La baisse des cours mondiaux des produits de base se tasse, compromettant les perspectives de réduction de l’inflation

Alors que les cours mondiaux des produits de base se stabilisent après la forte chute qui avait été enregistrée en 2023 et qui a joué un rôle clé dans le recul de l’inflation globale, les banques centrales pourraient avoir plus de mal à baisser rapidement leurs taux directeurs. Tel est le message principal du dernier rapport Commodity Markets Outlook de la Banque mondiale, qui souligne aussi la menace que fait peser un embrasement du conflit au Moyen-Orient sur la poursuite de la tendance désinflationniste observée au cours des deux dernières années. Entre la mi-2022 et la mi-2023, les cours mondiaux des produits de base avaient en effet chuté de près de 40 %, cette décrue des prix contribuant fortement à la réduction d’environ 2 points de pourcentage de l’inflation mondiale entre 2022 et 2023. En revanche, depuis le deuxième semestre de l’année dernière, l’indice des prix des produits de base de la Banque mondiale est resté globalement inchangé. Sans une recrudescence des tensions géopolitiques, les prévisions de la Banque tablent sur une baisse de 3 % des prix mondiaux des produits de base en 2024 et de 4 % en 2025. Ces baisses ne seront guère suffisantes pour juguler une inflation qui, dans la plupart des pays, reste supérieure aux cibles des banques centrales, les prix des produits de base se maintenant à un niveau environ 38 % plus élevé que celui enregistré en moyenne au cours des cinq années précédant la pandémie de COVID-19. « La bataille de l’inflation n’est pas encore gagnée, explique Indermit Gill, économiste en chef et premier vice-président du Groupe de la Banque mondiale. L’un des principaux moteurs de la désinflation, à savoir la chute des cours des produits de base, a atteint ses limites. Cela signifie que les taux d’intérêt pourraient rester plus élevés que prévu cette année et l’année prochaine. Le monde se trouve dans une situation de vulnérabilité : un choc énergétique majeur pourrait saper une grande partie des progrès réalisés ces deux dernières années dans la réduction de l’inflation. » Les fortes tensions géopolitiques des deux dernières années ont favorisé la tenue des prix du pétrole et d’un grand nombre d’autres matières premières, alors même que la croissance mondiale a ralenti. Dans le cas du pétrole Brent, par exemple, les prix ont grimpé à 91 dollars le baril au début du mois d’avril, soit près de 34 dollars de plus que la moyenne sur la période 2015-2019. Et, selon les prévisions de la Banque, ils devraient s’établir en moyenne à 84 dollars en 2024, puis à 79 dollars l’année suivante, en supposant que le conflit n’entraîne pas de perturbations de l’offre de pétrole. En revanche, en cas d’intensification du conflit au Moyen-Orient, ces perturbations pourraient raviver l’inflation mondiale. Le prix moyen du Brent pourrait ainsi remonter cette année à 92 dollars le baril en cas de perturbation modérée de l’offre de pétrole, voire dépasser les 100 dollars en cas de perturbation plus grave, ce qui conduirait à une hausse de près d’un point de pourcentage de l’inflation mondiale en 2024. « On voit émerger une divergence frappante entre croissance et prix des produits de base : malgré une croissance mondiale relativement plus faible, les prix des produits de base resteront très probablement plus élevés en 2024-25 qu’au cours des cinq années précédant la pandémie de COVID-19, souligne Ayhan Kose, économiste en chef adjoint de la Banque mondiale et directeur de la cellule Perspectives. Cette divergence s’explique en grande partie par des tensions géopolitiques exacerbées qui tirent vers le haut les prix des principales matières premières et contribuent à alimenter des risques de fortes fluctuations des cours. Les banques centrales doivent rester vigilantes quant aux répercussions inflationnistes induites par de possibles flambées des prix des produits de base dans un contexte de tensions géopolitiques élevées. » Le prix moyen de l’or, placement de choix pour les investisseurs en quête d’une « valeur refuge », devrait atteindre un niveau record en 2024, avant de se tasser légèrement l’année prochaine. L’or est un actif qui a la particularité de souvent se renchérir pendant les périodes d’incertitude géopolitique ou politique, comme