
TRIBUNE. J’ai vu comme tout le monde les photos des édifices de Pointe-Noire et noté les applaudissements même de ceux qui critiquent ce gouvernement. Je ne rejoins pas les admirateurs de cette politique de surface, d’apparat, d’impression où on applaudit juste sur simple photo.
Pourtant je ne crois pas être de ceux qui noircissent systématiquement les œuvres de ce pouvoir. C’est compréhensible pour l’homme de la rue, mais dramatique pour le politique.
Une analyse politique – et pas que – regarde à quelle programmation cela correspond, quel besoin cet investissement règle sur un total de quel manque, quelles étaient les conditions de passation du marché, quel coût comparativement aux différents devis et à la moyenne de la sous-région, qui va en être le bénéficiaire, quelles conditions technologiques (environnement, équipement) avancées dont bénéficie l’édifice etc. C’est avec tous ces renseignements qu’on apprécie l’action. Mais si dans ce quartier un hôpital de 1000 lits était nécessaire et qu’on en a fait un de 300, qui était prévu s’achever en 2012 pour 10 milliards et qu’on se retrouve à l’inaugurer en 2021 avec 30 milliards de facture, que son scanner est de 3 générations en retard et que l’édifice consomme à lui seul 10% de l’électricité de la ville, on ne peut pas applaudir une photo.
Tout ça semble devenir très fatiguant pour les congolais à faire, même ceux qui projettent de nous gouverner. Même les candidats en campagne n’ont pas le temps ni les équipes pour disséquer le fonctionnement de l’Etat. Ce n’est même pas au programme pour certains. Pas un parti politique ne va analyser un budget ligne par ligne, plus de débats de fonds sur les sujets techniques, assorti de contre proposition. Comme si la vie de la nation n’était qu’un roman-photo. Nous sommes conquis par la paresse intellectuelle et le rabais de la discussion nationale réduite à sa plus simple expression. Tout se résume à « untel ou rien », « tel autre est le vrai président », ou encore « tel tiers va battre tel candidat » comme si cela suffisait à répondre aux difficultés des conditions de vie des congolais ou à leur proposer un autre schéma. Quand tu parles de cela, on te répond « il croit qu’il n’y a que lui qui sait ? Les autres qui savent ne parlent pas ». Comme si on avait décrété une course à la médiocrité.
Nous devons faire quelque chose pour relever le débat national et faire avancer le pays dans l’intérêt général bien compris et ringardiser ces entrepreneurs politiques qui n’ont rien à dire, rien à nous proposer, que leurs positions personnelles. Je reviendrai en politique bientôt, venez avec moi.
Par Hervé Mahicka