Cameroun : la Banque africaine de développement octroie un prêt de 74 millions d’euros pour des réformes dans le secteur de l’électricité afin de faciliter l’accès universel à l’électricité
Le Conseil d’administration du Groupe de la Banque africaine de développement a approuvé, le 14 décembre 2023 à Abidjan, un prêt de 74,25 millions d’euros au Cameroun pour mettre en œuvre la première phase du Programme d’appui au redressement du secteur de l’électricité (PARSEC). Le programme appuiera l’État camerounais à réaliser les réformes nécessaires du secteur énergétique en 2024 et 2025 afin de permettre au pays de produire, à terme, de l’énergie électrique en quantité abondante pour couvrir la totalité de ses besoins nationaux de 5 000 mégawatts et réaliser suffisamment de réserve pour devenir un pays exportateur d’énergie vers ses voisins, notamment le Tchad. « Ce programme permet à la Banque africaine de développement d’apporter une valeur ajoutée dans son appui au redressement du secteur de l’électricité au Cameroun. Il bénéficie d’importants effets de levier par le biais de son articulation avec différents plans de redressement du secteur de l’électricité. Ces différentes actions menées dans le cadre d’un dialogue de haut niveau avec le gouvernement sont de nature à hisser la Banque au rang de partenaire de choix du Cameroun », a déclaré Serge N’Guessan, directeur général, région Afrique centrale et responsable du bureau pays de la Banque africaine de développement au Cameroun. Les réformes du secteur permettront notamment au Cameroun de réduire ses pertes commerciales d’électricité, d’améliorer le recouvrement des redevances et de mieux maîtriser les flux d’énergie dans le segment de la distribution à travers la migration du comptage du mode post-payé vers le prépayé et l’installation des compteurs intelligents, y compris dans les bâtiments publics. Le programme aidera également à élaborer et mettre en œuvre un plan d’information-éducation-communication au profit des populations pour vulgariser le nouveau mode de comptage et initier les clients au prépaiement. L’appui de la Banque renforcera les capacités des ressources humaines afin de permettre au Cameroun de disposer d’une masse critique de personnel qualifié pouvant servir sur toute la chaîne de valeur du secteur de l’électricité, de la production à la diffusion du savoir, dans le but de faciliter des réponses plus rapides aux besoins technologiques, organisationnels, environnementaux, climatiques et financiers dans le secteur. Pour renforcer la capacité de planification du secteur de l’électricité, le programme contribuera à l’élaboration d’un Plan directeur intégré à moindre coût couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur de l’électricité au Cameroun et qui prend en compte les préoccupations en matière de genre. La population camerounaise, dans son ensemble, sera la première bénéficiaire du programme à travers l’amélioration de la qualité de vie. Le programme profitera aux petites et moyennes entreprises (PME) qui verront plusieurs contraintes pesant sur le développement de leurs activités levées, notamment l’irrégularité dans l’approvisionnement en énergie. L’environnement des affaires s’en trouvera amélioré, permettant à l’économie camerounaise d’attirer davantage de capitaux nationaux, régionaux et étrangers.
La République du Congo promeut des réformes de gouvernance pour stimuler une croissance inclusive et durable
La Banque mondiale a approuvé un financement à l’appui des politiques de développement d’un montant de 80 millions de dollars en faveur de la République du Congo. Ce financement vise à soutenir les efforts de réforme entrepris par les autorités pour renforcer la mobilisation des recettes et la gestion des finances publiques, et créer des conditions plus propices à une croissance inclusive et durable. Il s’agit de la deuxième d’une série de trois opérations prévues sur la période 2022-2024 et financées par la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et l’Association internationale de développement (IDA)* dans le but de placer l’économie congolaise sur la voie de la reprise, conformément au Plan national de développement 2022-2026 porté par le gouvernement. « Les réformes soutenues par ce financement à l’appui des politiques de développement sont indispensables pour améliorer la situation budgétaire et la gouvernance du pays tout en diversifiant l’économie, souligne Cheick Fantamady Kanté, directeur des opérations de la Banque mondiale pour la République du Congo. Il s’agit de mesures essentielles pour parvenir à une croissance durable et inclusive, soutenir l’économie du pays et améliorer le bien-être de tous les citoyens. » Cette opération s’articule autour de deux axes prioritaires. Le premier vise à renforcer la viabilité budgétaire et la gouvernance grâce à la modernisation de l’administration fiscale et douanière, à une réglementation plus rigoureuse du secteur pétrolier, à un contrôle accru des finances publiques et à l’amélioration de l’efficacité du système de passation des marchés publics. La seconde priorité est de soutenir la diversification économique et l’inclusion en améliorant l’environnement de l’entreprise, la protection sociale pour les populations les plus vulnérables, ainsi que l’accès à l’électricité et aux services essentiels comme la santé et l’éducation. Ces efforts seront essentiels pour renforcer la résilience du pays aux chocs futurs et augmenter la marge de manœuvre budgétaire disponible pour financer des investissements dans les infrastructures et le capital humain. Il s’agit notamment de mettre l’accent sur les budgets et les dépenses alloués à l’enseignement technique et professionnel, afin de doter les futurs actifs des compétences pratiques nécessaires pour affronter la concurrence du marché du travail, et contribuer ainsi à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté. La mise en opération du programme national de filets sociaux renforcera également la protection sociale, en ciblant les segments de la population les plus vulnérables.
