Afrique. Les noirs ne veulent pas entrer dans l’histoire

Afrique. Les noirs ne veulent pas entrer dans l’histoire

TRIBUNE. Les Congolais et plus largement les africains restent des spectateurs passifs mais intéressés des événements historiques qui vont marquer le monde de demain. L’assassinat de Georges Floyd aux USA a soulevé une indignation planétaire. Même dans les sociétés homogènes, comme la Corée du Sud où les noirs sont quasi inexistants, les populations ont été émues par le racisme institutionnalisé aux États-Unis. En Afrique, le continent d’où les noirs américains sont issus, seul le Ghana et son président ont montré un peu d’empathie face à la détresse des noirs aux USA. Souvenez-vous, lors d’un discours mémorable à Dakar le Président français Nicolas Sarkozy avait affirmé que « le drame de l’Afrique est que les noirs ne sont pas entrés dans l’histoire ». Cette simple assertion lui avait valu une volée de boule puante mémorable, une réprobation quasi continentale, tout ce qui pouvait penser ou réfléchir sur le continent noir comme dans les diasporas y était allé de leurs réprobations sinon de leurs condamnations. Depuis la chute du mur de Berlin, l’histoire est accéléré par des événements planétaires comme la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance ou encore le respect des Droits de l’homme. Grâce à la mondialisation, aux nouveaux médias de communication et à Internet, une voiture qui explose au Pérou peut provoquer des troubles dans le reste du monde. Sauf que l’Afrique et les africains ne semblent pas faire partie du monde. Le continent noir semble vivre sur une autre planète. Aucun événement planétaire ne semble avoir prise sur les noirs africains et même pas les événements qui se passent à leurs frontières. Les noirs semblent tétanisés, aucune avancée notable sur leur quotidien depuis plusieurs décennies. Leurs envies de consommer, de liberté, de vivre comme les autres se conjuguent dans les rêves. Tenez, le Printemps arabe. Nous étions nombreux à espérer que l’heure des africains était enfin arrivé, qu’ils allaient prendre exemple sur les Tunisiens pour se libérer de leurs tyrans et de leurs dictateurs. Peine perdue, toutes les attentes ont été déçues. Aujourd’hui encore, le combat contre le racisme qui devait mettre aux premiers plans les noirs et tous les pays dont ils sont issus, ce combat là se mène sans les Africains du continent noir. Tous les noirs en Afrique ont assisté par vidéo interposée à la mort de Georges Floyd, et pourtant dans aucun pays africain on a assisté aux manifestations qu’on a vu aux États-Unis, dans les pays européens et dans le reste du monde. Encore une fois les noirs ne rentrent pas dans l’histoire. Toujours biberonné aux aides et aux dons de la communauté internationale, les noirs et leurs pays ne sont toujours pas capables de se prendre en charge. Alors ils se cantonnent dans le rôle de spectateurs des événements qui feront l’histoire de demain. Quand on ne fait pas l’histoire, on l’a subit. La nouvelle génération africaine n’a aucune prise sur son quotidien, elle n’impacte pas les décisions politiques dans leurs pays et encore moins sur le continent. Tétanisée par la peur, cette jeunesse n’a pour idéal que de vivre pour consommer. Il est quasiment certain que les jeunes noirs africains d’aujourd’hui vivront au moins aussi mal que la génération d’incapables qui l’a précédé, car ils manquent d’ambitions pour leurs pays et pour leur continent. Continuons à vivre dans le fantasme d’une Afrique qui se réveille enfin. Patrick Eric Mampouya