Brazzaville.  4  mars  2012. Jour  d’effroyables  souvenirs.

TRIBUNE. Je frémis en écrivant ces lignes. 4 mars 2012 – 4 mars 2020, 8 ans, jour pour jour, depuis que sont survenues les tragiques explosions de Mpila, à Brazzaville.

Des détonations de matériels militaires, en plein quartier populaire, qui ont fait des milliers de victimes. Brisé des familles, quand on sait qu’aucun lien n’est plus fort que celui du sang. Dérangé les habitudes, cette seconde nature, difficilement reconstituable. Détruit des demeures, dans un pays où, même une hutte, est le seul endroit où l’on peut vivre, sans crainte. Jeté les congolais dans la rue, faute d’abri, alors que s’est émoussé, à Brazzaville, l’élan spontané d’entraide, avec la crise socio économique que connait le Congo. Aggravé la pauvreté de ces compatriotes qui ont survécu, dont, déjà, la précarité faisait partie de leur lot quotidien.

De ces explosions, les préjudices subis par les perdants ne sont pas toujours complètement réparés par les pouvoirs publics.

Ce 4 mars 2020, nous, victimes vivantes de ces déflagrations de Mpila, nous n’avons pas oublié cette catastrophe, rongés par les souffrances qu’elles nous ont causées, scandalisés par ce qui apparaît comme un mépris des pouvoirs publics à notre égard.

Il apparaît nettement que les dommages nés de ces explosions, aux conséquences désastreuses, n’émeuvent plus, outre mesure, les gouvernants. Les promesses d’un relogement sain s’étant envolées en fumée, alors que sur l’espace des incendies, des résidences ont été bâties pour des projets autres.

Même un mémorial, devant symboliser, à la fois, les flammes du feu, la mort, la douleur, la pitié et la solidarité de la patrie, pour marquer dans le temps, ce drame, n’a jamais été édifié.

Ce regard indifférent du gouvernement n’est pas loin d’être un adieu aux souffrances congolaises du 4 mars. Une attitude non justifiable d’autant que les pouvoirs publics sont pleinement responsables de ladite situation.

Enfant de Ouenzé, comme tant d’autres, je suis l’un de ces perdants, toujours en attente des indemnisations. De ma maison, gravement touchée, il n’en reste que des murs branlants.

Enfant de Ouenzé, je n’ai pas fini de pleurer, les parents et autres amis du quartier qui ont trouvé la mort, lors du sinistre. Mon frère, un homme de valeurs, Dieudonné Itoua, membre du Conseil National de l’UPADS, Ministre de l’Intérieur, sous le Président Marien Ngouabi, est de ceux là. Il en est de même du Colonel Ebandza, ancien Directeur de l’Administration Pénitentiaire, pendant que je siégeais au gouvernement. Son épouse Brigitte Barika s’en est allée, au même moment que lui.

Qu’ils reposent en paix ces innocents qui ont perdu la vie, le 4 mars 2012 et, peut être, les jours suivants, des suites des explosions, faute de soins appropriés ou d’aide publique.

Que les compatriotes qui sont torturés dans leur chair par ces explosions, trouvent ici l’expression de ma solidarité.

Le souvenir du bonheur n’est plus du bonheur. Par contre, le souvenir de la douleur est de la douleur encore.

C’est dire que les horreurs sont supportables tant qu’on se contente de baisser la tête. Mais elles tuent lorsqu’on y pense. Or jamais, nous ne cesserons d’avoir le regard tourné vers le 4 mars 2012.

Paris le 4 mars 2020.

Ouabari Mariotti Membre de l’UPADS.

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