Madagascar reçoit 100 millions de dollars pour des réformes visant à libérer les moteurs d’une croissance équitable et résiliente
Le Conseil d’administration du Groupe de la Banque mondiale a approuvé aujourd’hui un crédit de 100 millions de dollars pour une opération à l’appui des politiques de développement (DPO) à Madagascar, destinée à soutenir les réformes pour libérer les moteurs d’une croissance inclusive et résiliente. Les réformes visent à améliorer la transparence et la stabilité macro-budgétaire, la concurrence sur les marchés et la gouvernance d’entreprise dans les secteurs de l’énergie, des télécommunications et de l’exploitation minière. Madagascar est enfermé depuis des décennies dans un état de faible croissance et de forte pauvreté, essentiellement dû à des faiblesses persistantes dans la gouvernance, à une faible accumulation de capital humain et physique et à la lenteur des progrès de la transformation économique. Des événements climatiques plus fréquents et plus extrêmes et, plus récemment, la pandémie de COVID-19, ont exacerbé ces défis. La forte exposition aux risques climatiques tels que les cyclones, les sécheresses, les inondations et l’élévation du niveau de la mer font de Madagascar l’un des pays les plus sévèrement touchés par les effets du changement climatique dans la région. L’opération, la première d’une série programmatique de trois DPO, s’appuie sur deux piliers qui se renforcent mutuellement. Le premier vise à renforcer la gouvernance et les cadres macro-budgétaires, notamment par le biais d’une gestion fiscale ingénieuse face au climat et d’une gestion décentralisée. Le second pilier contribuera à améliorer l’environnement propice aux investissements et à approfondir les réformes structurelles dans les secteurs d’infrastructure essentiels, notamment l’exploitation minière, l’énergie et la connectivité numérique. « Afin d’améliorer le niveau de vie et de réduire la pauvreté, Madagascar doit augmenter considérablement son potentiel de croissance et attirer de nouveaux investissements dans des secteurs susceptibles de stimuler la transformation structurelle. Grâce à ce programme, le gouvernement a pris les premières mesures pour mettre en œuvre des réformes attendues depuis longtemps en améliorant la compétitivité et la transparence dans le secteur minier, et en favorisant les secteurs de croissance tels que l’énergie et le numérique. Le maintien de ces réformes dans le temps permettra au pays de sortir du piège de la pauvreté », a déclaré Marie-Chantal Uwanyiligira, responsable des opérations de la Banque mondiale à Madagascar. « Cette opération fait suite au Cadre de partenariat pays récemment approuvé pour Madagascar, dont les interventions prioritaires comprennent la mobilisation d’investissements productifs pour accélérer la transformation économique. » Conformément à notre Cadre de partenariat pays, le DPO soutient plusieurs mesures de réforme essentielles récemment adoptées par le gouvernement. Il s’agit notamment de soutenir la compagnie nationale d’électricité, la JIRAMA, en matière d’accords d’achat d’électricité, ce qui contribuera à orienter la production d’énergie vers les énergies renouvelables tout en élargissant la participation privée ; de lever la suspension des mouvements de permis miniers et des exportations d’or pour permettre au pays de mieux saisir les opportunités de croissance ; et de légiférer pour encourager les investissements compétitifs dans l’infrastructure numérique afin de rendre les services à large bande plus abordables. « Cette opération vise à tirer parti de la transparence et des réformes macro-budgétaires pour limiter les possibilités de captation de l’État et permettre la prestation de services inclusifs et une croissance résiliente », ont déclaré Jean-Pascal N. Nganou, économiste