les conflits. La forte demande émanant de plusieurs banques centrales de pays en développement, ainsi que la montée des difficultés géopolitiques, devraient soutenir les prix de l’or tout au long de l’année 2024. Une escalade du conflit au Moyen-Orient pourrait également faire grimper les prix du gaz naturel, des engrais et des denrées alimentaires, note le rapport. La région joue en effet un rôle crucial dans l’approvisionnement en gaz naturel : 20 % du commerce mondial de gaz naturel liquéfié (GNL) transite par le détroit d’Ormuz. Dans l’hypothèse d’une interruption de l’approvisionnement en GNL, les prix des engrais augmenteraient considérablement, ce qui entraînerait probablement une hausse des prix alimentaires. Toutefois, le scénario de référence de la Banque mondiale table plutôt sur un léger fléchissement des prix des denrées pour 2024 (-6 %) et 2025 (-4 %). Quant aux prix des engrais, ils devraient baisser de 22 % en 2024 et 6 % en 2025. L’accélération des investissements dans les technologies vertes alimente une hausse des prix des métaux indispensables à la transition énergétique. Les cours du cuivre, métal nécessaire au développement des infrastructures électriques et à la production de véhicules électriques, ont atteint en avril leur plus haut niveau depuis deux ans. Ils devraient baisser de 5 % en 2024, avant de se stabiliser en 2025. Les prix de l’aluminium devraient progresser de 2 % en 2024 et de 4 % en 2025, tirés par la production de véhicules électriques, de panneaux solaires et d’autres infrastructures d’énergie renouvelable. Dans un dossier spécial, le rapport évalue cinq méthodes communément utilisées pour prévoir les prix de trois produits de base essentiels : le pétrole brut, le cuivre et l’aluminium. Il en ressort que chacune d’entre elles présente un certain nombre de faiblesses, mais aussi des points forts importants. Par conséquent, cette analyse préconise de recourir à diverses approches analytiques pour améliorer la qualité des prévisions, tout en faisant preuve de jugement.
Le conflit au Moyen-Orient pourrait provoquer un double choc sur les marchés mondiaux des produits de base

Bien que l’économie mondiale soit en bien meilleure position que dans les années 1970 pour faire face à un choc pétrolier majeur, une escalade du conflit en cours au Moyen-Orient, qui vient s’ajouter aux bouleversements causés par l’invasion russe de l’Ukraine, risque d’entraîner les marchés mondiaux des matières premières en terrain inconnu, alerte le dernier rapport Commodity Markets Outlook publié par la Banque mondiale. Selon le rapport, qui dresse une première évaluation des conséquences potentielles à court terme du conflit sur les marchés des produits de base, les effets devraient être limités si le conflit ne s’étend pas. Dans le scénario de référence établi par la Banque mondiale, les prix du pétrole devraient atteindre en moyenne 90 dollars le baril au cours du trimestre actuel avant de retomber à 81 dollars en moyenne l’an prochain, en raison du ralentissement de la croissance économique mondiale. Dans l’ensemble, les prix des produits de base devraient baisser de 4,1 % en 2024. Ceux des produits agricoles sont appelés à fléchir l’année prochaine compte tenu de l’augmentation de l’offre, et les cours des métaux de base devraient également reculer de 5 % en 2024. Le rapport anticipe une stabilisation des prix des matières premières en 2025. Les effets du conflit sur les marchés mondiaux des produits de base sont pour l’instant limités : les cours du pétrole ont augmenté de 6 % environ depuis le début du conflit, tandis que les prix des produits agricoles, de la plupart des métaux et des autres matières premières ont à peine bougé. Néanmoins, les perspectives s’assombriraient rapidement si le conflit s’intensifiait. Le rapport décrit ce qui pourrait se produire selon trois scénarios de risque basés sur l’expérience historique depuis les années 1970. Les impacts dépendront du degré de perturbation des approvisionnements en pétrole. Selon un scénario de « perturbation limitée », l’offre mondiale de pétrole serait réduite de 500 000 à 2 millions de barils par jour, ce qui équivaut à peu près à la diminution observée lors de la guerre civile en Libye en 2011. Dans ce cas, le prix du pétrole augmenterait dans un premier temps de 3 à 13 % par