TRIBUNE. Le dimanche 7 décembre 1941, la journée commence bien sur la base navale américaine de Pearl Harbor située sur l’île d’Oahu, dans le territoire américain d’Hawaï. La matinée est ensoleillée et les marines américains sont en tenues relax sur le bord du bateau et sont loin d’imaginer que les 15 avions survolant leur bâtiment de guerre sont envoyés en mission suicide par leur ennemi.
Le colonel William Forthing présent dans la tour de contrôle et qui voit les avions voler à basse altitude croient voir les avions américains en exercice d’entraînement et note : « Manœuvres très réalistes. Je me demande ce que les marines font si tôt un dimanche. » Il aura sa réponse lorsque les avions, arrivés à la rade, se mettront à frapper le bâtiment de guerre américain de bombes et de torpilleurs. Plusieurs vaisseaux sont touchés par le raid japonais. Ce qui entraîne une débandade totale du côté des américains qui se sentent attaqués par surprise.
Le Japon va jubiler mais pour combien de temps??? Il était loin de réaliser que l’humiliation publique infligée à la première puissance mondiale ne sera jamais digérée par cette dernière qui commencera à préparer sa revanche jusqu’à ce 6 août 1945 où elle larguera la bombe atomique sur Hiroshima et, trois jours plus tard, le 9 août sur Nagasaki. Imposant ainsi au Japon sa reddition sans condition, l’éviction de l’empereur Hirohito et l’adoption d’un régime politique démocratique, tout en envoyant à son redoutable ennemi d’alors, l’URSS, le signal de sa puissance de feu sans égal dans le monde.
Quelle leçon pour l’histoire des nations? Le Japon qui avait jubilé d’avoir humilié l’armée américaine a Pearl Habor a créé les conditions futures de cette hécatombe qui frappera deux de ses villes très peuplées de son territoire. Nolens volens il a fait le lit de son propre désastre.
Comme si l’histoire n’enseignait rien aux générations actuelles !!! Volodimir Zelensky s’est mis à bomber le torse devant les médias après avoir éliminé le dimanche 21 août 2022, par l’explosion de sa voiture, Daria Douguine, la fille de l’idéologue russe Alexandre Douguine. Un mois et quelques jours plus tard, le 8 octobre 2022, le même leader ukrainien réitérera le forfait en commanditant l’attaque du pont de Crimée par l’explosion spectaculaire d’une voiture piégée.
Les médias mainstream encenseront cet exploit militaire mais ils ne tarderont pas à comprendre que c’est bien là une grande erreur stratégique de la part de Zelensky qui aura simplement jeté de l’huile sur un feu déjà incandescent et l’incendie est en train de se retourner contre lui jusqu’au point de le pousser présentement à se réfugier dans un bunker.
Outre l’importance stratégique de ce pont qui sert de passage entre la Russie continentale et la péninsule, c’est plutôt du côté de cette humiliation publique que Vladimir Poutine ne sera point prêt de digérer. Sans le savoir et ni le vouloir, Zelensky a fourni à Poutine un précieux consensus d’émotion nationale et même internationale pour pouvoir justifier ses frappes militaires sur son adversaire ukrainien. Il a trouvé le motif de déverser, depuis deux jours, une pluie des bombes sur Kiev et sur d’autres agglomérations, visant les infrastructures d’énergie électrique et autres, jetant dans le noir les villes entières.
Un avertissement sévère, comme il l’a dit lui-même, envoyé à Zelensky pour lui faire comprendre que la Russie détient le pouvoir de frapper quiconque touchera à sa sécurité. Un message on ne peut plus clair également vis-à-vis de l’opinion internationale et des forces de l’OTAN d’après lequel Poutine, en vue de protéger le territoire russe, ne recule devant rien et se rend prêt à tout, y compris à la solution extrême de l’arme nucléaire.
De Pearl Habor au pont de Crimée, la logique d’humilier une puissance nucléaire reste une folie aux conséquences incalculables sur son propre initiateur dans ce sens que, par effet boomerang, les petites victoires initiales des uns finissent par nuire à leurs propres protagonistes. Elles finissent par pousser le puissant adversaire humilié à passer à la solution extrême pour anéantir un plus faible que soi-même. Qu’on se le dise !
Par Germain Nzinga