principal, et Ibrahim Elghandour, spécialiste du secteur public, tous deux pour la Banque mondiale à Madagascar. « Cette opération bénéficie également d’une collaboration et d’une coordination étroites avec d’autres programmes de la Banque mondiale et des partenaires de développement, en particulier le Fonds monétaire international (FMI). Les mesures politiques et l’assistance technique fournies par le programme DPO – en particulier dans les domaines de la gouvernance, de la gestion macroéconomique et de l’énergie – complètent les réformes soutenues par le programme de Facilité élargie de crédit du FMI. »
Centrafrique : le FMI appelle à des réformes afin de faire face à l’inflation
En plus de la situation humanitaire, la situation économique reste aussi préoccupante en République centrafricaine selon le Fonds monétaire international (FMI). Cette institution financière encourage le gouvernement à faire des réformes et à poursuivre les discussions avec les partenaires financiers internationaux. Affectée comme les autres pays par les conséquences de la guerre en Ukraine, la République centrafricaine présente un tableau inquiétant, contrairement aux Etats de la sous-région d’Afrique centrale (CEMAC). Une inquiétude qui se matérialise par une crise alimentaire, le faible pouvoir d’achat du Centrafricain et la pauvreté de plus en plus galopante et endémique. Plusieurs axes soutiennent cette inquiétude. C’est d’abord la hausse des prix des denrées alimentaires et produits de première nécessité, une inflation à deux chiffres, contrairement à la croissance qui, selon la projection du gouvernement, sera de 1% cette année. Ensuite, la faible mobilisation des recettes publiques et l’absence des perspectives dans la coopération entre Bangui et les partenaires financiers internationaux. Sur ce, le Fonds monétaire international appelle le gouvernement à approfondir le dialogue avec la communauté internationale sur le financement concessionnel en 2023. Cependant, l’appel du FMI est resté muet sur la facilité élargie de crédit sur laquelle le gouvernement compte pour faire face aux problèmes. « La relance économique a été perturbée » « L’activité économique en RCA a connu en 2022 une performance en demi-teinte. La reprise économique qui s’était enclenchée au sortir de la crise du Covid-19 a été fortement perturbée par la pénurie du carburant et la hausse des prix des denrées alimentaires suite à la guerre en Ukraine. Une inflation record à deux chiffres, la plus élevée dans la zone CEMAC, a été enregistrée en 2022, aggravant davantage l’insécurité alimentaire », a indiqué Albert Touna Mama, chef de la récente mission du FMI en RCA. Des réformes nécessaires Le gouvernement n’a pas attendu l’alerte du FMI pour lancer ses réformes. C’est notamment le cas du retrait de sa subvention des prix des hydrocarbures à la pompe. Ce qui a perturbé la structuration de l’économie et qui n’a pas été une bonne nouvelle pour les ménages. Par ailleurs, le gouvernement a inclus dans la loi des finances 2023, une mesure prélevant 7% sur le coût de service de téléphonie mobile. Mais la réforme doit aussi aller loin en renforçant la gestion et la transparence des finances publiques ainsi que l’amélioration de la gouvernance. De ce pas, la mission du FMI a promis de mettre à la disposition de la République centrafricaine son expertise technique afin de faire face aux conséquences de la hausse des prix. Le FMI invite, en même temps, l’Etat centrafricain à harmoniser la loi régissant les cryptomonnaies avec les dispositions en vigueur dans l’espace CEMAC. Privé de l’aide budgétaire du FMI et de la Banque mondiale, le gouvernement centrafricain, qui a recours aux emprunts obligataires, doit pouvoir convaincre ses partenaires techniques et financiers dans un contexte de récession économique.
