Congo/RDC. LU POUR VOUS : La chronique musicale de Audifax Bemba

Congo/RDC. LU POUR VOUS : La chronique musicale de Audifax Bemba

MUSIQUE. 1963 nous rappelle la sortie sur disque de la chanson « Tala likambo ya Catherine » (Luambo/Kwamy) et l’Ok jazz : I – De Luambo Franco : précurseur de l’animation ( concept « Atalaku ») et l’Ok Jazz, pionnier du rythme saccadé dans la musique congolaise. En ce dernier trimestre 1963, la chanson « Tala likambo ya Catherine » est une bombe dans l’univers musical congolais. Tout le monde en parle à sa sortie, c’est la chanson à écouter, le « Must have » . II – Luambo Franco animateur d’exception En plus de ses talents de soliste-guitariste, auteur-compositeur et chanteur, Luambo Franco nous révèle une face cachée de son animation hors-pair . Luambo Franco ajoute ici dans la chanson congolaise, une rubrique jusque là inexistante, l’animation III – L’animation vulgarisée par le TRIO MADJESI Si Luambo Franco parsceme les chansons de l’Ok jazz d’animation sporadique (« Luvumbu ndoki » de Luambo Franco) , « Numéro ya Kinshasa » de Gilbert Youlou en 1968, « Bango nionso bambanda » de Youlou encore en 1969 )Il faudra attendre 1072 que le Trio MADJESI et l’orchestre Sosoliso la consolident et la fixent désormais cohérente à la musique congolaise. Portée dans toutes les chansons par MATADIDI, LOKO-MASSENGO, tous les deux menés par BONGHAT TSEKABU SAAKUL, l’animation dans les œuvres de l’orchestre Sosoliso est, la chanson proprement dite, une partie très attendue par le public . C’est ici le rôle capital joué par Trio MADJESI dans la vulgarisation de l’animation dans les chansons congolaises de variétées de danse. IV – La continuité avec l’orchestre ZAIKO C’est au début des années 80 que ZAIKO recrute et consacre deux musiciens à cette tâche, que le public appelera « Atalaku », reprennent le cri d’entrée en scène des deux animateurs dans la partie instrumentale de la chanson dite « chauffer » V – Les prémices du rythme saccadé La chanson « Tala likambo ya Catherine » est annonciatrice d’une nouvelle ère de la musique congolaise, un tournant important de celle-ci. Elle porte les ferments du rythme saccadé, portant ainsi cette musique de trois à quatre temps, avec la guitare basse servant de marqueur tant pour le reste de l’orchestre que des danseurs plus tard. Ainsi, le rythme musical avait précédé la danse – ad hoc « La danse des bouchers » qui s’en suivirent… jusqu’à nos jours. Clément ossinondé (lu pour vous )

Sénégal. LU POUR VOUS (« Pétrole et Gaz au Sénégal. Chronique d’une spoliation » d’Ousmane Sonko)

Sénégal. LU POUR VOUS (« Pétrole et Gaz au Sénégal. Chronique d’une spoliation » d’Ousmane Sonko)

