Congo. 1957 « LE TRIO B.E.ROS » ou l’Embryon du Rock-A-mambo

Congo. 1957 « LE TRIO B.E.ROS » ou l’Embryon du Rock-A-mambo

RETRO. Le 2 janvier 1957, les dissidents de l’orchestre Ok Jazz depuis le 27 décembre 1956 notamment ESSOUS – LANDO « Rossignol  » – PANDI adhérent à la Firme « Esengo  » de l’éditeur grec Dino Antonopoulos où ils sont accueillis par Henri Bowane qui vient lui aussi de quitter les éditions « Loningisa » pour prendre la direction artistique chez « Esengo ». Il faut immédiatement commencer les enregistrements en attendant la création d’un orchestre solide.  » LE TRIO B.E.ROS (diminutif de Bowane – Essous – Rossignol) est donc l’appellation retenue pour signer les premiers disques. LE « TRIO B.E.ROS » est accompagné d’excellents musiciens comme : Eugène Ngoyi « Gogen » (guitariste), Leon Nzambe « Sathan » (chanteur), Saturnin Pandi (percussions), Alphonse Epayo, Maproco (saxophoniste), etc. (Nino Malapet, quant à lui, se trouvait encore dans l’Ok jazz, avant de rejoindre le  » TRIO B.E.ROS » dans la même année et de former le Rock-A-Mambo dont il en devient le chef). Au beau milieu de la Rumba, la Firme « Esengo » et le « TRIO B.E.ROS » posent les jalons avec des titres qui bénéficient d’arrangements dont la conception démontre un ferme désir de s’évader hors des sentiers battus. Tels que : « Caramba senorita », « Marie Petro », « Tour de ville », « Santa Lou », « Ya Mwele », etc. Certains titres ont connu la participation en studio de Marie-Isidore Diaboua, Jacques Pella « Lamonta » et Liberlin de Soriba Diop qui ont continué à entretenir avec leurs anciens collègues du CDJ (Essous et Pandi) des relations tout à fait fraternelles. Ci-après « Mambo la Roffia », une composition du guitariste Eugène Ngoyi « Gogène » et le TRIO BEROS » en 1957. Clément OSSINONDE

Les 5 piliers des éditions musicales congolaises « Loningisa » (1950-1962)

Les 5 piliers des éditions musicales congolaises « Loningisa » (1950-1962)

