TRIBUNE. J’interviens, ici, ce 5 février, date significative pour le Président Sassou Nguesso, aux fins d’obtenir de lui que soient remis en liberté les jeunes activistes de Ras Le Bol et du Collectif Sassoufit, actuellement incarcérés à la Maison Centrale d’Arrêt de Brazzaville.
S’il est reproché à ces jeunes gens une expression, tout à la fois, trop hardie et fort osée, l’on peut, pourtant, comprendre qu’elle n’est que le produit normal et humain de leur ressenti dans le pays, au regard des supplices qu’ils vivent, leur avenir étant bouché.
Et ils ne sont pas les seuls dans cette posture. Fussent ils de l’arrière pays, citadins ou de la diaspora, les Congolais, dans leur grande majorité, campent, de manière générale, sur des récriminations identiques à celles de ces activistes, à l’endroit des autorités nationales.
Ces récriminations ont cours, soit sur les réseaux sociaux, soit dans les moyens de transport en commun empruntés, dans les rues, sur les lieux de travail, dans les domiciles ou lors des évènements qui rassemblent. Les motifs sont connus.
La crise persiste dans le pays. Et l’on ne voit pas les gouvernants afficher une ferme volonté de réformer, en profondeur le pays, dans les secteurs qui flanchent, pour y mettre fin.
Rien ne semble préoccuper ces dirigeants comme l’auraient voulu les populations. Les dernières inondations qui ont ruiné des familles entières ne font toujours pas l’objet d’un programme de relogement et d’indemnisations des victimes. Tous les corps sociaux sont à la peine.
La raison et l’humanisme doivent prévaloir en faveur des jeunes gens écroués pour qu’ils rejoignent leurs parents qui s’inquiètent, selon le cas, de leurs études ou pour leurs activités de survie que l’emprisonnement a brisé.
Une inquiétude que partagent également les forces républicaines et patriotiques du pays, aussi bien de la diaspora que de l’intérieur.
Cette année 2020 qui précède l’échéance majeure du scrutin présidentiel doit être une année où devrait se reconstruire, durablement, la concorde et la cohésion nationales, en appui du strict respect des libertés fondamentales.
Pour tout dire, des risques d’une réouverture des plaies, non bien cicatrisées, planent dans le ciel congolais, si jamais ces présidentielles ne se déroulent pas dans une atmosphère apaisée, avec un système électoral convainquant.
Le Président Sassou Nguesso a encore raté l’occasion d’un geste noble, ce 5 Février 2020. Un jour où il aurait pu expurger, d’un trait de plume, les lieux de détention du pays de tous les prisonniers politiques et d’opinion pour symboliser cette date par une volonté de rassembler la nation. Incluant les condamnations par contumace.
La cérémonie à l’Académie militaire Marien Ngouabi, sur la Route Nationale 1, n’était pas suffisante pour marquer ladite date. J’y croyais jusqu’à 0h00 de ce 5 février. C’est perdu, cette fois. Je persiste à y croire, les jours à venir.
Paris le 6 février 2020
Ouabari Mariotti, Membre de l’UPADS.