La Banque mondiale préconise de profondes réformes des politiques foncières
La mauvaise gouvernance aggrave la crise foncière dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), selon un nouveau rapport de la Banque mondiale. Les défaillances de gouvernance exacerbent l’ampleur de la crise foncière dans cette partie du monde, affirment les auteurs du rapport rendu public récemment et qui montre comment la détérioration continue des terres dans une région qui compte 84% de déserts aggrave les problèmes de manque d’eau qui menacent la sécurité alimentaire et le développement économique. D’après les informations tirées d’images satellitaires, la superficie des terres cultivées par les pays de la région MENA a diminué de 2,4% en 15 ans, sur la période 2003-2018, a constaté le rapport intitulé « La terre en question : une meilleure gouvernance foncière et une meilleure gestion de la pénurie de terres peuvent-elles éviter la crise qui s’annonce dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord? ». Comme le relève la Banque mondiale dans un communiqué, « il s’agit de la plus forte baisse au monde, dans une région où la surface des terres cultivées par habitant est déjà la plus faible et la marge d’expansion agricole limitée ». Il est à noter également qu’« au cours de la même période, la population de la région a fait un bond de 35%, et les projections indiquent qu’elle devrait encore augmenter de 40% d’ici à 2050, pour atteindre 650 millions d’habitants », a souligné la même source. Corrélation entre dégradation des sols et mauvaise gouvernance foncière Par ailleurs, après avoir analysé et comparé les données sur la couverture terrestre aux statistiques sur les inégalités de richesse et d’autres indicateurs, les auteurs dudit rapport ont mis en évidence une corrélation entre la dégradation des sols et la mauvaise gouvernance foncière. Il faut dire que dans une région où la proportion de terres appartenant à l’Etat est extrêmement élevée, tout laisse croire que « les gouvernements ne réussissent pas à gérer leurs actifs fonciers de manière à générer des recettes publiques, alors même que 23% des entreprises des secteurs manufacturier et tertiaire éprouvent les plus grandes difficultés à accéder à la terre», a déploré le rapport. Autre constat relevé dans ce rapport : l’accès au foncier est également entravé par des normes sociales et des lois relatives à la propriété qui sont plus défavorables aux femmes dans la région MENA que dans d’autres parties du monde. Ainsi, et selon la Banque mondiale, «ces dernières subissent de fortes pressions sociales pour renoncer à leurs droits à l’héritage de biens fonciers, souvent sans compensation équitable ». Améliorer l’accès aux terres et leur utilisation La situation est telle que le rapport préconise de profondes réformes pour améliorer l’accès aux terres et leur utilisation, dans un contexte de tensions accrues liées au changement climatique et à la croissance démographique. Ainsi, pour le vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Ferid Belhaj, «le moment est venu d’examiner l’impact des questions foncières qui pèsent lourd dans de nombreuses décisions de politique publique, mais ne sont pas toujours explicitement reconnues». Car, s’il est convenu que la terre a de l’importance, il est nécessaire de relever ici un fait : «La croissance démographique de la région MENA et l’impact du changement climatique rendent encore plus urgente la résolution de la crise foncière», a-t-il estimé. D’autant plus que, comme le souligne Harris Selod, économiste senior à la Banque mondiale et co-auteur du rapport, «il est impossible de parvenir à un développement économique et social durable tant que les personnes et les entreprises n’ont pas un accès correct à la terre». Revenant sur les réformes préconisées par le rapport, la Banque mondiale explique que celles-ci portent sur la mise en place de processus transparents fondés sur les principes du marché pour l’évaluation et la cession des terres, ainsi que sur le recensement exhaustif des terres domaniales et l’amélioration de l’enregistrement des droits fonciers. Selon ses explications, « ces mesures sont nécessaires pour favoriser des décisions plus efficaces en matière d’utilisation et de gestion des terres et pour garantir que celles-ci remplissent des fonctions sociales, économiques et budgétaires dans une région où les impôts fonciers représentent moins de 1% du PIB ». Les auteurs du rapport sont, par