« Bana Loningisa », « Lopadi » (Loningisa de Papadimitriou), Watam, OK Jazz et Conga Jazz, sont les 5 groupes qui ont permis à l’éditeur grec Papadimitriou de bâtir son empire « Loningisa ». Depuis Léopoldville (Kinshasa), Loningisa a développé son caractère national et international, de disques 78 tours notamment par la signature de plusieurs contrat d’exclusivité signés entre 1953 et 1962 avec des musiciens congolais pour la sortie des milliers d’enregistrements. Pour ce faire, la société a disposé de son propre studio d’enregistrement et plusieurs magasins de vente dans tout le bassin du Congo. Pendant près de treize ans, les éditions Loningisa ont connu des fortunes diverses. Tout commence en 1950 avec Henri Bowane En effet, si l’on doit aux frères grecs Athanase et Basile PAPADIMITRIOU la création en Septembre 1950 des éditions « Loningisa », c’est au congolais Henri Bowane (guitariste-chanteur), que les tâches les plus importantes ont été confiées. Responsable artistique, il est à la fois, le découvreur des talents, le recruteur, et l’arrangeur potentiel. Fraichement débauché des éditions « Ngoma », où il était une des pièces maîtresse, Bowane s’inscrit dans le droit fil de la grande tradition rumba originale. 1 – Groupe « Bana Loningisa » Les premiers disques qui ont commencé le 11 septembre 1950 ont été salués comme des plus grandes réussites et un évènement de grande ampleur. Il est vrai qu’Henri Bowane a su trouver des accompagnateurs de choix. : Honoré Liengo, Théophile Yanga, Camille Massamba, Charles Bala – des anciens copains en somme, puisqu’ils s’étaient rencontrés à l’époque chez Ngoma – Avec beaucoup de talent, ils signent les toutes premières œuvres ponctuelles et bien d’autres après, sous l’appellation « Bana Loningisa » (collectif des musiciens d’accompagnement en studio). Les disques sont pressés en Belgique (disque 78 tours en ardoise) avant d’arriver à Kinshasa. Des raretés à acquérir avant qu’elles ne deviennent démodées. « Charité bien ordonnée commence par soi-même », Bowane se taille la part belle, car les cinq premiers disques sont les siens : N°1- « Bowane na Honoré », « Bisambo » – N°2-« Somba accordéon », « Marie Claire »- N°3-« Bowane », « Tala mwana mwasi oyo »- N°4-« Tata Bowane apiki drapo », « Tangana »- N°5- « Bowane makambo », « Welo Welo ». Puis suivrons entre les 22 et 30 septembre 1950, les musiciens : Honoré Liengo, Théophile Yangha, Camille Massamba, Charles Bala. Il va falloir compter avec cette nouvelle maison d’édition qui fait ouvertement concurrence avec « Ngoma » et « Opika ». Parmi les grands noms qui vont faire entre 1951-1952, la gloire de l’écurie Papadimitriou sous l’étiquette « Bana Loningisa », citons : Disasi, Fataki, Kitenge, Kalafay, Adikwa, E.Putu, Kabamba, Pauline Lisanga, Marie Kitoto, Bossocould, Tino Mab, Liengo, François Ngombe « Me Taureau », Fataki, etc. Entre 1953 – 1956 : Paul Ebengo « De Wayon », Daniel Loubelo « De la Lune », Mutombo, Mongwalu, Luambo « Franco » Victor Longomba « Vicky », Philippe Lando « Rossignol », JS Essous, Augustin Moniania « Roitelet », Disasi, Pholidor – Kossi Pedro Bemi – Saturnin Pandi, Edouard Ganga « Edo », Célestin Kouka, Brazos, MI. Diaboua « Lièvre’, Soriba Diop « Liberlin », Pella « Lamontha » etc. 2 – Groupe WATAM En 1953, Watam est le premier groupe indépendant à adhérer aux éditions Loningisa. Crée par Paul Ebengo « Dewayon », il compte en son sein les musiciens Mutombo, Ganga Mongwalu, François Luambo et Bikunda. « Dewayon » qui s’affirme comme l’une des meilleures vedettes des éditions « Loningisa » se fait distinguer par la sortie des grands succès, parmi lesquels « Bokilo ayébi kobota », « Nalekaki na nzela », etc. Le 17 Novembre, Luambo « Franco » enregistre avec le Groupe WATAM, ses deux premières compositions de début de carrière, «Lilima chérie wa ngai » et «Kombo ya Loningisa » disque n°0122. Sur la même lancée Luambo Franco accompagne le groupe WATAM dans les compositions de Ebengo Dewayon : « Yembele Yembele» et «Tango ya pokwa», disque n°0123 du 16 Décembre 1953, puis : «Tongo etani matata » et « Tika kobola tolo » de Mutombo, disque n°0124 du 17 Décembre 1953. Le groupe Watam cessera d’exister en 1956 pour donner naissance au groupe Conga Jazz. 3 – Groupe LOPADI (Loningisa de Papadimitriou) En 1954 et sous la responsabilité d’Henri Bowane le groupe « Bana Loningisa » (Collectif des musiciens d’accompagnement en studio) est rebaptisé LOPADI (Loningisa de Papadimitriou). C’est un orchestre-maison de la firme Loningisa, qui contrairement au groupe d’accompagnement en studio, est ouvert au public à travers plusieurs concerts à Kinshasa et dans toutes les régions du Congo. Henri Bowane qui est au cœur de l’activité musicale aux éditions Loningisa dont il est la clé de voûte, met sur pied une équipe dont le socle est composé d’Henri Bowane (chant-guitare), Daniel Loubélo « De la lune », Nicolas Bosuma « Dessoin » (guitares), Augustin Moniania « Roitelet » (guitare basse), Saturnin Pandi (tumbas), et François Luambo que Bowane, intègre dans le groupe (en lui attribuant le sobriquet de Franco), après la signature de son contrat à Loningisa le 09/08/1955. Puis suivront, Pholidor Tandjigorah, Kossi Pedro Bemi (chant) Jean-Serge Essous (clarinette) et bien d’autres musiciens de Kinshasa et de Brazzaville. Au cours de cette période, François Luambo Franco, qui est déjà une figure majeure au sein des éditions Loningisa enregistre le 14 octobre 1955, deux premiers chefs d’œuvre qui d’emblée vont le confirmer comme l’un des rares authentiques poètes et guitaristes révélés par la scène congolaise. Les deux compositions portent sur le catalogue «Loningisa», les titres « Marie Catho » et « Bayini ngai mpo na yo » (Béatrice) Disque Loningisa » n°0129. Deux chefs d’œuvre à partir desquels Luambo Franco est rentré dans la légende. Ils constituent un jalon majeur de la chanson et de la musique congolaise moderne. Fort de ce succès et au moment où la concurrence battait son plein entre les labels « Ngoma » et « Opika », «Loningisa » va au mieux valoriser le talent de ses musiciens et particulièrement celui de Luambo Franco, qui dans ses premières œuvres recherche dans l’harmonie et le rythme, des subtilités sonores uniques. C’est ainsi qu’à partir de cette date, on trouvera la guitare de Luambo Franco sur des dizaines de disques accompagnant divers musiciens de la Firme Loningisa, comme en témoignent

