Maroc: L’économie nationale montre des signes de reprise graduelle

Maroc: L’économie nationale montre des signes de reprise graduelle

L’activité économique semble repartir sur de bons rails après la forte contraction enregistrée au deuxième trimestre qui a coïncidé avec l’arrêt total ou partiel de l’activité dans plusieurs secteurs économiques. En dépit de la persistance des tensions récessives dans certains secteurs fortement sensibles dont le tourisme, des signes de reprise graduelle sont perceptibles dans plusieurs branches d’activité, a annoncé la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) dans sa note de conjoncture du mois d’août (N°282). En effet, « l’examen de l’évolution de la situation économique et financière nationale au cours des derniers mois fait apparaître des signes de reprise graduelle dans plusieurs branches d’activité », a indiqué ce département relevant du ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration. La DEPF, qui s’appuie sur une série d’indicateurs conjoncturels, a toutefois insisté sur le fait que « les perspectives restent, néanmoins, incertaines à cause, notamment, des risques de nouvelles vagues de contagion ». Commentant l’évolution de la demande intérieure, les analystes de la DEPF ont constaté que la consommation des ménages, qui contribuait le plus à la croissance économique, a été impactée par la baisse des revenus ruraux et par les retombées négatives de la crise sanitaire sur les autres revenus des ménages. La Direction a, cependant affirmé que « cet impact a été significativement contenu grâce aux mesures prises par le Comité de veille économique (CVE), notamment en termes de maîtrise de l’inflation et d’octroi d’aides monétaires aux ménages touchés par les implications de la pandémie ». Les mesures prises par les pouvoirs publics auraient concrètement permis d’absorber partiellement les implications néfastes de la crise sanitaire sur la consommation des ménages et les entreprises en difficulté ainsi que leurs employés, a-t-elle expliqué. En phase avec le repli des importations en biens d’équipement et des activités immobilières, l’effort d’investissement aurait, de son côté, connu un ralentissement « suite aux restrictions imposées à l’activité économique pour contrecarrer les effets du Covid-19 ». Grâce aux premières mesures d’assouplissement post confinement, et en dépit de la baisse de la demande étrangère adressée au Maroc, les exportations nationales auraient affiché des signaux de redressement à partir du mois de juin. Ce redressement se ressent particulièrement au niveau des secteurs d’agriculture et agroalimentaire, d’électronique et de textile et habillement, a relevé la DEPF dans sa note de conjoncture. Soulignons aussi la poursuite de l’amélioration des avoirs officiels de réserve, malgré la persistance de la chute des recettes touristiques. Selon la DEPF, ils représentent l’équivalent de 6 mois et 22 jours d’importations de biens et services, grâce au tirage sur la LPL et au relatif redressement des échanges extérieurs, y compris les transferts des MRE. « Au niveau des finances publiques, le déficit budgétaire a accusé une aggravation à fin juillet, en relation avec la hausse des dépenses ordinaires conjointement à une baisse des recettes fiscales », a fait savoir la Direction précisant que ces dernières ont été marquées par une atténuation de leur rythme baissier en phase, notamment, avec la reprise graduelle de certaines activités économiques. S’agissant des crédits bancaires, des chiffres montrent que leur rythme d’évolution s’est accéléré à fin juin, par rapport à l’année dernière, en raison, particulièrement, des crédits accordés au secteur non financier, notamment aux sociétés non financières privées. En dépit de la légère hausse réalisée par rapport au mois de juin, les indices boursiers ont continué d’accuser une évolution négative à fin juillet. A noter que toutes « ces évolutions conjoncturelles se sont opérées dans un contexte international fortement touché par les implications négatives de la crise sanitaire mondiale », a relevé la DEPF. Aussi, malgré les signes de reprise relevés plus haut, « l’appréciation de la conjoncture économique nationale, en référence aux derniers indicateurs disponibles, fait état d’une forte diminution de l’activité économique en 2020 », a-t-elle fait savoir. Cela se ressent au niveau du secteur primaire qui a été marqué par une baisse de la valeur ajoutée agricole de 5% au premier trimestre et de la production céréalière de 42% à 30 millions de quintaux au titre de la campagne agricole 2019/2020. Au niveau du secteur secondaire, il apparaît que la crise sanitaire a eu un effet négatif sur l’activité du secteur en dépit de premiers signes d’atténuation. A fin juin, les exportations dans les industries manufacturières ont reculé de 18,3%, tandis que la production de l’énergie électrique baissait de 7,4%. Alors que les ventes de ciment ont accusé un recul de 19,5% à fin juillet. Quant au secteur tertiaire, on notera l’impact néfaste de la crise sanitaire sur le secteur touristique marqué par une baisse des arrivées de 63% à fin juin, avec toutefois une évolution positive de l’activité du secteur des télécommunications. Alain Bouithy