rapport à la moyenne de référence pour le trimestre actuel, soit un prix du baril compris entre 93 et 102 dollars. Selon un scénario de « perturbation moyenne », correspondant globalement à la guerre d’Iraq en 2003, l’offre mondiale de pétrole diminuerait de 3 à 5 millions de barils par jour. La hausse initiale du prix du pétrole se situerait alors entre 21 et 35 %, portant le baril à une fourchette comprise entre 109 et 121 dollars. Enfin, selon un scénario de « perturbation majeure » comparable à l’embargo arabe sur le pétrole en 1973, l’offre mondiale de pétrole se réduirait de 6 à 8 millions de barils par jour, provoquant une hausse des prix de 56 à 75 % dans un premier temps, soit un prix compris entre 140 et 157 dollars le baril. « Le conflit en cours au Moyen-Orient survient après le plus grand choc subi par les marchés des matières premières depuis les années 1970, à savoir la guerre entre la Russie et l’Ukraine, souligne Indermit Gill, économiste en chef de la Banque mondiale et premier vice-président pour l’Économie du développement. Cela a eu des effets perturbateurs sur l’économie mondiale qui persistent encore aujourd’hui. Les décideurs politiques devront donc être vigilants. Si le conflit devait s’aggraver, l’économie mondiale serait soumise à un double choc énergétique pour la première fois depuis des décennies, non seulement à cause de la guerre en Ukraine, mais aussi à cause de la situation au Moyen-Orient. » « La hausse des cours du pétrole, quand elle se maintient, se traduit inévitablement par une augmentation du prix des denrées alimentaires, explique Ayhan Kose, économiste en chef adjoint de la Banque mondiale et directeur de la cellule Perspectives. Un choc pétrolier sévère aggraverait l’inflation des prix alimentaires, qui est déjà élevée dans de nombreux pays en développement. Fin 2022, plus de 700 millions de personnes étaient sous-alimentées, soit près d’un dixième de la population mondiale. Une escalade du conflit intensifierait l’insécurité alimentaire, non seulement dans la région, mais aussi dans le monde entier. » Le fait que le conflit n’ait eu jusqu’à présent qu’un impact modeste sur les prix des produits de base pourrait refléter une plus grande capacité de l’économie mondiale à absorber les chocs pétroliers. Selon le rapport, depuis la crise énergétique des années 1970, les pays du monde entier ont renforcé leurs défenses contre de tels chocs. Ils ont réduit leur dépendance à l’égard du pétrole et la quantité de pétrole nécessaire pour générer un dollar de PIB a ainsi diminué de plus de moitié depuis 1970. Ils ont diversifié leurs fournisseurs pétroliers et élargi leurs ressources énergétiques, y compris grâce aux sources renouvelables. Certains pays ont constitué des réserves stratégiques de pétrole, mis en place des dispositifs de coordination de l’offre et créé des marchés à terme pour atténuer l’impact des pénuries de pétrole sur les prix. Toutes ces améliorations suggèrent qu’une escalade du conflit pourrait avoir des effets plus modérés que par le passé. Le rapport souligne aussi que les responsables politiques doivent néanmoins rester sur leurs gardes. Certaines matières premières envoient en effet des signaux d’alerte : l’or, en particulier, a vu ses prix augmenter d’environ 8 % depuis le début du conflit. Le cours de l’or entretient une relation singulière avec les préoccupations géopolitiques : il augmente en période de conflit et d’incertitude, ce qui est souvent le signe d’une érosion de la confiance des investisseurs. Si le conflit s’intensifie, les responsables des pays en développement devront prendre des mesures pour gérer une hausse potentielle de l’inflation globale. Compte tenu du risque d’aggravation de l’insécurité alimentaire, les gouvernements devraient éviter les restrictions commerciales telles que les interdictions d’exportation de denrées et d’engrais. De telles mesures intensifient souvent la volatilité des prix et renforcent l’insécurité alimentaire. Les États devraient également s’abstenir d’instaurer des contrôles des prix et des subventions en réponse à la hausse des prix de l’alimentation et du pétrole. Il est en effet préférable d’améliorer les filets de protection sociale, de diversifier les sources de nourriture et d’accroître l’efficacité de la production et du commerce des denrées alimentaires.