ailleurs, persuadés que les politiques foncières peuvent également contribuer à réduire les inégalités entre les sexes. A ce propos, le document suggère, « par exemple, en cas de renonciation par les femmes à leurs droits de succession, que soit introduite une taxe pour les bénéficiaires masculins qui permettrait, grâce à l’argent collecté, de financer des initiatives favorisant l’autonomisation des femmes ». Spécialiste senior de l’administration foncière à la Banque mondiale et coauteure du rapport, Anna Corsi constate que l’approche globale indispensable pour traiter les enjeux fondamentaux de développement liés aux politiques foncières fait cruellement défaut dans la région MENA. Elle est, en outre, persuadée que «la raréfaction des terres conduit à des arbitrages stratégiques sur la meilleure manière d’utiliser cette ressource pour répondre à des objectifs économiques, sociaux et de durabilité concurrents». Quoi qu’on en pense, «la résolution urgente de la crise foncière dans la région MENA est essentielle pour le développement économique et social durable de la région, a affirmé le rapport. Alain Bouithy
Tunisie : Des réformes urgentes pour stabiliser les finances publiques
Une lente reprise économique post-COVID et des retards dans la mise en œuvre de réformes essentielles, y compris en matière de subventions, risquent de grever encore davantage des finances publiques déjà sous tension et de creuser les déficits budgétaire et commercial, selon le dernier Bulletin de conjoncture économique de la Banque mondiale consacré à la Tunisie. Publié en français sous le titre Gérer la crise en temps d’incertitudes, le rapport anticipe un taux de croissance de 2,7 % pour 2022, à la faveur essentiellement de la reprise du tourisme et du commerce, conjuguée à la bonne performance des secteurs de l’industrie minière et manufacturière. Ce chiffre est légèrement inférieur aux prévisions antérieures de la Banque mondiale, ce qui rend compte de l’impact de la guerre en Ukraine sur l’économie tunisienne. L’activité économique en 2022 va par conséquent rester bien en deçà de ses niveaux préCOVID. « Au moment même où son économie commençait à reprendre vigueur après la crise de la COVID-19, la Tunisie a été confrontée au double défi de la montée des prix des produits de base et de la guerre en Ukraine, qui a provoqué de très fortes tensions sur les approvisionnements mondiaux en blé et en énergie, explique Alexandre Arrobbio, responsable des opérations de la Banque mondiale pour la Tunisie. Consciente de ces difficultés sans précédent, la Banque mondiale a octroyé, dès la fin du mois de juin, un prêt de 130 millions de dollars à la Tunisie afin d’atténuer les répercussions de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire. Ce financement permettra au gouvernement de financer ses achats de céréales tout en engageant les réformes annoncées. » Le premier chapitre du rapport montre comment la guerre en Ukraine et la hausse des prix mondiaux des produits de base et des produits manufacturés ont exacerbé les vulnérabilités de l’économie tunisienne durant les premiers mois de 2022. Le taux d’inflation a augmenté de 6,7 à 8,1 % entre janvier et juin 2022, ce qui a poussé la banque centrale à relever son taux directeur pour la première fois depuis 2020. Le déficit commercial s’est creusé de 56 % pendant le premier semestre de 2022, pour ressortir à 8,1 % du PIB, tandis que le déficit budgétaire devrait atteindre 9,1 %, contre 7,4 % en 2021, sous le poids de la hausse des subventions énergétiques et alimentaires. Le système de subventions alimentaires, qui constitue l’un des principaux facteurs de la montée des déficits commercial et budgétaire, est plus particulièrement traité dans le deuxième chapitre. Il ressort du rapport que, dans le cas du blé, le système de subventions a effectivement permis d’assurer la stabilité des prix au profit des consommateurs, mais qu’il a aussi eu pour effet d’exercer une pression considérable sur les finances de l’État, de pénaliser les agriculteurs et les acteurs de la transformation alimentaire, et d’entraîner une surconsommation, avec à la clé des pertes et gaspillages importants. Plutôt que de subventionner les prix alimentaires, le rapport préconise de verser des allocations monétaires compensatrices aux ménages vulnérables, ce qui permettrait d’améliorer l’efficacité du système, de réduire les coûts budgétaires et d’importation et de renforcer la sécurité alimentaire face aux chocs futurs.
