Auriac Boubelo : Le renouvèlement des passeports et le payement de la bourse, principales sources de préoccupations des Congolais de Tunisie

INTERVIEW. Plus d’un demi-millier de Congolais vivent actuellement en Tunisie, dont une majorité d’étudiants. Ils sont répartis principalement entre les villes de Tunis, Sousse et Sfax, selon l’Association des étudiants et stagiaires congolais en Tunisie (A.E.S.C.T). Son président, Auriac Boubelo, évoque dans cet entretien les préoccupations de ces derniers.

PAGESAFRIK : Pouvez-vous vous présenter et nous parler brièvement de votre parcours universitaire ?

Je suis Auriac Boubelo, étudiant en Master 2 Droit des Affaires. Je suis arrivé en Tunisie en 2017 après avoir obtenu mon bac A. J’ai eu à choisir le Droit comme domaine de mes études parce que j’ai toujours voulu combattre l’injustice dans toutes ses formes.

Ma première année en Tunisie n’a pas été du tout facile du point de vue social vu que j’étais néophyte ; du coup il a fallu que je m’acculture en apprenant l’idiome (le dialecte tunisien) pour m’intégrer dans mon pays d’accueil.

Qu’est-ce qui vous a amené à suivre vos études en Tunisie ? Était-ce votre premier choix ?

C’est l’envie d’étudier dans de meilleures conditions et sans tracasserie. Car, j’étais très déçu de voir mes amis et connaissances de l’Université Marien Ngouabi ne pas pouvoir suivre leurs cursus comme ils eurent souhaité.

Mon premier choix s’était porté sur la France. Mais à cause des procédures trop longues qui pouvaient encore me retenir au pays, j’ai opté pour la Tunisie.

Vous avez été réélu en mai dernier président de l’AESCT. En cette qualité, pouvez-vous nous présenter la communauté congolaise de Tunisie ?

L’Association des Etudiants et Stagiaires Congolais en Tunisie (A.E.S.C.T) est une organisation à but non lucratif, apolitique et laïque, née de la volonté de mettre en place une structure visant à regrouper l’ensemble des étudiants et stagiaires congolais en séjour d’études en Tunisie.

Créée à Tunis, conformément au décret-loi N° 2011-88, daté du 03 août 2003 à Tunis sur base académique et associative, l’A.E.S.C.T a pour but de renforcer les liens de solidarité et de fraternité facilitant l’intégration de tous les étudiants et stagiaires congolais en Tunisie ; mettre en place un cadre de suivi académique pour accompagner les Congolais en séjour d’études en Tunisie et servir de relais entre les étudiants et stagiaires congolais en Tunisie et le Congo.

L’Association se fixe aussi comme but de défendre le plein droit, les intérêts de tout étudiant et stagiaire congolais en Tunisie et de promouvoir la culture congolaise en Tunisie.

Le croisement des chiffres actuels avec des sondages antérieurs estime l’effectif des Congolais en Tunisie à plus de 600 personnes.

L’intégration de vos compatriotes se passe comme vous le souhaitez ?

Selon notre expérience, l’intégration des Congolais ne se passe pas comme on le souhaite du fait que nombreux parmi eux ont du mal à s’intégrer et aussi parce que nous ne disposons pas des moyens nécessaires pour organiser des activités à même d’y contribuer.

Quelles sont les principales préoccupations et les difficultés auxquelles ils sont confrontés ?

Le renouvèlement des passeports et le payement de la bourse sont les principales préoccupations des Congolais de Tunisie. Ces deux points sont capitaux, car ils sont la principale source des problèmes que rencontre notre communauté.

En effet, beaucoup d’étudiants et de stagiaires congolais vivent en situation irrégulière sur le territoire tunisien du fait que leurs passeports sont arrivés à expiration. Ils ont régulièrement des soucis avec la police tunisienne à cause de cette situation et nous ne cessons de recevoir des appels afin de trouver des solutions.

S’agissant des boursiers, nombreux n’étudient plus faute de moyens. Certains d’entre eux sont obligés de chercher des petits boulots pour survivre. Et quand bien même ils en trouvent, cela se fait dans le noir pour la simple raison que les étudiants étrangers n’ont pas le droit de travailler en Tunisie.

C’est ainsi que beaucoup tombent sur des employeurs qui abusent d’eux, surtout les femmes.

Sachant qu’ils traversent de graves difficultés financières et sont en situation irrégulière, ils essaient au maximum de tirer profit de la situation. D’ailleurs, je suis plusieurs fois intervenu dans ce genre de cas.

La situation est telle que nous sommes obligés de cotiser tout le temps afin d’assister un tant soit peu les compatriotes en grande difficulté.

En avez-vous fait part aux autorités congolaises locales et nationales et ont-elles pu vous apporter leur aide ?

Oui, nous rendons régulièrement compte de toutes ces situations au Consulat du Congo Brazzaville en Tunisie qui nous a mainte fois assistés, notamment dans les cas d’arrestation. Mais il faut savoir que les problèmes auxquels nous sommes confrontés demandent plus d’assistance financière (cas sociaux, organisation des activités académiques et culturelles, entre autres). 

Comment qualifieriez-vous les rapports entre l’AESCT et le Consulat du Congo en Tunisie ?

Les rapports entre l’AESCT et le Consulat du Congo Brazzaville en Tunisie sont normaux. Comme je venais de le dire, ils nous assistent quand ils le peuvent, surtout en matière d’arrestation. Etant donné que les problèmes des Congolais vivant en Tunisie sont nombreux et variés, j’insiste que nous voulons plus que l’assistance actuelle.

Avez-vous des conseils à donner aux étudiants qui souhaiteraient poursuivre leurs études en terre tunisienne ?

Oui, j’aimerais conseiller aux étudiants souhaitant poursuivre leurs études en Tunisie de toujours contacter l’AESCT pour mieux s’informer sur les différents aspects liés à la vie estudiantine en Tunisie et éviter de se faire arnaquer par des personnes indignes de confiance. Il est important qu’ils sachent que l’AESCT est le seul organe auquel le Consulat du Congo Brazzaville en Tunisie a donné le pouvoir de gérer les problèmes estudiantins.

Aux parents d’étudiants, je les exhorte d’avoir l’œil sur les études de leurs enfants, car nombreux préfèrent mettre l’argent de côté au lieu de payer l’école et choisissent quelque parfois de ne pas aller au cours. Il est toujours important qu’ils se rapprochent de l’AESCT qui peut les aider à mieux surveiller le parcours académique de leurs enfants. 

Pour ceux d’entre eux qui ont du mal à payer les études de leurs enfants, essayez au moins de trouver une solution afin que ces derniers rentrent au pays ou ailleurs dans un pays qui exige moins de charges financières. Car, c’est vraiment très triste de voir des étudiants abandonnés par leurs familles et derniers se retrouver à faire des choses pas du tout bien. 

Propos recueillis par Alain Bouithy

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *