Burundi. Il y’a 50 ans aujourd’hui…

0
1127

RETRO. Le 29 avril 1972, l’ancien roi du Burundi, Ntare V, 25 ans, est sauvagement assassiné à Gitega. 6 ans auparavant en juillet 1966 alors âgé de 19 ans, il avait destitué son père Mwambutsa IV, roi du Burundi, et prit sa place sur le trône.

Prenant pour premier ministre le capitaine Micombero, un officier tutsi de 26 ans, ce dernier le renversa à son tour seulement quelques mois plus tard, le 28 novembre 1966, alors que le roi était en visite officielle à Kinshasa, invité à l’occasion du premier anniversaire de la prise de pouvoir de Mobutu. Michel Micombero instaura la république à laquelle il se fut désigner président.

La mort de Ntare V qui mit fin à la descendance mâle de la dynastie royale du pays, fut aussi le déclencheur d’une vague de répression anti hutu menée par le régime Micombero qui fit assassiner plus de 200.000 personnes, éradiquant l’élite hutu du pays. La dynastie de Ntare V étant pourtant considérée comme Tutsi mais l’ancien roi était soupçonné de vouloir s’appuyer sur le mécontentement Hutu pour revenir au pouvoir ainsi que d’être le chef de fil d’une frange dite Tutsi-Banyaruguru, opposé à la branche Tutsi-Hima à laquelle appartenait le président Micombero et qui dominait le pouvoir depuis l’entrée en fonction de ce dernier. Les hutus étant complètement marginalisés ou tués pour l’élite.

Ntare V vivait en exil en Ouganda depuis son renversement et n’était rentré au Burundi qu’un mois avant son exécution, par hélicoptère, sans autorisation, et pour des raisons floues. A peine arrivé, il avait été arrêté, mis en résidence surveillée en son propre palais dans cette ville royale, redevenue depuis 2018 capitale politique du Burundi.

Son retour au pays avait réveillé quelques résistants, notamment les hutus, qui avec l’appui d’ex-rebelles zaïrois, les mulélistes (aile Soumialot) qui étaient un millier au Burundi espérant un régime en leur faveur, lancèrent une attaque ce 29 avril contre les provinces favorables à Micombero. La répression se mit en place, et l’ex roi fut exécuté le même jour. Micombero obtint rapidement l’appui du Zaïre et de la Tanzanie pour mater la révolte, et ces pays intervinrent. Mais ils se retirèrent au bout d’une semaine quand ils furent informés des atrocités et exécutions systématiques commises par l’armée burundaise sur les hutus en particulier.

Micombero fut à son tour renversé par Jean Baptiste Bagaza en 1977 et prit la route de l’exil en Somalie ou il trouva la mort d’une crise cardiaque en 1983.

Faute de transmission à cause des mauvais systèmes scolaires sur le continent et d’une presse la plupart du temps inculte, tout ceci est inconnu des populations aujourd’hui. Les coups d’Etat sont encensés comme une chance et les régimes autoritaires adulés avec véhémence. On avance à l’instinct, ignorant d’où l’on vient, et certainement en phase de revivre nos malheurs. Tristes tropiques, soupira Claude Lévi-Strauss.

Par Hervé Mahicka

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici