Violences sexuelles en RDC : « une femme violée toutes les quatre minutes »

Pillages de contraceptifs, centres de santé endommagés et rupture des stocks d’aide. Alors que les violences sexuelles prolifèrent dans l’est de la République démocratique du Congo, des dizaines de milliers de femmes et filles peinent à accéder aux soins d’urgence dont elles ont désespérément besoin. Les chiffres ont de quoi choquer. Près de 900 viols dans l’est de la RDC en l’espace de deux semaines – soit une moyenne de 60 par jour. Telle est l’ampleur du phénomène observé durant la première quinzaine de février, selon les données collectées sur place par les agents humanitaires et dévoilées, lundi, par l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Toutefois, avant même l’offensive militaire lancée en début d’année par les rebelles du M23, avec le soutien de l’armée rwandaise, dans le Nord- et le Sud-Kivu, les deux provinces étaient déjà en proie à une augmentation alarmante des violences sexuelles. En 2023, 123.000 cas ont ainsi été recensés dans l’ensemble de la RDC, dont plus de 70 % d’entre eux à l’est du pays. « Cela correspond à une femme violée toutes les quatre minutes », précise Mady Biaye, le principal représentant en RDC de l’agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive (UNFPA), dans un entretien avec ONU Info. L’an dernier, le nombre de cas signalés a encore augmenté, pour atteindre plus 130.000 victimes, en grande majorité des femmes et des filles. C’est dans ce contexte de prolifération des violences sexuelles dans la région que s’inscrivent les 895 cas de viol rapportés en début de semaine par le HCR. Et M. Biaye de préciser que les cas en question concernent uniquement les survivantes ayant bénéficié de soins médicaux dans les 23 sites soutenus par l’UNFPA à Goma, la principale ville du Nord-Kivu tombée, fin janvier, sous le contrôle du M23. Pour ce statisticien-démographe de formation, originaire du Sénégal, il ne fait pas de doute que les chiffres réels sont largement supérieurs. « Ce qui se passe ici est à grande échelle », explique-t-il. « C’est totalement inacceptable ». Une arme de guerre La persistance de conflits liés à l’exploitation des ressources naturelles dans les provinces riches en minerais de l’est de la RDC explique en grande partie un tel recours systématique aux violences sexuelles, souvent utilisées comme arme de guerre par des groupes armés comme le M23, en quête de contrôle de territoires. « C’est une façon, par exemple, de dominer ou bien de détruire le tissu familial et la communauté afin de récupérer des terres », explique M. Biaye, qui travaille depuis plus de 20 ans sur ces problématiques au sein de l’UNFPA, dans le cadre de déploiements au Sénégal, en Guinée équatoriale, en Angola et, depuis l’an dernier, en RDC. « Les femmes, les filles sont utilisées pour anéantir ces sociétés », ajoute-t-il. Leur instrumentalisation est selon lui exacerbée par les enjeux économiques considérables et la présence d’acteurs externes, impliqués dans des luttes d’influence souvent teintées d’une dimension ethnique. « Ça complique la situation », tranche-t-il. Ces facteurs structurels contribuent à la reproduction des violences sur le long terme. « Il y a même des générations qui n’ont connu que ça », note Mady Biaye. « On en parle depuis plus de 30 ans ; c’est beaucoup, 30 ans ». Conséquences irréversibles Les répercussions pour les survivantes à court et à long terme vont de l’apparition de fistules anales à la transmission de maladies infectieuses, comme le VIH, en passant par des grossesses non désirées. A ces blessures physiques s’ajoutent celles d’ordre psychologique qui, selon le responsable de l’UNFPA, semblent irréversibles. Ces dernières se manifestent notamment par la dépression ou des symptômes de stress post-traumatique. « Il y a aussi de la honte », souligne-t-il. Parfois, le viol d’une mère a lieu en présence de ses enfants. Ces derniers subissent alors eux-mêmes un traumatisme profond. En RDC, la stigmatisation sociale alourdit également le fardeau des survivantes, souvent victimes d’exclusion au sein de leur communauté, en plus de l’injustice subie. « Ce n’est pas très bien accepté », constate Mady Biaye. « Des mariages peuvent être brisés ». Dans bien des cas, le rejet des femmes ayant subi des violences sexuelles s’accompagne d’une précarisation économique. Pour survivre, le représentant de l’UNFPA explique que certaines d’entre elles s’enfoncent dans l’exploitation sexuelle au sein de maisons closes. « Ici, ils ont l’habitude de les appeler maisons de tolérance, que moi j’appelle maison de d’intolérance », dit-il. Des milliers de maisons de ce type ont, selon lui, ouvert leur portes à l’est du pays dans le cadre du conflit en cours, au sein desquelles les femmes, mais également de nombreux enfants, subissent les pires sévices. « Ils sont soumis à une exploitation et des abus sexuels qui n’ont pas de nom ». Une prise en charge entravée En cas de violences sexuelles, les survivantes doivent bénéficier le plus vite possible de premiers soins pour réduire le risque de contracter des maladies. L’une des priorités est également d’éviter les grossesses non désirées, non seulement pour les patientes, mais également, selon M. Biaye, parce que les enfants nés à la suite de viols grandissent souvent dans des conditions extrêmement difficiles. Le délai imparti pour la prise en charge est donc très court. « C’est 72 heures », précise-t-il. « Alors on s’imagine que 72 heures, dans une situation de conflit, c’est pas évident du tout ». Difficile en effet pour les survivantes d’accéder à des soins appropriés quand les balles sifflent de tous côtés, comme récemment à Goma, suite à l’assaut mené par le M23 contre la ville durant le mois de janvier. Outre les aspects sécuritaires, M. Biaye indique que les infrastructures sanitaires de l’UNFPA dans la métropole du Nord-Kivu ont été endommagées par les combats, sans parler des stocks de produits de l’agence, qui ont complètement disparu. « Notre entrepôt, dans un seul endroit, à Goma, a été littéralement pillé », déplore-t-il. L’UNFPA cherche donc à se réapprovisionner de toute urgence, un véritable casse-tête logistique dans ce que M. Biaye qualifie de « zone d’occupation » sous le contrôle du M23. L’agence se heurte également à des contraintes financières. « En RDC, pour faire bouger
Le fils du président ougandais promet de «guérir» le rappeur américain P Diddy, accusé de violences sexuelles
En Ouganda, Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Museveni, apporte ses conseils au rappeur américain P. Diddy. Alors que la star planétaire est incarcérée pour de lourdes accusations d’agressions sexuelles, Muhoozi Kainerugaba lui a suggéré vendredi 4 octobre de quitter les États-Unis, pour aller en Afrique où la justice serait plus équitable. Il promet toutefois que les méthodes africaines pourraient le soigner grâce à « 500 coups de bâton ». C’est une nouvelle déclaration tapageuse pour cet habitué des réseaux sociaux. Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Museveni, prétend que la justice serait impossible aux États-Unis, car là-bas « le système judiciaire déteste les Noirs » a-t-il écrit vendredi sur les réseaux sociaux. Le rappeur américain P. Diddy est accusé, par plus d’une centaine de femmes, d’agressions sexuelles et de comportements abusifs. Ce bad boy de l’industrie musicale aurait utilisé de l’alcool et de la drogue pour soumettre ses victimes, un comportement de prédateur que seules les méthodes africaines sauraient soigner, selon Muhoozi Kainerugaba : « Après 500 coups de bâton de nos gardiens de prison, il sera guéri », a ajouté le fils du président ougandais… Lire la suite sur RFI
RD Congo : Enquêter sur les décès et les violences sexuelles dans une prison

Les autorités de la République démocratique du Congo devraient enquêter sans tarder et de manière impartiale sur l’incident mortel survenu le 2 septembre 2024 à la prison centrale de Makala dans la capitale, Kinshasa, et fournir un compte-rendu transparent et crédible, a déclaré Human Rights Watch (vendredi 6 septembre). Le ministre congolais de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a annoncé le 2 septembre que lors d’une tentative d’évasion, 129 détenus étaient morts, dont 24 tués par balles alors qu’ils tentaient de s’évader, et 59 autres avaient été blessés. Plusieurs femmes détenues ont été violées. Le ministre a également indiqué qu’une commission mixte serait créée afin d’établir les circonstances de l’incident, sans donner de détails sur sa composition. « La décision du gouvernement d’ouvrir une enquête est un pas dans la bonne direction afin d’assurer qu’une telle tragédie ne se reproduise pas », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch. « Mais les autorités devraient aussi prendre des mesures décisives et immédiates pour améliorer les conditions de vie en prison, conformément aux obligations nationales et internationales de la RD Congo. » Human Rights Watch a mené des entretiens téléphoniques avec trois prisonniers qui ont déclaré que des membres présumés de gangs de jeunes, appelés kulunas, avaient tenté une évasion collective aux premières heures de la matinée du 2 septembre. Plusieurs bâtiments de la prison ont été incendiés lors de cette tentative d’évasion. La prison de Makala, comme beaucoup d’autres prisons en RD Congo, est massivement surpeuplée, dispose d’infrastructures en mauvais état et de peu de ressources. Si les détails concernant la tentative d’évasion demeurent peu clairs, les autorités affirment que les gardes ont effectué des « tirs de sommation » avant de tirer sur les prisonniers qui s’évadaient. Les autorités ont affirmé que la plupart des décès sont dus à des bousculades. Les bâtiments administratifs de la prison ont été détruits, y compris ses archives, ce qui crée d’importantes difficultés pour déterminer le nombre exact ainsi que l’identité des personnes qui y étaient détenues. Les Principes de base des Nations Unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois stipulent que ces derniers ne devraient utiliser des armes à feu que lorsqu’il existe « une menace imminente de mort ou de blessure grave » et « seulement lorsque des mesures moins extrêmes sont insuffisantes » pour empêcher de tels dommages. Les responsables de l’application des lois « ne recourront intentionnellement à l’usage meurtrier d’armes à feu que si cela est absolument inévitable pour protéger des vies humaines ». Lorsqu’un avertissement de l’intention d’utiliser des armes à feu peut être donné, il convient de laisser un « délai suffisant pour que l’avertissement puisse être suivi d’effet ». La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques obligent les gouvernements à enquêter et à punir de manière appropriée les responsables d’abus commis contre des personnes en détention et à indemniser les victimes. Les autorités devraient fournir des informations publiquement sur les progrès de l’enquête et en communiquer les résultats de manière transparente – y compris au sujet des détenus tués et blessés, a déclaré Human Rights Watch. Elles devraient également agir d’urgence pour fournir aux survivants et aux familles des victimes des soins médicaux, un soutien psychologique et une indemnisation appropriée. « J’ai vu des femmes en train d’être violées par plusieurs hommes, y compris une femme plus âgée qui a été violée », a déclaré une détenue à Human Rights Watch le 4 septembre. « Aucune de ces femmes n’a encore reçu de soins médicaux appropriés. » Les violences sexuelles sont un problème persistant dans les prisons de la RD Congo. En septembre 2020, lors d’un soulèvement à la prison centrale de Kasapa à Lubumbashi, un incendie dans le quartier des femmes a forcé les détenues à se réfugier pendant trois jours dans la cour principale de la prison, sans que la prison ne leur offre aucune protection. Durant ces trois jours, des prisonniers hommes ont violé à maintes reprises plusieurs dizaines de détenues, dont une adolescente. Le gouvernement devrait adopter d’urgence des mesures afin de préserver la sécurité des détenu-e-s et faire en sorte que tout-e-s, en particulier les femmes et les filles, soient à l’abri des violences sexuelles, a affirmé Human Rights Watch. La malnutrition et les maladies qui en découlent sont depuis longtemps la cause de décès dans les centres de détention de la RD Congo. Dans le meilleur des cas, les détenus ne reçoivent qu’un repas par jour, ce qui est dû en partie au fait que le budget des portions de nourriture est défini en fonction de la capacité des prisons, plutôt que de leurs populations réelles. En 2020, les médias avaient affirmé qu’au moins 17 personnes étaient mortes de faim à la prison de Makala. Human Rights Watch a précédemment documenté le sévère surpeuplement, la malnutrition, l’insalubrité des conditions de détention et l’absence de soins médicaux dans les prisons congolaises, notamment à Makala. La sécurité à Makala est aussi un sérieux problème. Un détenu a déclaré le 4 septembre à Human Rights Watch que « ce n’est pas l’armée ou la police, mais les détenus eux-mêmes qui assurent la sécurité dans chaque quartier de la prison. » La plupart des personnes incarcérées dans les prisons de la RD Congo, y compris à Makala, n’ont pas été condamnées pour un crime quelconque et sont dans l’attente d’un procès, tandis que d’autres ont été arrêtées pour des infractions non violentes ou mineures. La prison de Makala, construite en 1957 vers la fin de la période coloniale belge, a été conçue pour contenir 1 500 personnes mais elle en compte actuellement entre 12 000 et 14 000. Conformément au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le gouvernement devrait immédiatement s’occuper la dangereuse surpopulation des prisons en remettant en liberté toutes les personnes actuellement en détention préventive pour des crimes non violents, moyennant des garanties qu’elles comparaîtront à leur procès, a déclaré Human Rights Watch. Selon le droit international, les autorités gouvernementales ont le devoir de prendre soin des personnes incarcérées, notamment en protégeant leurs droits à la vie, à
Les femmes déplacées dans l’est de la RDC paient un lourd tribut en matière de violences sexuelles
REPORTAGE. A l’ombre de la guerre infligée par les rebelles armés dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), les femmes déplacées paient un lourd tribut en matière de violences sexuelles, tentant de survivre au milieu de la spirale des tensions qui ne montre quasiment aucun signe d’apaisement pour le moment. Dans le site de Bulengo situé à dix-sept kilomètres de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, sur la route vers la cité de Saké, théâtre des combats entre les militaires congolais et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), près d’un millier de cas de violences sexuelles ont déjà été enregistrés par les responsables du site et le comité de surveillance et d’alerte depuis l’arrivée des déplacés dans la zone en début d’année. Depuis l’année dernière, environ 800.000 personnes ont trouvé refuge dans le site de déplacés de Bulengo, au quartier dit du « Lac vert », à la périphérie ouest de la ville de Goma, dont la majorité vient du territoire de Masisi, après avoir fui les combats toujours en cours entre les militaires et les rebelles du M23, qui ont pris le contrôle de nombreux territoires. « Par semaine, il nous arrive d’enregistrer au minimum 60 à 90 cas de viols que les victimes elles-mêmes signalent à notre comité de surveillance dans le site. La majorité des cas que nous enregistrons proviennent des alentours des sites de déplacés lorsque les femmes sont en brousse à la recherche de légumes et de bois de chauffage », a déclaré Biogi Esperance, responsable du comité d’alerte au site de Bulengo. Assise dans une salle de fortune aménagée par les ONG dans le site de Bulengo, une vingtaine de femmes, dont la majorité sont mère et femme au foyer, ont toutes une histoire à raconter concernant leurs bourreaux. « J’ai aussi été violée (…) Ils m’ont violée aussi plusieurs fois (…) Nous sommes nombreuses ici dans le site de Bulengo, d’ailleurs les autres ne veulent juste pas venir parler par peur », peut-on entendre plusieurs femmes lancer dans la salle lors de l’entretien avec Xinhua. « Si l’on parlait, nos maris pourraient nous quitter. Même si l’on parlait, rien ne changerait », a murmuré une victime, d’une voix entrecoupée. Des femmes violées dont l’histoire est connue font également face aux abandons de leurs conjoints qui majoritairement décident de quitter leurs familles pour aller vivre ailleurs par honte. Une situation qui traumatise de plus en plus certaines victimes qui souffrent doublement, selon le dire de Mme Biogi Espérance. Josiane, mère de six enfants, a confié avoir déjà été violée plusieurs fois à ce jour depuis novembre dernier, parfois en route vers la brousse à quelques kilomètres de là pour chercher du bois de chauffage à revendre autour de sa tente, où elle habite avec sa famille. Avec un visage d’amertume et déception, Josiane a souligné que l’une de ses filles âgées de 17 ans avait déjà fait aussi l’objet d’un viol dans les mêmes circonstances au mois de janvier dernier. À en croire des témoignages recueillis auprès de femmes dans la zone, c’est souvent sous la pluie que des filles et femmes sont tombées entre les mains de prédateurs sexuels par manque d’endroits pour s’abriter. « C’est soit par manque d’un abri ou même par manque de quoi manger que la majorité des femmes sont victimes de viol ici dans le site généralement. Les gens ont faim et n’ont rien à donner à leurs familles, et donc sont souvent victimes d’abus sexuels masqués par contrainte », a indiqué à Xinhua un responsable membre du comité de gestion du site de Bulengo. « UN TERRIBLE ENGRENAGE » Avec les combats entre les militaires congolais et les rebelles du M23 se rapprochant des sites de déplacés, les groupes armés omniprésents alimentent les violences sexuelles, une situation par rapport à laquelle plusieurs organisations qui opèrent dans la prise en charge des victimes déplacées ont donné l’alerte. Un grand nombre de victimes interrogées sur place accusent les personnes avec des armes à feu d’être responsables de viol contre les femmes autour du site des déplacés et ailleurs, et plus particulièrement les groupes armés, dont certaines positions de combats sont depuis un moment proches des sites de déplacés situés sur la route entre Goma et Saké. « Il y a même des groupes armés qui trouvent actuellement refuge autour du site des déplacés lorsqu’ils se replient de la zone de combat et c’est pour ça que certaines bombes ennemies arrivent maintenant à toucher même une partie du camp. Des cas de kidnappings sont régulièrement signalés au sein du site et des femmes et jeunes filles mineures hautement exposées face à cette situation », a pour sa part insisté un responsable local anonyme de la société civile du Nord-Kivu. « C’est un terrible engrenage », a-t-il insisté. Fin mars, Peter Chirimwami, gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu a souligné que la province du Nord-Kivu comptait actuellement plus de 2.700.000 déplacés internes qui ont fui les affrontements entre les militaires congolais et les rebelles du M23. « Avec cet afflux massif de déplacés, la situation dans les camps de déplacés autour de Goma devient intenable, car il y a environ dix morts enregistrées par jour dans les camps de déplacées dues aux épidémies et à l’insécurité », a précisé mardi Peter Chirimwami.