LIVRES. Publié en mai 2017 par un éditeur au nom évocateur : « Les Fauves », l’ouvrage de 258 pages d’Ousmane Sonko intitulé « Pétrole et Gaz au Sénégal. Chronique d’une spoliation » touche à un sujet tabou qui constitue présentement un des enjeux majeurs de la crise de l’alternance démocratique au Sénégal. Dès le début de l’ouvrage, l’auteur avertit ses lecteurs avec ce sage conseil : « N’engage pas le débat lors d’un dîner car celui qui n’a pas faim aura le dernier mot. » Comme pour vouloir dire qu’à propos de la gestion du pétrole et du gaz au Sénégal, ceux qui semblent être les non protagonistes de la planification de ce vaste plan d’exploitation sont capables de tenir la dragée haute aux tenants du pouvoir. L’auteur éclaire, argumente et documente, démêle et explique tous les enjeux liés aux affaires traitées du pétrole et du gaz tout comme l’épineux dossier de Petro-Tim. Il démontre également les implications insoupçonnées de l’exploitation du pétrole et du gaz sur le plan politique et démocratique, institutionnel, administratif, judiciaire, citoyen, national et international. « C’est pourquoi, précise l’auteur, nous avons senti l’impérieuse urgence d’écrire ce livre de clarification et de mémoire ». Au fil des lignes, ce qui frappe le plus, c’est la trame et la précision argumentaire et documentaire ; la maîtrise d’un sujet qui, a priori, ne relève pas de la formation intrinsèque de l’auteur. L’ouvrage apparaît ainsi comme un bréviaire pour qui veut comprendre la problématique des ressources naturelles du Sénégal, singulièrement pétrolières et gazières. Ce livre se veut une lampe dans la nuit très sombre de la corruption, manipulation et l’amateurisme politique. À lire absolument pour comprendre les dessous de l’acharnement de l‘Establishment local et mondial contre ce jeune leader panafricain. Par Germain Nzinga

RDC. LU POUR VOUS (« Églises d’Afrique et Propaganda Fide. Réflexions et perspectives »)

RDC. LU POUR VOUS (« Églises d’Afrique et Propaganda Fide. Réflexions et perspectives »)

LIVRES. Le mercredi 22 juin 1622, naissait la Congrégation Propaganda Fide suite à la signature par le Pape Grégoire XV de la bulle Inscrutabili Divinae. A l’occasion du 400 e anniversaire de cet événement, une équipe de chercheurs congolais sous la direction des docteurs Jean de Dieu Mvuanda et Sylvain Mukulu, a voulu honorer ce quadriséculaire anniversaire par la publication d’un ouvrage collectif intitulé « Églises d’Afrique et Propaganda fide. Réflexions et perspectives. » publié depuis le 3 janvier 2023 aux éditions L’Harmattan à Paris. Ce livre de 200 pages souligne la nécessité du dialogue entre l’Afrique et Rome. Y sont examinés les fondements bibliques de l’évangélisation de tous les peuples (Guy-Angelo Kangosa); l’échec dans l’instauration d’une hiérarchie ecclésiastique au Royaume Kongo ( Willy Manzanza Mwanangombe) ; le rôle de l’université dans le vaste projet de la Propaganda fide(Germain Nzinga Makitu) ; les apports de la dynamique initiatique des traditions africaines pour édifier efficacement l’africain aujourd’hui (Jean de Dieu Mvuanda Mbaki). Sont également abordées la contextualisation et l’extension du jus remonstrandi en Afrique ( Placide Ponzo B. Kabamba) et les nécessités d’un élargissement du droit d’objecter à tous les baptisés mariés mais divorcés et d’une procédure canonique adaptée au génie culturel africain (Jules Kafuti Folo). Le mode de nomination des évêques pour les Églises africaines est-il une trahison de la collégialité, de la communion et de la synodalité prônées par Vatican II ? ( Gabriel Makinisi Yanga). Faut-il continuer à penser la pratique missionnaire en Afrique à partir du Saint-Siège ?( Sylvain Mukulu Mbangi). En abordant ces différentes questions, cet ouvrage jette les jalons pour une église-communion dans la diversité et réactive en même temps le débat sur le rapport des institutions romaines avec les églises particulières africaines. Par Germain Nzinga

LIVRE/LU POUR VOUS (« Les murs les plus puissants tombent par leurs fissures » de Jean Ziegler)

LIVRE/LU POUR VOUS (« Les murs les plus puissants tombent par leurs fissures » de Jean Ziegler)