Fort recul des prix des produits de base à l’échelle mondiale

Les prix des produits de base ont enregistré leur plus forte baisse depuis la pandémie de Covid-19, a indiqué la Banque mondiale dans la dernière édition de son rapport Commodity Markets Outlook. Selon ce document rendu public récemment, « les cours mondiaux des produits de base devraient refluer cette année à un rythme sans précédent depuis le début de la pandémie de COVID-19, assombrissant les perspectives de croissance de près de deux tiers des économies en développement qui dépendent de l’exportation de ces produits ». La Banque mondiale prévient toutefois que la baisse des prix ne devrait guère soulager les quelque 350 millions de personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire dans le monde. En effet, quand bien même les cours des denrées devraient reculer de 8 % en 2023, l’institution internationale estime qu’ils atteindront un record qui n’a été dépassé qu’une seule fois depuis 1975. Les auteurs dudit rapport rappellent, en outre, que l’inflation annuelle des prix alimentaires ressortait à 20 % à l’échelle mondiale au mois de février, ce qui correspond au « niveau le plus élevé de ces vingt dernières années ». Pour Indermit Gill, économiste en chef et premier vice-président de la Banque mondiale pour l’Économie du développement, « la flambée des prix de l’alimentation et de l’énergie après l’invasion de l’Ukraine par la Russie s’est largement dissipée en raison du ralentissement de la croissance économique, d’un hiver peu rigoureux et des réallocations dans le commerce des matières premières ». Il faut cependant garder à l’esprit que, dans bien des pays, cela ne soulagera pas vraiment les consommateurs. Et pour cause : « en termes réels, les prix des denrées alimentaires resteront à un niveau parmi les plus élevés de ces cinq dernières décennies », a-t-il expliqué. Ainsi que l’estime Indermit Gill, « les gouvernements devraient éviter les restrictions commerciales et protéger les populations les plus pauvres en recourant à des programmes ciblés de soutien aux revenus plutôt qu’à des mesures de régulation des prix. » Toujours selon le rapport, en 2023, les prix des produits de base devraient globalement reculer de 21 % par rapport à 2022 ; tandis que ceux de l’énergie devraient refluer de 26 %. Quant au cours du pétrole brut (Brent), tout porte à croire qu’il devrait s’établir en moyenne à 84 dollars le baril cette année, soit une baisse de 16 % par rapport à la moyenne de 2022. Selon les prévisions de la Banque mondiale, « en Europe et aux États-Unis, les prix du gaz naturel devraient être divisés par deux entre 2022 et 2023, tandis que ceux du charbon devraient perdre 42 % en 2023 ». Dans son rapport, l’institution internationale prévoit en outre que les prix des engrais devraient pour leur part chuter de 37 % cette année. « Ce qui constituerait la plus forte baisse sur un an depuis 1974 », a fait savoir la Banque mondiale précisant qu’ils sont toutefois encore proches du niveau record atteint lors de la crise alimentaire de 2008-2009. Quoi qu’il advienne, Ayhan Kose, économiste en chef adjoint de la Banque mondiale et directeur de la cellule Perspectives, constate que « la baisse des prix des produits de base au cours de l’année écoulée a permis de réduire l’inflation globale dans le monde ». Ce dernier estime néanmoins que «les banques centrales doivent rester vigilantes car de nombreux facteurs pourraient faire grimper les prix et raviver les pressions inflationnistes. L’économiste fait allusion notamment à « une offre de pétrole plus limitée que prévu, une reprise de l’économie chinoise plus consommatrice de matières premières, une intensification des tensions géopolitiques ou des conditions météorologiques défavorables. » Il est important de savoir qu’en dépit des baisses marquées attendues cette année, « les prix de toutes les principales catégories de produits de base resteront nettement supérieurs à leurs niveaux moyens sur la période 2015-2019 », selon les estimations de la Banque mondiale. L’institution financière prévoit également que « les prix du gaz naturel en Europe seront près de trois fois supérieurs à la moyenne de 2015-2019 », et que ceux de l’énergie et du charbon resteront tout aussi plus élevés que la moyenne pré-COVID. Sous l’effet de la faiblesse de la demande mondiale et de l’amélioration de l’offre, « les prix des métaux, qui ont légèrement augmenté en début d’année devraient chuter de 8 % par rapport à l’année dernière ». C’est du moins l’avis de Valerie Mercer-Blackman, économiste principale au sein de la cellule Perspectives de la Banque mondiale qui estime cependant qu’à plus long terme, «la transition énergétique pourrait faire grimper de manière significative la demande de certains métaux, notamment le lithium, le cuivre et le nickel.» Alain Bouithy