En Centrafrique, le viol pour terrifier les populations

Les violences sexuelles sont utilisées comme arme de guerre dans de nombreux conflits. En Centrafrique, une victime livre un témoignage accablant. La Cour pénale internationale vient à la rencontre des victimes des crises qui ont ensanglanté la République centrafricaine. Son président, le juge Piotr Hofmanski, est en visite de travail à Bangui. L’occasion pour lui de discuter avec les autorités mais surtout d’échanger avec les victimes des crimes de guerre relevant de la compétence de la CPI. Cette cour met d’ailleurs en œuvre un fonds au profit des victimes. Agnès Yangakola est l’une des bénéficiaires de ce fonds, elle vivait à Bambari, dans le centre du pays, au moment des faits et elle explique, dans un témoignage terrible, comment les Séléka l’ont violé, ont tué son mari, son garçon et sa sœur… Lire la suite sur DW
RD Congo. « SEMA » : Ce film congolaise à revoir…

ARTS. Réalisé par Macherie Ekwa et écrit par plusieurs survivantes de viols, Sema qui veut dire en swahili « PARLE » est un film qui raconte le quotidien des deux survivantes des violences sexuelles, incarnées par Sandra Bonve et Armande Mahabi. Les deux personnages dans ce film font face au rejet par leurs communautés respectives. Il s’agit aussi du quotidien de Mungi, cet enfant issu d’un viol qui n’arrive pas à se faire accepter dans la communauté. Mais ce film est loin d’être une simple fiction. Il connaît la participation de plusieurs survivantes de l’enfer des viols à l’Est du Congo et qui ont pour la plupart accepté d’y incarner des rôles. Pour elles, la participation à ce tournage constitue une véritable thérapie en tant que victimes des viols. Ce film fait partie du processus de guérison vu que les survivantes arrivaient à faire ressortir leur douleur. Également, ce film donne plus d’espoir et plus de force à chaque victime, car elle arrive à briser le silence et à parler de ce qui lui est arrivé. Elle arrive surtout à dire qu’elle ne veut plus que ça se répète », explique Tatiana Mukanire, coordonnatrice du Mouvement national des survivantes des violences sexuelles. Sema est aussi un plaidoyer en faveur de l’égalité des sexes, de l’accès des jeunes filles à l’éducation ainsi que d’un système judiciaire juste. Ce film de 45 minutes est une tribune pour les victimes qui réclament justice et réparation. « Où êtes-vous, bande de peureux ? Où êtes-vous pour protéger vos sœurs et vos mères ? », s’interroge Matumaini, également acteur dans cette histoire, qui dénonce l’inertie des hommes face aux abus dont sont victimes les femmes. Mais un autre objectif, non des moindres de ce film, c’est de devenir un instrument de sensibilisation destiné aux communautés où le viol sévit. « L’objectif du film est de montrer comment c’est dur pour une victime de devoir vivre avec ces atrocités qu’elle a connues, mais aussi de devoir affronter le regard des autres », affirme Maud-Salomé Ekila, directrice de production de Sema qui précise que le film est également destiné aux pays occidentaux d’où partent tous les conflits. « Ce sont les conflits pour les minerais financés par les multinationales qui ont ramené le viol comme arme de guerre au Congo. Le fait de présenter le film dans ces pays permet de faire un plaidoyer directement à la source du problème », conclut la directrice de production de Sema, un film sous-titré en français et en anglais. Tourné par une équipe exclusivement composée de jeunes Congolais, Sema fait déjà partie de la sélection officielle des festivals comme le Nice International Film Festival ou encore l’Africa Film Festival. Voyons et faisons voir les films aux proches. Participons tous à la campagne de sensibilisation pour que de telles atrocités ne se répètent plus jamais!!!!!!!! Par Germain Nzinga
RDC : le HCR exprime ses préoccupations sur les violences sexuelles dans le sud-est du pays
Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’est dit vivement préoccupé par des actes de violence sexuelle perpétrés par des groupes armés dans la province du Tanganyika, dans le sud-est de la République démocratique du Congo (RDC). A en croire un communiqué du HCR publié vendredi, au cours des deux dernières semaines seulement, les partenaires humanitaires dans les zones de santé de Kongolo et Mbulula dans la province, ont enregistré 243 actes de viols, dont 48 ont été subis par des personnes mineures dans 12 villages différents. Les chiffres réels pourraient être encore plus élevés, car le signalement des violences sexistes reste tabou dans la plupart des communautés. En plus du sévère traumatisme physique et psychologique causé par le viol, les victimes de la violence sexuelle peuvent être confrontées à la stigmatisation et à une possible exclusion de leur famille, s’inquiète le HCR. Ces attaques seraient menées par des groupes armés rivaux qui se disputent le contrôle des zones minières en particulier des mines d’or et en guise de représailles contre les opérations militaires menées par le gouvernement. Les civils sont pris au piège au milieu d’affrontements intenses entre plusieurs groupes armés. « Le HCR appelle les autorités à renforcer de toute urgence la sécurité dans la zone dénommée ‘triangle de la mort’ qui borde plusieurs localités entre les provinces du Tanganyika, du Maniema et du Sud-Kivu afin de protéger les civils, en particulier les femmes et les jeunes filles, de permettre l’accès humanitaire et de faire le nécessaire afin que des enquêtes soient lancées et que les responsables soient traduits en justice », a insisté le HCR.
Bukavu : Dr Mukwenge réclame justice pour les victimes des massacres et violences sexuelles

Les violences sexuelles faites aux femmes, tout comme les massacres continuent à être enregistrés sur l’ensemble de la RDC. Cependant, l’implication de l’Etat congolais reste encore faible pour protéger les victimes, a déploré le docteur Denis Mukwege, le mercredi 2 juin, à Bukavu au Sud-Kivu. Au cours d’une journée parlementaire devant les députés provinciaux du Sud-Kivu, le Prix Nobel de la paix a présenté l’« évolution de l’état des violences sexuelles » en RDC, son niveau d’intervention sur les victimes et le niveau d’implication de l’Etat congolais dans la lutte. Jack Kamanda Amani, le rapporteur de l’assemblée provinciale du Sud-Kivu, reconnait la faible participation de l’Etat congolais dans la lutte contre certains crimes : « Nous avons vu avec la présentation du Prix Nobel le niveau de gravité des violences sexuelles que nous enregistrons chaque jour au Sud-Kivu et au pays. Et à l’assemblée provinciale, nous avons constaté franchement une faible implication de l’Etat congolais. Et qu’il serait important que l’Etat congolais capitalise les interventions du Prix Nobel de la paix par rapport aux victimes, par rapport aux femmes qui deviennent de plus en plus victimes ». Sur base de cette présentation, il dit avoir compris qu’il y a vraiment un problème de l’engament de l’Etat congolais pour sécuriser le peuple et pour lutter contre les violences faites aux femmes. Jack Kamanda Amani interpelle alors le gouvernement pour assurer ses responsabilités : « Nous pensons que l’Etat doit encore prendre un engagement ferme pour sécuriser les femmes afin qu’elles ne soient plus exposées aux violences sexuelles. L’Etat doit prendre un engagement pour émettre chacun dans son droit. Il y a eu des massacres partout en RDC et nous avons besoin que l’Etat prenne un engagement pour remettre chaque Congolais victime de ces massacres dans ses droits ». Le Dr Mukwege est revenu également sur le rapport Mapping, dont les recommandations n’ont toujours pas été exécutées. Il a encore réitéré sa demande de la mise en place du tribunal transitionnel et le tribunal mixte en RDC pour juger les responsables de ces crimes.