SUISSE. L’heure de la désaliénation semble venue. L’on voit, l’on entend poindre, surgir et grandir l’incarnation collective des aspirations individuelles et collectives. C’est en tout le fond de pensée de l’opus de Jean Ziegler “ Les murs les plus puissants tombent par leurs fissures “ publié aux éditions l’Aube. Cette conscience “adjugée “ est illustrée au sein de la société civile par la multiplication des luttes et des initiatives, des mouvements sociaux et associatifs stimulés par la montée en puissance du pouvoir de la honte. Il gronde partout le bruit d’une humanité humaine, en révolte, déterminée à ne plus supporter l’insupportable. Déterminée à ensemencer et à concrétiser l’espérance du e civilisation débarrassée de l’ordre cannibale du monde, libérée des jougs oligarchiques, réconciliée avec l’essentiel, à savoir la considération de cet autre, de chaque être vivant (humain, animal et végétal) à partir de laquelle la résurrection des solidarités n’est plus une chimère. L’insurrection des consciences est en marche, promettant la révolution des raisonnements, la métamorphose des comportements puis, un jour peut-être, l’avènement d’une démocratie inédite sanctuarisé y lee droits universels de tous les hommes. L’insurrection des consciences c’est le ferment qui permet d’espérer voir le possible triompher de l’apparent impossible. “ Les murs les plus puissants tombent par leurs fissures” annonce avec force l’écroulement de l’ordre ancien et l’aurore d’une ère nouvelle. Il appartient à chacun de repérer l’une de ces brèches, de s’y introduire, d’y fertiliser puis d’y cultiver de quoi lézarder l’édifice. Évincer l’innommable. Démolir les tyrannies et ainsi faire fleurir contre les lois de l’aridité. Par Germain Nzinga

RD Congo. LU POUR VOUS (Laurent-Désiré Kabila. Ma part de vérité de Mwenze Kongolo)

RD Congo. LU POUR VOUS (Laurent-Désiré Kabila. Ma part de vérité de Mwenze Kongolo)

