République Démocratique du Congo: 17 bonobos seront réintroduits dans la forêt communautaire Ekolo ya Bonobo

République Démocratique du Congo: 17 bonobos seront réintroduits dans la forêt communautaire Ekolo ya Bonobo

17 bonobos seront prochainement réintroduits dans la forêt communautaire Ekolo ya Bonobo en République démocratique du Congo (RDC). Réunis en quatre groupes familiaux, ces primates de la famille des Hominidés seront relâchés dans la nature grâce au soutien financier de la Fondation 30 Millions d’Amis, après 18 longs mois nécessaires à l’obtention de toutes les autorisations officielles. Située à 800 km de Kinshasa, la capitale de la RDC, la forêt communautaire Ekolo ya Bonoboa été reconnue par le Ministère de l’Environnement congolais comme un « Centre de réadaptation à la vie sauvage » où peuvent être réintroduits des groupes de primates socialement stables, indique la Fondation soulignant que ce retour à la liberté des chimpanzés nains est conduit par l’association Les Amis des Bonobos. Comme le souligne la Fondation sur son site internet, en République Démocratique du Congo, les bonobos sont les victimes du trafic de viande de brousse et d’animaux de compagnie. Pour rappel, la Fondation 30 Millions d’Amis lutte contre les abandons, contre l’expérimentation animale et les trafics d’animaux, sensibiliser l’opinion. L’action de la Fondation consiste aussi à faire évoluer les lois et le statut de l’animal. Adrien Thyg

Les femmes pygmées de RD Congo, gardiennes de la forêt

Les femmes pygmées de RD Congo, gardiennes de la forêt

« La forêt s’épuise. Le gibier se raréfie, le poisson disparait des étangs, et nos enfants sont gravement malnutris, » expliquent les femmes autochtones de Momboyo, dans la province de l’Equateur à l’ouest de la RDC. À la différence des Bantous, pour la plupart sédentarisés dans des villages, les Pygmées tirent essentiellement leur subsistance de la chasse et de la cueillette en forêt. Cependant, avec l’extension de la culture sur brûlis et la coupe sauvage de bois par les villageois, leur mère nourricière se dégrade à un rythme alarmant. A cela s’ajoute une discrimination et mise à l’écart des peuples indigènes. Elle-même Pygmée, Régine Mboyo, coordonnatrice provinciale de l’ONG Solidarité pour la promotion de la femme autochtones (SPFA), s’inquiète : « J’ai été discriminée dès l’école. Mes condisciples refusaient de s’assoir à côté de moi … Je ne pouvais pas manger dans la même assiette qu’eux. Dans les villages, les Pygmées travaillent pour les populations bantoues sans accès reconnu à la terre ou aux services de base comme l’éducation ou la santé », explique-t-elle. Participation communautaire Avec un financement du programme REDD+ à base communautaire et l’appui du PNUD, la SPFA a mis en œuvre des initiatives communautaires pour régénérer la forêt et sensibiliser les habitants aux méfaits de certaines méthodes traditionnelles d’agriculture, de chasse et de pêche. La SPFA a commencé par fédérer les peuples autochtones du secteur de Momboyo, soit plus de 2 000 personnes pour protéger les 2 000 hectares de forêt d’où provient l’essentiel de leurs ressources. « Faire évoluer les mentalités est un processus long et lent mais il faut bien commencer quelque part, explique Régine. C’est pourquoi nous avons fait appel aux femmes pour impliquer les hommes. » Les femmes, sentinelles Les femmes autochtones apportent des connaissances indispensables sur le choix des étangs à préserver et les espèces des poissons à réintroduire. Elles jouent aussi un rôle de gardiennes et dénoncent les coupes d’arbres illégales, ou découragent les pratiques nuisibles à l’environnement. « Le projet a déjà permis de borner et de faire un état de lieu de la forêt tout en sensibilisant les villageois à ne prendre que ce dont ils ont besoin pour vivre » Jean Marie Likongo, chargé de programme. Mise en jachère Pour pallier à la déforestation et à l’épuisement des ressources naturelles dont dépendent les populations autochtones, le projet encourage l’agroforesterie. Avec le concours des Pygmées, la forêt est divisée en deux parties. La plus grande est mise en jachère pendant deux ans. Dans cette partie, il n’y aura pas de chasse, pas de pêche dans les étangs naturels, pas de coupe de bois, pas de champs cultivés. Pour bien souligner la démarcation entre la partie ouverte à l’exploitation et celle qui sera protégée, les autochtones tracent une tranchée de près de cinq mètres de largeur où seront plantes des arbres à chenilles et des plantes médicinales. Chaque membre de la communauté a le devoir de protéger la partie laissée en jachère en dénonçant des cas d’intrusion et d’activités prohibées. Après trois ans, la situation sera évaluée avec des experts de l’environnement. Pour Régine, c’est aussi un premier pas vers l’autonomisation des femmes autochotones. « Nous avons des opportunités de lutter et réduire sensiblement les stéréotypes sur notre communauté. Nous sommes Congolaises au même titre que les autres et nous devons jouir pleinement des droits garantis par la constitution de notre pays. Au Sud-Kivu, une femme autochtone est ministre provincial. Cela ne choque personne, » lance-t-elle avec un sourire. Texte & photos : Marc Ngwanza / PNUD en RDC