L’oublié Henri Bowane

L’oublié Henri Bowane

Quand les villes de Sibiti (Congo) et de Bandaka (RDC) ont oublié à jamais leur fils. En effet, Henri Bowane est né à Bandaka de mère de la région de l’Equateur (RDC) et d’un père originaire de Sibiti, département de la Lékoumou (Congo-Brazzaville). Il nous a quittés en 1992 à l’âge de 66 ans. Depuis aucune pierre tombale n’a été érigée sur sa dernière demeure, qui aujourd’hui est en voie de disparition au cimetière de la Gombe à Kinshasa. Aucune suite non plus n’a été donnée à notre cri d’alarme il y a cinq ans, dans notre édition du 19 avril 2013, particulièrement aux villes de Sibiti et de Bandaka. Auteur, chanteur-guitariste et impresario, Henri Bowane a été un des grands peintres de l’âme congolaise. Son œuvre considérable est aussi remarquable que diverse. Ses premières compositions « Rumba-rumba », « Marie Bisengo », Assero », « Balukaki kisi « annoncent les tendances qui caractériseront en particulier dans la célèbre œuvre « Marie-Louise » en 1948, un des sommets de l’école Wendo/Bowane (« Tango ya ba Wando ») Nous lançons un nouvel appel à toutes personnes de bonne volonté à Kinshasa, Brazzaville, Sibiti et Bandaka de réaliser une pierre tombale sur la dernière demeure d’Henri Bowane, au cimetière de la Gombe à Kinshasa. Contact : ASB « Artistes en danger « – Tel -00243992304340 – 00243816570958 Kinshasa (RDC).

Au secours! Villes de Sibiti et de Bandaka

Au secours! Villes de Sibiti et de Bandaka

De la tombe de votre fils Henri Bowane, en voie de disparition au cimetière de la Gombe à Kinshasa (RDC) Difficile de comprendre comment l’un des pères de la musique congolaise, illustre fils des villes célèbres de Sibiti au Congo-Brazzaville et Bandaka en R.D.C., n’ai pu bénéficier plusieurs années après sa mort, d’une pierre tombale. Cette croix envahie par les herbes montre le triste sort de l’emplacement où gît Henri Bowane. Une pensée pour l’oublié Henri Bowane Qui aurait cru voir dans cet état, la tombe de celui qui a été l’icône de la musique congolaise des années 50, celui qui a été à l’origine de l’animation de plusieurs maisons de disques à Kinshasa, alors Léopoldville. Directeur artistique incontournable. Henri Bowane – Il faut le dire – est abandonné depuis par les siens dans ce cimetière de la Gombe à Kinshasa. C’est l’ASBL « Artiste en danger » (association qui lutte pour la reconnaissance des mérites artistiques des oubliés de la musique congolaise) qui nous a présenté, l’état actuel de la tombe d’Henri Bowane. Musicien célèbre, une carrière brillante de compositeur, guitariste chanteur, impresario, organisateur de spectacles, il commence à enregistrer à la « Maison « Ngoma » avec Antoine Kolosoy Wendo où il compose et enregistre en 1948 le plus grand succès de sa carrière « Marie Louise », avant d’intégrer les éditions Loningisa qu’il anime avec beaucoup de ferveur. Ici, il réalise avec la chanteuse Marie Kitoto, ses meilleures œuvres à Loningisa « Ya biso se malembe » et « Yokolo yekele » Il mène une vie intense d’impresario, car il est à l’origine de la mise en valeur de nombreux jeunes musiciens kinois et brazzavillois. Il participe activement à l’éclosion de l’orchestre Negro Jazz et du C.D.J de Brazzaville, à la création, de l’OK Jazz, dont il fut le mentor de Luambo, Dewayon et Lando « Rossignol », des éditions musicales « Esengo », du grec Dino Antonopoulos, et de l’orchestre Rock-A-Mambo. 1958, Henri Bowane quitte Kinshasa, à la tête de l’orchestre Rico-Jazz, destination Bangui, puis une longue tournée en Afrique, avant de trouver la mort en 1992 à l’âge de 66 ans et inhumé au cimetière de la Gombe à Kinshasa. Notons qu’Henri Bowane est né à Bandaka de mère de la tribu Mongo, région de l’Equateur (RDC) et d’un parent paternel originaire de Sibiti (Congo-Brazzaville) Nous lançons un appel à toutes personnes de bonne volonté à Kinshasa, Brazzaville, Sibiti et Bandaka de réaliser une pierre tombale pour honorer la mémoire d’Henri Bowane, au cimetière de la Gombe à Kinshasa.