nommant illégalement Fatshi, l’occasion pour Kabila de se refaire une santé politique tout en obstruant impitoyablement toute volonté de réforme de la part de son successeur et espérant par là pouvoir se faire regretter par l’opinion nationale.

En octobre 2020, c’est autour de Felix Tshisekedi, étranglé par ses alliés dans toute initiative de porter des réformes, de faire l’aveu de son impuissance à faire porter des fruits à son quinquennat. Sans gêne, il reconnaît publiquement que sa politique est plombée par des partis à la mauvaise foi qui placent leurs intérêts partisans au-dessus de l’intérêt supérieur de la Nation et reprend la vieille recette de l’union sacrée avec des forces politiques sur lesquelles il avait lui-même craché il y a à peine deux ans.

Quid? Trois petites leçons à tirer de ce tableau :

Primo, tous les régimes ayant initié ces consultations en RDC l’ont fait à un mauvais moment de l’histoire, à savoir quand ils se sont sentis dos au mur, après avoir trop accumulé la colère d’un peuple qui a fini par perdre patience et ôté toute confiance en eux. Aucun n’en est sorti indemne.

Secundo l’opposition devait avoir clair en tête qu’un responsable politique qui convoque les consultations est en grande difficulté personnelle et en quête plus de sa propre survie politique que du bien-être du pays. Ces leaders de l’opposition devraient avoir l’intelligence politique de choisir entre couler avec le naufragé ou le laisser couler seul.

Terzo, les deux régimes précédents – et sûrement l’actuel- ont tenté de se servir des consultations pour débaucher l’opposition radicale. Mobutu le fit en nommant à la primature Nguz Karl i Bond et Faustin Birindwa, issus pourtant de l’Union Sacrée de l’opposition radicale. Kabila quant à lui s’y emploiera méthodiquement en débauchant tour à tour Samy Badibanga et Bruno Tshibala, tous deux très proches d’Étienne Tshisekedi et têtes d’affiche de l’UDPS.

Cependant la particularité de présentes consultations annoncées par Fatshi pourra bien être celle bien curieuse de voir Kabila et Tshisekedi opérer un semblant de divorce en vue de mieux se servir de ces apparences de querelles comme un APPÂT pour faire mordre l’hameçon aux différents ténors de Lamuka. Ce, avec la volonté de les faire entrer au prochain gouvernement d’union nationale, de leur faire commettre de lourdes fautes politiques en vue de les fragiliser et de pouvoir ainsi arriver à chance ou malchance égales au scrutin de 2023. Échec et mât!

Pour tout dire, une vraie partie de poker est en train de se jouer à Kinshasa et, par un processus d’auto-élimination naturelle, beaucoup des politiciens amnésiques finiront par mordre de la poussière et par y laisser leur peau… Wait and see!

Par Germain Nzinga (Chercheur indépendant)

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