Alors que la croissance ralentit, Madagascar a besoin d’un nouvel élan de réformes pour redresser la barre
La dernière note de Perspectives économiques de Madagascar avertit que l’économie est confrontée à de nouvelles menaces suite à de nouveaux épisodes de COVID- 19 (coronavirus), à une série d’événements climatiques extrêmes et aux retombées du conflit en Ukraine au début de 2022. Après une reprise économique amorcée en 2021, ces chocs devraient entraîner un ralentissement de la croissance à 2,6 % en 2022, contre 4,4 % en 2021. Dans ce contexte, le taux de pauvreté restera proche de 81 %. Selon le rapport : Perspectives économiques de Madagascar : Surmonter la tempête, la crise en Ukraine devrait avoir un impact notable sur l’évolution économique à Madagascar, en raison du ralentissement de la demande des partenaires commerciaux et de la hausse des prix du pétrole qui devrait entraîner une détérioration de la balance commerciale et des pressions croissantes sur les finances publiques. Au-delà des facteurs conjoncturels, le déclin de l’investissement privé depuis le début de la crise constituerait un frein supplémentaire pour le potentiel de croissance. Dans ce contexte, la croissance devrait atteindre 4,2 % en 2023 et 4,6 % en 2024, les contraintes structurelles et une demande extérieure affaiblie faisant obstacle à une reprise plus rapide. « Face à de nouveaux chocs et incertitudes, Madagascar doit plus que jamais entreprendre des réformes audacieuses pour accélérer la croissance et renforcer sa résilience », a déclaré Idah Z. Pswarayi-Riddihough, Directrice des opérations de la Banque mondiale pour les Comores, Madagascar, Maurice et le Mozambique. « C’est une nécessité pour réduire la pauvreté dans les années à venir et d’éviter un retard croissant par rapport aux pays pairs. » Plusieurs priorités sont mises en avant comme particulièrement urgentes dans cette note de Perspectives économiques, notamment : (i) une stratégie claire pour accélérer la vaccination des personnes vivant en situation de vulnérabilité, dans les zones urbaines et touristiques ; (ii) la restauration des services publics essentiels et des infrastructures de connectivité suite aux récents chocs climatiques ; (iii) des mesures fortes visant à réduire l’insécurité alimentaire et à stimuler la production agricole nationale; (iv) des réformes de la tarification du carburant et de l’électricité ; (v) un nouvel élan pour stimuler l’accès au haut débit et aux services numériques ; et (vi) davantage de transparence et de redevabilité dans le secteur public. Ce rapport souligne également l’importance d’améliorer les performances des écoles publiques suite à la détérioration continue des résultats d’apprentissage ces dernières années. Basé sur de nouveaux résultats analytiques, le rapport suggère une nouvelle approche pour améliorer les performances comprenant des mesures renforçant la sélection et l’évaluation des enseignants, la gestion des salaires et des subventions scolaires, le mécanisme de recours et la participation des communautés locales.
Le jumelage institutionnel Maroc-UE apporte un appui aux réformes lancées par la TGR
Le jumelage institutionnel Maroc-Union européenne, qui lie la Trésorerie générale du Royaume à la Direction générale des finances publiques (DGFIP- France), est venu apporter un appui à un ensemble de réformes déjà lancées par la TGR, a déclaré le trésorier général du Royaume, Noureddine Bensouda. Le soutien de la Délégation de l’Union européenne à ce projet de grande envergure «démontre, une fois de plus, l’engagement constant de l’Union européenne pour accompagner la dynamique endogène des réformes engagées par notre pays dans plusieurs domaines dont celui de la gouvernance publique», a-t-il indiqué lors du séminaire de clôture du jumelage TGR-DGFIP, intitulé «Appui à la modernisation de la gestion financière publique» tenu en début de semaine à Rabat. Des réformes qui s’articulent autour de quatre grands axes : le premier concerne la réforme de la comptabilité de l’Etat, le deuxième a trait à la modernisation du contrôle, le troisième est lié à la dématérialisation tandis que le quatrième porte sur la sensibilisation et la formation. Vecteur d’une transformation profonde et inéluctable de la culture financière publique, la première réforme «va bien au-delà d’une simple adaptation des modes de gestion comptables. Plus qu’un outil d’information, la comptabilité y représente un véritable outil de gestion et d’aide à la décision», a souligné le trésorier général dans son allocution. Le processus accompagnant «la mise en place d’une telle réforme et l’exercice