Les cours mondiaux des produits alimentaires en recul à fin décembre dernier

MAROC. Le gouvernement est-il informé de la baisse des prix des produits alimentaires intervenue récemment à l’échelle internationale? Lui qui avait attribué, pas plus tard qu’en novembre dernier, l’envolée des prix de certains produits de base constatée au niveau national au contexte international. Quoi qu’il en soit, la nouvelle donne rapportée jeudi dernier par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ne devrait pas arranger les affaires du gouvernement. En effet, l’exécutif n’a plus qu’à s’appuyer sur d’autres arguments soutenus par la ministre de l’Economie et des Finances lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, pour justifier ces hausses devenues insupportables pour bien de familles marocaines. Et pour cause : les prix internationaux des huiles végétales et du sucre ont cédé beaucoup de terrain par rapport à leurs niveaux auparavant élevés au cours du dernier mois de l’année 2021, a constaté l’agence onusienne dans un récent rapport. L’évolution des cours de ces deux produits a eu pour conséquence un léger recul des prix mondiaux des produits alimentaires en décembre, a relevé la FAO. En effet, l’Indice FAO des prix des produits alimentaires a accusé une baisse de 0,9% par rapport à novembre, affichant une valeur moyenne de 133,7 points en décembre. L’Indice, qui suit l’évolution mensuelle des prix internationaux des produits alimentaires les plus couramment échangés dans le monde, demeure toutefois à un niveau encore supérieur de 23,1% à celui de décembre 2020, a constaté l’organisation internationale assurant que la seule hausse mensuelle enregistrée en décembre est à mettre au compte du sous-indice des produits laitiers. Un réconfort, certainement, pour l’exécutif. «Sur toute l’année 2021, en moyenne annuelle, l’Indice FAO des prix des produits alimentaires s’est établi à 125,7 points, soit pas moins de 28,1% de plus que l’année précédente», a fait savoir la FAO. Dans le détail, l’Indice FAO des prix des huiles végétales a reculé de 3,3% en décembre. Une variation due à l’affaissement des cours de l’huile de palme et de l’huile de tournesol, «car la demande mondiale à l’importation a été faible, ce qui est peut-être lié au fait que l’on se soit inquiété des conséquences de la hausse du nombre de cas de Covid-19». Selon l’organisation, les données recueillies montrent que l’Indice FAO des prix des huiles végétales a atteint son plus haut niveau jamais enregistré sur l’ensemble de l’année. Il a augmenté de 65,8% par rapport à 2020, a-t-elle constaté. Pour rappel, le Conseil de la concurrence avait attribué la hausse des prix des huiles de table à la conjonction de facteurs objectifs liés à la structure du marché lui-même et aux évolutions du marché extérieur duquel il est dépendant. Dans un avis relatif à «l’examen du respect des règles d’une concurrence libre et loyale par les producteurs et importateurs des huiles de table suite aux augmentations des prix de vente constatées sur le marché national», il avait mis l’accent «sur les cours mondiaux des huiles brutes en forte augmentation depuis le début de l’allègement des mesures de confinement liées à la pandémie de Covid-19 et les coûts de matières premières aggravés par la hausse concomitante du prix de l’énergie et du transport», comme l’avait rapporté la MAP. Avant de formuler quelques recommandations sous forme d’observations. En perdant 3,1% depuis novembre, l’Indice FAO des prix du sucre tombe à son niveau le plus bas depuis cinq mois. La FAO justifie ce recul par les craintes quant aux éventuelles répercussions du variant Omicron sur la demande mondiale, de l’affaiblissement du real brésilien et de la baisse des prix de l’éthanol. A noter que sur l’ensemble de l’année 2021, l’Indice FAO des prix du sucre a cependant grimpé de 29,8% par rapport