LIVRE. Cet opus “Laurent-Désiré Kabila. Ma part de vérité” de 136 pages publié en 2007 aux éditions L’Harmattan se veut un document historique qui dévoile, pour la première fois, dans les menus détails, ce qui s’est réellement passé, en cette fin de matinée de mardi 16 janvier 2001, au Palais de Marbre, quand la main armée d’un garde du corps décide d’ôter la vie au Président Laurent-Désiré Kabila, Mzee. L’auteur de ce livre/événement : Mwenze Kongolo, est un des plus proches collaborateurs du président congolais assassiné. Au-delà du récit tragique, ces pages portent, avec gravité, une double volonté politique : rendre compte à l’Histoire, en nationaliste, et proposer au peuple congolais une source idéologique viable et fiable. Mwenze Kongolo subordonne, en effet, la survie de la nation congolaise et le recollage de la RDC au retour à la pensée politique de Mzee, dont il livre, ici, toute la dynamique et la richesse. Enfin, ces pages pleines d’émotion témoignent de l’histoire d’une complicité politique, d’une solidarité intellectuelle et idéologique, entre l’auteur et Mzee. Elles sont le récit d’un étrange deuil : à la fois politique et personnel. Pour l’auteur. Pour le peuple congolais. Je vous livre dans les pages suivantes le clou du message de ce livre avec des extraits tirés des pages 120-122. “Janvier 2001, Mzee LD Kabila est assassiné au Palais de Marbre. Mwenze Kongolo, son Ministre de la Justice dévoile comment s’est organisée la succession des événements. “Mais, comme on le verra par la suite, l’attitude responsable de Eddy Kapend sera mal interprétée; le procès sur l’assassinat de Mzee sera, pour ce dernier, un procès à charge alors que ce brave compatriote ne faisait que son de voir. Moi aussi, je ne pensais qu’à mon devoir. J’ai pris l’initiative d’étendre le cercle de la réflexion. Je trouvais en effet important que l’on réfléchisse ensemble sur la grave situation. J’ai appelé le Chef de la Garde présidentielle, le Général Tango Tango. J’ai fait venir certains ministres. Je demanderai à l’intendant d’envoyer un avion chercher le Général Joseph Kabila qui était au Katanga. Pour moi, sa présence était indispensable et naturelle : il était l’aîné de la famille. J’ai appelé les Généraux Yav, Olenga et Lwetcha. Dans la nuit, j’apprends – par Eddy Kapend qui venait d’être informé par Mashako – la mort de Mzee. La tension s’amplifiait… Je me souviens de Eddy Kapend me demanda, inquiet : « Mais qu’est-ce qu’on va faire ? » En effet, il fallait réfléchir rapidement, avant que la panique nous domine, nous pousse à des actions infructueuses et maladroites. L’avion qui ramenait Joseph Kabila à Kinshasa arriva vers 2 heures du matin […] Arrivé à Kinshasa, Joseph Kabila se rendra tout de suite à la Cité de l’OUA, sous la protection du Général zimbabwéen Tshingombe qui commandait « Task Force ». La même nuit, vers 3h du matin, nous allions gagner à notre tour la Cité de l’OUA. Nous y trouverons le Général Olenga, et deux autres généraux zimbabwéens. J’étais le seul civil. Je n’ai pas pris des gants et je leur ai annoncé sans détours : « Mzee est mort… ». Un silence lourd planait au-dessus de nous. La tension était extrême. Une tristesse indicible habitait chacun de nous. Mais j’ai poursuivi mon propos en m’adressant à Joseph : « Ecoute, tu es un homme… La situation est grave. II faut prendre tes responsabilités. » Le Général [Zimbabwéen] Tshingombe prit mal ma suggestion, et dira « Mais la politique, c’est une affaire de civils… » Je continuais sur ma lancée : « Il faut sauver la nation… Il n’y a que le fils de Kabila pour assurer la relève… » Eddy Kapend était d’accord, le Général Olenga aussi. Joseph était d’accord, aussi, évidemment. C’est encore moi qui allais proposer l’évacuation du corps de Mzee pour Harare. Séance tenante, nous allions appeler au téléphone le Chef d’Etat-major zimbabwéen. Il était lui aussi choqué par la nouvelle. Il donna son accord sans hésiter. Le Pdt Mugabe était en Egypte, en visite officielle. J’ai insisté pour avoir son numéro de téléphone. Je connaissais la force de l’amitié qui unissait Mzee et Mugabe, ces 2 africains intransigeants. Mugabe, que je fais réveiller en pleine nuit, est atterré par la nouvelle. Il était au bord des larmes. Je lui ai expliqué la délicate mission dans laquelle la mort de son ami nous plongeait. Pour moi, la dépouille devrait être à l’abri de l’agitation qui commençait à gagner la ville. Nous ne savions pas comment les choses allaient évoluer. Nous nous sommes rendus à la Clinique Ngaliema. J’ai fait venir les médecins, infirmiers et autres auxiliaires médicaux qui veillaient sur le corps de Mzee. Je leur ai expliqué, sur un ton solennel et ferme : « Ecoutez-moi. La mort d’un Président est une affaire d’Etat… Je vais faire appel à votre sens de responsabilité. Je vous demande de garder ce secret avant la diffusion officielle de la nouvelle. De toutes les façons, à partir de cet instant, vous ne pouvez plus rentrer chez vous… On vous amène à Harare [Zimbabwe]. » Pendant que je parlais, le corps de Mzee gisait sur un lit : le Président souriait… Oui, Mzee est mort avec le sourire aux coins des lèvres. J’ai eu un pincement au cœur… Cette image du Président gisant sur un lit, banal, sans vie, me hante encore… Le premier scénario était de transporter le corps de Mzee par hélicoptère. Mais ça n’a pas marché : le siège était trop étroit. Nous avons dû nous rendre alors en voiture, en utilisant l’ambulance de l’hôpital. L’hélicoptère nous avait précédés. Tout le personnel de l’hôpital qui était au courant de l’accident était embarqué pour l’étrange voyage à destination de Harare. Y compris le chauffeur de l’ambulance… Le lendemain matin, nous avions dû maintenir, au niveau des médias, que la version suivante : « Le Président a été victime d’une tentative d’assassinat. Il a été grièvement blessé, mais il n’est pas mort. Il est au Zimbabwe en soins intensifs. » Mais notre stratégie sera très vite battue en brèche à cause du comportement de certains ministres