de certification des comptes qui lui est associé, ne sont pas une œuvre simple. C’est un processus ardu et exigeant», a-t-il concédé. Quoi qu’il en soit, «nous prenons cet exercice de certification très au sérieux», a affirmé Noureddine Bensouda rappelant que «le Maroc est parmi les quelques pays d’Afrique à s’engager sur la voie de la certification des comptes, ce qui est un gage de transparence et de rigueur». Parce qu’elle ne se décrète pas, la réussite de toute réforme «suppose, souvent, une vision partagée, de la créativité, des expérimentations et, parfois, même accepter de faire des erreurs», a-t-il poursuivi. Pour le trésorier général du Royaume, il apparaît ainsi «nécessaire, pour cette phase cruciale de ce chantier, d’adopter une approche concertée et consensuelle entre tous les acteurs concernés, pour que puissent se dégager des réponses appropriées, réalistes et durables». S’agissant de la deuxième réforme, qui a trait à la modernisation du contrôle, Noureddine Bensouda estime que «la logique de performance et de responsabilisation, imposée par la loi organique relative à la loi de Finances, devrait, aujourd’hui, être couplée avec une réelle transformation des rôles des ordonnateurs et des comptables». D’après ses explications, «c’est dans cette perspective que la refonte du contrôle pilotée par la Trésorerie générale du Royaume, avec l’appui de ses partenaires, a été guidée selon deux axes». Le premier, qui concerne l’allègement des contrôles, s’appuie sur les avancées réalisées depuis la mise en œuvre du texte de 2008. «Concrètement, il s’agit de proportionner l’étendue des contrôles aux enjeux financiers et aux risques», a précisé le trésorier général du Royaume. Quant au deuxième, il porte sur «le renforcement du dispositif du contrôle interne: par l’extension de son périmètre fonctionnel pour une meilleure prise en charge des risques», a-t-il poursuivi. Dans le même esprit, Noureddine Bensouda estime que «le passage d’une culture de contrôle a priori à une logique de responsabilisation et de reddition des comptes, appelle, aujourd’hui à mon sens, une refonte en profondeur et peut-être même de façon prioritaire des régimes de responsabilité des gestionnaires publics». Concernant la dématérialisation, troisième réforme également déjà engagée par la Trésorerie générale du Royaume, l’ancien Directeur général des impôts du Maroc (février 1999 au 26 avril 2010) estime qu’elle s’impose aujourd’hui comme un véritable levier de rationalisation et de sécurisation de la fonction financière. Au cours de son allocution, il a d’ailleurs rappelé à l’assistance que la TGR a engagé depuis plus d’une décennie un important chantier de dématérialisation de l’ensemble de ces métiers soulignant au passage les progrès substantiels réalisés en collaboration étroite avec les partenaires de l’institution publique. A ce propos, la TGR compte parmi ses réalisations : la mise en place du dépôt électronique des factures, la dématérialisation de la gestion financière et comptable ainsi que la mise en œuvre de la dématérialisation des pièces comptables. Quand bien même la TGR avance dans le bon sens, ces résultats positifs ne doivent pas faire oublier à l’institution qu’il dirige la nécessité de poursuivre les efforts, a insisté Noureddine Bensouda estimant que «la réussite de toute cette dynamique reste tributaire de la mise au diapason de toute l’administration, en particulier en termes de mise à niveau numérique et de conduite de changement». Un travail qui exige de la sensibilisation et de la formation, objets de la quatrième réforme soutenue par la TGR. A ce propos, la TGR «a fait de la formation et de la valorisation de ses ressources humaines et du développement de leurs compétences le maître mot et la clé de voûte de tous les chantiers de réformes dans lesquels elle s’est engagée», a-t-il fait savoir. «Nous avons mis l’accent sur la nécessité de moderniser et de transformer le processus et les activités de formation, par la diversification des outils employés et l’intégration des nouvelles technologies de l’information et de la communication», a-t-il précisé en se référant à la mise en place d’une plateforme de formation à distance «E-learning TGR», considérée comme l’un des résultats les plus tangibles du jumelage TGR-DGFIP. En fin de compte, «l’ensemble de ces réformes ont permis d’appuyer la modernisation de la gestion financière publique au Maroc selon un modèle qui lui est propre, qui respecte ses spécificités et qui place son capital humain au cœur de tous les chantiers de transformation», a conclu le trésorier général du Royaume. Alain Bouithy