à l’année précédente pour atteindre son plus haut niveau depuis 2016. S’il est resté globalement stable en décembre, il ressort du rapport de l’organisation que sur l’ensemble de l’année 2021 l’Indice FAO des prix de la viande a progressé de 12,7% par rapport à 2020. Quant à l’Indice FAO des prix des produits laitiers, les données montrent qu’il est le seul sous-indice à avoir progressé en décembre ; après avoir gagné 1,8% par rapport au mois précédent. Il faut dire qu’au cours du mois dernier, «les cours internationaux du beurre et du lait en poudre ont augmenté à la suite de la baisse de la production laitière dans l’Europe de l’Ouest et en Océanie. Les prix du fromage ont légèrement reculé, ce qui indique que les producteurs laitiers d’Europe de l’Ouest ont privilégié ce produit», a expliqué la FAO précisant qu’en 2021, la valeur moyenne de l’Indice FAO des prix des produits laitiers a progressé de 16,9% par rapport à 2020. Alain Bouithy
Révision à la baisse des prévisions des prix des produits de base à l’échelle mondiale

La Banque mondiale annonce avoir revu à la baisse ses prévisions concernant les prix des produits de base, dans un contexte de détérioration de la croissance mondiale et d’offre suffisante. Ainsi, « après le déclin important enregistré en 2019, les prix de l’énergie et des métaux devraient continuer à baisser en 2020 », a indiqué l’institution internationale dans sa livraison d’octobre du Commodity Markets Outlook.A en croire les analystes de la Banque mondiale, cette situation s’explique par la croissance mondiale plus faible qu’anticipé et par le relâchement de la demande en découlant. Selon les nouvelles prévisions de la Banque mondiale, « le prix du baril de pétrole brut devrait s’établir en moyenne à 60 dollars en 2019, avant de fléchir à 58 dollars en 2020, soit un niveau inférieur de 6 et 7 dollars respectivement par rapport aux prévisions du mois d’avril dernier ». L’institution de Bretton Woods a en outre annoncé que la consommation de pétrole devrait progresser à un rythme bien plus faible qu’anticipé auparavant, à la suite du ralentissement de la croissance mondiale. Elle devrait « croître modérément l’année prochaine », relevant que le principal risque de dégradation pesant sur ces prévisions réside dans une détérioration plus forte que prévu de la conjoncture économique. « En tenant compte également du gaz naturel et du charbon, les prix de l’énergie devraient afficher en 2019 un niveau de près de 15 % inférieur à la moyenne enregistrée en 2018, et poursuivre leur baisse en 2020 », a-t-elle ajouté. En ce qui concerne les cours des métaux, l’institution internationale a fait état d’une tendance également à la baisse du côté des cours des métaux. Selon elle, ceux-ci devraient perdre 5 % en 2019 et continuer de décliner l’année prochaine sous l’effet du ralentissement de la demande mondiale. Après leur montée en flèche cette année, « les prix des métaux précieux devraient continuer à progresser en 2020 dans un contexte d’incertitudes grandissantes au niveau mondial et de politiques monétaires accommodantes », a prévenu la Banque mondiale. Quant aux cours des matières premières agricoles, il ressort des mêmes prévisions qu’ils devraient également baisser cette année, avant de se stabiliser l’année prochaine. La BM reste toutefois prudente. Et pour cause, elle prévient que l’assouplissement des tensions commerciales pourrait entraîner à la hausse les prix de certains produits agricoles, comme le soja et le maïs. Par ailleurs, elle est persuadée qu’«une baisse des prix énergétiques aurait pour conséquence de réduire le coût du carburant et des engrais et pourrait ainsi contribuer à une diminution du prix des cultures très consommatrices d’énergie comme les oléagineux ». Vice-présidente du Groupe de la Banque mondiale pour la division Croissance équitable, finance et institutions, Ceyla Pazarbasioglu pense que «le ralentissement de la demande de matières premières représente un défi pour les pays exportateurs et une source d’opportunités pour les pays importateurs ». Mais alors que la fluctuation des prix et le progrès technologique vont amener les pays à se détourner d’un produit de base au profit d’un autre, elle appelle à « veiller à ce que ces ressources soient produites et consommées d’une manière écologiquement durable». Ayhan Kose, directeur du Groupe