PARLONS-EN. e Congo célèbre ce 10 juin la journée de la réconciliation nationale. Comme à l’accoutumée, Brazzaville et les grandes villes du Congo sont drapées de couleurs chatoyantes. Des rencontres festives sont organisées, à l’instar de celle qui se tient au Mémorial Savorgnan de Brazza au moment où nous mettons sous presse cet article.
L’occasion est belle pour saigner davantage le Trésor public. Car au Congo, même les événements symboliques reçoivent les honneurs financiers à la hauteur de la boulimie des gouvernants.
Mais pour symbolique qu’elle soit, la célébration d’aujourd’hui est le seul repère de la Conférence nationale souveraine que le pouvoir rehausse allègrement et certainement avec joie puisqu’il ne pose aucun problème. Les autres actes dits exécutoires sont un os difficile à avaler.
Point n’est besoin de faire une recension de toutes les décisions prises en 1991 dont l’effectivité a été renvoyé aux calandres grecques. Le lavement des mains qui s’est exécuté à la fin de la conférence souveraine est un acte devenu désuet au regard des tumultes que nous avons connus. Les guerres de 1993, 1997 et 1998 ont fait voler en éclats les jointures de l’unité nationale.
Depuis, le Congo se désagrège de jour en jour et les injustices se multiplient. Le tribalisme s’est exacerbé, l’ethnie est instrumentalisée par les hommes politiques qui pensent plus à leurs viviers familiaux et claniques plutôt que de donner à l’ensemble des populations le bien-être dont elles ont besoin. La réconciliation est devenue un vœu pieux.
Cette journée aurait pu être fortuite pour poser véritablement des actes de réconciliation. Le Président de la République, garant de l’unité nationale, devrait donner un signal fort notamment en libérant les prisonniers d’opinion (André Okombi Salissa, Jean Marie Michel Mokoko, etc.). Ces citoyens qui croupissent dans les geôles doivent jouir du pardon présidentiel et constituer ainsi la matérialité de l’acte de réconciliation.
Le Congo a besoin de tous ses fils, chacun apportant sa pierre dans la construction de l’édifice nationale. La réconciliation permet à la nation de croître. Partout ailleurs, dans le monde, une célébration qui invite à la reconstruction, à la concorde et au vivre-ensemble ne peut pas se satisfaire de quelques discours.
Cette journée exige de tous, gouvernants et gouvernés la prise de conscience de ce que sont la fraternité, l’amour et l’unité nationale.
Ghys Fortune BEMBA DOMB