Congo. Lu pour vous

Congo. Lu pour vous

LIVRE. Durant cette rentrée littéraire 2022, l’on ne pourra se passer de l’intéressant nouveau roman d’Alain Mabanckou au titre évocateur « Le commerce des allongés » publié tout récemment aux éditions du Seuil. Le roman emprunte le style d’une fable dont le héros central est un jeune homme nommé Liwa Ekimakingaï qui a passé son enfance mais continue adulte à habiter chez sa grand-mère, Mâ Lembé, car sa mère, Albertine, est morte en lui donnant la vie. Il est employé comme cuisinier à l’hôtel Victory Palace de Pointe-Noire. Et il attend de rencontrer désespérément l’amour. Un soir de 15 août où l’on fête l’indépendance du pays, il réunit ses plus beaux atours à peine achetés l’après-midi, et assez extravagants, pour aller en boîte. Au bord de la piste de danse, la belle Adeline semble inatteignable. Pourtant, elle accepte ses avances, sans toutefois se compromettre. Elle signera sa fin… Le roman est une remontée dans la vie et les dernières heures du jeune homme, qui assiste à sa propre veillée funèbre de quatre jours et à son enterrement. Aussitôt enseveli, il ressort de sa tombe. Pour se venger ? En toile de fond, la ville de Pointe-Noire et ses cimetières – en particulier le Cimetière des Riches, où tout le monde rêverait d’avoir une sépulture mais où les places sont très chères, et celui dit Frère-Lachaise, pour le tout-venant dont Liwa fait partie. Ce grand roman social est une fresque de la vie sociale et politique qui brosse le tableau du rapport que les africains entretiennent avec la mort. Dans cet univers noir, la mort et la vie de côtoient. Et la vie elle-même n’est plus l’apothéose de l’existence, loin de là ! C’est plutôt l’autre vie qui est derrière, de l’autre côté, qui est la meilleure. Parmi les nombreuses publications d’Alain Mabackou, ce nouveau roman semble être le plus féminin. Il valorise la figure de la femme africaine à travers la mère qui a donné sa propre vie pour pouvoir en donner une à son nouveau-né, la grand-mère qui en dépit de son âge avancé prend soin de son petit-fils resté orphelin ou encore la mise en exergue de la figure de cette femme Kimpa Vita qui est appelée la Jeanne d’Arc de l’histoire congolaise parce qu’elle fut brûlée pour ses convictions. La même fresque féminine pousse les frontières de sa fiction jusqu’au courage et à la détermination de ces femmes qui tiennent le marché de Pointe-Noire pour nourrir riches et pauvres, la nation tout entière tout comme leurs humbles foyers. Au-delà du débat suscité par l’auteur Alain Mabanckou sur la fatalité universelle pour quiconque de finir « allongé » ou sur l’intuition romanesque de pouvoir être « ressuscité » du tombeau, c’est à travers la possibilité ou non d’être enseveli dans un cimetière des riches ou dans celui des pauvres que ce roman prend le mérite de révéler l’existence en Afrique de la lutte des classes sociales qui marque la vie quotidienne des vivants et se poursuit jusque dans le royaume des morts, où ceux-ci sont d’ailleurs étrangement vivants. Je vous en conseille vivement la lecture! Par Germain Nzinga