d’étude des perspectives à la Banque mondiale, affirme pour sa part que «les économies en développement qui sont tributaires des recettes d’exportation provenant d’un petit groupe de produits de base sont vulnérables». Pour elle, «la poussée de la demande et la hausse des prix sont des facteurs susceptibles de stimuler l’innovation et de faciliter la substitution d’un produit de base par un autre». A propos de la substitution d’un produit de base par un autre chez les consommateurs, le rapport de la Banque mondiale a relevé que «ces choix de substitution mettent en évidence les risques qui menacent les perspectives de croissance à long terme des pays qui dépendent massivement de l’exportation d’un nombre réduit de produits de base ». Alain Bouithy
CNUCED et FAO appellent à poursuivre les transformations structurelles des PVD

Les pays en développement tributaires des produits de base doivent davantage diversifier leur économie, selon un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). A moins de changer certaines politiques, ils devraient accuser un certain retard par rapport aux pays affichant des économies plus diversifiées, ont prévenu la CNUCED et la FAO. S’ils ne confirment pas leur engagement de changer d’orientation, les pays dépendants des produits de base « risquent, d’ici à 2030, d’être distancés sur le plan économique et social par des pays dont l’économie est plus diversifiée », a soutenu le rapport sur « Les produits de base et le développement 2017 ». Selon les recommandations de ce document, il est impératif que les pays en développement tributaires des produits de base poursuivent leur transformation structurelle en vue d’améliorer leurs perspectives sociales et économiques, de réduire la pauvreté, d’assurer la sécurité alimentaire et d’atteindre l’ensemble des ODD. En effet, « la transformation structurelle devrait conduire à la bonne mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, dont les Objectifs de développement durable (ODD) sont l’élément fondamental », a estimé la FAO. A noter qu’en appui à celles-ci, le rapport a examiné les politiques menées par plusieurs pays et leurs effets socio-économiques respectifs. Les études de cas a porté sur divers produits de base et leurs pays producteurs, notamment « le soja en Argentine et au Brésil, le riz au Bangladesh, les diamants au Botswana et en Sierra Leone, le coton au Burkina Faso, le café et les bananes au Costa Rica, le cacao au Ghana, le nickel en Indonésie, le sorgho au Mali, le pétrole au Nigeria et le cuivre en Zambie », précise-t-on sur le site web de la FAO. Dans une note relative à ce document, la FAO a rappelé que l’envolée des prix des produits de base enregistrée entre 2003 et 2011 a tiré vers le haut les recettes d’exportation et, de manière générale, le taux de croissance économique de nombreux pays en développement tributaires des produits de base. Elle a toutefois fait remarquer que cette tendance « s’est soit ralentie soit inversée depuis que les prix mondiaux se sont stabilisés à un niveau inférieur ». «La nécessité d’investir dans le capital humain et la protection sociale et d’adopter des politiques de redistribution a ainsi été mise en lumière, sachant qu’une forte croissance économique mondiale à elle seule ne se traduit pas nécessairement par une réduction de la pauvreté et des progrès en matière de sécurité alimentaire », a-t-elle poursuivi. En ce qui concerne les mesures à même de favoriser une croissance inclusive ces quinze prochaines années, le rapport recommande la diversification économique, le développement des liens entre le secteur des produits de base et le reste de l’économie. Le rapport prône aussi « l’adoption de politiques de dépenses anticycliques visant à mettre en place des fonds de stabilisation des recettes tirées des produits de base dans les phases d’envolée des prix en vue de les utiliser dans les phases de contraction, la création de valeur ajoutée dans le secteur des produits de base et la réalisation d’investissements dans la protection sociale, la santé et l’éducation ». Par ailleurs, la CNUCED et la FAO ont estimé que ces pays auront besoin « d’une marge d’action plus large pour trouver la bonne combinaison de mesures qui soit adaptée à leur situation économique et favorise leur développement économique durable dans un contexte de mondialisation croissante ».