Gabon. LU POUR VOUS… « C’EST MAMAN QUI COMMANDE» de Sheena Donia

Gabon. LU POUR VOUS… « C’EST MAMAN QUI COMMANDE» de Sheena Donia

Cette Bande dessinée (BD) de 48 pages racontant les relations mère-enfants a été publiée aux éditions Costa to Coast et écrite par Sheena DONIA, consultante en communication et jeune femme seule d’origine gabonaise ayant quatre enfants sous sa charge. La bande décrit le quotidien agité mais tellement attachant d’une maman qui mène à la baguette ses enfants avec de la poigne, de l’humour mais aussi et surtout avec beaucoup d’amour. Cette BD se veut une satire contre l’enfant roi à qui on ne peut rien dire de peur de le frustrer. Elle vise à rendre hommage à l’éducation africaine avec la posture de la maman africaine oscillant entre fermeté et affection, qui connaît exactement le bien futur de ses enfants invités à faire ce que dit maman et dont les ordres ne se discutent pas. Assez éloquente, cette scène culte de la requête de cette fillette de 9 ans à qui la maman dit « non c’est non » et qui lui rétorque : « ce n’est pas comme ça chez la mère de ma copine ». Et la mère de lui répondre : « Je ne suis pas la mère de ta copine ». Ou encore à son fils qui demande : « maman, qu’est-ce qu’on va manger ce soir? » « Les haricots », repond-elle. Et lui de se plaindre : « mais moi je n’aime pas manger les haricots », la mère réagit avec un coin de sourire affectueux mais avec fermeté : « si tu n’as pas faim, alors tu vas dormir, tu mangeras demain ». Ces petites paroles claires et nettes pour réajuster nos petits caprices d’adolescents, chaque africain adulte s’y reconnaît pour les avoir entendues de la bouche de sa mère. Ça définit l’éducation typiquement africaine et ouvre les regards de nos enfants nés en diaspora pour comprendre la culture que leurs mamans veulent transmettre. Les mamans africaines ( du moins celles restées au pays natal) partagent une certaine manière commune d’éduquer les enfants et ont pris l’habitude de tracer une ligne rouge à ne jamais franchir. Que l’Occident le veuille ou pas, cette éducation reste et nous avons à la transmettre à nos enfants lorsqu’on fonde famille loin de la terre natale. On peut copier le sens d’écoute des enfants propre à la culture occidentale mais quelle que soit la famille en Afrique c’est maman, ce sont les parents qui commandent. Au final, cette bande dessinée destinée à toute la famille se fait le plaisir de redéfinir la parentalité moderne en une seule règle : même si on l’aime plus que tout, l’enfant n’est pas roi. Il doit apprendre des aînés les principes et valeurs de la vie pour savoir devenir à son tour un citoyen responsable. Vivement à lire surtout pour les africains qui apprennent à être parents en diaspora! Par Germain Nzinga

Congo/Livre. Lu pour vous : La boutique de ya foufou

Congo/Livre. Lu pour vous : La boutique de ya foufou

La “Boutique de Ya Foufou” est le 7ème tome du livre de conte “Ya Foufou” de Patrick-Serge Boutsindi. Dans son œuvre, l’auteur consacre plusieurs moments forts vécus dans le village de Bikeri. En effet, Ya Foufou vit dans le village de Bikéri, dans la République du Congo-Brazzaville. Il décide un jour d’ouvrir une boutique d’alimentation dans le village. Une première à Bikéri. Il joue également les intermédiaires auprès des clients qui souhaitent commander des choses à Brazzaville. La plupart des clients viennent de Bikéri et des villages aux alentours, sans oublier tous ceux qui sont de passage. Les gens s’arrêtent devant son magasin d’alimentation pour acheter des victuailles. La réputation de sa boutique s’envole comme un chant d’oiseau et gagne chaque jour de nouvelles contrées. Un jour, Ma-Tchéché le lièvre pense qu’il y a eu tromperie sur la marchandise que Ya Foufou a commandée en France pour le compte de deux clients de Bikéri… A-t-il raison ?  L’auteur Patrick Serge Boutsindi est né au Congo-Brazzaville, et vit aujourd’hui à Montigny-lès-Metz en Moselle. Il a publié des recueils de nouvelles, des romans et un essai aux éditions L’Harmattan. Clément OSSINONDE